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samedi, octobre 08, 2016

Trump s'excuse et accuse Bill Clinton d'avoir maltraité des femmes

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Publié le 08 octobre 2016 à 00h31 | Mis à jour à 08h30
Donald Trump... (PHOTO Evan Vucci, AP)
Donald TrumpPHOTO EVAN VUCCI, AP
Agence France-Presse
WASHINGTON
Vivement critiqué dans son camp, Donald Trump a présenté ses excuses samedi pour des propos machistes et vulgaires datant de 2005 et révélés vendredi, mais le candidat républicain s'en est en même temps pris à Bill Clinton pour ses scandales sexuels passés.
«Je n'ai jamais dit que j'étais une personne parfaite, ni prétendu être une autre personne que moi-même. J'ai dit et fait des choses que je regrette, et les paroles diffusées aujourd'hui dans cette vidéo vieille de plus de dix ans en font partie. Ceux qui me connaissent savent que ces paroles ne reflètent pas qui je suis. Je l'ai dit, j'avais tort et je m'excuse», a déclaré le candidat républicain dans un message vidéo publié peu après minuit sur sa page Facebook.
«Je m'engage à être un homme meilleur demain, et à ne jamais vous décevoir», poursuit le républicain, qui qualifie la polémique de «distraction».
«J'ai dit des choses bêtes, mais il existe une grande différence entre les mots et les actes d'autres gens. Bill Clinton a réellement maltraité des femmes, et Hillary a harcelé, attaqué, humilié et intimidé ses victimes. Nous en parlerons dans les prochains jours», conclut le candidat.
Dans une vidéo diffusée par le Washington Post vendredi, Donald Trump est enregistré à son insu en train de parler des femmes qu'il convoite avec le présentateur d'une émission.
«Quand on est une vedette, elles nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut», y affirme Donald Trump. Un pouvoir qui inclut la possibilité d'«attraper» les femmes par le sexe, dit-il en employant un terme beaucoup plus cru, et évoquant un comportement proche du harcèlement sexuel.
Hillary Clinton et Donald Trump se retrouveront dimanche soir pour le deuxième débat télévisé de la campagne présidentielle.
De nombreux ténors républicains ont immédiatement pris leurs distances avec Donald Trump, notamment l'homme fort du Congrès, Paul Ryan, qui s'est dit «écoeuré» par les paroles du candidat.
Peu d'indécis
«Cette vidéo est un couteau planté dans le coeur de Trump, au débat, il est certain qu'on va lui poser la question», prédit Larry Sabato, politologue de l'Université de Virginie.
«Trump ne perdra aucune voix au sein de sa base électorale, ils s'en fichent», dit cet expert. «Mais Trump ne parviendra pas à élargir sa base de soutien».
Environ 84 millions de personnes ont suivi le premier débat, le 26 septembre, lors duquel le plan d'Hillary Clinton s'est déroulé comme prévu: projeter une image présidentielle tout en laissant Donald Trump exprimer ses penchants les plus troublants aux yeux des électeurs modérés, notamment son impulsivité et sa méconnaissance des dossiers.
À ce stade, il ne reste que 4% d'électeurs indécis, selon des sondages Quinnipiac et CBS, et Hillary Clinton a repris l'avance qu'elle avait brièvement perdue en septembre. Elle recueille environ 44% des intentions de vote contre 41% pour lui.
«L'élection est en train de se fixer, le béton est en train de durcir, il ne reste plus beaucoup d'électeurs indécis», dit Larry Sabato à l'AFP.
Consternation républicaine
Le milliardaire populiste a déjà connu des semaines noires, notamment en août, mais il s'était relevé de ses dérapages.
La différence est que ces révélations émergent à seulement un mois du scrutin, alors que les Américains commencent à voter de façon anticipée.
Des soutiens soulignaient que ces fanfaronnades de vestiaires étaient vieilles de onze ans et ne remettaient pas en cause les autres qualités de l'homme d'affaires.
Mais la panique se répandait dans les rangs républicains, par crainte d'une déroute générale en novembre, quand le Congrès doit aussi être renouvelé.
Les uns après les autres, des ténors ont fait part de leur écoeurement et de leur colère, notamment l'homme fort du Congrès, Paul Ryan, qui a retiré l'invitation de Donald Trump à un rassemblement samedi sur ses terres.
Plusieurs élus, dont ceux de l'Utah, État très conservateur, ont annoncé qu'ils ne voteraient plus pour Donald Trump, sans toutefois aller jusqu'à soutenir la démocrate.
Mais très peu de personnalités républicaines ont appelé au retrait du candidat du scrutin, une éventualité peu réaliste.
Le débat, à St. Louis (Missouri), devait être l'occasion pour Donald Trump de changer d'image auprès des jeunes, des minorités et des électrices, afin de leur prouver qu'il n'est pas le personnage xénophobe et sexiste dépeint par les démocrates.
«Les femmes ont le pouvoir de stopper Trump», a tweeté Hillary Clinton, en diffusant une nouvelle vidéo compilant ses paroles sexistes les plus accablantes.
L'autre conséquence de cette nouvelle polémique est que la divulgation par WikiLeaks vendredi de documents de proches d'Hillary Clinton, et notamment d'extraits de discours de la démocrate devant des banques d'affaires, est passée au second plan.
L'entourage de la candidate a mis la fuite sur le compte de Moscou - le jour-même où Washington accusait publiquement la Russie de piratages pour interférer dans l'élection américaine.

Vulgarité de Trump: le président de la Chambre Paul Ryan se dit «écoeuré»

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Publié le 07 octobre 2016 à 17h00 | Mis à jour le 08 octobre 2016 à 00h35
Paul Ryan... (PHOTO Cliff Owen, archives AP)
Paul RyanPHOTO CLIFF OWEN, ARCHIVES AP
YVAN COURONNE
Agence France-Presse
WASHINGTON
Une vidéo de Donald Trump, datant de 2005, a consterné jusque dans son camp. «Je suis écoeuré par ce que j'ai entendu aujourd'hui», a déclaré Paul Ryan, l'homme fort du Congrès, dans un communiqué cinglant, en l'enjoignant à démontrer «qu'il a plus de respect pour les femmes que cette vidéo ne le suggère».
Et le chef républicain d'annoncer que Donald Trump ne participerait plus à un rassemblement auquel il avait été convié dans son État du Wisconsin samedi --une «désinvitation» proche du camouflet.
À deux jours d'un débat crucial contre Hillary Clinton, Donald Trump a été forcé de présenter vendredi des excuses après la découverte de propos vieux de 11 ans mais particulièrement dégradants sur les femmes, et condamnés immédiatement par des ténors républicains.
«Quand on est une star, elles nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut», dit Donald Trump à un présentateur de télévision, enregistrés à leur insu dans un car avant une émission. Un pouvoir qui inclut, selon le candidat à la Maison-Blanche, la possibilité d'«attraper» les femmes par le sexe, dit-il en employant un terme beaucoup plus cru.
À l'époque, il n'est qu'un homme d'affaires et vedette de télévision à la réputation de coureur de jupons. Il vient d'épouser sa troisième femme, Melania Knauss.
La vidéo a été obtenue et diffusée par le Washington Post et date de 2005. Son authenticité n'a pas été contestée par Donald Trump, qui a présenté immédiatement ses excuses
«C'était des plaisanteries de vestiaire, une conversation privée il y a des années. Bill Clinton m'a dit des choses bien pires sur des terrains de golf, sans comparaison. Je m'excuse auprès de tous ceux qui sont blessés», a déclaré le candidat.
Dans la vidéo, le magnat raconte aussi à son acolyte une tentative infructueuse de séduire une femme non nommée.
«J'ai essayé mais j'ai échoué, je l'admets», dit Donald Trump. «J'ai essayé de me la faire, elle était mariée», ajoute-t-il, en employant un mot vulgaire pour l'acte sexuel.
La conversation continue, puis les deux hommes semblent apercevoir une actrice qui les attend à l'extérieur. «Il faut que je prenne des Tic-Tac au cas où je l'embrasse», dit Donald Trump. «Je suis automatiquement attiré par les belles... je les embrasse tout de suite, comme un aimant. Je les embrasse, je n'attends même pas».
L'ex-directeur de campagne de Donald Trump, Corey Lewandowski, a pour sa part minimisé les propos du candidat républicain en déclarant : «On n'est pas en train d'élire un catéchiste».
La vidéo arrive opportunément pour le camp démocrate, qui s'est fait une spécialité de diffuser en boucle une compilation de déclarations de Donald Trump parlant des femmes.
«C'est horrible. Nous ne pouvons pas permettre à cet homme de devenir président», a aussitôt réagi Hillary Clinton sur Twitter.
À bientôt quatre semaines de l'élection présidentielle, Donald Trump a un besoin pressant de remonter sa cote auprès des électeurs modérés, des minorités et des femmes.
Fuites de courriels de Clinton
Ces événements ont du reste fait de l'ombre à la publication par WikiLeaks vendredi de 2060 courriels attribués à l'actuel président de l'équipe de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta.
Ce dernier a dit sur Twitter ne pas avoir eu le temps de vérifier l'authenticité de tous les documents mais s'est déclaré «mécontent d'avoir été piraté par les Russes dans leur volonté de donner l'élection à Donald Trump». Quelques heures plus tôt, Washington avait ouvertement accusé Moscou d'essayer d'interférer, grâce à des piratages informatiques, dans le processus électoral américain.
Avec cette fuite orchestrée par Julian Assange, WikiLeaks affirme livrer un secret bien gardé: des extraits de discours rémunérés prononcés par Hillary Clinton en 2013 et 2014 devant des banques d'affaires dont Goldman Sachs. La candidate a toujours refusé d'en publier le texte.
La démocrate y livre des plaidoyers pour une approche pragmatique de la politique, se faisant chantre du compromis, ce qui est sa marque de fabrique mais lui vaut la méfiance de l'aile gauche du parti démocrate.
Elle évoque aussi le défi auquel faisait face le département d'État en 2009 pour s'adapter aux nouvelles technologies, rappelant que l'usage d'appareils mobiles était interdit pour des raisons de sécurité. Or c'est justement l'usage d'un Blackberry et d'un serveur privé qui a valu à Hillary Clinton d'être épinglée par le directeur du FBI.

Référendum: «Personne ne croira» le prochain chef du PQ, dit Couillard

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Publié le 07 octobre 2016 à 11h37 | Mis à jour le 07 octobre 2016 à 11h37
Le premier ministre Philippe Couillard, photographié fin septembre.... (Photo Yan Doublet, archives Le Soleil)
Le premier ministre Philippe Couillard, photographié fin septembre.PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL
Tommy Chouinard
TOMMY CHOUINARD
Envoyé spécial
La Presse
(REYKJAVIK, Islande) Quel que soit le chef qui sera élu à sa tête vendredi soir, le Parti québécois sera toujours tenté de déclencher un référendum à la première occasion, même si l'option souverainiste « n'a plus d'avenir au Québec », soutient le premier ministre Philippe Couillard alors qu'il est en Islande.
Selon lui, Jean-François Lisée a un déficit de crédibilité lorsqu'il s'engage à ne pas déclencher un référendum sur la souveraineté dans un éventuel premier mandat de gouvernement. « Personne ne le croira », a-t-il dit vendredi, niant que M. Lisée, s'il devait devenir chef, le priverait d'un argument de poids en campagne électorale.
« Il dit ça, et un jour, si on a l'occasion d'en faire, on va en faire un pareil... On connaît la technique. On l'a déjà vu : souvenez-vous de la bonne vieille méthode de son maître, M. Parizeau, la cage à homards », a ajouté M. Couillard qui, incidemment, visitait des entreprises de transformation des produits de la pêche à Reykjavik.
Alexandre Cloutier ne sera pas davantage crédible, selon M. Couillard. L'aspirant-chef a promis de donner l'heure juste sur la tenue ou d'un référendum dans un premier mandat six mois avant les élections générales de l'automne 2018. Pour Philippe Couillard, « ça ne change rien » par rapport à M. Lisée. « Parce qu'à partir du moment où il y a un parti indépendantiste au Québec, tous les investissements sont paralysés, toute l'incertitude s'installe, toute l'instabilité s'installe encore, et on retombe encore dans les mêmes cercles vicieux ».
« La personne qui dirige le PQ, ça n'a pas d'importance », a-t-il ajouté lors d'une mêlée de presse. « Le problème du PQ, c'est son option. Ils ne sont pas capables de réaliser que leur option n'a plus d'avenir au Québec. La jeunesse n'est plus engagée dans cette option-là, c'est une différence fondamentale avec l'époque que moi j'ai connue. Tant qu'ils n'auront pas fait le constat objectif que leur option ne s'en va nulle part, ils n'iront pas plus loin, quelle que soit la personne qui les dirige. » Pour le premier ministre, « la force politique de leur idée, de leur option, est très faible maintenant ».
Quelques heures plus tôt, Philippe Couillard a prononcé un discours d'une dizaine de minutes lors de l'ouverture de l'assemblée annuelle de l'Arctic Circle, qui réunit 2000 participants de 50 pays pour discuter d'enjeux nordiques. C'est sa troisième participation à l'événement. Après avoir vanté le Plan nord en 2014 et plaidé l'urgence de la lutte contre les changements climatiques l'an dernier, il a fait cette fois la promotion de la Stratégie maritime de son gouvernement.
Lors de sa première visite, M. Couillard avait prononcé son allocution entièrement en anglais, ce qui lui avait valu des critiques. L'an dernier, son discours était en français ; une traduction simultanée était offerte. Vendredi, il s'est exprimé autant en français qu'en anglais, alternant les deux langues. « Comme vous avez pu le constater, une partie de mon discours sera en français. Cela vous permettra de vous reconnecter avec votre français du secondaire », a-t-il lancé à l'auditoire qui a accueilli la remarque avec quelques rires.

Le PQ de Lisée, «une parenté familière» avec l'extrême-droite, dit Couillard

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Publié le 08 octobre 2016 à 08h39 | Mis à jour à 08h39
Jean-François Lisée a été élu par les membres... (PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE)
Jean-François Lisée a été élu par les membres
du Parti québécois, vendredi soir.
PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE
(REYKJAVIK, Islande) Avec Jean-François Lisée à sa tête, le Parti québécois a maintenant « une parenté familière » avec les mouvements d'extrême-droite en Europe, tonne le premier ministre Philippe Couillard. Sa victoire est celle d'un « nationalisme de peureux, de fermeture et d'exclusion », selon lui.
Il s'attend même à ce que M. Lisée se prête à du « salissage » à l'Assemblée nationale, à l'image de « la campagne assez basse qu'il a menée envers ses adversaires » dans la course à la direction du Parti québécois.
En mission en Islande samedi, le premier ministre a sorti l'artillerie lourde pour réagir à l'élection de Jean-François Lisée par les membres du Parti québécois, vendredi soir. Après de brèves félicitations envers le candidat élu, il a multiplié les épithètes lapidaires pour qualifier la signification de la victoire du député de Rosemont. Sa sortie va à coup sûr pimenter la discussion qu'il a promis d'avoir samedi avec M. Lisée plus tard samedi - il n'a pu le faire dès l'élection de celui-ci en raison du décalage horaire.
Plus de détails suivront. 

Le moment Lisée

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Michel David
8 octobre 2016 |Michel David | Québec | Chroniques

Jean-François Lisée attendait ce moment depuis longtemps. Quand il s’était porté candidat à la succession de Pauline Marois, il avait déclaré que c’était « le prolongement logique de sa carrière ». L’une de ses rares maladresses.

Le nouveau chef du PQ n’a jamais douté de ses capacités. Bien avant de se lancer en politique, il avait même commandé un sondage pour évaluer ses chances. Plusieurs apparatchiks péquistes en avaient fait des gorges chaudes.

Bien peu auraient parié sur ses chances au début de la course. Pas même lui. II s’était mis la presque totalité de ses collègues à dos en affirmant qu’il aurait démissionné si la charte de la laïcité avait été adoptée. Un manque de solidarité d’autant plus choquant que personne ne l’avait cru. Il avait encore aggravé son cas en déclarant que Pierre Karl Péladeau était une« bombe à retardement ». Un véritable crime de lèse-sauveur. Alors que son avenir semblait définitivement compromis, le député de Rosemont s’est plutôt appliqué à démontrer à quel point il pourrait être efficace dans le rôle de chef de l’opposition, en attendant celui de premier ministre.

Même ses détracteurs ont dû reconnaître que sa performance à l’Assemblée nationale était hors du commun. Alexandre Cloutier avait été le coup de coeur de plusieurs lors de la précédente course. Jean-François Lisée est aujourd’hui le choix de la raison. À tous les égards, il a démontré qu’il est le plus apte à offrir aux militants ce pour quoi ils désespèrent depuis des années : la victoire.

Que deviendra le PQ sous la gouverne de M. Lisée ? Ses trois derniers chefs ont fait chou blanc. Aux prochaines élections, il aura été au pouvoir à peine 18 mois en 15 ans. Marc Laurendeau n’avait pas tort de conclure son documentaire sur 50 ans du PQ en disant qu’« il joue maintenant sa propre survie ».

Il joue aussi son âme. La principale raison du succès de M. Lisée est d’avoir convaincu les militants péquistes qu’il était plus urgent de battre les libéraux et de donner un « bon gouvernement » aux Québécois que de tenir un référendum pour lequel le PQ n’est tout simplement pas prêt. Lors de la course précédente, Bernard Drainville avait été cloué au pilori pour avoir osé proférer cette hérésie.

La question est maintenant de savoir jusqu’où ira ce nouveau pragmatisme. Le nouveau chef a promis que le référendum sera bel et bien tenu dans un deuxième mandat, mais rien n’assure que les « conditions gagnantes » seront au rendez-vous. Si tel n’est pas le cas, l’ancien conseiller de Lucien Bouchard proposera-t-il une nouvelle « sortie de secours » ?

Une chose est certaine : les années Lisée seront tout sauf ennuyantes. Durant la course, il a démontré une fois de plus que son imagination est inépuisable, pour le meilleur et pour le pire. Maintenant qu’il est chef, il n’y aura cependant plus personne pour faire le tri de ses innombrables idées.

La victoire de M. Lisée, nettement plus forte que prévu, ne laisse aucun doute sur sa légitimité. Les manifestations d’unité ne doivent cependant pas faire illusion. Martine Ouellet ne renoncera sans doute pas à sa croisade pour tenir un référendum dans un premier mandat.

Même les chefs élus dès le premier tour ou par acclamation ont dû composer avec une opposition interne qui les a parfois conduits au bord de la démission. Les 17 % de voix recueillies par Mme Ouellet, dont l’opiniâtreté, pour ne pas dire l’obstination, est maintenant légendaire, ne peuvent que l’encourager à poursuivre sa croisade.

Alexandre Cloutier a nié avoir confié qu’il retournerait à la pratique du droit en cas de défaite. Il faut bien se fier à sa parole, mais encore faudra-t-il que le coeur y soit. Il est difficile de l’imaginer se transformer en chevalier de la laïcité pour séduire les électeurs caquistes dans lesquels son nouveau chef semble voir la clé d’une victoire péquiste en 2018.

PARTI QUÉBÉCOIS Premier défi: refaire l’unité du parti

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8 octobre 2016 |Marco Fortier | Québec
Alexandre Cloutier a récolté 31,7 % des votes et terminé deuxième aux deux tours de scrutin. C’est entouré de sa famille qu’il a assisté à la soirée, à Lévis. Dans son discours, Jean-François Lisée a répété à M. Cloutier que son offre de le choisir comme ministre de l’Éducation tient toujours.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Alexandre Cloutier a récolté 31,7 % des votes et terminé deuxième aux deux tours de scrutin. C’est entouré de sa famille qu’il a assisté à la soirée, à Lévis. Dans son discours, Jean-François Lisée a répété à M. Cloutier que son offre de le choisir comme ministre de l’Éducation tient toujours.
Le nouveau chef du Parti québécois (PQ) hérite d’une formation divisée, en décroissance, qui se cherche une mission devant un électorat peu empressé de reprendre la marche vers l’indépendance.
 
Le parti doit d’abord refaire son unité après une course à la chefferie où les attaques entre aspirants chefs ont parfois été très dures, estiment des analystes. Plus important encore, la formation doit démontrer sa pertinence au moment où l’éventualité d’un référendum semble s’éloigner, souligne Jean-Herman Guay, professeur à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke.
 
« Le gros défi, c’est celui-là : comment maintenir la souveraineté dans les coeurs tout en acceptant qu’elle ne soit pas au premier plan dans le discours ? » dit-il.
 
« La probable mise de côté de la question référendaire pour un certain temps provoque un questionnement : par quoi remplacer ça ? Comment gérer le vide ? Le Parti québécois doit démontrer qu’il a la capacité d’emprunter d’autres voies », ajoute Jean-Herman Guay.
 
Le politologue fait valoir que le PQ a perdu le « ciment » qui unissait les militants indépendantistes de gauche comme de droite dans les années 1960 et 1970. Ce ciment, c’est l’espèce de sentiment d’injustice collective qui justifiait la quête du pays.
 
Depuis 10 ans, les nationalistes se sont éparpillés à Québec solidaire, à la Coalition avenir Québec et à Option nationale, rappelle Jean-Herman Guay. L’insistance de Martine Ouellet et de ses partisans à continuer de militer d’abord et avant tout pour l’indépendance crée une« force centrifuge » supplémentaire sur le PQ, estime-t-il.
 
Élargir la base
 
La députée de Vachon est « déconnectée » et fait une « mauvaise lecture de la situation », renchérit André Lamoureux, chargé de cours au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). C’est le poing levé de Pierre Karl Péladeau qui a fait dérailler la campagne du PQ en 2014, et non la charte de la laïcité, selon lui. On connaît la suite : le parti a remporté 25,4 % des voix, son pire résultat en plus de quatre décennies.
 
Le politologue est convaincu que l’insistance sur un référendum rapide pour l’indépendance éloignerait les électeurs. « Or, pour faire la souveraineté, le Parti québécois doit redevenir un parti de masse. Sinon, il n’y parviendra pas », insiste André Lamoureux, qui milite dans le Rassemblement pour la laïcité.
 
Le parti doit absolument reconquérir les jeunes, le mouvement syndical, les enseignants et élargir ses appuis chez les nouveaux arrivants, à défaut de quoi il joue sa survie, selon M. Lamoureux. Il rappelle que le PQ avait 300 000 membres au début des années 1980. Cette semaine, ce sont 73 236 membres qui avaient droit de vote pour élire le chef péquiste.
 
Durant les deux décennies qui ont suivi sa prise du pouvoir en 1976, le parti a toujours remporté plus de 40 % des voix, sauf une exception (38,7 % en 1985). Avec le quart des voix au dernier scrutin, le parti est en position de faiblesse et doit à tout prix élargir sa base électorale, estime André Lamoureux.
 
Il est vrai qu’un parti politique est d’abord une « machine à gagner des élections », rappelle le politologue Jean-Herman Guay. Contrairement aux mouvements politiques et aux groupes de réflexion, qui peuvent se lancer dans de grands débats philosophiques sans prendre le pouls des électeurs, les partis doivent aspirer au pouvoir pour changer les choses.
 
Le Parti libéral du Québec l’a compris et forme le gouvernement depuis 2003, à l’exception d’une pause d’un an et demi entre septembre 2012 et avril 2014. Le PLQ a pourtant traversé une série de tempêtes éthiques sous Philippe Couillard et Jean Charest, rappelle Jean-Herman Guay.
 
« Le PQ peut certainement se positionner comme un contrepoids aux politiques budgétaires des libéraux », croit le politologue. Le parti doit aussi faire des propositions sur la défense du français, sur l’économie, sur l’identité et sur les questions sociales, notamment, ajoute André Lamoureux.

Une idée pour le nouveau chef
Cinq observateurs donnent un premier conseil à Jean-François Lisée

« Sa priorité ? Établir sa crédibilité comme chef de l’opposition. Son travail est de s’imposer comme un chef efficace de l’opposition officielle. »
Louis Bernard, premier chef de cabinet de René Lévesque

« Il fait un excellent discours de victoire, parce qu’il est rassembleur. Il veut que la dominante du Parti québécois soit la convergence, et c’est bien parti pour ça. […]Malgré une campagne assez vigoureuse, tout le monde a l’air en forme et dans le respect. Les mots clés sont : convergence et travail commun. »
Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec

« À la prochaine élection, quand le Parti libéral va vous accuser de faire des référendums, au lieu de reculer et de dire que ce n’est pas vrai, assumez-le et montrez que vous êtes confiants de faire un pays. »
Sol Zanetti, chef d’Option nationale

« Mettre l’indépendance à l’avant-plan, pour vraiment rassembler tous les indépendantistes et travailler à la convergence des forces indépendantistes. »
Mario Beaulieu, ex-chef du Bloc québécois

« Gardez l’unité de ce parti-là. C’est un choix qu’on sentait, parce que ce qui est de plus en plus évident en politique aujourd’hui, c’est qu’il y a des vagues, des élans. Et on a vu un élan vers Jean-François Lisée. »
Pierre Curzi, ex-député du Parti québécois

Jean-François Lisée, le gagneur

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Le premier chantier du nouveau chef: ressouder le Parti québécois

8 octobre 2016 | Marco Bélair-Cirino à Lévis | Québec
Jean-François Lisée a remporté vendredi soir une victoire nette, échouant toutefois à rallier rallier une majorité de voix dès le premier tour.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Jean-François Lisée a remporté vendredi soir une victoire nette, échouant toutefois à rallier rallier une majorité de voix dès le premier tour.
Les membres du PQ ont choisi de vivre leur « moment Lisée ». Ils se sont ralliés à la proposition-clé du député du Rosemont de « chasser les libéraux, de réussir l’indépendance, dans cet ordre » au terme d’une course à la direction mouvementée.

Le député-blogueur Jean-François Lisée a remporté une victoire nette vendredi soir.
 
M. Lisée a été élu au deuxième tour, après le dénombrement des « deuxièmes choix » des sympathisants de l’ex-orphelin politique Paul Saint-Pierre Plamondon. Il a obtenu 50,63 % des suffrages, comparativement à 31,7 % pour Alexandre Cloutier et 17,67 % pour Martine Ouellet. L’ex-conseiller politique de Jacques Parizeau, puis de Lucien Bouchard prend aujourd’hui le devant de la scène politique québécoise.
 
Le 9e chef du PQ a échoué à rallier une majorité de voix dès le premier tour, mais de peu (47,03 %). Il s’agit d’une première dans l’histoire du PQ.
 
Après l’annonce des résultats, M. Lisée s’est rapidement mis à la tâche de rallier les militants du PQ — y compris les 14 membres du caucus péquiste ayant fait partie du camp Cloutier.« Ce soir, c’est notre victoire à tous. C’est la victoire du Parti québécois, du parti d’Alexandre, de Martine, de Paul, de notre amie Véronique [Hivon] », a-t-il déclaré devant un parterre de quelque 600 militants rassemblés au Centre de congrès de Lévis vendredi soir.« Imaginez un instant l’énergie des organisations de Paul, d’Alexandre, de Martine et ma campagne combinées vers un objectif commun. Les jours du gouvernement Couillard sont comptés », a-t-il poursuivi, s’attirant des applaudissements nourris.


Se décrivant comme « le chef du rassemblement », M. Lisée s’est notamment engagé à mettre en oeuvre les huit chantiers de M. Cloutier ainsi que « les 50+1 réponses pour l’indépendance » de Mme Ouellet.
 
Plus tôt, le président du PQ, Raymond Archambault, avait mis en garde les aspirants-chefs contre les difficultés de diriger la formation politique. « Ce n’est pas comme diriger […] un autre parti politique. Ceux qui sont passés par là peuvent en témoigner », a-t-il averti, avec un clin d’oeil à l’ex-première ministre Pauline Marois, qui était assise au premier rang. « Nous sommes, comme dirait Gilles Vigneault, gens de parole et gens de causerie. Je n’en dirai pas plus », a-t-il ajouté.
 
Aux commandes du PQ, M. Lisée devra convaincre les membres du parti de consacrer sa promesse de tenir un référendum sur l’indépendance du Québec dans un second mandat (2022-2026) dans le programme du PQ, qui sera adopté au printemps 2017. En même temps, le 9e chef du PQ devra tenter de garder en vie le projet de convergence des indépendantistes éparpillés entre le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale, malgré l’absence d’un engagement ferme du PQ à foncer vers le pays du Québec. « Le projet indépendantiste est irréductible », a souligné M. Lisée vendredi soir.
 
L’homme de 58 ans a pris soin durant son discours de victoire de s’adresser aux électeurs des autres partis politiques. « Je vais d’abord m’adresser aux électeurs libéraux. Le quart d’entre vous l’avez avoué aux sondeurs. Vous êtes insatisfaits du gouvernement Couillard. Il n’y a pas de honte à avoir honte d’un gouvernement honteux. Des gouvernements libéraux, il y en a eu des exceptionnels, comme celui de Jean Lesage. Il y en a eu des moyens. Mais des mauvais comme celui qui gouverne en ce moment, on n’a jamais vécu ça, de notre vivant », a-t-il déclaré, le ton ferme. « Si vous souhaitez que le Parti libéral du Québec redevienne un grand parti, il n’y a qu’un remède : un long séjour dans l’opposition. Un changement de garde. Une longue cure de désintoxication éthique. »
 
M. Lisée a par la suite reproché à la Coalition avenir Québec d’être un parti « né vieux », tout comme « Benjamin Button ».
 
Ralliement
 
Martine Ouellet a promis tout au long de la semaine, et encore vendredi soir, qu’elle se« rallier[a] » au chef choisi par les membres, mais « ne renier[a] pas [ses] convictions », par exemple en cessant de militer pour la tenue d’un référendum dans un premier mandat. La candidate malheureuse s’était contentée devant les militants péquistes à remercier les 73 236 membres du PQ de « faire du Parti québécois le plus grand parti démocratique au Québec ». « Ça fait maintenant 30 ans, presque jour pour jour, que je milite au Parti québécois. Le Parti, c’est un peu comme ma deuxième famille. Le Parti québécois, c’est un parti que j’aime », a déclaré la députée de Vachon.
 
Rédemption
 
Cinq mois après avoir lancé sa campagne à la chefferie sur le trottoir de la rue Papineau à Montréal, entouré d’une poignée de journalistes, Jean-François Lisée a accédé au poste de chef de l’opposition officielle du Québec. Pour M. Lisée, c’est la rédemption, et ce, moins de deux ans après s’être mis à dos un grand nombre de péquistes en signalant les risques posés par la candidature de l’actionnaire de contrôle de Pierre Karl Péladeau, « une bombe à retardement », à la tête du PQ. Les membres du PQ ne lui en tiennent plus rigueur. Au premier tour, il a recueilli 47,03 % des voix, comparativement à 29,66 % pour Alexandre Cloutier, 16,46 % pour Martine Ouellet et 6,84 % pour Paul Saint-Pierre Plamondon.
 
Les membres du PQ ont encore une fois déçu les ambitions d’Alexandre Cloutier, qui briguait la chefferie du PQ pour la seconde fois en un an et demi. Le député de Lac-Saint-Jean encaissait vendredi soir la défaite. « Votre confiance, c’est le bien le plus précieux qu’un candidat dans une course au leadership puisse avoir. Je veux que vous sachiez que j’ai vraiment tout donné pour l’obtenir. Maintenant, peu importe le choix que vous avez fait, je veux juste que vous vous rappeliez une chose : je vous aime beaucoup », avait déclaré l’avocat de 39 ans quelques minutes avant l’annonce des résultats.
 
La machine électorale du « bleuet » avait pourtant démarré au quart de tour en mai dernier. M. Cloutier avait notamment obtenu l’appui des officiers du PQ, ce qui avait conforté toutefois l’idée qu’il était le candidat de l’establishment. M. Lisée a toutefois réussi à renverser la vapeur à coups de sorties et attaques calculées ou non calculées — comme un gazouillis controversé. M. Lisée avait diffusé, puis retiré un message sur son fil Twitter, dans lequel il montrait que les positions de son principal adversaire, Alexandre Cloutier, en matière de laïcité plaisaient au Collectif québécois contre l’islamophobie, dont le coordonnateur est Adil Charkaoui.
 
L’irruption du prédicateur controversé a eu un impact marginal dans les intentions de vote des membres-électeurs du PQ, selon M. Lisée. Le nouveau chef péquiste estime toutefois avoir remporté le débat identitaire. Les membres semblent en effet avoir adhéré à sa proposition de geler les seuils d’immigration, ainsi qu’à celle d’interdire et de décourager le port de signes religieux à certains employés de l’État. « Contrairement à la légende que certains veulent créer aujourd’hui, René Lévesque était le premier à critiquer les politiques d’immigration et leurs seuils. Il était le premier à défendre haut et fort l’identité québécoise qu’il appelait la "différence vitale" du Québec et notre responsabilité à la défendre et à la transmettre. Il fut, en son temps, accusé de tous les maux. Xénophobie, racisme, nazisme, il n’y avait pas de limite », a rappelé aux membres du PQ M. Lisée.
 
M. Cloutier a répété à la presse avoir « refusé de faire campagne pour plaire par calcul » au cours des cinq derniers mois. « J’ai refusé de prendre des raccourcis et de dire aux membres du Parti québécois ce qu’ils auraient peut-être préféré entendre. J’ai plutôt choisi de mettre mes convictions sur la table, de parler avec mon coeur, de parler vrai, sincère », a-t-il insisté, mettant le cap vers Saint-Gédéon, la « tête haute ».
Le 9e chef du Parti québécois
Originaire de Thetford Mines, Jean-François Lisée a oeuvré pour différents médias à compter de 1973. Le diplômé en communications de l’UQAM, auteur des essaisDans l’oeil de l’aigleLe tricheur et Le naufrageur, fait le saut en politique en 1994. Il fait partie de la garde rapprochée de Jacques Parizeau, puis de Lucien Bouchard.« Il a 10 idées par jour. Le problème, c’est de trouver la bonne ! » a dit son ex-patron, Jean Royer. Cofondateur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM), M. Lisée brigue les suffrages pour la première fois en 2012. Élu, il est nommé ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur par la première ministre Pauline Marois (2012-2014). L’homme politique se retire de la course à la succession de Pierre Karl Péladeau en janvier 2015. À l’âge de 58 ans, il devient le 9e chef du Parti québécois.
 
75 %
Le taux de participation a été plus important qu’en 2015 (73 %), mais plus faible qu’en 2005 (77 %).
Avec Dave Noël
Jean-François Lisée a remporté vendredi soir une victoire nette, échouant toutefois à rallier rallier une majorité de voix dès le premier tour.Paul Saint-Pierre Plamondon, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet entourent celui qui présidera aux destinées du Parti québécois, Jean-François Lisée.