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vendredi, novembre 18, 2016

La possibilité d'un référendum a plombé le PQ, estime Marois

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Publié le 18 novembre 2016 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Dans un texte qu'elle a fait parvenir à... (Photo Ivanoh Demers, Archives La Presse)
Dans un texte qu'elle a fait parvenir à La Presse et destiné à souligner le 40e anniversaire de l'élection du PQ, le 15 novembre 1976, Pauline Marois analyse sa défaite aux élections d'avril 2014.PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE
Denis Lessard
DENIS LESSARD
La Presse
(QUÉBEC) C'est parce que Pauline Marois a refusé de s'engager à ne pas tenir de référendum que le PQ a perdu les élections d'avril 2014. L'ex-première ministre fait ce constat sans détour dans un texte destiné à souligner le 40e anniversaire de l'élection du PQ, le 15 novembre 1976.
« La raison de notre échec est simple, et a posteriori facile à comprendre. Les Québécois nous ont retiré leur appui parce que nous avons refusé de nous engager à ne pas tenir de référendum » écrit-elle dans un texte qu'elle a fait parvenir à La Presse.
En entrevue, elle précise qu'elle avait « évalué » la possibilité de s'engager ainsi. Mais elle souligne qu'elle avait été « traumatisée » par ce qu'elle avait vu comme ministre de René Lévesque en 1982. Le PQ avait remporté les élections de l'année précédente avec l'engagement de ne pas tenir de référendum. Quand survint le rapatriement unilatéral de la Constitution par Pierre Trudeau, en 1982, René Lévesque était ligoté par sa promesse, « alors qu'on aurait pu gagner » un référendum croit Mme Marois.
Sur la stratégie souverainiste Mme Marois ne comptait pas tenir de référendum durant un éventuel mandat - élue elle aurait pris cette période pour préparer un livre blanc sur la souveraineté.
Un autre facteur de la défaite, l'entrée en scène de Pierre Karl Péladeau, « une candidature exceptionnelle que je souhaitais et qui a éveillé les peurs profondes de nos adversaires politiques ». Cette présence « souhaitée » « rendait crédible le discours de peur de nos adversaires ». Ainsi les libéraux ont pu mobiliser par milliers leurs sympathisants, « nos adversaires se sont multipliés », et « nous avons assisté à une campagne de peur aux caractéristiques référendaires ».

Lors de son lancement en politique active, Pierre Karl Péladeau avait lu un texte qui avait été soigneusement préparé, pas de surprise pour la chef péquiste. Le poing en l'air était apparu spontanément toutefois, « dans l'enthousiasme ».
LA CHARTE N'EST PAS EN CAUSE
Aussi elle reste convaincue que ce n'est pas sa gouvernance qui a été repoussée par l'électorat en 2014. « Ma conclusion est claire. Nous n'avons pas perdu en raison des politiques que nous avons adoptées ».
Même la charte des valeurs n'a pas été repoussée par l'électorat estime-t-elle. Les sondages montraient que ces orientations bénéficiaient « d'un appui important » estime Mme Marois. Au passage elle constate que l'actuel chef Jean-François Lisée a repoussé à plus tard, ces questions de laïcité, « mais il parle toujours de langue, et c'est aussi une question identitaire » relève l'ex-première ministre.
Elle ne suggère assurément pas le que PQ suive l'exemple d'un Donald Trump, mais constate que les récentes élections américaines « mettent en lumière un problème que nous n'avons pas le droit d'ignorer ». « Une ligne de fracture profonde s'est creusée, souligne-t-elle, entre ceux qui incarnent le pouvoir et les populations dont les espoirs ont été déçus, la situation économique s'est détériorée et l'identité ignorée. »