Lorsqu'on a faim, lorsqu'on digère, lorsqu'on stresse, le ventre peut parfois être bruyant jusqu'à en être gênant. Pourtant, ces bruits de l'appareil digestif sont totalement naturels ! Et plus il est vide, donc rempli d'air, plus les bruits sont importants. Car c'est bien l'air qui est responsable des bruits du ventre. L'appareil digestif est un ensemble d'organes très actifs : ils se contractent et se décontractent pendant la digestion, faisant circuler l'air présent ou créé lors de la fermentation.
L'estomac d'abord
L'estomac est le premier organe de la digestion. Lorsque vous ingérez des aliments, ils arrivent dans l'estomac qui est une poche remplie d'air quand elle ne contient pas d'aliment. Mais en mangeant, on avale aussi de l'air, qui peut ressortir (les rots). Les rots sont parfois précédés de bruits "glouglou" qui sont en fait dus à la remontée de l'air depuis l'estomac.
Les contractions de l'instestin
Une fois la digestion démarrée, l'estomac vide son air dans l'intestin, ce qui est aussi source de bruit et de remontées d'air. L'intestin est un organe replié sur lui-même, long (jusqu'à 6 mètres) et qui se contracte régulièrement pour faire descendre les aliments jusqu'au rectum. Les nombreux mouvements de l'intestin sont source de bruits dus aux liquides et poches d'air qu'il contient. Lorsque les aliments arrivent dans l'intestin, ils sont à un stade de la digestion relativement avancé avec généralement fermentation. La fermentation implique l'émission de gaz et donc d'air dans les intestins. Les bruits qui proviennent du bas ventre sont généralement issus de cette fermentation lorsque vous avez, par exemple, mangé des pommes de terre ou du chou.
Les bruits du ventre sont donc un phénomène naturel. En cas d'absence totale ou d'augmentation de ces bruits, cela peut dénoter un problème. Mais généralement, comme le cœur qui bat, la digestion est aussi une des activités indispensables au corps et nécessite quelques bruits.
PUBLIÉ LE VENDREDI 4 NOVEMBRE 2016 À 15 H 57 | Mis à jour à 5 h 00
Donald Trump et Hillary Clinton lors du deuxième débat PHOTO : RICK WILKING / REUTERS
596. C'est le nombre de jours sur lesquels se sera étirée cette longue campagne présidentielle depuis l'entrée en piste du premier candidat. Vingt mois au cours desquels il aura notamment été question d'inconduite sexuelle, d'un mur, de courriels, du FBI, de la Russie, de violeurs mexicains, de piratage informatique et d'élections truquées. Retour en 12 temps sur une campagne sans précédent.
Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf
Elle est loin, la campagne fondée sur l'espoir menée par Barack Obama en 2008. Huit ans plus tard, le marathon électoral a davantage été marqué par une succession de controverses qui ont éclipsé les enjeux.
Au final, les deux grands partis ont choisi des candidats dont l'impopularité atteint des sommets jamais vus pour des aspirants à la Maison-Blanche.
Le dernier épisode de ce qui a par moments ressemblé à une téléréalité se jouera le 8 novembre. À moins d'un nouveau geste d'éclat, d'un nouvel imprévu...
Car les rebondissements, depuis le moment où le républicain Ted Cruz s'est le premier lancé dans la course, en mars 2015, ont été nombreux. En voici 12 - pas uniquement les plus spectaculaires - qui ont influencé le déroulement de la course ou fait osciller les sondages de façon importante.
16 JUIN 2015 - Donald Trump se lance dans la course en critiquant le Mexique et les Mexicains
Donald Trump, lors du lancement de sa campagne PHOTO : BRENDAN MCDERMID / REUTERS
Le magnat de l'immobilier et vedette de téléréalité Donald Trump annonce officiellement qu'il brigue l'investiture républicaine. Misant sur son statut d'outsider et d'homme d'affaires, le multimilliardaire fait notamment état de sa richesse, critique la Chine, affirme que son pays est dirigé par « des perdants », promet d'être « le plus grand président d'emplois que Dieu ait jamais créé » et s'engage à raviver le rêve américain.
Et il y va d'une promesse phare de sa campagne : « construire un mur le long de la frontière sud des États-Unis » pour contrer l'immigration illégale. Un mur, assure-t-il, qu'il fera payer au Mexique.
Quand le Mexique nous envoie ses gens, il n'envoie pas ses meilleurs éléments. Il envoie ceux qui posent problème. Ils apportent la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs. Certains, je présume, sont de bonnes personnes.Donald Trump
Le ton est donné.
Si on a retenu ce qu'il a dit des immigrants mexicains, soutient Rafaël Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, on a eu tendance à négliger un élément. « Ce qu'il a dit relève de la théorie du complot : le gouvernement du Mexique envoie volontairement ses indésirables », fait-il valoir.
« Personne dans l'histoire américaine n'a prononcé un tel discours, souligne le politologue: un discours de 45 minutes sans queue ni tête, donné sans notes et sans télésouffleur ».
Et cette entrée en piste inhabituelle fait la joie des médias. Prélude de l'attention médiatique disproportionnée qu'il recevra.
21 OCTOBRE 2015 - Joe Biden ne se présente pas
Entouré du président Obama et de son épouse, Jill Biden, le vice-président américain, Joe Biden, annonce qu'il ne briguera pas la présidence. PHOTO : CARLOS BARRIA / REUTERS
Mettant un terme à des mois de spéculation, le vice-président des États-Unis annonce qu'il ne sera pas candidat à l'investiture démocrate.
« Avec le recul, quand on voit toute la difficulté que Clinton a eue à se débarrasser de Sanders, perdant plus de 20 États, imaginons ce que ça aurait pu donner comme dynamique si Biden s'était lancé », dit Rafaël Jacob.
Il aurait pu être pour Hillary Clinton un adversaire redoutable.
« Mais il y aurait aussi eu une réelle possibilité de voir le vote de l'establishment démocrate divisé, même si Bernie Sanders allait sans doute rester lourdement désavantagé. » En tout cas, l'issue de la course aurait été « beaucoup plus imprévisible », croit le politologue.
1er ET 9 FÉVRIER 2016 - Bernie Sanders séduit
Bernie Sanders, s'exprimant devant ses partisans après sa victoire au New Hampshire. PHOTO : J. DAVID AKE
« Démocrate socialiste » autoproclamé, le sénateur du Vermont perd les caucus de l'Iowa de justesse : seul 0,2 point de pourcentage le sépare d'Hillary Clinton. Une semaine plus tard, il triomphe à la primaire du New Hampshire, avec plus de 60 % des voix contre 38 % pour sa rivale. Une « marge historique », souligne Rafaël Jacob.
Un symbole qui montre ce qu'il aura réussi à accomplir pendant l'ensemble des primaires démocrates avec la « révolution politique » qu'il propose.
Ensemble, nous avons envoyé un message que nous transmettons de Wall Street à Washington, du Maine à la Californie : le gouvernement de notre merveilleux pays appartient à tout le monde et pas seulement à une poignée de riches donateurs et à leurs super PAC.Bernie Sanders, à l'issue de sa victoire à la primaire du New Hampshire
« Il partait de tellement loin : il était largement inconnu quelques mois plus tôt, il avait 74 ans, il avait l'establishment démocrate contre lui, et il a pourtant bâti une petite armée de partisans loyaux », souligne M. Jacob. « Il a rendu la course beaucoup plus compétitive que ce à quoi bien des gens s'attendaient. »
6 FÉVRIER 2016 - Marco Rubio, d'étoile montante à étoile filante
Marco Rubio, lors du débat républicain du 6 février 2016 PHOTO : CARLO ALLEGRI / REUTERS
Après une solide performance aux caucus de l'Iowa, Marco Rubio peut espérer de bons résultats à la primaire du New Hamphire et rallier l'establishment du parti, initialement derrière Jeb Bush.
Mais à trois jours du vote, le jeune sénateur de Floride commet une gaffe lors d'un débat avec ses adversaires républicains. « Arrêtons avec cette fiction selon laquelle Barack Obama ne sait pas ce qu'il fait. Il sait exactement ce qu'il fait. Il essaie de transformer ce pays. [...] Mais nous voulons rester les États-Unis d'Amérique », lance Marco Rubio... à quatre reprises.
« Marco, quand vous êtes président des États-Unis ou gouverneur d'un État, le discours mémorisé de 30 secondes où vous dites à quel point l'Amérique est merveilleuse ne résout les problèmes de personne », rétorque le gouverneur du New Jersey, Chris Christie. Une réplique qui tue.
« Pour moi, il n'y a pas eu un moment plus déterminant pour l'ensemble de la course à la Maison-Blanche », tranche Rafaël Jacob. La déconfiture de Marco Rubio a permis aux Jeb Bush et John Kasich de rester dans la course et de « continuer à diviser le vote », explique-t-il.
Si Rubio avait bien performé lors de ce débat, on se serait retrouvé avec une course à trois entre Trump, Cruz et lui. Et ça aurait complètement changé la donne. Je crois que ça aurait été improbable que Trump émerge avec l'investiture républicaine.
18-21 JUILLET 2016 - la convention républicaine et la chicane de famille
Le sénateur du Texas, Ted Cruz, a refusé de donner son appui officiel à Donald Trump, lors de la convention républicaine à Cleveland. PHOTO : REUTERS/JONATHAN ERNST
La convention républicaine, à Cleveland, officialise la victoire de Donald Trump sur ses 16 rivaux - un record. L'ennemie commune fait l'unanimité, critiquée par les orateurs qui se succèdent, souvent sous les « Emprisonnez-la! » (Lock her up!) scandés par la foule.
Mais la convention met aussi en lumière les divisions au sein de la grande famille républicaine. Les ex-présidents George Bush père et fils n'y sont pas, pas plus que les ex-candidats républicains à la présidence John McCain et Mitt Romney. Les candidats des primaires Marco Rubio et John Kasich brillent eux aussi par leur absence.
Celui qui a fini deuxième, Ted Cruz, lui, y prononce un discours... pendant lequel il est copieusement hué. Non seulement le sénateur du Texas ne se rallie-t-il pas à Trump, mais il invite les électeurs conservateurs à voter en respectant leurs valeurs.
Votez selon votre conscience!
Du « jamais vu », souligne M. Jacob. « La convention républicaine était l'occasion pour Trump de réunifier le parti et de projeter une image d'unité. Il a échoué. »
22 JUILLET 2016 - début des révélations de WikiLeaks
La base de données de WikiLeaks sur les courriels du CND PHOTO : WIKILEAKS.ORG
À l'aube de la convention démocrate, le site WikiLeaks publie des courriels du camp démocrate obtenus par piratage informatique. La première série - quelque 19 000 courriels du Comité national démocrate (CND) - montre notamment que des responsables du parti ont étudié divers moyens de saborder la campagne de Bernie Sanders. Ces révélations entraînent la démission de la présidente du CND, Debbie Wasserman Schultz.
Par la suite, WikiLeaks mettra en ligne d'autres dizaines de milliers de courriels, notamment issus du compte du président de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta, sur des sujets comme la Fondation Clinton ou des discours de Clinton devant des grandes banques.
« Ces courriels sont importants dans la mesure où ils ont confirmé plusieurs des craintes et des objections les plus fondamentales à l'égard de Clinton, analyse Rafaël Jacob. Par exemple, pour les partisans de Sanders, c'est venu confirmer la croyance qu'elle était de mèche avec le Comité national démocrate, que le système est truqué, etc. Pour d'autres qui la voyaient déjà comme étant malhonnête, c'est venu renforcer les perceptions qu'elle a des problèmes d'éthique. »
25 AU 28 JUILLET 2016 - les discours de Michelle et de Khan
Michelle Obama, à Philadelphie, devant un parterre d'étudiants à l'Université LaSalle PHOTO : MEL EVANS
Sans être « parfaite », la convention démocrate de Philadelphie a été mieux organisée que celle des républicains, souligne M. Jacob. « Les organisateurs ont été extrêmement habiles pour étouffer la contestation des milliers de partisans de Sanders sur place, et Hillary Clinton en est sortie en meilleure posture. »
Et, contrairement aux républicains, les démocrates ont pu compter sur les ténors de leur parti, comme Barack Obama ou Joe Biden. Bernie Sanders a lui aussi livré un plaidoyer en faveur d'Hillary Clinton. Un ralliement important, souligne le politologue.
L'étoile de la convention : Michelle Obama, qui a critiqué, sans jamais le nommer, le candidat républicain. « Quand ils s'abaissent, on s'élève », a-t-elle lancé. La première dame a également relevé l'importance historique de l'éventuelle élection de la candidate démocrate.
Je me réveille chaque matin dans une maison qui a été construite par des esclaves, et je regarde mes deux filles noires qui jouent avec leurs chiens sur la pelouse de la Maison-Blanche. Et grâce à Hillary Clinton, mes filles ainsi que tous nos fils et nos filles peuvent maintenant tenir pour acquis qu'une femme peut devenir présidente des États-Unis.
Khizr Khan et sa femme Ghazala Khan lors de la convention démocrate à Philadelphie, le 28 juillet 2016. PHOTO : ALEX WONG
Mais un inconnu y retient aussi l'attention : Khizr Khan, un Américain d'origine pakistanaise et de confession musulmane dont le fils Humayun, un capitaine, est mort en Irak.
Vous n'avez sacrifié rien ni personne.
Soulignant que son fils a sacrifié sa vie pour ses compagnons d'armes et son pays, M. Khan soutient que celui-ci n'aurait pas pu vivre dans l'Amérique du candidat républicain.
« Donald Trump [...], laissez-moi vous demander : "avez-vous seulement lu la Constitution?" », demande-t-il, brandissant son propre exemplaire. Un écho notamment à la « fermeture totale » des États-Unis à tous les musulmans qui voudraient y entrer que celui-ci a prônée.
Mais les choses n'en sont pas restées là : au cours des semaines qui ont suivi les conventions, le candidat républicain a multiplié les guerres de mots inutiles - contre Obama, contre Cruz, contre les Khan -, alimentant les controverses. Et cela s'est répercuté dans les sondages, souligne Rafaël Jacob.
« Sa sortie contre la famille Khan, c'est ce qui lui a fait le plus mal. Plusieurs ont trouvé inacceptable qu'il touche à la famille d'un militaire tué à la guerre », rappelle-t-il. Encore une fois, l'indiscipline de Trump lui a nui, fait observer le politologue.
11 SEPTEMBRE 2016 - la pneumonie de Clinton et la gestion de son malaise
Victime d'un malaise au cours d'une cérémonie commémorative du 11-Septembre, Hillary Clinton entre dans un VUS aidée de ses gardes du corps. PHOTO : YOUTUBE
Victime d'un malaise, Hillary Clinton doit quitter la cérémonie commémorative du 11 Septembre qui se tient à New York. Une vidéo amateur montre la candidate perdre l'équilibre et être rattrapée par ses gardes du corps alors qu'elle est sur le point de tomber.
Son équipe évoque initialement un « coup de chaleur », mais quelques heures plus tard, son médecin indique que la candidate a en fait reçu deux jours plus tôt un diagnostic de pneumonie, qu'exploitent les républicains.
« Plusieurs journalistes ont présenté sa pneumonie comme étant le problème. Non, le problème, tranche M. Jacob, c'est qu'elle a menti sur sa pneumonie. » Sans doute pas la meilleure stratégie alors qu'une majorité d'Américains la perçoivent comme menteuse et malhonnête.
26 SEPTEMBRE 2016 - le premier débat Trump-Clinton
Donald Trump et Hillary Clinton lors du premier débat, en septembre dernier PHOTO : AP/RICK T. WILKING
Les deux candidats sont au coude-à-coude lorsqu'ils se présentent au premier débat. Pour Trump, la barre est basse. « Il n'avait même pas besoin de battre Hillary Clinton, il avait seulement besoin d'être convenable... et il ne l'a pas été, juge Rafaël Jacob. Il a eu l'air mal préparé, indiscipliné, et Clinton a repris l'avance. »
À la fin du débat, Hillary Clinton sort de son chapeau le nom d'Alicia Machado, une ancienne Miss Univers que Donald Trump aurait notamment traitée de Miss Piggy en raison de son poids. Un hameçon auquel mordra Donald Trump pendant plusieurs jours.
« Ce n'est pas seulement sa contre-performance qui lui a nui, c'est qu'après, il en a remis, remis et remis », souligne M. Jacob, rappelant que l'homme d'affaires a insulté à répétition l'ancienne reine de beauté. « Pendant une semaine, on a parlé de Miss Univers et des tweets de Trump à 3 h du matin. »
Did Crooked Hillary help disgusting (check out sex tape and past) Alicia M become a U.S. citizen so she could use her in the debate?
Avec ce débat, « il avait une chance de faire basculer la course en sa faveur... et il l'a bousillée », résume le politologue.
7 OCTOBRE - le « Trump Tape », suivi des témoignages de ses accusatrices
Billy Bush et Donald Trump, accueillis par l'actrice Arianne Zucker à leur sortie de l'autobus d'Access Hollywood. PHOTO : WASHINGTONPOST.COM
À un mois de l'élection, le Washington Post lance une bombe : il rend public un enregistrement de 2005 sur lequel on entend Trump tenir à l'endroit des femmes des propos crus et dégradants. Trump, qui parlait alors à l'animateur d'Access Hollywood, Billy Bush - ironiquement le cousin de Jeb et George W. - se vante même de pouvoir « attraper » les femmes par leur sexe en toute impunité.
Quand on est une vedette, [les femmes] nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut.
Du jamais vu dans une campagne présidentielle. « Il n'y a pas grand chose de plus marquant que ça : un candidat qui se vante d'être un prédateur sexuel sur un enregistrement », souligne Rafaël Jacob.
C'est la première « surprise d'octobre », qui amène les républicains à condamner ses propos, certains lui retirant même leur appui. Donald Trump banalise l'affaire en évoquant une « conversation de vestiaire ». Une douzaine de femmes l'accuseront ensuite sur la place publique d'avoir posé des gestes d'inconduite sexuelle.
« Pour plusieurs électeurs, ça a été le coup de grâce », estime M. Jacob. C'est le moment qui a leur donné la réponse à la fameuse ballot question, cette question sur la base de laquelle les gens font leur choix, explique-t-il. « Le verdict sur Hillary Clinton a déjà été rendu : les Américains ne lui font pas confiance. La question, c'est : « Trump est-il acceptable? ». Il y a eu une masse critique d'électeurs qui se sont dit : "non, on ne peut juste pas voter pour lui". »
19 OCTOBRE 2016 - Trump refuse de dire s'il reconnaîtrait une victoire de Clinton
Les candidats à la présidentielle Donald Trump et Hillary Clinton lors du troisième et dernier débat, le 19 octobre 2016 PHOTO : REUTERS/RICK WILKING
Le troisième et ultime débat entre les candidats à la Maison-Blanche est aussi riche en prises de bec qu'en contenu. Mais c'est le refus de l'homme d'affaires de s'engager à reconnaître les résultats qui retient l'attention.
Depuis plusieurs semaines, le candidat républicain répète que l'élection est « truquée ». Interrogé à ce sujet, il laisse entendre qu'il pourrait ne pas concéder la victoire s'il était défait.
Je vous le dirai en temps et lieu. Je vais garder le suspense, d'accord?
« Ça n'a pas changé les intentions de vote », souligne Rafaël Jacob, qui minimise l'impact de cette déclaration. « Mais jamais un candidat n'avait évoqué la possibilité de ne pas reconnaître une élection qui n'avait pas encore eu lieu ».
28 OCTOBRE 2016 - le FBI relance l'enquête sur les courriels d'Hillary Clinton
Le directeur du FBI James Comey PHOTO : GARY CAMERON / REUTERS
Pour la deuxième fois en quelques mois, un geste du directeur du FBI, le républicain James Comey, a un impact sur la campagne. Les deux fois, c'est l'utilisation d'un serveur privé par Hillary Clinton lorsqu'elle était secrétaire d'État qui est en cause.
Puis, fin octobre, dans une lettre adressée à des présidents de commissions parlementaires du Congrès, M. Comey indique que le FBI détient, en vertu d'une enquête distincte, de nouveaux courriels « pertinents » à celle menée sur Mme Clinton. L'enquête est relancée, même si l'agence ne peut déterminer pour le moment si ces nouveaux éléments sont « significatifs ». Son intervention, à moins de deux semaines du vote, rompt avec la tradition.
On ignore si les courriels litigieux contiennent des informations confidentielles envoyées ou reçues par Clinton, mais ce rebondissement galvanise le camp Trump et brise l'élan de la candidate démocrate.
Cette deuxième surprise d'octobre a un « effet indéniable sur les intentions de vote », souligne Rafaël Jacob, qui prédit malgré tout une victoire démocrate. Mais si la lutte avait été plus serrée au moment de ce « choc gigantesque », Donald Trump « aurait pu tout faire basculer ».
Une campagne présidentielle « est un marathon », illustre-t-il. « Ça montre que c'est l'ensemble de la course qui est importante. »
Il ne reste plus que quelques jours avant qu'elle se conclue - enfin - et que tombe le verdict des Américains.
PHOTO : COURTOISIE COUP DE COEUR FRANCOPHONE / JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
« Quand tu joues de l'harmonica en fa, dès les premières notes, tu vois tout de suite la route », a dit Richard Séguin vendredi soir à L'Astral, avant d'interpréter « Roadie », une nouvelle chanson de son plus récent disque Les horizons nouveaux.
Un texte de Philippe Rezzonico
Joignant le geste à la parole, Séguin a soufflé quelques mesures dans le petit instrument et il a lancé à la foule : « Vous voyez? » Et comment! Le bout de la route à perte de vue... Les paysages sans fin... Les étoiles qui éclairent le ciel... L'Amérique, en définitive. Celle que Séguin chante depuis trois bonnes décennies.
Mais, au fait, quelle est la définition de l'Amérique pour Séguin?
« Ma langue est d'Amérique. Je suis né de ce paysage », répond-il au bout du fil, tout en citant le poète québécois Gatien Lapointe, jeudi, lorsque joint à la veille de sa rentrée montréalaise lors du Coup de cœur francophone.
« Cette américanité, ça a commencé avec la chanson « L'ange vagabond », inspirée de [Jack] Kerouac pour un symposium, avant même le disque Journée d'Amérique (1988). Dans les années 1980, on se définissait encore par rapport à la France. »
« L'ange vagabond » prenait ses racines aux États-Unis, mais Journée d'Amérique était complètement ancrée dans un milieu québécois, particulièrement sur le clip de la chanson, tourné dans le quartier de Saint-Henri. Comme quoi l'Amérique pouvait être celle d'ici et d'ailleurs.
« Mon grand-père est né au Wisconsin. Il est revenu au pays avec le drapeau américain et des chansons de là-bas. Je réside à 20 kilomètres des États-Unis. On va y déjeuner souvent. C'est proche de ma réalité. J'habite les Appalaches, qui sont un territoire partagé entre nos deux pays. »
Les diverses facettes de l'Amérique
Cette Amérique a été présentée de diverses façons par l'auteur-compositeur et interprète au cours des ans, tant sur disque que sur scène. Dans le temps, des formations bâties sur le modèle de celles des groupes de rock n' roll ont fait résonner les mots et les mélodies du jeune Séguin. De nos jours, les configurations de ses spectacles sont similaires à celles de ses récents albums plus épurés.
À l'extrême droite de Séguin (à gauche, pour le spectateur), Hugo Perreault (guitares, mandoline, dobro), à ses côtés depuis près de 20 ans. À l'extrême gauche, Simon Godin (guitares, dobro, basse), présent depuis une dizaine d'années. Tout près de lui, Myëlle (violoncelle, claviers, percussions), la petite nouvelle.
Pas de batterie sur les planches pour marteler le tout. Une Amérique sans violence, finalement. Une Amérique célébrée en finesse et en sensibilité, avec un Séguin toujours droit comme un chêne, vêtu de sa veste et de son jean, un peu comme il s'est présenté au Gala de l'ADISQ dimanche dernier : fidèle à son image. Fin du volet vestimentaire.
Mais une Amérique où l'espoir, le passé, l'amour, la désillusion et le présent s'entremêlent. De nos jours, l'espoir est plus rare. Donc acte et ouverture avec la nouvelle Les vents contraires (« Que viennent les vents contraires/qui ramènent l'espérance »), aussitôt suivie de L'envie d'y croire, dédiée « à tous les rêveurs et les utopistes, ceux qui ne font mal à personne ». Chanson, fait rare, que Séguin a interprété au banjo. Mais l'Amérique ne serait pas l'Amérique sans toutes les interrogations soulevées dans Qu'est-ce qu'on leur laisse.
L'Amérique de Séguin est aussi celle de la compassion. Les bouts de papiers, inspirée par un de ses oncles qui ne savait ni lire ni écrire, a été interprétée au « je » et non pas à la troisième personne, comme elle a été composée.
« Quand on chante à la première personne, on se rapproche d'un personnage », a expliqué le chanteur. Et parfois, l'Amérique est triste et elle se résume à un seul individu en crise, comme l'individu dans Pleure à ma place.
Médiocratie affirmée
PHOTO : COURTOISIE COUP DE COEUR FRANCOPHONE / JEAN-FRANÇOIS LEBLANC
Étonnamment, dans le contexte de la présidentielle américaine, Séguin a écarté Protest Song. Ma foi, le « welcome yankee » de la chanson aurait pu être remplacé par un « go home yankee » tant l'élection chez nos voisins du sud est surréaliste. Mais ça ne l'empêche pas d'être très préoccupé par ce qui s'y passe.
« C'est incroyable comment les deux candidats sont si impopulaires. Les républicains récoltent ce qu'ils ont semé. Ils avouent ouvertement êtres racistes, homophobes, anti-avortement et pro-individualité. C'est la médiocratie affirmée. C'est comme si l'Amérique ne supportait plus son propre poids. »
Séguin avait quand même un brûlot politique à saveur locale dans son spectacle, la récente Tant qu'en y a, où l'avarice et la courte vue de certains politiciens est soulignée à gros traits : « Tant qu'y en a/on va tout prendre/ta petite patrie/même ton bonheur de vivre ici. »
Mais Séguin est encore plus fort quand il touche droit au cœur avec la nouvelle P'tit frère, interprétée en mode guitare-voix, au rappel. Également avec Au bord du temps, une chanson portant sur les migrants inspirée par une question de sa petite-fille de dix ans. À faire écouter à tout le peuple québécois, celle-là. Et il peut aussi nous surprendre, quand il reprend Belle Ancolie en duo avec Myëlle, qui a une voix formidable.
Parlant de relecture, celles de L'Ange Vagabond et de Rester debout auront été parmi les plus réussies. Amorcées tout en douceur et en nuances stylistiques, les deux chansons se sont transformées en cavalcades épiques en fin de parcours, bénéficiant des voix des quatre instrumentistes : une explosion de cordes et de voix, comme si l'Amérique, fougueuse cette fois, pouvait vibrer joyeusement de toutes parts.
Et, il faut le noter, le peuple d'Amérique peut aussi avoir une classe et un respect exemplaire. Séguin a eu raison de remercier la salle bondée de L'Astral pour sa qualité d'écoute. Écoute religieuse afin d'apprécier toute la lutherie des instrumentistes et la puissance évocatrice des mots.
Après plus de deux heures d'une prestation riche en textures, mélodique à souhait et parsemée de textes forts et poétiques (notamment Dans le désir du monde, de Pierre Morency), il était normal que Journée d'Amérique boucle la boucle. Car, l'Amérique, en définitive, peut surtout être rassembleuse.
Richard Séguin est de retour à L'Astral samedi soir lors du Coup de cœur francophone.
Publié le 05 novembre 2016 à 07h45| Mis à jour à 07h45
Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, ira à la rencontre de citoyens dans les circonscriptions de Verdun et Marie-Victorin, samedi. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
La Presse Canadienne
Depuis le déclenchement cette semaine d'élections partielles dans quatre circonscriptions au Québec, le 5 décembre, les partis d'opposition s'activent sur le terrain.
Les leaders du Parti québécois, Jean-François Lisée, de la Coalition avenir Québec, François Legault, et de Québec solidaire, Françoise David, s'impliquent personnellement auprès de leurs candidats respectifs.
Vendredi, notamment, François Legault a fait campagne dans Arthabaska. Françoise David s'est rendue dans Saint-Jérôme, alors que son collègue député Amir Khadir parcourra Marie-Victorin samedi.
Également samedi, Jean-François Lisée ira à la rencontre de citoyens dans les circonscriptions de Verdun et Marie-Victorin.
Quant à Option nationale, il lancera dimanche à Longueuil, en présence du chef Sol Zanetti, sa campagne conjointe dans les 4 circonscriptions.
Le comté de Saint-Jérôme est vacant depuis la démission de l'ancien chef péquiste Pierre Karl Péladeau. Marie-Victorin était représenté par le péquiste démissionnaire Bernard Drainville. Arthabaska est sans député depuis le décès de la caquiste Sylvie Roy, et Verdun est disponible depuis le départ du ministre libéral Jacques Daoust.
Publié le 05 novembre 2016 à 07h34| Mis à jour à 08h08
Hillary Clinton et Donald Trump PHOTOS REUTERS
IVAN COURONNE, MICHAEL MATHES Agence France-Presse CLEVELAND et Hershey
L'Amérique et le monde retiennent leur souffle samedi, au début du dernier week-end de la campagne présidentielle américaine, Hillary Clinton et Donald Trump proposant aux Américains deux voies radicalement opposées pour les quatre prochaines années.
À trois jours du scrutin, les sondages ne sont guère d'utilité pour prédire avec certitude l'issue du vote. La démocrate de 69 ans conserve un mince avantage de 2,3 points en moyenne sur le milliardaire populiste de 70 ans, mais Donald Trump est porté par un rebond soudain dans les États-clés où se jouera véritablement l'élection, et qui lui font croire qu'une surprise est possible mardi soir.
Les deux candidats quadrillent donc inlassablement le pays, enchaînant les rassemblements pour lancer un dernier appel à la mobilisation, avec un même message : chaque voix compte dans cette élection décrite par les deux camps comme une chance historique.
Hillary Clinton commencera la journée à Miami et la terminera à Philadelphie, avec un concert de la chanteuse Katy Perry. Donald Trump traversera le pays, de Tampa, en Floride, au Colorado, en passant par la Caroline du Nord et le Nevada.
Côté démocrate, ce sont les superstars Beyoncé et Jay Z qui ont donné le coup d'envoi du week-end, dans un grand concert avec d'autres rappeurs à Cleveland, bastion démocrate de l'Ohio.
« Le monde attend de nous que nous restions un pays progressiste à la pointe du changement », a lancé Beyoncé, acclamée par une foule déchaînée de 10 000 personnes, très majoritairement noires. « Je veux que ma fille grandisse dans un pays présidé par une femme », a dit la chanteuse, qui a chanté son tube « Run the World [Girls] ».
Clin d'oeil aux tenues de l'ancienne première dame, les six danseuses de Beyoncé portaient des tailleurs-pantalons...
Dans cette atmosphère survoltée et inédite pour la grand-mère de deux petits-enfants, Hillary Clinton a pris la parole quelques minutes, sans épiloguer sur son programme mais en rappelant les horaires et l'adresse du bureau de vote le plus proche, déjà ouvert.
« Nous avons un travail à terminer, plus d'obstacles à abattre, et avec votre aide, un plafond de verre à briser une fois pour toutes », a lancé la démocrate.
Plus tôt, elle avait méthodiquement tâché de démolir le message populiste de son adversaire, dénonçant des promesses creuses.
« Le 20 janvier, l'Amérique aura un nouveau président », a-t-elle dit à Detroit, dans le Michigan industriel. « Le changement est inévitable. Les choses vont changer. La question est : quel changement choisirons-nous ? »
Et à ceux à qui la virulence de cette campagne donne des migraines, elle a lancé : « tout dépend de vous ».
Le changement Trump
À 450 km à l'est de Cleveland, à un autre bout de la « Rust Belt », Donald Trump a rempli à nouveau une salle de 13 000 personnes. Depuis l'année dernière, l'homme d'affaires est le seul à rassembler des foules aussi importantes.
« Et au fait, je n'ai pas eu besoin d'amener Jennifer Lopez ou Jay Z, je suis ici tout seul ! » a-t-il ironisé à Hershey, en Pennsylvanie, où il tente de percer le « pare-feu » d'Hillary Clinton, qui a mené jusqu'ici dans les sondages de ce grand État.
Jamais candidat populiste n'était allé aussi loin que Donald Trump dans l'histoire récente des États-Unis.
Son coeur d'électorat est composé de Blancs, notamment ceux qui n'ont pas fait d'études universitaires. Un groupe démographique gagné par la peur du déclassement dans une Amérique de plus en plus diverse ethniquement, et séduit par la promesse du milliardaire de changer le système.
« Je veux que l'establishment corrompu de Washington entende les mots suivants : quand nous l'emporterons le 8 novembre, nous allons curer le marigot », a-t-il lancé, reprenant une formule devenue un slogan de campagne.
Brandissant la relance par le FBI le 28 octobre de l'affaire du serveur de courriels privé de l'ancienne chef de la diplomatie, il répète qu'une présidence Clinton serait minée par cette enquête, voire un procès.
Pour le républicain, la question est de savoir si son avantage chez les hommes et les ouvriers suffira à compenser l'avantage d'Hillary Clinton chez les minorités, les femmes et les diplômés.
« Les gens ne disent peut-être pas ouvertement pour qui ils vont voter, mais je suis sûr qu'il a plus de soutien que ce que disent les sondages », prédit Zach Rehl, ex-militaire « trumpiste » de 31 ans.
On parle très peu de la maladie de Crohn. Elle affecte pourtant 27 000 personnes au Québec, dont environ 11 000 jeunes de moins de 25 ans. Le nombre de cas est en constante augmentation, sans qu’on sache vraiment pourquoi.
La maladie de Crohn fait partie de ces maladies mystérieuses dont on ne connaît pas encore la cause. Ce qu’on sait par contre, c’est qu’elle a un impact considérable sur la vie des gens qui en sont atteints.
Une insupportable maladie
Pendant plus de quinze ans, la vie d’André Bathalon a été profondément minée par la maladie de Crohn. Étant donné qu’il s’agit d’une maladie qui provoque de violentes crampes intestinales et d’urgents besoins d’aller à la selle, André était continuellement préoccupé par l’idée de pouvoir accéder facilement et rapidement à une salle de bain.
Stéphanie Robillard-Sarganis est elle aussi affligée de la même maladie depuis l’âge de 19 ans : «Quand je suis en crise, je peux aller de 10 à 15 fois à la selle par jour, explique-t-elle, sans compter les vomissements. C’est comme si j’étais en gastro pendant deux, trois ou quatre semaines.» Au cours de ces crises, elle perd beaucoup de poids, assimile mal les vitamines et doit demeurer au lit.
Maladie méconnue, la maladie de Crohn n’est pas toujours facile à identifier, car elle peut être confondue avec la colite ulcéreuse. Gastroentérologue à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, le Dr Louis-Charles Rioux la décrit en ces termes : «La maladie de Crohn, c’est une maladie intestinale chronique inflammatoire qui va toucher la muqueuse de l’intestin, mais à différents segments du tube digestif. C’est une inflammation des parois de l’intestin. Elle va surtout se trouver au niveau de la fin du petit intestin et du début du gros intestin, ce qu’on appelle la maladie iléo-colique, mais on peut la retrouver également dans différents segments du tube digestif, dont le colon, le rectum, le petit intestin. On en retrouve même au niveau de l’estomac et même des fois au niveau de l’œsophage.»
La maladie de Crohn touche surtout les jeunes, poursuit le Dr Rioux. «Quand on regarde les courbes au point de vue distribution épidémiologique, ce qu’on retrouve, c’est des jeunes qui vont surtout être atteints entre 20 et 30 ans. C’est le pic d’incidence.»
Le stress, facteur aggravant
Pour André Bathalon, la maladie a commencé à l’âge de 15 ans. Au départ, les crampes pouvaient être espacées, mais les crises sont rapidement devenues plus intenses avec des crampes beaucoup plus fréquentes. Peu à peu, il a commencé à s’isoler, à demeurer à la maison et à moins manger. À 15 ans, il pesait à peine 85 livres.
Vivre avec la maladie de Crohn, c’est aussi devoir composer avec des crises qui peuvent survenir à n’importe quel moment. Dans un tel contexte, l’organisation de la moindre activité devient problématique. Pour Stéphanie Robillard-Sarganis, c’est un casse-tête quotidien : «Prendre le métro, c’est extrêmement stressant, explique-t-elle, parce que tu ne sais jamais quand tu vas être en crise. Ça peut arriver comme ça. Si tu es dans le métro et que tu as une envie soudaine, tu ne peux pas te retenir. Tu es pris dans le métro, tu n’as aucune issue et c’est vraiment paniquant. Tu fais presque de l’anxiété avec ça.»
Le stress aurait-il un rôle à jouer dans cette maladie? Pour le Dr Louis-Charles Rioux, il s’agit d’une question complexe. «Ça n’a pas été clairement démontré que des facteurs stressants pouvaient amener la maladie. Chacun de nous, pourtant, comme gastroentérologue, a des expériences qui disent le contraire. Un traumatisme quelconque, suivi d’une déclaration de maladie : on en a tous des exemples comme ça. Mais la littérature ne semble pas traduire que ce soit un facteur causal. Par contre, ce qu’on sait c’est qu’il y a une étroite corrélation entre les symptômes que les patients peuvent présenter et la façon de gérer le stress. Il y a des études – dont certaines ont été réalisées à Montréal – qui démontrent que la façon de composer avec le stress peut faire en sorte que les patients présentent plus de symptômes.»
Une maladie chronique et incurable
À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement curatif contre la maladie de Crohn, explique le Dr Rioux : «Ce qu’on est capable de faire aujourd’hui, et souvent avec efficacité, c’est de guérir ou traiter l’inflammation qui est la résultante finale. La maladie de Crohn n’est pas curable actuellement parce que la cause précise n’est pas connue.» Ce que les médecins et les chercheurs tentent notamment de comprendre, c’est le facteur déclencheur de la maladie.
Les bactéries intestinales pointées du doigt
Sans pour autant avoir de réponses précises, les scientifiques s’intéressent de près au rôle des bactéries intestinales qui pourraient être à l’origine de la maladie. Chez les individus moyens, ces dernières se chiffrent par milliards et représentent environ un kilo de poids. Elles sont essentielles au maintien d’une bonne santé. Mais pour les individus atteints de la maladie de Crohn, il est possible que certaines bactéries traversent la paroi intestinale et touchent le système immunitaire, ce qui pourrait déclencher la maladie.
Chercheur et microbiologiste à l’Hôpital général de Montréal, le Dr Marcel Behr considère qu’il s’agit d’une maladie systémique qui entraîne des désordres dans tout le corps mais dont les symptômes s’expriment principalement dans le système digestif. Il explique que cette maladie semble être causée par des facteurs génétiques qui entraînent un déficit au niveau du système immunitaire. Des études en laboratoire ont notamment démontré que les cellules des patients atteints de la maladie de Crohn répondent moins bien aux expositions bactériennes. Les porteurs des gènes qui ont subi des mutations ont plus de difficultés à éliminer les bactéries alors que les personnes saines vont les tuer.
L’ultime tentative
La maladie de Crohn, même si le degré d’atteinte varie d’une personne à l’autre, peut affecter gravement la vie des malades, comme on l’a vu en première partie de reportage. Il existe des médicaments qui soulagent l’inflammation, mais plusieurs personnes devront au cours de leur vie subir une intervention chirurgicale, la plus radicale étant la stomie.
Il s’agit d’une opération difficile à envisager pour tout le monde, mais particulièrement pour les jeunes. Heureusement, elle permet de retrouver une vie presque normale.
Le choix de la chirurgie
«La maladie de Crohn m’a gardé prisonnier pendant un bon quinze ans, raconte André Bathalon. Quinze ans où je ne sortais plus de chez nous. Chaque jour, c’était le challenge ultime de me rendre au travail, sans accident et sans que ça paraisse non plus que j’étais dans un désarroi incroyable.» Exténué par toutes ces souffrances, André a pris la décision de subir une stomie, une chirurgie qui le prive à tout jamais de son intestin.
Stéphanie Robillard-Sarganis, quant à elle, est plutôt à la croisée des chemins. Actuellement en attente d’être opérée, elle aussi en est arrivée à la conclusion que la stomie était pour elle la meilleure avenue.
Épuisée par cette maladie qui ne donne aucun répit, Stéphanie ne voit tout simplement pas comment elle pourrait faire autrement. «Je pense que je n’ai pas vraiment le choix, explique-t-elle. Ce n’est pas un choix que j’ai, c’est que je suis rendue là. Au début de la maladie de Crohn, pour moi, quand je pensais à un sac, c’était inconcevable que je puisse avoir ça aussi jeune, et là j’ai eu 24 ans, et pour moi, je me dis que si je suis rendue là et si c’est pour améliorer ma qualité de vie, je suis aussi bien de sauter à pieds joints là-dedans.»
Les différents traitements
Avant d’en arriver à cette conclusion, André et Stéphanie ont tous les deux expérimenté de multiples avenues thérapeutiques.
Comme première tentative, Stéphanie s’est fait offrir des traitements à la cortisone. Si ces médicaments l’ont aidée à court terme, en réduisant l’inflammation au maximum, elle considère que les effets secondaires étaient si importants qu’il était impossible pour elle de poursuivre ce traitement à long terme : répercussions sur l’humeur, douleurs arthritiques, état dépressif, enflure du visage et du corps…
Le Dr Louis-Charles Rioux reconnaît d’ailleurs que cette approche est limitée : «Le traitement à la cortisone pour la maladie de Crohn est un traitement encore standard. On a assez de rapidité à le prescrire lorsque les patients en ont besoin, parce que ça agit rapidement. C’est d’ailleurs probablement le seul effet bénéfique que je peux y trouver. Les gens entrent en rémission assez rapidement avec ça.»
Par la suite, l’équipe médicale de Stéphanie lui a proposé d’essayer un autre traitement : les biologiques, des médicaments orientés vers le blocage d’un médiateur très important en inflammation, qu’on appelle le TNF, ou tissue necrosis factor. Avant de commencer à prendre ce médicament, Stéphanie a dû passer un test pour vérifier si elle était porteuse de la tuberculose. Après un résultat positif, elle a dû prendre beaucoup de médicaments pour contrer les effets de cette maladie. Par la suite, une anémie et un souffle au cœur sont venus s’ajouter à sa liste déjà longue d’effets de la maladie de Crohn sur sa santé.
Actuellement, Stéphanie prend un médicament intraveineux, le Rémicade, qui lui entraîne beaucoup de fatigue.
Pour sa part, André Bathalon considère qu’il a tout essayé. Car en plus des différents médicaments, il a aussi expérimenté des approches alternatives comme l’acupuncture et l’hypnose, sans succès. «Je pense qu’il y a une limite à ce qu’on peut encaisser en tant qu’être humain, en termes de douleurs et de maladies, explique-t-il. Un moment donné, tu es juste tanné, tu veux juste que ça arrête.» Au terme de sa réflexion, André a réussi à accepter ce qui lui semblait auparavant inimaginable : se faire opérer pour remplacer le colon et le rectum par un sac, une chirurgie définitive qui ne permet pas de reconnecter ensemble les parties restantes de l’intestin.
Pas une panacée
Après l’opération, il est certain que le quotidien n’est plus le même, en raison du sac qui ne peut être complètement dissimulé. Stéphanie en est fort consciente. Elle appréhende notamment les périodes estivales au cours desquelles il ne lui sera plus possible de porter un maillot deux-pièces. Advenant une éventuelle grossesse ou un changement de poids, elle devra être opérée à nouveau pour que les médecins puissent modifier le diamètre du sac.
Malgré ces inconvénients, la stomie entraîne habituellement de nombreux bénéfices aux malades qui voient leur vie transformée. Par contre, le Dr Louis-Charles Rioux soutient qu’il ne faut pas y voir là une panacée, car l’opération ne guérit pas la maladie en soi : «Avoir une stomie règle un problème, mais ne règle pas la maladie. La maladie peut toucher tous les segments du tube digestif et quelqu’un qui a une stomie peut avoir une récidive de sa maladie au niveau du grêle qui reste ou à d’autres endroits plus haut dans le tube digestif. Avoir un geste chirurgical dans une maladie de Crohn n’est pas une thérapie, ce n’est pas une cure de la maladie. On cure un problème. On traite un problème.»
Une nouvelle vie
Pour André Bathalon, l’opération s’est avérée un franc succès puisqu’elle a radicalement transformé son quotidien : «C’est le jour et la nuit, déclare-t-il avec enthousiasme. Définitivement. C’est plus que le jour et la nuit, c’est une autre vie. Totalement! Maintenant, je peux tout faire! Je peux courir au dépanneur si je veux, il n’y a plus d’obstacle. Quand tu as vécu une vie tellement plate et parsemée de douleurs et d’inconforts extrêmes, que là tu te sens renaître et que tout prend un sens incroyable, tu réalises à quel point le bon temps n’est pas long et très éphémère. Cette sérénité-là qui sort de ces quinze ans de maladie m’a transformé en quelqu’un de vraiment zen. Il n’y a plus rien qui me stresse, car je sais que rien ne vaut la santé.»
Tout en demeurant très lucide sur l’éventualité d’une rechute, André prend la vie avec philosophie: «Moi, je me considère en rémission et chaque jour est une nouvelle journée. Aujourd’hui je suis guéri et demain on verra.»
Informations supplémentaires
L’incidence de la maladie de Crohn a beaucoup augmenté depuis la fin des années 1970, notamment au Canada et dans les pays scandinaves. Par contre, la cause de cette augmentation demeure inconnue. Il demeure toutefois possible que les médecins soient maintenant mieux outillés pour diagnostiquer la maladie.
Dans la plupart des cas, la stomie n’est pas nécessaire et il peut être suffisant de tout simplement retirer la partie de l’intestin qui est affectée.
Plus de 200 000 personnes au Canada sont touchées par la maladie de Crohn.
Source : Fondation canadienne des maladies inflammatoires de l’intestin