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mardi, octobre 31, 2017

Quelque chose de pourri


Richard Martineau
Je disais l’autre jour que le Québec ressemblait à une république de bananes.
C’est faux.
Santa Banana, c’est trop lumineux. Ça sent la mer, la noix de coco, le pina colada.
Les pourris qui comptent leur fric en plein jour, sur un air de samba.
En fait, ce qui se passe au Québec ces temps-ci évoque plutôt un roman de John Le Carré.
Le brouillard, les ténèbres­­­.
Des ombres projetées sur des murs.
On nage en plein mystère, on ne sait même pas qui est le bon, qui est le méchant...
On se croirait à Vienne en 1949.
TROP GROS POUR ÊTRE VRAI ?
Pour paraphraser le Grand Will, il y a quelque chose de pourri au royaume du Québec.
Quand t’es rendu à te demander si c’est vrai que l’escouade spéciale anticorruption participe à un stratagème de collusion avec l’organisme qui est censé protéger l’intégrité des marchés financiers, au nez et à la barbe du gouvernement, du ministre de la Sécurité publique et de la SQ, c’est que ça va mal en simonac !
Le lien de confiance avec les institutions est rompu.
Moi, j’ai un principe dans la vie : plus une théorie du complot me semble grosse, moins elle me paraît crédible­­­.
Les allégations d’Annie Trudel et de Guy Ouellette me semblent tellement grosses, tellement énormes que j’ai de la difficulté à les croire.
Cela dit...
Si quelqu’un m’avait dit il y a un an que la police de Montréal espionnait des journalistes, j’aurais dit : « Voyons ! Pousse, mais pousse égal ! Arrête de fumer du pot, ça te rend parano ! »
Et pourtant...
LA RÉALITÉ DÉPASSE LA FICTION
Alors, qui croire ?
Je ne le sais pas. Je ne le sais plus.
Je me pose tellement de questions que j’en ai mal à la tête.
Parfois, cette histoire me paraît tellement loufoque que j’en ris.
Imaginez : deux lanceurs d’alerte qui se réfugient dans une station de radio pour échapper à une filature de la police !
Luc Dionne écrirait ça dans un de ses scénarios qu’on dirait : « Whoa, capitaine ! Dans un restaurant, OK, mais dans une station de radio ? »
En même temps... Le chef de la SQ est le gendre du chef de l’UPAC !
Pouvons-nous imaginer une situation plus surréaliste et plus improbable que ça ? Or, c’est vrai !
Le pire, c’est le silence de l’UPAC.
« On ne veut pas faire dérailler une enquête en cours », disent-ils.
C’est la confiance du peuple québécois au grand complet que vous êtes en train de faire dérailler, les amis !
Vous avez arrêté le président de la Commission des institutions... Et vous pensiez que ça ne sortirait pas ? Qu’on ne le saurait pas ?
Qu’on ne vous demanderait pas de comptes ? Des éclaircissements ?
Allo ?
FROID DANS LE DOS
La corruption qui a cours dans les Santa Banana du monde est presque drôle tellement elle est caricaturale.
Mais ce qui se passe au Québec depuis quelques mois ne me fait pas rire du tout.
Ça me glace le sang.
Comme chantent les Cowboys fringants : « Si c’est ça, le Québec moderne, moi, je mets mon drapeau en berne... »

caricature YANNICK LEMAY


caricature

Yannick Lemay

Couillard invite l'UPAC à expliquer l'arrestation de Guy Ouellette

Publié le 31 octobre 2017 à 13h02 | Mis à jour à 14h05
Le premier ministre Philippe Couillard... (Photo Jacques Boissinot, PC)
Le premier ministre Philippe Couillard
PHOTO JACQUES BOISSINOT, PC
(Québec) Philippe Couillard invite l'Unité permanente anticorruption (UPAC) à expliquer pourquoi elle a arrêté le député Guy Ouellette afin de tirer au clair la situation «grave et exceptionnelle» qui bouleverse l'Assemblée nationale.
Le premier ministre souhaite que le corps policier révèle les motifs qui l'ont mené à intercepter le député de Chomedey mercredi dernier. Rappelons que, près d'une semaine plus tard, aucune accusation n'a été portée contre M. Ouellette, qui s'est retiré du caucus du Parti libéral.
«Je suis certain que la direction de l'UPAC entend la population et son inquiétude, a dit M. Couillard. Je vais donc l'inviter - et c'est important de le préciser: dans les limites que permettent les enquêtes en cours - à donner publiquement le plus de précisions possibles.»
«Ce n'est pas banal: un parlementaire élu en exercice qui a été placé en état d'arrestation pour un motif encore inconnu, a ajouté M. Couillard. Je n'aime pas voir ça.»
M. Ouellette doit prendre la parole au Salon bleu mardi après-midi. Le premier ministre se dit favorable à ce qu'il livre sa version des faits dans l'enceinte parlementaire.
L'UPAC doit-elle s'exprimer en commission parlementaire? 
Philippe Couillard a toutefois exprimé des réserves à l'idée d'entendre Guy Ouellette et le commissaire de l'UPAC, Robert Lafrenière, en commission parlementaire. Un tel exercice nécessiterait des balises sévères, a-t-il dit.
«On ne peut pas avoir une situation dans laquelle une personne visée par une enquête et le corps policier qui fait l'enquête se retrouvent à débattre de l'enquête en commission parlementaire. C'est insensé de faire ça, on ne peut pas faire ça.»
Pour l'opposition, Robert Lafrenière doit s'expliquer en commission parlementaire «afin de faire la lumière sur les événements survenus le 25 octobre dernier», c'est-à-dire l'arrestation par son équipe d'enquête de Guy Ouellette.
Le Parti québécois (PQ) déposera mardi après-midi à la période de questions une motion en ce sens, appuyée par la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS). L'objectif est que Robert Lafrenière, Guy Ouellette et «toute autre personne que les membres de la commission jugeront pertinent d'entendre», comme l'ancienne analyste du ministère des Transports Annie Trudel, par exemple, soient convoqués et entendus cette semaine devant les groupes parlementaires à l'Assemblée nationale.   
«C'est l'intégrité de l'Assemblée nationale qui est en jeu», estime Pascal Bérubé, leader parlementaire de l'opposition officielle. Il ajoute que «chaque heure qui passe est déterminante pour la crédibilité de l'UPAC.»
Lundi matin, l'ancienne analyste du ministère des Transports Annie Trudel a déclaré dans une entrevue au Journal de Montréal que M. Ouellette s'apprêtait à faire des révélations sur des liens problématiques entre l'UPAC, l'AMF et une firme de consultants privés lorsqu'il a été arrêté en lien avec des fuites de documents.
Quelques heures plus tard, le gouvernement Couillard a demandé à la vérificatrice générale de se pencher sur les façons de faire de l'AMF - qui a nié avec véhémence toute forme de malversation. Québec a également suspendu l'étude du projet de loi 107, qui vise à donner davantage d'autonomie à l'UPAC, afin d'y inclure de nouveaux mécanismes de reddition de comptes pour le corps policier.
«Aujourd'hui encore, il y a encore beaucoup plus de questions que de réponses», a convenu Philippe Couillard.
Quelques minutes avant la sortie du premier ministre, des élus libéraux ont réclamé que Robert Lafrenière soit convoqué en commission parlementaire, tout comme l'avaient les partis de l'opposition. 
«C'est sûr qu'on n'a pas le choix, il va falloir que des gens puissent s'expliquer. La population a besoin de savoir ce qui s'est passé. C'est nébuleux. Moi, c'est sûr que je vais être un tenant que M. Lafrenière soit entendu» en commission parlementaire, a affirmé Michel Matte, élu dans Portneuf.
Pour son collègue de Jean-Lesage, André Drolet, «les citoyens souhaitent que ça s'éclaircisse ce dossier-là».
Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier croit aussi que des «explications» s'imposent de la part de l'UPAC sur l'affaire Ouellette, mais à ce stade-ci, il ne va pas jusqu'à appuyer l'idée que cela se déroule à l'Assemblée nationale.
«Dans le respect des enquêtes en cours, de leur intégrité, il serait utile qu'il y ait des éclaircissements qui soient offerts». En commission parlementaire? «Sur le moyen, je n'ai pas d'idée préconçue. Il y aura discussion au caucus», a-t-il répondu.

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Guy Ouellette: «J'ai été victime d'un coup monté»


Publié le 31 octobre 2017 à 13h30


«J'ai été victime d'un coup monté de la part de l'UPAC», a dénoncé le député Guy Ouellette devant l'Assemblée nationale, en parlant d'une «tentative d'intimidation sans précédent».

LES FAITS

    • Philippe Couillard invite l’Unité permanente anticorruption (UPAC) à expliquer pourquoi elle a arrêté le député Guy Ouellette le 25 octobre dernier. 
    • Les partis de l’opposition sont unis pour demander au gouvernement de convoquer le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière, en commission parlementaire. 
    • Le député Guy Ouellette est arrivé mardi matin à l’Assemblée nationale, un retour pour une première fois depuis son arrestation. Aucune accusation n’a été portée contre lui à ce jour.