27 février 2016 20h04 |Marie Vastel - Correspondante parlementaireà Ottawa|Canada
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir
Maxime Bernier persiste à parler de sa candidature à la chefferie du Parti conservateur du Canada au conditionnel.
Un site Web, une vidéo promotionnelle, une équipe de partisans vêtus de t-shirts à son effigie : Maxime Bernier s’est présenté au rassemblement conservateur du weekend tel un candidat menant sa campagne à la chefferie tambour battant. Mais le député beauceron ne confirme toujours pas qu’il se lancera dans la course, quoiqu’il ricane lui-même lorsqu’il parle de sa candidature au conditionnel.
L’image était frappante, samedi, à la conférence du Centre Manning qui rassemble chaque année des conservateurs de partout au pays. Trois potentiels candidats à la succession de Stephen Harper étaient invités à s’adresser à la foule. Maxime Bernier s’est présenté entouré d’une vingtaine de jeunes, arborant un t-shirt affichant son visage et un slogan : «J’appuie Maxime». L’équipe distribuait des cartes publicisant un site Internet «Maxime2017.ca». Le suspens était quasi inexistant.
Nonobstant, Maxime Bernier persiste à parler de sa candidature au conditionnel. Il attend les règles de la course, qui devraient être annoncées d’ici la fin du mois de mars. «Ce que je peux vous dire, c’est que je prends tous les moyens pour être capable de dire oui», a-t-il toutefois fini par admettre suite à son allocution.
Maxime Bernier a repris son plaidoyer pour le libre marché et la fin des subventions aux entreprises comme Bombardier et GM. Une philosophie qui n’exclut pas de revoir le système de gestion de l’offre, M. Bernier n’ayant pas fermé la porte. Il milite en outre pour revoir la formule de péréquation. «Ça ne fait pas de sens qu’une province qui a flirté avec l’indépendance politique depuis des décennies est financièrement plus dépendante que jamais du reste du pays». Le principe «est noble», «sain», mais la formule «doit être révisée pour s’assurer qu’elle soit équitable pour toutes les régions du pays, et surtout qu’elle permette la prospérité dans toutes les régions du pays».
Le Québec étant la seule province où le PC a augmenté son nombre de sièges en octobre dernier, Maxime Bernier estime que cela fait de lui un candidat potentiel idéal. «Je sais que je peux vendre des idées conservatrices aux Québécois et à tous les Canadiens. »
Clement s’en prend à CBC… et son parti
L’Ontarien Tony Clement a lui aussi repris les valeurs conservatrices traditionnelles : petit gouvernement, faibles impôts, sécurité. Mais le parti doit aussi parler environnement et lutte à la pauvreté. «Pourquoi est-ce que seuls les libéraux et le NPD se préoccupent de la pauvreté? Nous on s’en préoccupe.»
Il en a aussi profité pour critiquer le financement de CBC-Radio-Canada, sujet chouchou des conservateurs. «Une politique désuète, qui doit être remplacée», a-t-il lancé, accueilli d’applaudissements nourris. M. Clement ne propose pas de nouvelle formule. Il s’interroge surtout sur l’argent versé à la télévision de Radio-Canada puisqu’à la radio, «c’est différent». Le monde des médias a changé. «Tout cela ne peut pas changer pour toute autre organisation médiatique et pas changer pour la CBC.» M. Bernier n’a pas voulu s’aventurer.
Tony Clement a aussi décroché une flèche à l’ancienne garde conservatrice. «Il est temps d’écouter les membres du parti, dont plusieurs ont plus d’expérience électorale et de gros bon sens que ce dont a fait preuve le quartier général de la campagne», a-t-il répété en anglais comme en français, là aussi applaudi.
Sa collègue ontarienne Lisa Raitt n’a pas voulu adresser les mêmes reproches. Saluant à quelques reprises le leadership de Stephen Harper, elle a même sommé les conservateurs de«ne jamais parler en mal de tout autre conservateur». Son message était simple : le parti doit être prêt à gagner l’élection dans quatre ans. «Personne ne devrait assumer que par simple vertu du nom Trudeau, vous allez avoir deux mandats consécutifs», a-t-elle expliqué, en notant que des militants semblent adopter cette idée défaitiste. «Pourquoi se donner cette permission d’échouer? On peut gagner en 2019. »
L’unilinguisme d’O’Leary attaqué
MM Bernier et Clement sont bilingues, Mme Raitt dit y travailler. Maxime Bernier s’en est pris à la vedette anglophone Kevin O’Leary, qui songe aussi à se lancer. L’homme d’affaires et ex-dragon de la CBC disait vendredi ne pas avoir besoin d’apprendre le français, car les Québécois voudront parler économie peu importe dans quelle langue. M. Bernier l’a accusé d’être un «touriste au Québec» dans son discours, puis sur Twitter.
OTTAWA – Les conservateurs de tous horizons se réunissent à la Conférence Manning à Ottawa pour la première fois depuis le 19 octobre dernier.
Leur but? Revigorer les troupes après la défaite électorale et préparer une nouvelle génération pour militer pour la réduction de la taille de l’État. Il sera aussi question de la course au leadership, puisque des candidats potentiels ont été invités à se parader devant leurs électeurs potentiels.
Le Huffington Post Québec s’est entretenu avec Preston Manning, ancien chef du Parti réformiste et fondateur de cet événement qualifié de « Woodstock des conservateurs », à propos du mouvement conservateur au Québec, du successeur de Stephen Harper et de Donald Trump.
Tout d’abord, parlons du thème de la conférence cette année : « Recharger la droite ». Que voulez-vous dire par cela?
Ça veut dire une foule de choses : mieux équiper les conservateurs pour qu’ils demandent des comptes à des gouvernements libéraux et socialistes, surtout sur le plan financier. Cela veut aussi dire qu’il faut voir comment les conservateurs peuvent regagner la confiance des Canadiens et ce qu’ils peuvent faire pour élargir l’étendue des valeurs et des politiques conservatrices.
"Je pense qu’il y a un potentiel pour renouveler le conservatisme au Québec."
Nous allons mettre l’accent sur la formation pour des actions politiques et le service public, mais aussi pour passer le flambeau à la prochaine génération de conservateurs.
Lors de la dernière élection, le Parti conservateur a fait des gains au Québec, mais a perdu des sièges partout ailleurs. Pourquoi, selon vous?
Les candidats du Québec ont fait un très bon travail pour vanter les bénéfices du conservatisme. Le Québec a eu des gouvernements libéraux ou séparatistes-socialistes pendant longtemps et les gens ont commencé à voir leurs faiblesses, au lieu de leurs forces.
Alors je pense qu’il y a un potentiel pour renouveler le conservatisme au Québec. Le plus que les gens vont se rendre compte que l’État n’est pas la réponse à tout, le mieux ce sera pour les conservateurs.
Les conservateurs devront élire le successeur de Stephen Harper l’an prochain et déjà, quelques potentiels candidats se sont manifestés. À votre avis, le nouveau chef devrait-il provenir de l’Ouest canadien ou de l’Est?
Je pense que ce sera aux membres de décider. Je ne pense pas que c’est le critère le plus important dans cette course. Nous avons mené un sondage à propos du leadership l’an dernier afin de savoir quelle est la qualité la plus importante chez les politiciens. Et il était intéressant de voir que la personnalité est plus importante que la connaissance des dossiers ou la compétence décisionnelle, par exemple.
"Alors qu’il y a tant de cynisme en politique, la personnalité semble être une qualité importante."
Alors mon humble avis pour les porte-paroles, les candidats et même les leaders conservateurs serait de se regarder dans le miroir et de voir quels sont les traits de caractère à privilégier dans le cadre de ces fonctions. Si l’on ne fait pas confiance à quelqu’un, on ne sera pas réceptif à son idéologie ou à ses politiques. La confiance repose sur la personnalité et l’éthique que sur la connaissance et la compétence.
Et ces jours-ci, alors qu’il y a tant de cynisme en politique, [la personnalité] semble être une qualité importante.
Parlant de personnalité, si la tendance se maintient, Donald Trump pourrait remporter la course à l’investiture républicaine aux États-Unis. N’y a-t-il pas des leçons à retenir pour le mouvement conservateur au Canada?
Je pense qu’il y a des leçons à tirer pour tous les partis politiques. Il faut faire attention à ne pas choisir un chef simplement parce qu’il est à l’opposé du chef d’avant. Ce n’est pas un critère suffisant pour choisir un chef.
Adressons les problématiques auxquelles le pays fait face et voyons qui a les valeurs, qui a des idées de propositions, qui a l’équipe pour s’y attaquer. C’est une façon beaucoup plus réaliste que de dire : « Nous n’aimons pas cette personne. Allons trouver quelqu’un qui est à 180 degrés dans la direction opposée! »On ne ferait jamais les choses de cette façon. Je ne pense pas que c’est un critère pour choisir des leaders politiques… ou le prochain président des États-Unis.L’ancien premier ministre Stephen Harper, même s’il a cédé sa place comme chef, fait office de «député fantôme» à la Chambre des communes. Devrait-il démissionner?Je pense que la décision lui revient et revient à ses concitoyens. Je n’aurais pas la prétention de le conseiller à ce sujet. Il est un homme d’expérience et politique et je ne pense pas qu’il a besoin de conseils de qui que ce soit à propos de son avenir. SOURCE: http://quebec.huffingtonpost.ca/
Le président de la Commission, le juge Murray Sinclair (au centre), ainsi que les commissaires Wilton Littlechild et Marie Wilson ont dévoilé mardi, à Ottawa, leur volumineux rapport.
Ils ont souffert en silence et sont morts dans l’anonymat. Des décennies plus tard, un«renouveau total» s’impose pour tourner la page sur l’assimilation forcée de 150 000 autochtones dans des pensionnats religieux, qui représente un des épisodes les plus sombres de l’histoire canadienne.
Dans son rapport final rendu public mardi — qui tient dans six volumes de plusieurs kilos chacun —, la Commission de vérité et réconciliation du Canada recommande de revoir de fond en comble les relations entre le Canada et les nations autochtones.
Le premier ministre Justin Trudeau s’est engagé sur un ton solennel à mettre en application les 94 recommandations de la Commission, et même à aller plus loin. «Nous n’avons besoin de rien de moins qu’un renouveau total de la relation entre le Canada et les peuples autochtones. Aucune relation n’est plus importante pour moi que celle-là. Je vous donne ma parole que nous allons renouveler et respecter cette relation», a lancé Justin Trudeau devant des centaines de personnes venues assister à la conclusion de six années de travaux de la Commission de vérité et réconciliation, à Ottawa.
Il a offert ses excuses aux victimes autochtones. Son prédécesseur, Stephen Harper, s’était déjà excusé au nom du gouvernement canadien, en 2008.
Il y avait de l’émotion dans l’air, durant cette cérémonie de plus de deux heures et demie. Les larmes ont coulé à l’évocation du «génocide culturel» qui a dévasté durant un siècle les autochtones du Canada, y compris au Québec. Le système raciste «d’oppression coloniale»mis en place dès le début de la Confédération, en 1867, perdure à ce jour, affirme la Commission.
Identifier les morts
Plus de 3200 enfants sont morts dans ce qui était une tentative de «civiliser» ceux qu’on décrivait alors comme des «sauvages». Les enfants de toutes les communautés autochtones étaient arrachés de force à leurs familles pour être envoyés dans des pensionnats où les religieux avaient pour mission d’en faire de bons chrétiens.
Les enfants étaient souvent maltraités, battus, agressés, considérés comme des numéros. Ils mouraient de la tuberculose ou d’autres maladies infectieuses qui se répandaient comme une traînée de poudre dans les dortoirs des pensionnats. Les autochtones devaient renoncer à parler leur langue. Des dizaines d’enfants sont morts, de froid, perdus ou noyés, en fuyant l’enfer où on les enfermait. Ceux qui ont survécu en sont sortis traumatisés.
Les larmes aux yeux, des survivants des pensionnats ont raconté que la publication du rapport final de la Commission représente pour eux une forme de renaissance. «C’est un grand jour pour nous, les survivants, a dit Madeleine Basile, une Atikamekw de Wemotaci, en Mauricie. Comme un phare, la Commission de vérité et réconciliation nous a apporté la lumière.»
Elle a passé 10 ans dans un pensionnat à Pointe-Bleue. Sa soeur Jacqueline a péri à l’âge de 9 ans sous les soins des religieuses. La Commission est pour Madeleine Basile l’étape ultime de la guérison. «J’ai appris à dire “je t’aime”», a-t-elle raconté mardi.
Il est temps d’honorer les 3201 victimes, dont le tiers ont été enterrés dans des endroits inconnus sans même avoir été identifiés, estime la Commission. La cause du décès de la moitié des enfants n’a même pas été déterminée. Impossible, pour les proches des victimes, de faire un deuil dans ces circonstances.
Le président de la Commission, le juge Murray Sinclair, a appelé à une vaste mobilisation pour retrouver l’endroit où ont été enterrées toutes les victimes. Quand ils mouraient, les pensionnaires étaient souvent enterrés sur n’importe quelle parcelle de terrain, sans que leurs tombes soient identifiées. Le juge Sinclair invite les provinces à ouvrir leurs registres des décès du siècle dernier pour aider à localiser les enfants morts dans l’anonymat — en consultant aussi les listes d’inscription des 139 anciens pensionnats, dont le dernier a fermé ses portes en 1996.
«Je peux affirmer avec confiance qu’on se trouve au début d’une nouvelle ère qui produira des changements importants dans l’histoire canadienne. Cela prendra du temps, peut-être des générations», a insisté Murray Sinclair.
Excuses papales attendues
Il a appelé le pape François à faire un «geste de réconciliation» envers les autochtones du Canada, après avoir reconnu les péchés de l’Église catholique en Amérique latine.
Les conditions sont bel et bien réunies pour une redéfinition «historique» des relations entre les peuples autochtones et le Canada, estime Carole Lévesque, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique. «L’attitude du gouvernement Trudeau est tellement différente de celle du gouvernement précédent. Je pense que tout le monde est prêt pour que de vrais changements surviennent», a-t-elle réagi.
Justin Trudeau a réitéré ses engagements électoraux de faire des investissements considérables dans l’éducation des autochtones et d’éliminer le plafonnement à 2 % de l’augmentation du financement des programmes des Premières Nations. Le premier ministre a aussi rappelé qu’Ottawa s’apprête à mettre en branle une commission d’enquête sur le sort des femmes autochtones, comme il s’était engagé à le faire en campagne électorale.
Le chef du gouvernement libéral s’est engagé à donner suite à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le Parti conservateur a critiqué cet empressement des libéraux à entériner un texte des Nations unies qui constituerait une forme de «veto» sur les lois canadiennes.
«Nous craignons également que des lois existantes puissent être supplantées par l’acceptation automatique de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones,a indiqué le député Todd Doherty. Bien que les tribunaux aient clairement statué que les Premières Nations sont en droit d’être consultées sur les importants projets de développement, il est important que le gouvernement fédéral ait le pouvoir final de décision sur les projets qui sont dans le meilleur intérêt du Canada.»
De leur côté, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois ont demandé au gouvernement Trudeau de passer de la parole aux actes en donnant suite aux 94 recommandations.
À Québec, le ministre des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, a aussi souligné sa détermination à agir, notamment après le rapport du groupe Femmes autochtones du Québec, qui critique sévèrement la Direction de la protection de la jeunesse. Les femmes des Premières Nations hésitent à porter plainte pour violence par crainte de se faire enlever leurs enfants par la DPJ.
Publié par La Presse Canadienne le lundi 09 novembre 2015 à 06h06. Modifié par Charles Payette à 06h33.
OTTAWA - Quelques heures après avoir démissionné du poste de premier ministre du Canada, la semaine dernière, Stephen Harper est rentré chez lui, à Calgary, à bord d'un appareil CC-144 Challenger de l'Aviation royale canadienne, une faveur accordée par son successeur Justin Trudeau selon ce qu'a appris La Presse Canadienne.
Lorsqu'il dirigeait le gouvernement, M.Harper faisait fréquemment usage de l'un de ces quatre biréacteurs d'affaires car les risques pour sa sécurité lui indiquaient de ne pas monter à bord d'avions commerciaux.
Cependant, en quittant la direction du gouvernement, il a perdu ce privilège, de même que l'usage d'une voiture de luxe conduite par un chauffeur, même s'il est encore député de la circonscription de Calgary Heritage.
Stephen Harper aurait donc dû rentrer à Calgary à bord d'un avion commercial mais Justin Trudeau lui aurait offert l'utilisation d'un CC-144 Challenger, ce qu'il semble avoir accepté.
Lorsqu'il était chef de l'Opposition officielle, Stephen Harper a fréquemment reproché aux libéraux leur usage inapproprié des avions du gouvernement.
Après sa prise du pouvoir, en 2006, il les a utilisés à toutes les sauces, notamment pour le transport de membres de sa famille au Canada et aux États-Unis, pour assister à des matchs de baseball ou de hockey et pour des événements partisans. Les contribuables auraient été remboursés pour ces vols, bien que ces affirmations aient été contestées.
Le coût d'une heure de vol d'un CC-144 Challenger varie de 3000 $ à 11 000 $.
Publié par La Presse Canadienne le dimanche 04 octobre 2015 à 08h18.
MONTRÉAL — Le chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair effectuera un blitz en Ontario dimanche, dans le cadre de la campagne électorale fédérale.
Il parcourra six villes, faisant escale à Brantford, Waterloo, Stratford, London, Sarnia et Essex.
Le chef du Parti libéral Justin Trudeau se rendra également en Ontario pour participer à un grand rassemblement militant, à Brampton.
Le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, prend congé dimanche.
Quant au chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, il fera d'abord campagne à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, pour ensuite effectuer du porte-à-porte dans la circonscription montréalaise de Laurier-Sainte-Marie où il se présente.
Le chef conservateur, Stephen Harper, le 11 septembre, à Ottawa. Photo : PC/Adrian Wyld
Le chef conservateur, Stephen Harper, sort l'artillerie lourde pour s'assurer que l'impôt fédéral sur le revenu et les taxes fédérales n'augmentent pas. En cas de victoire, M. Harper promet d'adopter une loi qui va interdire toute augmentation de la charge fiscale des Canadiens.
La loi empêcherait aussi l'ajout de charges sociales pour les travailleurs et les entreprises. M. Harper s'est déjà engagé à les diminuer de 20 % d'ici 2017.
Notons toutefois qu'une telle loi pourrait être abrogée par n'importe quel gouvernement subséquent.
En campagne à Rivière-du-Loup, M. Harper s'est de nouveau présenté, vendredi, comme le champion des baisses de taxes et d'impôts. Il dit vouloir continuer dans cette voie, sans donner de détails.
« C'est une différence majeure entre notre Parti conservateur, les libéraux et le NPD. Les autres partis promettent une espèce de combinaison de hausse d'impôts pour les particuliers, les familles, les aînés et les petites entreprises, notamment en supprimant le fractionnement du revenu et en éliminant, en tout ou en partie, le Compte d'épargne libre d'impôts (CELI) ». Ces deux mesures de M. Harper servent principalement aux mieux nantis.
M. Harper s'est aussi engagé à alléger « considérablement » le fardeau fiscal des « aînés célibataires veufs ».
Publié par La Presse Canadienne le vendredi 25 septembre 2015 à 00h07. Modifié par Charles Payette à 07h57.
MONTRÉAL - Des accusations de mensonge et des propos enflammés sur le niqab et sur l'avenir constitutionnel du Québec ont marqué le débat des chefs, jeudi soir.
Stephen Harper, Thomas Mulcair, Justin Trudeau, Gilles Duceppe et Elizabeth May ont donné un spectacle plus animé que les deux précédents débats, des salves fusant de toutes parts et où c'était chacun pour soi
L'enjeu pour chacun était de taille, alors qu'il s'agissait de la seule des cinq joutes où étaient invités les cinq chefs.
Plusieurs fois, les chefs ont laissé tomber leurs traditionnelles lignes de communication pour s'engager dans des discussions animées, même si tous ne maîtrisent pas la langue française de manière égale. Les premiers échanges acrimonieux ont commencé au début de ces deux heures de débats, avec la question du port du niqab aux cérémonies de citoyenneté.
Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a accusé son adversaire conservateur Stephen Harper de «jouer un jeu politique dangereux» en mettant de l'avant la question du niqab en pleine campagne électorale et en utilisant le sujet comme une «arme de distraction massive» pour faire oublier son bilan des neuf dernières années.
Le premier ministre sortant s'est défendu en reprenant son mantra sur le niqab: lorsqu'on entre dans la grande famille canadienne, on doit le faire à visage découvert, a-t-il répété. Le ton a monté rapidement, MM. Mulcair et Harper parlant en même temps et se coupant la parole.
«Je ne vais jamais dire à ma jeune fille qu'une femme devrait se couvrir le visage parce qu'elle est une femme. Ce n'est pas notre Canada», a lancé M. Harper, avant de se faire interrompre par M. Mulcair: «Attaquez-vous à l'oppresseur, ne vous attaquez pas à la femme (...). Ce n'est pas en privant ces femmes de leur citoyenneté et de leurs droits que vous allez réussir à les aider».
Le chef bloquiste Gilles Duceppe a voulu élargir le débat du niqab, promettant dès son arrivée au Parlement, s'il est élu, un projet de loi pour interdire le niqab lors du vote, de l'assermentation des citoyens et de la réception de services gouvernementaux.
Il s'est défendu d'utiliser cette question pour diviser les électeurs. «L'Assemblée nationale est unanime. Les libéraux, les péquistes, les caquistes, Québec solidaire, le maire de Montréal, M. Coderre, le maire de Québec, M. Labeaume, le maire de Saguenay, M. Tremblay, 90 pour cent de la population du Québec», a énuméré M. Duceppe.
Justin Trudeau a rappelé la position traditionnelle du Parti libéral en insistant sur le fait que ce n'est pas à l'État de dire aux femmes comment se vêtir, alors que la chef des verts, Elizabeth May, a sauté dans l'arène en affirmant que le thème du niqab était un faux débat.
«Quel est l'impact du niqab sur l'économie? Quel est l'impact du niqab sur les changements climatiques? Quel est l'impact du niqab pour les chômeurs? C'est un faux débat», a lancé Mme May.
Le brouhaha a également pris le dessus dans le studio de télévision quand on a abordé la question constitutionnelle. M. Duceppe s'en est pris à M. Mulcair en affirmant qu'en 1995, le camp du «Non» avait défoncé le plafond des dépenses permises. Piqué au vif par l'insinuation qu'il avait participé à cet excès, M. Mulcair a sommé son adversaire bloquiste «d'arrêter de (lui) attribuer des choses».
Le chef néo-démocrate s'est fait attaquer sur son autre flan par M. Trudeau concernant sa position à l'effet qu'une majorité simple est suffisante pour un référendum sur la sécession du Québec. «Pour déchirer en deux la Constitution, (M. Mulcair) prétend qu'un seul vote serait assez. La Cour suprême a dit clairement que ça prendrait plus qu'un vote. Pour moi, que M. Mulcair soulève la question à la Saint-Jean Baptiste et ne le dise pas en anglais est un problème», a lancé le chef libéral.
M. Harper a tenté de s'élever au-dessus du débat en soulignant que les Canadiens ne voulaient pas d'un Parlement qui «radote» sur ces questions.
Affaires étrangères
La discussion sur les enjeux internationaux, incluant les changements climatiques et la crise de réfugiés, a aussi enflammé les esprits. M. Harper s'est fait accuser à quelques reprises de mentir, que ce soit sur la question environnementale ou l'accueil de réfugiés au pays.
Encore une fois, le chef conservateur a répété qu'il ne fallait pas «juste ouvrir les vannes» pour accueillir des réfugiés, disant que l'approche de son gouvernement était «généreuse, équilibrée, responsable et réfléchie».
«Avec M. Harper (...), on est devenu plus mesquins», s'est désolé son rival libéral, regrettant une époque où le Canada accueillait plus facilement les réfugiés, sans mettre en danger sa sécurité, selon M. Trudeau.
M. Harper a dû également défendre la décision de son gouvernement de vendre des véhicules blindés à l'Arabie saoudite, malgré son triste bilan en matière des droits de la personne.
Alors que MM. Duceppe et Mulcair brandissaient le cas du blogeur Raïf Badawi et d'Ali al-Nimr, ce jeune condamné à la décapitation pour avoir manifesté contre le régime, M. Harper a assuré qu'il condamnait ces traitements, sans toutefois juger que la situation mérite des sanctions commerciales.
«Ce n'est pas juste de punir des travailleurs d'une usine à London pour ça. Ce n'est pas du gros bon sens», a-t-il soutenu.
Sur le plan du commerce international, M. Duceppe a réclamé des autres chefs un engagement pour défendre la gestion de l'offre dans le cadre des négociations du Partenariat transpacifique (PTP), une entente de libre-échange.
«On défend toujours la gestion de l'offre dans des négociations internationales», a assuré M. Harper, disant qu'il défend les intérêts de tous les secteurs dans ces négociations que Mme May lui a reproché de mener «en catimini».
La santé a aussi donné des échanges animés entre les cinq chefs. M. Duceppe a demandé aux autres leaders de s'engager à augmenter les transferts en santé aux provinces à 25 pour cent de leurs dépenses. Sans se commettre sur les chiffres, les chefs se sont échangés des flèches, M. Trudeau accusant M. Mulcair d'être centralisateur en faisant des promesses spécifiques sur la santé — un domaine de compétence provinciale.
Les chefs ont été invités à discuter d'un autre sujet délicat, l'aide au suicide en cas de maladie. Tous, à l'exception de Mme May, sont sortis du sujet imposé, utilisant le temps alloué pour discuter de taxes, d'impôts ou de caisse d'assurance-emploi. C'est la leader du Parti vert qui les a rappelés à l'ordre, trop tard. On a dû passer au sujet suivant, mais pas avant que M. Mulcair se soit engagé à permettre un vote libre sur l'aide médicale à mourir lorsque cette question reviendra au Parlement pour répondre au jugement de la Cour suprême.
«Évidemment on doit modifier le Code criminel en fonction des décisions de la Cour suprême. On va le faire», a pour sa part dit M. Harper, assurant qu'un comité nommé par lui consultait les Canadiens sur la question. Dans les faits, depuis le déclenchement de la campagne électorale, le comité en question est paralysé, en attente d'un nouveau gouvernement.
Exclu du débat de jeudi, Jean-François Fortin, de la nouvelle formation Forces et Démocratie, a participé à sa façon sur Facebook et Twitter.
Publié par Danielle Arsenault pour CogecoNouvelles le vendredi 28 août 2015 à 13h23. Modifié à 13h30.
Justin Trudeau et Paul Martin/La Presse Canadienne
(Cogeco Nouvelles) - « Le roi de l'austérité » a accusé « le roi des déficits » d'être incapable de relancer l'économie lors de cette 27e journée de campagne électorale où libéraux et néo-démocrates de passage à Montréal se sont attaqués pour démontrer qu'ils incarnent le changement.
Le chef libéral Justin Trudeau s’est présenté pour une deuxième fois cette semaine avec l’ex-ministre des Finances Paul Martin, dans le but de rappeler la période de surplus libérale. Dans un long discours, M. Martin a attaqué Stephen Harper et Thomas Mulcair pour leur appui indéfectible à l’austérité.
«Stephen Harper rigolait hier du fait qu’on prévoit un déficit afin d’investir dans l’infrastructure, a lancé l’ex-premier ministre. Un déficit, c’est la seule chose qu’il sait faire! C’est le roi des déficits. Comment les néo-démocrates peuvent-ils maintenant, main dans la main avec les conservateurs, dire que leur but dans le prochain mandat sera de ne rien faire du tout?»
Le chef libéral, Justin Trudeau s’est attaqué à M. Mulcair qui le devance dans les sondages au Québec.
«M. Mulcair vient de se rallier à M. Harper, en promettant, des coupures (sic), de l’austérité et des promesses retardées… des promesses farfelues comme d’équilibrer le budget en abolissant le Sénat à temps pour le prochain budget, mon Dieu!»
La réplique
«Quand on est à côté du roi de l’austérité, Paul Martin, il faut se garder une petite gêne avant de critiquer l’approche équilibrée du NPD», a rétorqué Thomas Mulcair à Notre-Dame-de-Grâce pour tenter de déloger le libéral Marc Garneau.
Le chef du NPD l’accuse d’avoir mis fin aux investissements fédéraux pour le logement social et d’avoir coupé de 24% les transferts sociaux et en santé vers les provinces.
«Il a équilibré le budget sur le dos des provinces», a-t-il lancé, déplorant au passage le fait qu’avec leurs déficits, les libéraux et les conservateurs pellètent une dette sur les générations futures.
Il a aussi promis qu’il annulera «le crédit d’impôt sur les options d’achat d’actions» qui, selon lui, est une «échappatoire fiscale qui profite aux riches», afin de se dégager davantage de marge de manœuvre pour ses promesses.
Surplus au 2e trimestre
Bonne nouvelle pour Stephen Harper : un surplus de cinq milliards $ se dégage du deuxième trimestre, en partie grâce à la vente des actions de Général Motors réalisée en avril.
Selon le ministère des Finances qui a publié ces chiffres vendredi avant-midi, les prédictions sont «conformes aux projections budgétaires pour 2015-2016 présentées dans le budget.»
«Ce rapport signifie que nous faisons mieux que prévu avec notre plan budgétaire, tout en offrant un allégement fiscal historique directement aux familles canadiennes», a indiqué le chef conservateur par communiqué.
«Les Libéraux de Justin Trudeau et le NPD de Thomas Mulcair proposent des augmentations massives des dépenses gouvernementales et de gros déficits permanents. Leur approche tuerait des emplois et ruinerait notre économie.»
Le Bloc pour la forêt
Dans le cadre d’une rencontre avec le Cercle de presse du Saguenay, le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, s’est porté à la défense du secteur forestier.
Selon lui, le Québec a besoin d’un plan pour lutter contre la tordeuse de bourgeons de l’épinette et l’industrie québécoise doit être soustraite des quotas américains dans le bois d’œuvre, alors que l'accord sur le bois d'œuvre arrive à échéance le 12 octobre.
M. Duceppe déplore qu’Ottawa ait consacré plus de 200 millions $ pour venir en aide au secteur forestier de la Colombie-Britannique, mais prévoit «seulement» six millions $ au Québec.
«C'est incroyable que les députés du NPD laissent ça passer. Et le ministre Denis Lebel ne dit rien et ne fait rien», a-t-il indiqué.
Sondage
Les troupes de Thomas Mulcair sont toujours en avance dans les intentions de vote selon Ekos iPolitics. À 34%, le NPD mène la course, devant le parti conservateur (28%) et le parti libéral (27%).
Les troupes de Stephen Harper ont perdu des plumes (2,3%) depuis le dernier coup de songe réalisé par Ekos, en partie due au procès de Mike Duffy. Le NPD (41%) domine au Québec, devant le Bloc québécois et les conservateurs (17%), ainsi que le parti libéral (16%).
Le portrait est différent en Ontario où 121 des 338 sièges de l’élection sont en jeu. Les libéraux sont en avance (33%) devant le NPD et les conservateurs (30%).
Le coup de sonde a été réalisé auprès de 3,524 Canadiens, avec une marge d’erreur de 1,7% 19 fois sur 20.
Publié par La Presse Canadienne le mardi 25 août 2015 à 21h29.
OTTAWA — Le bras de fer entre l'avocat de Stephen Harper et celui d'un groupe musulman qui poursuit en diffamation le premier ministre lui-même a commencé mardi, en pleine période électorale.
Le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM) poursuit M. Harper et son ex-directeur des communications, Jason MacDonald, pour avoir affirmé à la télévision Sun News que l'organisme avait «des liens documentés avec une organisation terroriste telle que le Hamas».
Le groupe musulman assure avoir toujours dénoncé le terrorisme et demande une rétractation publique pour laver sa réputation ainsi qu'un montant de 100 000 $ en dommages-intérêts. Mais l'avocat du premier ministre a été clair mardi lors d'une requête présentée devant la cour: il entend prouver que le Conseil a bel et bien des liens avec le Hamas.
Mardi, les discussions ont tourné autour d'une demande de l'avocat du premier ministre, Peter Downard, d'avoir plus de temps pour interroger les intervenants, mais surtout d'avoir accès à plusieurs documents de la NCCM. Sa requête va de la liste des donateurs du groupe musulman à des informations sur certains de ses administrateurs, en passant par les documents liés au changement de nom du groupe (anciennement CAIR-CAN).
L'avocat de l'organisation, Jeff Saikaley, croit que ces documents ne sont pas pertinents à l'affaire, certains n'existant tout simplement pas, et il aimerait aller de l'avant avec le procès.
La juge de la Cour supérieure de l'Ontario Liza Sheard a réservé à plus tard sa décision sur l'affaire. Les deux parties devront s'armer de patience dans cette cause, puisqu'une autre requête devrait être entendue en novembre, et le procès comme tel risque de ne pas commencer avant plusieurs mois.
Oeil pour oeil
L'histoire a débuté l'an dernier quand le Conseil a critiqué l'inclusion du rabbin controversé Daniel Korobkin dans une délégation accompagnant le premier ministre en visite officielle au Moyen-Orient.
Jason MacDonald avait alors répliqué en ne mâchant pas ses mots: «Nous ne prendrons pas au sérieux des critiques d'une organisation qui a des liens documentés avec une organisation terroriste telle que le Hamas», avait-il répondu.
Incapable d'obtenir une rétractation ou des excuses, le NCCM avait alors choisi d'amener l'affaire devant les tribunaux — impliquant Stephen Harper en personne.
En cour, l'avocat du chef conservateur a soutenu qu'en en s'en prenant au rabbin, le NCCM devait s'attendre à une réplique.
«Une partie qui s'engage dans une critique publique vigoureuse de quelqu'un d'autre doit s'attendre à une réplique», a affirmé Me Downard.
L'avocat du NCCM a soutenu que la réplique des conservateurs n'avait pas été dirigée sur la critique elle-même, mais sur le groupe musulman, de façon disproportionnée.
«C'est comme dire que j'ai le droit de te lancer n'importe quelle pierre — pas la même pierre ou des pierres similaires — j'ai le droit de lancer n'importe quelle pierre si tu oses me critiquer», a-t-il signalé.
L'affaire était entendue au palais de justice d'Ottawa, à quelques dizaines de mètres du procès hyper médiatisé du sénateur Mike Duffy mettant directement en cause l'implication du bureau du premier ministre dans un stratagème de remboursement de dépenses inappropriées.
Le procès du sénateur suspendu Mike Duffy accusé de fraude et d'abus de confiance a été ajourné mardi après-midi jusqu'en novembre.
Il en a été décidé ainsi au terme du contre-interrogatoire de Chris Woodcock, l'ancien responsable de gestion de crise au bureau du premier ministre, par l'avocat de la défense Donald Bayne.
Lors de la reprise du procès en août, coïncidant avec le début de la campagne électorale fédérale, le procès a pris une tournure politique avec la comparution de témoins de la garde rapprochée du premier ministre sortant Stephen Harper.
Le procès reprendra bien après le scrutin du 19 octobre, et les conservateurs ne peuvent que se réjouir de cette situation.
Contre-interrogatoire serré
Les questions de Me Donald Bayne, mardi, étaient orientées sur la déposition qu'avait faite Chris Woodcock à la Gendarmerie royale du Canada en juillet 2013, quelques mois après l'éclatement du scandale entourant les allocations de dépenses du sénateur.
En mars 2013, Mike Duffy a remboursé 90 000 $ à l'État pour des dépenses relatives à son lieu de résidence qu'il n'aurait pas dû réclamer. C'est grâce à un chèque personnel de l'ancien chef de cabinet Nigel Wright, que le sénateur conservateur de l'Île-du-Prince-Édouard a pu effectuer ce paiement.
Me Bayne avance que Mike Duffy, qui nie avoir dérogé aux règles du Sénat, n'aurait jamais admis qu'il était dans le tort et remboursé l'argent s'il n'avait pas été forcé de le faire par les conservateurs qui voulaient étouffer le scandale.
Dans sa déposition de juillet 2013, Chris Woodscock a dit aux policiers qu'avec l'aide du bureau du premier ministre il avait réussi à «forcer, convaincre et persuader» Mike Duffy de rembourser l'argent.
Me Bayne a beaucoup insisté sur le terme «forcer» utilisé par M. Woodcock, qui affirme maintenant avoir utilisé ce mot dans le sens de «persuader» et que M. Duffy a collaboré librement au plan des conservateurs.
Publié par La Presse Canadienne le dimanche 16 août 2015 à 04h46. Modifié par Katy Cloutier à 08h26.
MONTRÉAL - Tous les chefs de partis fédéraux, à l'exception du leader conservateur Stephen Harper, assisteront dimanche après-midi à Montréal au défilé de la Fierté.
Le président fondateur de Fierté Montréal, Éric Pineault, n'est pas surpris qu'aucun représentant du Parti conservateur n'ait accepté l'invitation, et il dit respecter la décision. Cependant, il fait le constat que les revendications de la communauté LGBT ne sont certes pas une priorité pour le gouvernement sortant.
M. Pineault note que le gouvernement conservateur a grandement coupé dans l'aide accordée aux organismes oeuvrant dans la communauté ces dernières années.
Il souligne également que la Semaine de la Fierté n'a reçu cette année que 34 000 $ du gouvernement fédéral, comparativement aux 260 000 $ alloués par le gouvernement du Québec.
Tous les partis politiques provinciaux et municipaux de Montréal ont délégué des représentants au défilé. Plusieurs autres personnalités du monde artistique et syndical, notamment, seront également présentes.
Selon les organisateurs, plus de 200 000 personnes se rassemblent le long du parcours.
Cette année, pas moins de 126 contingents et 3000 marcheurs prendront part au défilé qui sillonnera le boulevard René-Lévesque entre les rues Guy et Sanguinet.
Un moment de silence sera observé vers 14h45 pour les victimes du VIH et de l'homophobie. L'événement se terminera par un rassemblement et un spectacle au parc Émilie-Gamelin.
Ce sera la première fois que l'on entendra l'ex-chef de cabinet de Stephen Harper donner sa version des événements qui ont conduit à son départ en 2013. À la barre des témoins aujourd'hui, Nigel Wright devrait expliquer comment il a décidé de verser plus de 90 000 $ à Mike Duffy afin qu'il puisse rembourser les indemnités perçues de façon injustifiée.
Un texte de Daniel Thibeault
Depuis le début du procès, le témoignage de Nigel Wright est l'un des plus attendus. Plusieurs espèrent qu'il permettra d'établir plus clairement ce que savait le premier ministre de toute cette affaire.
L'ex-chef de cabinet de Stephen Harper a payé 90 172,24 $ de sa poche à Mike Duffy afin qu'il rembourse les indemnités de résidence au cœur de la controverse. Trois des 31 chefs d'accusation de corruption, de fraude et d'abus de confiance qui pèsent contre le sénateur Duffy sont liés à ce fameux chèque. Ce dernier a plaidé non coupable de toutes les accusations.
Quand l'affaire a été mise au jour, Nigel Wright a dû quitter son poste de chef de cabinet du premier ministre.
Au-delà des extraits d'entrevues dans les documents déposés en cour par la GRC, M. Wright n'a jamais commenté publiquement le dossier. Son témoignage sera la première occasion d'entendre sa version des faits.
La Couronne devrait consacrer un peu moins de deux jours à l'interrogatoire de Nigel Wright. Le contre-interrogatoire par l'avocat de Mike Duffy pourrait durer au moins trois jours. De nouveaux éléments de preuve incluant des échanges de courriels devraient également être déposés devant la cour.
Que savait Stephen Harper?
Quand les indemnités de résidence du sénateur ont commencé à devenir un véritable problème pour le bureau du premier ministre, Nigel Wright s'est rapidement impliqué dans le dossier pour tenter de calmer la crise.
Selon des documents déposés en cour, il se tourne d'abord vers le parti, auquel il demande de payer pour Mike Duffy. Après avoir d'abord accepté, Irwin Gerstein, lui aussi sénateur et président du Fonds conservateur, constate que la somme est plus élevée que prévu et refuse finalement de faire le chèque.
À court de solutions, désireux de régler le problème une fois pour toutes, Nigel Wright, qui a fait fortune durant ses années dans le secteur des finances, décide de payer de sa poche.
Mike Duffy à son arrivée jeudi au palais de justice d'Ottawa Photo : PC/Adrian Wyld
Le 22 février 2013, dans un courriel qu'il fait parvenir à Benjamin Perrin - l'avocat du premier ministre - au sujet de ses intentions, il écrit : « Nous avons le feu vert du côté du PM (we are good to go from the PM). »
Que voulait-il dire exactement? Le 14 mai 2013, quelques jours avant de quitter son poste de chef de cabinet de Stephen Harper, il explique dans un autre courriel : « Le premier ministre sait dans les grandes lignes que j'ai personnellement aidé Duffy. »
Stephen Harper a toujours nié avoir été au courant de toute l'affaire. Questionné dimanche sur la signification de l'expression « feu vert » (good to go), il a indiqué : « Ces mots ne sont pas les miens, ce sont ceux de quelqu'un d'autre. » « J'ai dit à plusieurs reprises et je pense que les faits sont clairs, que je ne savais pas que M. Wright avait fait un paiement à M. Duffy et dès que je l'ai su, j'ai rendu l'information publique. »
Mais plusieurs documents déposés en cour laissent entendre que le premier ministre mettait beaucoup de pression sur son équipe pour calmer la crise. Le chef du NPD, Thomas Mulcair, croit que le premier ministre en savait plus que ce qu'il veut bien admettre.
« Vous rappelez comme moi que le premier ministre est cité par son chef de cabinet comme ayant dit "nous avons le feu vert", alors tout est bon avec le premier ministre. [...] Quand j'ai posé cette question en chambre à Stephen Harper [...], il a dit : "oui, oui, j'ai dit le feu vert, mais c'était par rapport au fait que c'était un feu vert pour que M. Duffy paie ses propres frais". On verra bien si ça tient la route lors du procès. »— Thomas Mulcair, chef du NPD lors d'un point de presse dimanche
Mike Duffy simple victime
L'avocat de Mike Duffy a indiqué en début de procès qu'il comptait utiliser le témoignage de Nigel Wright pour prouver que son client est la victime de toute cette affaire. Selon Donald Bayne, il s'agissait de venir à bout de la résistance du sénateur, qui ne voulait pas rembourser des allocations de logement auxquelles il était convaincu d'avoir droit, afin d'en finir avec l'attention médiatique suscitée par cette affaire.
Le parcours de Nigel Wright
Nigel Wright a succédé à Guy Giorno comme chef de cabinet de Stephen Harper en 2010. Il a laissé un lucratif emploi au sein de la firme d'investissement ONEX pour venir s'installer à Ottawa. Décrit par plusieurs comme un travailleur infatigable, il était souvent le premier à arriver au bureau et le dernier à le quitter. Avide coureur, malgré l'imposant horaire de travail, il se lève chaque matin vers 4 h pour parcourir une vingtaine de kilomètres avant de se rendre au bureau.
Ses années passées dans le secteur de la finance lui ont permis d'amasser une confortable fortune. Lors d'une entrevue avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC), il a indiqué n'avoir jamais fait de réclamation de dépenses durant ses années au bureau du premier ministre, estimant que les contribuables ne devraient pas payer pour ses fonctions s'il a de façon légitime assumé lui-même ces dépenses.
Il a quitté son poste de chef de cabinet le 19 mai 2013, après que l'affaire eut éclaté au grand jour. Le 15 avril 2014, la GRC l'avisait qu'il ne ferait pas l'objet d'accusations criminelles. Le 28 juillet de la même année, la firme ONEX annonçait que Nigel Wright reprenait du service avec l'entreprise. Il est présentement directeur général du bureau d'ONEX à Londres.
10 août 2015 |Marie Vastel - Correspondante parlementaireà Ottawa|Canada
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne
L’ex-chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, n’a jamais raconté publiquement les événements qui se sont déroulés en 2013.
Mike Duffy n’est pas le seul qui se retrouvera sur la sellette à la reprise de son procès mercredi. Puisqu’il a déjà déclenché la campagne électorale, Stephen Harper sera contraint de commenter le scandale de son ex-sénateur tous les jours. Et surtout cette semaine, car son ex-chef de cabinet Nigel Wright prendra la parole pour la première fois. Un témoignage qui s’échelonnera sur plusieurs jours.
Le procès hypermédiatisé du sénateur déchu Mike Duffy devait ne durer que huit semaines. Mais les audiences se sont étirées ce printemps. Résultat : elles reprendront pendant trois semaines à compter de mercredi et devront fort probablement être prolongées de nouveau à l’automne.
La reprise sera haute en couleur, avec le retour fort attendu de Nigel Wright. L’ancien proche de Stephen Harper a rapidement quitté Ottawa, après que le scandale l’entourant eut éclaté. Il sera de retour de Londres pour témoigner en personne au palais de justice d’Ottawa, a-t-on confirmé au Devoir la semaine dernière. Un passage à la barre qui attirera médias et curieux. Car Nigel Wright n’a jamais raconté publiquement ce qui s’était passé en 2013, soit sa décision de rembourser la dette de Mike Duffy à sa place, ses tractations avec des sénateurs influents pour que M. Duffy soit épargné d’un rapport sénatorial et l’étendue de ce qu’il a dit à son patron de l’époque, Stephen Harper.
C’est sur ces questions que risque de l’interroger l’avocat de Mike Duffy, Donald Bayne, qui plaide que son client a été forcé par M. Wright et l’entourage de M. Harper d’accepter les 90 000 $. La couronne argue plutôt que c’est le sénateur qui a sommé M. Wright de l’aider à rembourser la Chambre haute.
Un supplice quotidien pour Harper
Au fil des jours, le chef conservateur devra répondre aux questions quotidiennes des journalistes qui le suivent sur la route à bord de sa caravane électorale.
Outre les révélations de Nigel Wright, d’autres questions risquent de revenir le hanter. Car des documents déposés en cour par la GRC ont cité des courriels de son ancien chef de cabinet. En février 2013, lorsque c’est le Parti conservateur qui devait rembourser la dette de Mike Duffy, Nigel Wright avait écrit à des collègues du bureau du premier ministre qu’il voulait «parler au PM avant que tout soit considéré comme final». Puis, il a rapporté que«tout est OK pour le PM». Au mois de mai suivant, après qu’il fut révélé que Nigel Wright avait payé les 90 000 $, ce dernier a écrit que «le PM sait, en termes généraux seulement, que j’ai personnellement aidé Duffy quand je l’ai convaincu d’accepter de rembourser les dépenses».
Des conversations qui n’ont jamais été expliquées par M. Wright, ses interlocuteurs, ou le chef conservateur.
Les interrogatoires des médias ne dureront pas qu’une semaine. Quand Nigel Wright aura quitté la barre des témoins, ce sera au tour de sénateurs conservateurs ayant participé à ces pourparlers de témoigner. Marjory LeBreton — qui était leader du gouvernement au Sénat à l’époque —, David Tkachuk et Carolyn Stewart-Olsen ont reçu une citation à comparaître. Irving Gerstein, qui gérait les fonds conservateurs lorsqu’il a été question d’y puiser pour permettre à Mike Duffy de rembourser le Sénat, pourrait lui aussi être appelé. Idem pour le libéral George Furey, qui siégeait avec les sénateurs Tkachuk et Stewart-Olsen au comité préparant un rapport sur le cas de M. Duffy.
D’anciens employés de M. Harper pourraient également être convoqués par la Couronne : Ray Novak (son actuel chef de cabinet), Benjamin Perrin (son conseiller juridique à l’époque), David van Hemmen (l’ancien adjoint administratif de M. Wright) et possiblement Chris Woodcock (qui était directeur de gestion des dossiers au bureau du premier ministre).
Le chef conservateur témoignera-t-il ?
Une fois cette liste épluchée, ce sera au tour de la Défense de convoquer sa liste d’une douzaine ou d’une quinzaine de témoins.
L’avocat de Mike Duffy n’avait pas exclu d’appeler Stephen Harper à la barre, au printemps dernier. Mais il semblait moins enclin à aller de l’avant en juin, lorsque s’est clos le premier bloc d’audiences du procès de son client.
Le chef conservateur aurait toutefois plus de mal à refuser, maintenant que la campagne électorale a été prolongée. Les élus peuvent invoquer le privilège parlementaire pour refuser de témoigner en cour. Ce privilège s’applique 35 jours après la dissolution du Parlement et 35 jours avant la reprise des travaux. La campagne de 79 jours s’étire donc au-delà de cette fenêtre. Et plusieurs observateurs estiment que le Parlement risque de ne pas reprendre ses travaux avant la fin de l’automne, voire le début de l’année prochaine s’il y avait un changement de gouvernement. C’est donc dire que Stephen Harper pourrait techniquement être sommé de comparaître.
Car les audiences qui reprennent cette semaine s’étireront jusqu’au 28 août et reprendront ensuite du 18 novembre au 18 décembre (si nécessaire), moment où le chef conservateur ne sera plus protégé par le privilège parlementaire.
Nombreuses accusations
Son ancienne recrue Mike Duffy fait face à 31 chefs d’accusation de fraude, d’abus de confiance et de corruption. C’est cette dernière catégorie que la Couronne n’a pas encore abordée, tout comme le fameux chèque de 90 172 $ de Nigel Wright.
Les procureurs reprochent au sénateur d’avoir indûment récolté des allocations de déplacement pour aller participer à des activités partisanes ou personnelles, et d’avoir puisé dans son budget discrétionnaire de sénateur pour offrir des contrats qui n’auraient pas été couverts par la Chambre haute. Mike Duffy est enfin accusé d’avoir touché des indemnités de logement pendant quatre ans, en plaidant habiter principalement l’Île-du-Prince-Édouard — qu’il représente au Sénat — plutôt que sa demeure d’Ottawa. C’est pour rembourser ces allocations que Nigel Wright lui a fourni 90 172 $. Au total, la Couronne lui reproche de s’être fait rembourser 154 000 $ de dépenses injustifiées.