27 février 2016 20h04 | Marie Vastel - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir |
Un site Web, une vidéo promotionnelle, une équipe de partisans vêtus de t-shirts à son effigie : Maxime Bernier s’est présenté au rassemblement conservateur du weekend tel un candidat menant sa campagne à la chefferie tambour battant. Mais le député beauceron ne confirme toujours pas qu’il se lancera dans la course, quoiqu’il ricane lui-même lorsqu’il parle de sa candidature au conditionnel.
L’image était frappante, samedi, à la conférence du Centre Manning qui rassemble chaque année des conservateurs de partout au pays. Trois potentiels candidats à la succession de Stephen Harper étaient invités à s’adresser à la foule. Maxime Bernier s’est présenté entouré d’une vingtaine de jeunes, arborant un t-shirt affichant son visage et un slogan : « J’appuie Maxime ». L’équipe distribuait des cartes publicisant un site Internet « Maxime2017.ca ». Le suspens était quasi inexistant.
Nonobstant, Maxime Bernier persiste à parler de sa candidature au conditionnel. Il attend les règles de la course, qui devraient être annoncées d’ici la fin du mois de mars. « Ce que je peux vous dire, c’est que je prends tous les moyens pour être capable de dire oui », a-t-il toutefois fini par admettre suite à son allocution.
Maxime Bernier a repris son plaidoyer pour le libre marché et la fin des subventions aux entreprises comme Bombardier et GM. Une philosophie qui n’exclut pas de revoir le système de gestion de l’offre, M. Bernier n’ayant pas fermé la porte. Il milite en outre pour revoir la formule de péréquation. « Ça ne fait pas de sens qu’une province qui a flirté avec l’indépendance politique depuis des décennies est financièrement plus dépendante que jamais du reste du pays ». Le principe « est noble », « sain », mais la formule « doit être révisée pour s’assurer qu’elle soit équitable pour toutes les régions du pays, et surtout qu’elle permette la prospérité dans toutes les régions du pays ».
Le Québec étant la seule province où le PC a augmenté son nombre de sièges en octobre dernier, Maxime Bernier estime que cela fait de lui un candidat potentiel idéal. « Je sais que je peux vendre des idées conservatrices aux Québécois et à tous les Canadiens. »
Clement s’en prend à CBC… et son parti
L’Ontarien Tony Clement a lui aussi repris les valeurs conservatrices traditionnelles : petit gouvernement, faibles impôts, sécurité. Mais le parti doit aussi parler environnement et lutte à la pauvreté. « Pourquoi est-ce que seuls les libéraux et le NPD se préoccupent de la pauvreté ? Nous on s’en préoccupe. »
Il en a aussi profité pour critiquer le financement de CBC-Radio-Canada, sujet chouchou des conservateurs. « Une politique désuète, qui doit être remplacée », a-t-il lancé, accueilli d’applaudissements nourris. M. Clement ne propose pas de nouvelle formule. Il s’interroge surtout sur l’argent versé à la télévision de Radio-Canada puisqu’à la radio, « c’est différent ». Le monde des médias a changé. « Tout cela ne peut pas changer pour toute autre organisation médiatique et pas changer pour la CBC. » M. Bernier n’a pas voulu s’aventurer.
Tony Clement a aussi décroché une flèche à l’ancienne garde conservatrice. « Il est temps d’écouter les membres du parti, dont plusieurs ont plus d’expérience électorale et de gros bon sens que ce dont a fait preuve le quartier général de la campagne », a-t-il répété en anglais comme en français, là aussi applaudi.
Sa collègue ontarienne Lisa Raitt n’a pas voulu adresser les mêmes reproches. Saluant à quelques reprises le leadership de Stephen Harper, elle a même sommé les conservateurs de« ne jamais parler en mal de tout autre conservateur ». Son message était simple : le parti doit être prêt à gagner l’élection dans quatre ans. « Personne ne devrait assumer que par simple vertu du nom Trudeau, vous allez avoir deux mandats consécutifs », a-t-elle expliqué, en notant que des militants semblent adopter cette idée défaitiste. « Pourquoi se donner cette permission d’échouer ? On peut gagner en 2019. »
L’unilinguisme d’O’Leary attaqué
MM Bernier et Clement sont bilingues, Mme Raitt dit y travailler. Maxime Bernier s’en est pris à la vedette anglophone Kevin O’Leary, qui songe aussi à se lancer. L’homme d’affaires et ex-dragon de la CBC disait vendredi ne pas avoir besoin d’apprendre le français, car les Québécois voudront parler économie peu importe dans quelle langue. M. Bernier l’a accusé d’être un « touriste au Québec » dans son discours, puis sur Twitter.
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