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samedi, avril 08, 2017

L’inspecteur Harry

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  «Vladimir Poutine ne comprend que les rapports de force», disait François Hollande en 2013.
En d’autres mots, il ne vous respecte que si vous mettez votre poing sur la table.
Si vous vous contentez de multiplier les menaces sans jamais passer à l’action, il va vous traiter comme une vieille carpette.
GO AHEAD, MAKE MY DAY !
Est-ce pour cela que Trump a décidé de frapper le régime syrien? Pour montrer à ses éventuels ennemis (la Chine, l’Iran, la Russie et la Corée du Nord) qu’il ne se contentera pas de parler comme son prédécesseur?
Toujours est-il que le message envoyé par le président des États-Unis est clair: il y a un nouveau shérif en ville.
Non seulement ce shérif est-il armé d’un Magnum 357, comme Clint Eastwood dans L’inspecteur Harry, mais il n’hésitera pas à l’utiliser.
En août 2012, Barack Obama avait promis d’intervenir en Syrie si jamais le régime de Bachar al-Assad franchissait la «ligne rouge» et utilisait des armes chimiques contre sa population.
Quelques mois plus tard, Assad a utilisé des armes chimiques pour tuer 1500 de ses concitoyens, dont 400 enfants, et qu’a fait Obama?
Rien.
Il a considéré ses options et décidé de ne rien faire, de peur de s’enliser en Syrie comme les Bush s’étaient enlisés en Irak.
Résultat: le reste du monde en a tiré les conclusions qui s’imposaient.
À savoir que ce n’est pas parce que les États-Unis jappent qu’ils mordent.
Au contraire...
LA GUERRE ET LE DÉSHONNEUR
Visiblement, Donald Trump ne veut pas répéter cette erreur.
En frappant la Syrie sans attendre le feu vert de l’ONU, non seulement le président rappelle-t-il au monde entier à quel point Obama a fait preuve de mollesse face au régime de Bachar al-Assad, mais il montre à ses adversaires à quel point il est, lui, sérieux.
Il ne se contentera pas de prononcer de beaux discours remplis de mots creux. Il va agir. Rapidement.
Bref, don’t fuck with us.
En avril 2015, des journalistes ont demandé à François Hollande s’il n’était pas déçu que Barack Obama ait décidé de ne pas intervenir en Syrie.
«Je ne sais pas ce que cela aurait donné si on avait frappé, a répondu le président français. Peut-être qu’on se reverrait et que vous me diriez: “Vous avez frappé, mais il y a Daech qui est là, c’est de votre faute.” Ce que je peux dire, c’est qu’on n’a pas frappé... et il y a Daech.»
Ça rappelle la célèbre phrase que Winston Churchill a lancée à Neville Chamberlain, qui avait choisi de ne pas combattre Hitler: «Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre».
LA MIENNE EST PLUS GROSSE QUE LA TIENNE
Quelle est la suite?
Bien malin qui pourra le prédire.
Une chose est sûre: Vladimir Poutine, qui rêve de ressusciter la Grande Russie et qui ne veut pas que le monde le considère comme le chien de poche des États-Unis, ne restera probablement pas les bras croisés.
Trump et Poutine joueront à qui pisse le plus loin.
Ça risque de nous éclabousser...