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mardi, mai 31, 2016

Martine Ouellet se réclame de l'héritage de Pierre Karl Péladeau

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/

Publié le 30 mai 2016 à 18h55 | Mis à jour le 30 mai 2016 à 20h27
Pierre Karl Péladeau et Martine Ouellet lors d'un débat des... (PHOTO PC)
PHOTO PC
Pierre Karl Péladeau et Martine Ouellet lors d'un débat des candidats à la direction du PQ, en mars 2015.

ALEXANDRE ROBILLARD
La Presse Canadienne
Québec
La candidate à la course à la direction du Parti québécois, Martine Ouellet, estime qu'elle est la mieux placée pour poursuivre l'héritage laissé par Pierre Karl Péladeau.
Après avoir fait un rapprochement entre les ambitions souverainistes de M. Péladeau et les siennes, la semaine dernière, Mme Ouellet a étayé sa thèse, lundi.
Dans une entrevue à La Presse Canadienne, la candidate, qui a promis un référendum dans le premier mandat d'un gouvernement péquiste, s'est réclamée de l'héritage de M. Péladeau sur les thèmes de l'économie, de la convergence souverainiste et de la nécessité de réformer le PQ.
«Je considère que je suis la mieux positionnée étant donné mon engagement clair à réaliser l'indépendance dans un premier mandat», a-t-elle dit.
Mme Ouellet a reconnu certaines divergences avec M. Péladeau, notamment sur l'exploitation pétrolière sur l'île d'Anticosti.
La candidate a également reconnu qu'elle a exprimé depuis plus longtemps que l'ex-chef péquiste des positions sociales-démocrates.
Mme Ouellet revendique tout de même l'héritage de M. Péladeau, en refusant cependant l'étiquette d'héritière de l'ex-chef péquiste, qui a démissionné au début du mois de mai.
«Ce n'est pas à moi à me définir ou non comme héritière, mais je souhaite poursuivre son héritage, ce n'est pas tout à fait pareil», a-t-elle dit.
Mme Ouellet, qui ne compte aucun appui parmi ses collègues du caucus péquiste, a déclaré que la popularité de M. Péladeau n'était pas un facteur dans le rapprochement qu'elle établit.
«Ce n'est pas une question de popularité, c'est une question de pertinence des réformes et des approches qu'il a apportées», a-t-elle dit.
Même si M. Péladeau ne s'est jamais engagé à organiser un référendum sur la souveraineté dans un premier mandat, Mme Ouellet croit que son intention était de procéder le plus rapidement possible.
«Ce sera à M. Péladeau à le préciser, mais moi, je pense que son engagement à faire du Québec un pays, c'était sa première et probablement sa seule motivation pour venir au PQ et en politique», a-t-elle dit.
M. Péladeau avait promis de prendre une décision sur le moment d'un éventuel référendum, quelques mois avant la prochaine élection, une position plus proche de celles défendues par deux autres candidats, Alexandre Cloutier et Véronique Hivon.
Mme Ouellet a fait un rapprochement entre ses préoccupations et celle de M. Péladeau sur le nationalisme économique, le maintien des sièges sociaux et l'achat local, pour la création d'emploi.
La candidate revendique également l'héritage de l'actionnaire de contrôle de Québecor dans sa préoccupation à réformer le PQ en accentuant sa présence sur le terrain.
Finalement, Mme Ouellet s'associe au constat de M. Péladeau que le PQ n'a pas «le monopole» de l'option souverainiste, qui est partagée par d'autres partis.

Mari, associé et... escroc

http://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/proces/

Publié le 31 mai 2016 à 07h30 | Mis à jour à 07h30
Réal Scott Rail se faisait passer pour un riche... (PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE)
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Réal Scott Rail se faisait passer pour un riche gestionnaire, impliqué dans d'importants projets et qui collectionnait les contacts partout dans le monde. Un personnage créé de toutes pièces.

VINCENT LAROUCHE
La Presse
Imaginez si vous découvriez un jour que votre amant, votre associé, votre mari n'est pas le riche homme d'affaires qu'il prétendait être. Qu'il est plutôt un habile comédien sans le sou qui siphonne vos économies depuis des années. Imaginez qu'il dévoile soudain son vrai visage et vous laisse avec d'immenses dettes. C'est ce qui est arrivé aux femmes tombées sous le charme de Réal Scott Rail, un don Juan fraudeur qui recevra sa peine aujourd'hui à Longueuil. Voici leur histoire.

Fraudeur professionnel

« Ce que vous avez devant vous, c'est le portrait d'un fraudeur professionnel », martèle la procureure de la Couronne, Me Julie Laborde, en tapant régulièrement le bout du doigt sur son bureau pour bien marquer son point devant le juge.
« Parfois, la fraude, c'est un crime violent », dit-elle.
La scène s'est déroulée le 9 mai dernier, au palais de justice de Longueuil. Assis dans le box des accusés, Réal Scott Rail écoutait d'un air piteux, le dos voûté. Pendant que la procureure complétait ses plaidoiries sur la peine à imposer, il ne pouvait échapper au regard de son ancienne femme, Aurora Gutierrez, qui le dévisageait, assise comme d'habitude au premier rang dans l'assistance.
Réal Scott Rail a été reconnu coupable de fraude et de vol à l'endroit de Mme Gutierrez il y a déjà quelques mois. Emprisonné dans le cadre d'une autre affaire, il espérait échapper à une deuxième peine de prison consécutive.
Brutale prise de conscience
S'il n'en tenait qu'à son ex-conjointe, il y croupirait pour longtemps. La victime se souvient comme si c'était hier de sa brutale prise de conscience. À la fin du mois de juin 2008, elle faisait l'épicerie avec son fils, à Boucherville. Lorsqu'elle a tenté de payer 22 $ d'achats avec sa carte de débit, le système l'a avisée qu'elle n'avait pas les fonds suffisants dans son compte. Son fils de 13 ans a dû lui prêter de l'argent pour régler la facture. La honte pour cette avocate qui avait toujours su pourvoir à ses besoins.
« C'est la goutte qui a fait déborder le vase. Cette journée-là, je me suis dit : ça suffit », explique-t-elle en entrevue avec La Presse.
Elle avait pourtant prévenu son mari de faire attention avec le compte conjoint. Il fallait payer dans quelques jours le loyer de 1400 $ pour la maison qu'ils occupaient à Boucherville. Il avait plutôt dépensé le tout pour payer ses dépenses au Club de golf de Rosemère. Ce n'était pas un luxe, selon lui : Aurora devait comprendre que pour un homme d'affaires de son calibre, le golf est essentiel. C'est là que se brassent les grosses affaires.
Car c'était ça, le personnage qu'il s'était créé : un riche gestionnaire, impliqué dans d'importants projets, qui collectionne les contacts partout dans le monde. Sauf que, comme l'a découvert Aurora Gutierrez, ce Réal Scott Rail, celui qu'elle avait épousé, n'existait tout simplement pas.
« C'est une relation fondée sur un mensonge qui fait qu'elle a été lavée de ses avoirs », résume la procureure Laborde.

Comme un prince charmant

Au départ, il passait pour un véritable prince charmant.
En février 2006, Aurora Gutierrez, avocate et mère de famille monoparentale, s'inscrit au site de rencontre Réseau Contact dans l'espoir de trouver l'amour. Elle indique vouloir rencontrer un homme qui a fait des études universitaires.
Elle est contactée par un séducteur verbomoteur qui semble déborder de projets. Réal Scott Rail dit être homme d'affaires et diplômé en administration, option marketing, de l'Université de Montréal. Il doit partir bientôt pour l'île de Saint-Martin, où un emploi à 100 000 $ par année avec maison fournie l'attend dans le secteur de l'automobile. Mais s'il rencontre l'âme soeur d'ici là, il restera au Québec.
Des fleurs, un cadeau, un rendez-vous galant dans un restaurant espagnol branché de la rue Villeray : l'avocate tombe vite sous le charme de cet homme aux bonnes manières, bien habillé, soucieux de son apparence, qui aurait apparemment des économies d'environ 100 000 $ à la banque et des occasions d'affaires à la pelletée.
« C'est le coup de foudre », comme le résumera le juge du procès.
« C'est un manipulateur, il parlait vraiment bien », se souvient Mme Gutierrez. Au procès, Me Richard Dubé, l'avocat de Réal Scott Rail, tentera de relativiser les choses. « C'est connu que sur Réseau Contact, on est toujours plus beau qu'en réalité », plaidera-t-il.
À la fin du mois de mars 2006, les tourtereaux emménagent ensemble. L'homme semble habitué à un gros train de vie. Sa nouvelle conjointe trouve normal de louer avec lui un nouveau véhicule, d'ajouter son nom sur sa carte de crédit, d'ouvrir un compte conjoint à la banque, une marge de crédit, en plus d'une carte de crédit de couple chez Home Depot pour les rénovations. À la banque, il déclare posséder 250 000 $ en liquidités, 200 000 $ en immobilisations, ainsi qu'un revenu annuel de plus de 100 000 $.
Ce n'est que mensonges. En fait, il est criblé de dettes, notamment envers le fisc. Il n'a qu'une équivalence de cinquième secondaire et pas de diplôme en administration.
Mais quelle conjointe vérifie les relevés bancaires et les diplômes de son amoureux?

Une association peu fructueuse

Réal Scott Rail convainc éventuellement Mme Gutierrez de devenir son associée dans une petite entreprise de construction.
Il se lance dans une série de dépenses présentées comme essentielles : service de bureau virtuel, employés, outils, matériaux. Il investit l'argent du ménage, puis contracte d'autres emprunts. Mme Gutierrez en viendra même à utiliser l'argent de son REER, puis à solliciter sa mère lorsque des imprévus viennent compliquer un projet.
Pendant ce temps, selon la preuve déposée en cour, Rail néglige l'entreprise, passe son temps au golf « pour développer une clientèle » et roule en Jaguar.
Le couple se marie le 16 septembre 2007. Le temps passe et sous la conduite de Rail, leur entreprise ne va nulle part. Les dettes s'accumulent. Jusqu'au jour où Mme Gutierrez, qui travaille toujours à temps plein de son côté, réalise qu'elle n'arrive pas à payer 22 $ d'épicerie. Dans son dos, tout a été dilapidé par l'homme qu'elle croyait si riche et si habile en gestion.
Elle comprend enfin que son mari n'a jamais eu les fonds, l'expérience, les diplômes qu'il disait avoir. Qu'il a utilisé son argent à elle pour dépenser à tout vent, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Elle met fin à la relation le 18 juillet 2008. Depuis un temps, elle soupçonnait par ailleurs son mari d'entretenir une relation avec une professeure de golf et de se désintéresser d'elle, selon la preuve exposée au procès.
Aurora Gutierrez déclare finalement faillite en novembre 2008.
« Je ne pense pas être la pire des nounounes sur la planète, et je me suis fait avoir. Toutes les femmes qu'il a fréquentées sont des professionnelles avec une tête sur les épaules. Personne n'est à l'abri de ça. L'amour rend aveugle, et parfois il rend un peu épais. Tu ne peux pas penser que ton mari qui doit t'aimer et te protéger est en train de te faire du mal », constate-t-elle aujourd'hui.

Un précédent

Pendant sa relation avec Rail, Aurora Gutierrez avait découvert qu'il était accusé de fraude envers une ancienne amante. Elle le croyait lorsqu'il se disait innocent, victime d'une vengeance. Après sa rupture, elle réalise qu'elle a été victime du même modus operandi.
L'ancienne flamme, Danielle Beauchamp, une professionnelle de la finance, s'était liée avec Réal Scott Rail alors qu'il était en couple avec une autre femme.
À cette nouvelle amante, il se présentait comme un ancien joueur du Canadien de Montréal et agent de joueur, en exhibant une bague de diamants ornée du logo de l'équipe. Il disait être détenteur d'un diplôme universitaire, avoir dirigé une entreprise au chiffre d'affaires de 18 millions, détenir une fortune dans les paradis fiscaux, posséder des terrains. Tout ça était faux, mais convaincant.
La dame et son fils ont investi beaucoup d'argent avec lui entre 2004 et 2006. Ils ont perdu gros et porté plainte pour fraude. Aurora Gutierrez leur a emboîté le pas et a appelé la police de Longueuil.

D'autres victimes potentielles ?

Le 8 août 2013, Réal Scott Rail est condamné à 15 mois de prison pour fraude et fabrication de faux documents au détriment de Joanne Beauchamp et de son fils. Il tente de porter sa cause en appel jusqu'à la Cour suprême du Canada, qui refuse de l'entendre. Depuis le 28 mars dernier, il est incarcéré à la prison de Bordeaux pour cette affaire.
Entre-temps, il a aussi été reconnu coupable de fraude à l'endroit d'Aurora Gutierrez.
Devant la cour, son avocat a tenté de faire valoir que la victime s'était engagée volontairement avec lui. «  Mme Gutierrez n'était pas empoisonnée par un poison quelconque autre que celui de l'amour », a-t-il avancé.
« Quand ils se sont mariés, ‟Oui je le veux", elle savait ce qu'elle faisait ! Ce n'est pas une pauvre dame », a-t-il ajouté, en suggérant une peine de travaux communautaires assortie d'un dédommagement substantiel à la victime, plutôt que l'emprisonnement.
Le juge Pierre Bélisle s'est montré peu convaincu. « Tout est faux, au départ », avec M. Rail, a-t-il répliqué.
Le procureure Julie Laborde a parlé d'une perte d'environ 60 000 $ pour la victime et d'une douloureuse humiliation. « Il a vécu aux crochets de Mme Gutierrez. C'est une trahison à tous les niveaux. »
Elle a demandé un an d'emprisonnement consécutif à la peine que Rail purge déjà. Pour protéger le public. « Ce sont des comportements criminels en continu, un mode de vie en continu. Le même pattern se répète. Quand une victime n'a plus de revenus et est liquidée, son intérêt diminue », a-t-elle exposé.
Elle a même révélé que d'autres victimes potentielles se sont manifestées récemment. « J'ai eu des appels de personnes très inquiètes, voulant porter plainte, et qui ne savaient pas qu'il était détenu. J'ai dû les référer au service de police. »
La sentence doit être prononcée par le juge ce matin. Aurora Gutierrez dit espérer une peine de prison ferme. « Ce n'est pas une question de vengeance, dit-elle. C'est une question de justice. »