5 mai 2017 |Marie Vastel - Correspondante parlementaireà Ottawa
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne
Le passé séparatiste de Maxime Bernier pourrait-il lui nuire en Alberta, ou nuire aux députés qui l’appuient?
Le passé séparatiste de Maxime Bernier revient le hanter dans l’ouest du pays. Un tract distribué dans quelques circonscriptions albertaines, et dont Le Devoir a obtenu copie, prévient des citoyens que leur député provincial n’appuie nul autre… qu’un nationaliste québécois.
Une simple photocopie en noir et blanc a atterri dans les boîtes aux lettres de résidents d’au moins quatre circonscriptions du centre de l’Alberta. Le tract affiche une photo de Kevin O’Leary et le cite en entrevue début mars : «Il doit être séparatiste, dit-il au sujet de Maxime Bernier. Il laisse entendre que le Québec ne fait pas partie du Canada.» Une photo de Maxime Bernier accompagne une seconde citation, de la part du député beauceron, cette fois-ci sur son passé séparatiste : «Oui, je suis un Québécois très nationaliste», disait-il à Radio-Canada en juillet 2016. «Votre député provincial appuie fièrement Maxime Bernier», conclut le dépliant.
Perplexes quant à l’origine du tract, qui n’est pas signé, des électeurs ont appelé les bureaux de quatre députés du Wildrose albertain.
Dans la circonscription de Jason Nixon, «plusieurs appels» ont été faits depuis une semaine afin de savoir si le tract était le sien. «Personne ne pose plus de questions que ça», a indiqué une adjointe. À l’est, le bureau de Rick Strankman a eu droit à deux coups de fil, mais on n’y voit rien de plus qu’une «campagne de salissage» et non un grand enjeu. Au nord, un résident de la circonscription de Wes Taylor s’est inquiété que cela nuise à son député. M. Taylor «ne croit pas que cela affecte sa réputation»,a relaté son adjoint Lee Cooper. «La majorité des gens vont le jeter à la poubelle et l’oublier.»
Un passé inconnu
Le député Derek Fildebrandt a reçu deux appels, mais minimise l’impact du tract, qui selon lui «n’est pas la publicité négative la plus futée». «Maxime Bernier est un fier Canadien», a-t-il martelé.
Son passé séparatiste pourrait-il néanmoins lui nuire en Alberta, ou nuire aux députés qui l’appuient ? M. Fildebrandt a nié ce passé, jusqu’à ce que Le Devoir lui apprenne que M. Bernier avait travaillé pour Bernard Landry au ministère des Finances à la fin des années 1990.
L’équipe de campagne de Maxime Bernier n’a pas voulu commenter le dépliant. «Ça fait 10ans que Maxime est député fédéral. […] Maxime a prouvé qu’il est fédéraliste. Personne ne remet ça en doute», a martelé un stratège en arguant quant à lui que son passé était bien connu. «La majorité des Albertains sont au courant et ça ne les dérange pas.»
Front commun agricole
Maxime Bernier affronte en outre la fronde des agriculteurs québécois, qui veulent l’empêcher d’abolir la gestion de l’offre.
Le groupe Les Amis de la gestion de l’offre s’est mobilisé, dans le cadre de la course à la chefferie, afin de lui barrer la route. Des 16 000 membres conservateurs au Québec, 12 000 se seraient inscrits depuis le début de la course et la moitié seraient issus des Amis de la gestion de l’offre. Le fondateur du groupe, Jacques Roy, a invité jeudi tous ses membres à voter pour Andrew Scheer, qui serait le second meneur selon les sondages. «M.Scheer est le candidat qui a le plus d’appuis parmi les députés du Québec» et «le candidat qui a les meilleures chances de l’emporter devant Maxime Bernier», a fait valoir M. Roy par voie de communiqué.
Le camp Bernier est bien conscient que les agriculteurs dominent 37 circonscriptions du Québec, mais estime qu’ils iront chercher 100 % du vote dans seulement 20 comtés. Ce seraient donc 2000 points qui échapperaient à M. Bernier, sur les 7800 points que compte le Québec pour le vote (100 points par circonscription). Un calcul qui n’inquiète pas la campagne du candidat beauceron.
(OTTAWA) L'ancien président du Sénat, le sénateur conservateur Leo Housakos, a choisi d'appuyer le député de Beauce Maxime Bernier dans la course à la direction du Parti conservateur.
Les organisateurs de la campagne de M. Bernier confirmeront cette nouvelle ce matin, a-t-on indiqué à La Presse. M. Housakos se verrait confier le mandat de veiller au bon déroulement de la campagne de M. Bernier dans la grande région de Montréal.
M. Bernier, qui est en tête au chapitre des dons recueillis par les candidats qui tentent de succéder à Stephen Harper à la tête du Parti conservateur, consacre l'essentiel de ses efforts de sa campagne au Québec depuis quelques jours. En tout, il compte sillonner la province pendant près de trois semaines afin de faire le plein des appuis.
Tout indique que le Québec aura un rôle déterminant dans le choix du prochain en chef étant donné que chaque circonscription au pays détient le même poids (100 points), peu importe le nombre de membres que l'on retrouve au sein d'une association d'une circonscription donnée. Le Québec détient 78 des 338 circonscriptions électorales au pays. L'autre candidat du Québec dans cette course est le député Steven Blaney.
En Ontario, plusieurs candidats pourraient se partager les appuis des militants conservateurs d'autant que l'on retrouve six candidats issus de cette province : Kellie Leitch, Lisa Raitt, Michael Chong, Chris Alexander, et Pierre Lemieux. L'homme d'affaires Kevin O'Leary, qui passe une partie de l'année aux États-Unis et qui a une maison à Boston, pourrait aussi faire le plein d'appuis dans cette province qui compte 121 circonscriptions.
Maxime Bernier consacre l'essentiel de ses efforts de sa campagne au Québec depuis quelques jours. PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE, SEAN KILPATRICK
Selon nos informations, le sénateur Claude Carignan, qui est le leader de l'opposition au Sénat, a télégraphié son intention d'appuyer Maxime Bernier le jour du vote en versant une contribution monétaire à la campagne du député de Beauce. Le prochain chef du Parti conservateur sera élu le 27 mai.
En tout, 14 candidats briguent la direction du Parti conservateur.
27 février 2016 20h04 |Marie Vastel - Correspondante parlementaireà Ottawa|Canada
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir
Maxime Bernier persiste à parler de sa candidature à la chefferie du Parti conservateur du Canada au conditionnel.
Un site Web, une vidéo promotionnelle, une équipe de partisans vêtus de t-shirts à son effigie : Maxime Bernier s’est présenté au rassemblement conservateur du weekend tel un candidat menant sa campagne à la chefferie tambour battant. Mais le député beauceron ne confirme toujours pas qu’il se lancera dans la course, quoiqu’il ricane lui-même lorsqu’il parle de sa candidature au conditionnel.
L’image était frappante, samedi, à la conférence du Centre Manning qui rassemble chaque année des conservateurs de partout au pays. Trois potentiels candidats à la succession de Stephen Harper étaient invités à s’adresser à la foule. Maxime Bernier s’est présenté entouré d’une vingtaine de jeunes, arborant un t-shirt affichant son visage et un slogan : «J’appuie Maxime». L’équipe distribuait des cartes publicisant un site Internet «Maxime2017.ca». Le suspens était quasi inexistant.
Nonobstant, Maxime Bernier persiste à parler de sa candidature au conditionnel. Il attend les règles de la course, qui devraient être annoncées d’ici la fin du mois de mars. «Ce que je peux vous dire, c’est que je prends tous les moyens pour être capable de dire oui», a-t-il toutefois fini par admettre suite à son allocution.
Maxime Bernier a repris son plaidoyer pour le libre marché et la fin des subventions aux entreprises comme Bombardier et GM. Une philosophie qui n’exclut pas de revoir le système de gestion de l’offre, M. Bernier n’ayant pas fermé la porte. Il milite en outre pour revoir la formule de péréquation. «Ça ne fait pas de sens qu’une province qui a flirté avec l’indépendance politique depuis des décennies est financièrement plus dépendante que jamais du reste du pays». Le principe «est noble», «sain», mais la formule «doit être révisée pour s’assurer qu’elle soit équitable pour toutes les régions du pays, et surtout qu’elle permette la prospérité dans toutes les régions du pays».
Le Québec étant la seule province où le PC a augmenté son nombre de sièges en octobre dernier, Maxime Bernier estime que cela fait de lui un candidat potentiel idéal. «Je sais que je peux vendre des idées conservatrices aux Québécois et à tous les Canadiens. »
Clement s’en prend à CBC… et son parti
L’Ontarien Tony Clement a lui aussi repris les valeurs conservatrices traditionnelles : petit gouvernement, faibles impôts, sécurité. Mais le parti doit aussi parler environnement et lutte à la pauvreté. «Pourquoi est-ce que seuls les libéraux et le NPD se préoccupent de la pauvreté? Nous on s’en préoccupe.»
Il en a aussi profité pour critiquer le financement de CBC-Radio-Canada, sujet chouchou des conservateurs. «Une politique désuète, qui doit être remplacée», a-t-il lancé, accueilli d’applaudissements nourris. M. Clement ne propose pas de nouvelle formule. Il s’interroge surtout sur l’argent versé à la télévision de Radio-Canada puisqu’à la radio, «c’est différent». Le monde des médias a changé. «Tout cela ne peut pas changer pour toute autre organisation médiatique et pas changer pour la CBC.» M. Bernier n’a pas voulu s’aventurer.
Tony Clement a aussi décroché une flèche à l’ancienne garde conservatrice. «Il est temps d’écouter les membres du parti, dont plusieurs ont plus d’expérience électorale et de gros bon sens que ce dont a fait preuve le quartier général de la campagne», a-t-il répété en anglais comme en français, là aussi applaudi.
Sa collègue ontarienne Lisa Raitt n’a pas voulu adresser les mêmes reproches. Saluant à quelques reprises le leadership de Stephen Harper, elle a même sommé les conservateurs de«ne jamais parler en mal de tout autre conservateur». Son message était simple : le parti doit être prêt à gagner l’élection dans quatre ans. «Personne ne devrait assumer que par simple vertu du nom Trudeau, vous allez avoir deux mandats consécutifs», a-t-elle expliqué, en notant que des militants semblent adopter cette idée défaitiste. «Pourquoi se donner cette permission d’échouer? On peut gagner en 2019. »
L’unilinguisme d’O’Leary attaqué
MM Bernier et Clement sont bilingues, Mme Raitt dit y travailler. Maxime Bernier s’en est pris à la vedette anglophone Kevin O’Leary, qui songe aussi à se lancer. L’homme d’affaires et ex-dragon de la CBC disait vendredi ne pas avoir besoin d’apprendre le français, car les Québécois voudront parler économie peu importe dans quelle langue. M. Bernier l’a accusé d’être un «touriste au Québec» dans son discours, puis sur Twitter.