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vendredi, juin 24, 2016

Les Britanniques quittent l'UE, Cameron démissionne

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Publié le 23 juin 2016 à 06h09 | Mis à jour le 24 juin 2016 à 07h29
Le premier ministre conservateur David Cameron en a... (PHOTO BEN STANSALL, AFP)
PHOTO BEN STANSALL, AFP
Le premier ministre conservateur David Cameron en a rapidement tiré les conclusions en annonçant sa prochaine démission lors d'une brève allocution devant le 10, Downing Street.

OUERDYA AIT ABDELMALEK
Agence France-Presse
LONDRES
Les Britanniques ont décidé de quitter l'Union européenne, un désaveu pour la construction européenne qui a assommé les marchés mondiaux en ouvrant une ère d'incertitude sans précédent depuis des décennies, et dont David Cameron a tiré les conclusions en démissionnant.
Selon les résultats définitifs publiés vendredi matin, 51,9 % des électeurs ont voté pour le Brexit lors du référendum de la veille, marqué par une participation importante (72,2 %).
L'ensemble des marchés mondiaux a été gagné par la panique, les Bourses de Paris et Francfort plongeant d'environ 10 % avec des valeurs bancaires en déroute. « C'est l'un des plus gros chocs sur les marchés de tous les temps », a estimé Joe Rundle, analyste chez ETX Capital.
Les résultats montrent un pays divisé, avec Londres, l'Écosse et l'Irlande du Nord qui voulaient rester, tandis que le nord de l'Angleterre ou le Pays de Galles ont largement voté contre.
Partisan du maintien dans l'UE, en première ligne pendant la campagne, le premier ministre conservateur David Cameron en a rapidement tiré les conclusions en annonçant sa prochaine démission lors d'une brève allocution devant le 10, Downing Street.
« Les Britanniques ont pris une décision claire (...) et je pense que le pays a besoin d'un nouveau leader pour prendre cette direction », a déclaré M. Cameron, en précisant qu'il resterait en place jusqu'à l'automne et la désignation d'un nouveau leader par son parti.
M. Cameron, qui avait été à l'origine du référendum, a ajouté qu'il appartiendrait à son successeur de lancer la négociation avec l'UE sur le processus de sortie de son pays du club des 28, devenu 27.
« L'émotionnel l'a emporté »
Entré dans le bloc européen en 1973, le Royaume-Uni est le premier pays à le quitter après 60 ans de construction européenne.
Le départ de la cinquième puissance économique mondiale a fait plonger les marchés, mais aussi la livre britannique, et la Banque d'Angleterre a été obligée de faire savoir qu'elle était prête à débloquer 250 milliards de livres (326 milliards d'euros).
Ignorant les menaces de désastre économique brandies par le camp du maintien et les institutions internationales, les Britanniques ont préféré croire aux promesses de reconquête de leur indépendance vis-à-vis de Bruxelles, mais aussi à celle d'arrêter l'immigration en provenance de l'UE.
Ils ont ainsi rompu avec un projet dans lequel ils étaient entrés à reculons, voyant dans l'UE avant tout un grand marché unique, sans s'engager dans le projet politique.
« C'est le côté émotionnel qui l'a emporté », constate Iain Begg, professeur à la London School of Economics.
La démission de M. Cameron pose la question de sa succession, le chef de file conservateur de la campagne pro-Brexit Boris Johnson étant pressenti pour le remplacer. À moins que les cadres du parti tory ne préfèrent une figure plus consensuelle à l'ex-maire de Londres, accusé d'opportunisme.
Le leader de l'Ukip, Nigel Farage, a lui immédiatement appelé à la formation d'un gouvernement qui reflète le camp du « Leave ».
Nouveau référendum en Écosse ?
Le Brexit risque en outre de mettre en péril l'intégrité du Royaume-Uni. La première ministre écossaise Nicola Sturgeon a déclaré vendredi que sa région « voit son avenir au sein de l'UE », entr'ouvrant ainsi la porte à un nouveau référendum sur l'indépendance.
En Irlande du Nord, le Sinn Fein, favorable au maintien dans l'UE, a lui appelé à un référendum sur une Irlande unifiée.
La décision constitue aussi un terrible désaveu d'une Union déjà affaiblie par la crise des réfugiés et la persistance de la crise économique.
Alors que les mouvements populistes prospèrent à travers l'Europe, avec comme dénominateur commun la critique de Bruxelles, elle pourrait entraîner une réaction en chaîne.
Au vu des résultats britanniques, la chef de l'extrême droite française Marine Le Pen a immédiatement appelé à un référendum en France. Et le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders a réclamé la même chose pour les Pays-Bas.
« C'est un jour triste pour l'Europe et la Grande-Bretagne », a réagi le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.
Les dirigeants européens ont prévu de se réunir dans la matinée vendredi à Bruxelles pour tirer les leçons de ce vote.
Le président français François Hollande s'est entretenu dès vendredi matin avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen Donald Tusk. Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l'Union se réuniront samedi à Berlin.
Le président du Parlement européen Martin Schulz a évoqué le risque d'une « réaction en chaîne », tandis que M. Tusk a souligné que l'UE était « déterminée à garder son unité à 27 ».
En visite en Écosse, le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, a en revanche salué une nouvelle « fantastique ».
Tunnel de négociations
Londres va à présent entrer dans un long tunnel de négociations avec l'UE sur les conditions de sortie, un processus qui pourrait durer jusqu'à deux ans. En attendant, le Royaume-Uni restera lié par les accords existants.
Selon les prédictions de David Cameron, la croissance du pays va souffrir et la City de Londres, coeur financier du pays, perdra des milliers d'emplois. Selon le Fonds monétaire international, le pays pourrait même connaître une période de récession.
Les partisans du Brexit ont évidemment un scénario beaucoup moins noir en tête, comptant sur le fait qu'ils garderont un accès au marché unique européen et qu'ils noueront de nouveaux partenariats qui renforceront à terme la prospérité du pays.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait toutefois prévenu qu'il ne leur rendrait pas la chose facile, pour ne pas encourager d'autres à suivre cette voie. « Le Royaume-Uni devra accepter d'être considéré comme un État tiers, que l'on ne caressera pas dans le sens du poil », avait-il mis en garde, ajoutant: « dehors c'est dehors ».
Le Royaume-Uni va aussi devoir s'atteler à panser les blessures occasionnées par une campagne référendaire au ton particulièrement violent, marquée par le meurtre d'une députée pro-UE, Jo Cox, et la désignation des immigrés comme boucs émissaires de nombre de problèmes.

L'UPAC fera enquête sur le MTQ

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EXCLUSIF
Publié le 24 juin 2016 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
L'accumulation de soupçons et de déclarations sous serment... (PHoto Patrick Sanfaçon, archives La Presse)
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
L'accumulation de soupçons et de déclarations sous serment depuis plus d'un mois au sein du MTQ a forcé une action policière cette semaine.

L'Unité permanente anticorruption (UPAC) vient d'ouvrir une enquête criminelle sur la falsification présumée de documents au sein du ministère des Transports du Québec (MTQ) ainsi que sur de possibles représailles subies par des employés, a appris La Presse.
L'accumulation de soupçons et de déclarations sous serment depuis plus d'un mois a forcé une action policière cette semaine. De prime abord, une enquête pour faux et usage de faux semblait relever des compétences de la Sûreté du Québec, alors que les allégations d'intimidation ayant entraîné des représailles relevaient de l'UPAC (le projet de loi 87 sur la protection des lanceurs d'alerte n'est pas encore adopté). Les deux organisations policières ont estimé que les dossiers étaient intimement liés à la gestion du MTQ et, ce faisant, devaient se retrouver entre les mains de l'UPAC.
Ainsi, le capitaine Guy Lapointe de la SQ a confirmé hier officiellement que « cette enquête [était] sous la responsabilité de l'UPAC qui a la capacité d'enquêter pour ce type de dossier ». De son côté, l'UPAC a confirmé avoir déclenché une enquête à deux volets (falsification de documents et intimidation) sans toutefois apporter de précisions sur les gens ciblés.
RAPPORTS ALTÉRÉS
De hauts dirigeants du MTQ, dont l'ex-sous-ministre Dominique Savoie, la sous-ministre adjointe Danièle Cantin, la directrice des enquêtes internes Nathalie Noël ainsi que le directeur de la vérification interne Michel Boulard (remplacé à compter du 4 juillet), sont sur la sellette depuis les audiences de la Commission de l'administration publique (CAP) à l'Assemblée nationale.
Le 18 mai dernier, le bureau de Dominique Savoie a transmis au cabinet du premier ministre un rapport d'audit signé par celle qui avait précédé M. Boulard à la vérification interne, Louise Boily. Ce rapport a immédiatement été déposé à l'Assemblée nationale. Or, Mme Boily a affirmé sous serment à la CAP que son rapport avait été modifié.
Il en va de même pour le rapport annuel des travaux d'audit préparé par Mme Boily. Selon son témoignage, il manquerait plusieurs pages au document qu'elle avait remis à Michel Boulard qui relevait hiérarchiquement de Dominique Savoie.
Par ailleurs, Louise Boily a également soutenu avoir subi de l'intimidation de la part de Danièle Cantin et Nathalie Noël en lien avec les travaux de la commission Charbonneau. Le 1er octobre dernier, Mme Boily a été mise sur la touche en étant déplacée de la vérification interne vers la révision des programmes, une direction créée de toutes pièces.
L'UPAC A RENCONTRÉ LOUISE BOILY
Selon les informations recueillies par La Presse, des enquêteurs de l'UPAC ont rencontré Louise Boily, mardi et mercredi. Il a été question des documents retouchés. D'autres rencontres pourraient être tenues concernant l'intimidation dont Mme Boily dit avoir été victime.
Louise Boily a alerté l'UPAC dès décembre 2014 concernant des problèmes liés aux contrats au sein du MTQ. Ce n'est que le mois dernier que l'UPAC a affirmé avoir ouvert dix dossiers d'enquête.
Hier, la députée péquiste Martine Ouellet, qui siège à la CAP, s'est portée à la défense de Louise Boily. Elle a réclamé que la fonctionnaire puisse être réintégrée dans ses fonctions au moment où le MTQ annonce l'embauche d'un nouveau vérificateur interne.
«Elle a démontré en commission parlementaire qu'elle a toutes les qualités pour ce travail d'audit. Et c'est essentiel d'envoyer un message d'encouragement aux lanceurs d'alertes. Ils ne doivent pas payer pour le courage qu'ils ont.»Martine Ouellet, députée péquiste
L'enquêteuse Annie Trudel, que l'ancien ministre des Transports Robert Poëti avait embauchée pour vérifier que tout tournait rond au MTQ et mettre au jour des problèmes le cas échéant, devrait également rencontrer les enquêteurs de l'UPAC, selon les indications de sources proches du dossier. En commission parlementaire, Mme Trudel a déclaré que des changements avaient été apportés à la clé USB qui résumait ses travaux. De plus, tout comme Mme Boily, elle a remis des informations à l'UPAC au cours des dernières années.
Pour ce qui est des aspects administratifs controversés au sein du MTQ (fractionnement de contrats et extras, par exemple), la Vérificatrice générale a reçu un mandat qui est déjà amorcé. Les premières rencontres ont lieu cette semaine et la semaine prochaine.