Publié le 27 novembre 2016 à 20h58| Mis à jour le 27 novembre 2016 à 20h58
À partir de mercredi, American desservira La Havane à partir de Miami, «capitale» de l'exil cubain aux États-Unis, quatre fois par jour. Un autre vol quotidien partira de Charlotte, en Caroline du Nord, dans le sud-est des États-Unis. PHOTO REUTERS
Agence France-Presse
Les premiers vols commerciaux réguliers entre des aéroports américains et La Havane en plus de 50 ans doivent décoller lundi matin, soit, hasard du calendrier, trois jours après la mort de Fidel Castro, pourfendeur de l'«impérialisme américain».
Le 31 août, la compagnie JetBlue avait inauguré en grande pompe le premier vol commercial régulier depuis 1961 entre un aéroport américain, celui de Fort Lauderdale, en Floride, et une ville cubaine, Santa Clara, au centre de l'île.
Depuis, plusieurs compagnies l'ont imitée et relient de manière régulière les États-Unis et différentes villes cubaines, mais La Havane n'était pas encore desservie.
Le vol d'American Airlines doit partir lundi à 07h30 locale de Miami pour l'aéroport international José Marti de La Havane. «Nous devenons la première compagnie américaine à proposer un service régulier avec la capitale cubaine depuis plus de 50 ans», a assuré à l'AFP Martha Pantin, porte-parole d'American Airlines.
À partir de mercredi, American desservira La Havane à partir de Miami, «capitale» de l'exil cubain aux États-Unis, quatre fois par jour. Un autre vol quotidien partira de Charlotte, en Caroline du Nord, dans le sud-est des États-Unis.
JetBlue inaugurera, elle, sa liaison directe entre New York et La Havane à 8h58 locale lundi.
D'autres vols directs de JetBlue pour La Havane sont également prévus depuis Orlando et Fort Lauderdale, en Floride.
D'ici à la fin de l'année, 110 vols quotidiens directs relieront Cuba et les États-Unis, dont 20 se poseront à La Havane.
Ce nouveau chapitre de l'histoire aérienne des deux pays s'ouvre à un moment sensible.
Il y a près de deux ans, Washington et le régime cubain ont amorcé le dégel de leurs relations. Mais surtout, par pure coïncidence, ces vols seront inaugurés trois jours après le décès à 90 ans de Fidel Castro, père de la Révolution cubaine qui a tenu tête à 11 présidents américains.
Les Américains peuvent voyager sur l'île en dépit de l'embargo économique américain imposé à l'île depuis 1962, qui leur impose toujours de répondre aux critères des 12 catégories de voyages autorisés (religieux, universitaires, sportifs ou culturels notamment).
Publié le 27 novembre 2016 à 17h13| Mis à jour le 27 novembre 2016 à 22h04
Dans les trois États disputés, le président élu a gagné avec 100 000 voix d'avance: quelque 20 000 voix dans le Wisconsin, 70 000 en Pennsylvanie et 10 000 dans le Michigan. AP
NICOLAS REVISE, BRIAN KNOWLTON Agence France-Presse WASHINGTON
Le président désigné des États-Unis Donald Trump a dénoncé dimanche soir une «grave fraude» électorale le 8 novembre, affirmant sans en apporter la preuve que des «millions de gens» avaient voté «illégalement» au scrutin qu'il a remporté contre Hillary Clinton.
Le républicain a largement gagné la présidentielle américaine en empochant au scrutin universel indirect 290 grands électeurs, contre 232 à sa rivale démocrate. En revanche, en termes de suffrage populaire, Hillary Clinton a recueilli 2,2 millions de voix de plus que Donald Trump.
Dans ce contexte et en pleine transition du pouvoir à la Maison-Blanche, une polémique a enflé tout au long du week-end de Thanksgiving: une ancienne candidate indépendante à la présidentielle, l'écologiste Jill Stein, a décidé de réclamer des recomptages de voix dans les Etats du Wisconsin (nord), de Pennsylvanie (nord-est) et du Michigan (nord).
Ces trois États-clés sont tombés dans l'escarcelle de Donald Trump et le camp Clinton a annoncé samedi qu'il participerait au nouveau décompte dans le Wisconsin.
Ce qui a fait sortir de ses gonds le bouillonnant milliardaire.
«En plus d'une victoire écrasante au sein du collège électoral (des grands électeurs), j'ai gagné le vote populaire si vous déduisez les millions de gens qui ont voté illégalement», a accusé dans un tweet rageur le 45e président des États-Unis, qui remplacera le 20 janvier le sortant Barack Obama à la Maison-Blanche.
Présidentielle «truquée»
À la fin de sa campagne, lorsque tous les sondages le donnaient battu contre Hillary Clinton, Donald Trump avait maintes fois averti que le résultat de la présidentielle risquait d'être «truqué».
Il n'en avait bien sûr plus reparlé depuis sa victoire surprise du 8 novembre.
Mais dimanche soir, de retour à New York (nord-est) après quatre jours passés en Floride (sud-est), il a dénoncé sur Twitter «une grave fraude électorale en Virginie (ouest), dans le New Hampshire (nord-est) et en Californie» (ouest), trois États remportés par Hillary Clinton. «Pourquoi les médias ne donnent pas d'informations là-dessus? Grave parti pris - gros problème!», a encore twitté le magnat de l'immobilier.
Ni lui, ni ses conseillers n'ont apporté la moindre preuve de ces allégations et les observateurs électoraux le 8 novembre n'ont jamais fait état de fraudes.
En revanche, selon l'écologiste Jill Stein, des experts ont recensé dans le Wisconsin, la Pensylvannie et le Michigan «des anomalies statistiques qui soulèvent des inquiétudes».
Dans ces trois États disputés, le président élu a gagné avec 100 000 voix d'avance: 20 000 voix dans le Wisconsin, 70 000 en Pennsylvanie et 10 000 dans le Michigan.
Jill Stein a levé plusieurs millions de dollars afin de financer sa demande de recomptage. Tout en annonçant qu'elle prendrait part à la démarche de l'écologiste, l'équipe de Hillary Clinton avait précisé samedi n'avoir pas constaté d'irrégularités dans le Wisconsin.
En réaction, Donald Trump avait alors rappelé à son adversaire battue que «le peuple s'est exprimé et cette élection est terminée», qualifiant, toujours sur Twitter, de «ridicule» l'initiative de Jill Stein soutenue par Hillary Clinton.
La conseillère de l'homme d'affaires, Kellyanne Conway, a aussi dénoncé dimanche sur ABC un «recomptage déconcertant» et a exhorté les démocrates à ne pas être de «mauvais perdants».
Donald Trump a passé tout le week-end prolongé de Thanksgiving dans son luxueux golf de Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride. Il a continué de peaufiner la mise sur pied de son gouvernement et de son équipe à la Maison-Blanche.
Le suspense demeure sur le poste stratégique de chef de la diplomatie américaine.
Les fervents soutiens du prochain président refusent que ce portefeuille de secrétaire d'État revienne au républicain modéré Mitt Romney, ex-ennemi juré du milliardaire, et préfèreraient l'ancien maire de New York, Rudolph Giuliani.
Un Cubain prend la pose devant une statue de l'ex-dirigeant Fidel Castro entourée de fleurs à Lima, au Pérou. Photo : Reuters / Mariana Bazo
Un des problèmes des régimes à poigne centralisés, comme le gouvernement cubain, c'est celui de la transition. En particulier dans ce cas où la « légitimité historique » du régime s'est incarnée si longtemps dans un seul homme.
Une analyse de François Brousseau
Un homme si puissant que, de son vivant – en tout cas pendant les 47 premières années de son règne, de 1959 à 2006 – il a écrasé toute rivalité interne. Sous Fidel Castro, toute discussion sur le pouvoir était exclue, et tout ce qui peut venir après lui pâlit en comparaison.
« Communisme familial »
Dans le cas cubain, on trouve des éléments de « dynastie familiale » sans aller jusqu’au point extrême des Kim en Corée du Nord, l’un des cinq États encore officiellement communistes dans le monde, avec la Chine, Cuba, le Vietnam et le Laos.
Exemple flagrant et le plus connu de cela : en 2006, il y a eu passage « latéral » de témoin au demi-frère Raul, à la suite d’une maladie qui, cet été-là, avait failli emporter Fidel. Pouvoir « communiste familial », donc, fondé sur la légitimité des « anciens » et éventuellement de leur fratrie et de leur descendance.
Fidel Castro, en compagnie de son frère, Raul, le 3 août 2012. Photo : Reuters
Du côté de Raul comme du côté de Fidel, il y a toute une famille, toute une descendance, du reste assez compliquée. Fidel a eu des enfants, pas tous reconnus, avec un grand nombre de femmes. Une sœur de Fidel vit en exil et a de tout temps dénoncé le régime de son frère. Certains enfants des deux Castro, membres de la nomenklatura cubaine (la liste des privilégiés en régime communiste), pourraient apparaître dans l’équation d’un pouvoir post-Fidel.
Un fils de Fidel, Fidel Angel Castro Diaz-Balart dit « Fidelito », est physicien, ressemble beaucoup à son père physiquement et aurait des ambitions politiques même s’il n’est pas très en vue actuellement.
Fille de Raul, Mariela Castro Espin est une militante connue des droits des LGBT. À ses débuts, le régime Castro a été violent à l’égard des homosexuels. Mais sur cette question, et de façon exceptionnelle, il y a eu adoucissement et, pourrait-on dire, un rare exemple de débat public et de pluralisme à Cuba, du fait de l’action déterminée d’une personne issue des cercles du pouvoir.
Autrement, le pouvoir à Cuba est resté, et de façon très marquée jusqu’en 2006 (un peu moins depuis), la dictature d’un seul homme, entouré de vieux fidèles, serrant tous les rangs autour du Lider maximo.
De façon extrêmement caractéristique, ce pouvoir devenu gérontocratique a éliminé, les unes après les autres, les (relativement) jeunes personnalités qui, dans les années 1990 et 2000, à l’intérieur même du régime et du Parti communiste, émergeaient et devenaient le moindrement populaires ou connues. Repérées par les spécialistes internationaux de Cuba et par la presse étrangère, elles étaient identifiées « réformistes », ce qui sonnait aussitôt leur arrêt de mort politique.
C’est ainsi qu’on a vu des noms comme ceux des « jeunes loups » Roberto Robaina (ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1999), Felipe Perez Roque (successeur du précédent, de 1999 à 2009), Carlos Lage (vice-président dans les années 1990), et d’autres monter puis disparaître subitement sous l’œil d’un Fidel omnipotent, qui veillait au grain et écrivait à leur sujet :
Le miel du pouvoir, pour lequel ils n’avaient fait aucun sacrifice, a déclenché chez eux des ambitions qui les conduisirent à jouer un rôle indigne. L’ennemi extérieur fondait sur eux de grands espoirs. Fidel Castro
La rigidité et la paranoïa de l’idéologie castriste se retrouvent magnifiquement résumées dans cette citation. Le pouvoir revient forcément à ceux qui ont fait la révolution, même 30, 40, 50 ans plus tard, et tout réformisme est forcément suspect, surtout lorsqu’il commence à plaire à « l’ennemi extérieur ».
Les choses ont un peu changé au cours de la décennie de Raul au pouvoir, même si l’ombre tutélaire du grand frère est restée jusqu’à son dernier souffle vendredi, omniprésente du simple fait que le chef historique – même délesté de ses fonctions officielles – restait toujours en vie, conscient… et à deux pas de la place de la Révolution.
Jusqu’à ces tout derniers mois, Fidel intervenait directement dans la Granma (la Pravdacubaine) et même, en avril 2016, dans un discours d’adieu au VIIe Congrès du Parti communiste. Avec, toujours, ce message fondamental : « Attention au changement! Méfiance! », qu’il s’agisse de la réforme économique ou de l’ouverture diplomatique aux États-Unis.
Le rôle de l’armée
Raul Castro n’a ni le poids historique ni le pouvoir ultra concentré de son frère aujourd’hui défunt. Il a redistribué les cartes dans la nomenklatura. Les trois quarts des ministères ont changé de mains depuis 10 ans.
C’est clairement l’armée qui, aujourd’hui, détient les postes-clés à Cuba dans l’économie et dans la politique, et pourrait jouer demain un rôle crucial de stabilisation ou de répression, le cas échéant, si la transition post-Fidel s’avérait trop cahoteuse.
Pour la succession de Raul lui-même, qui a 85 ans et a annoncé son départ en 2018, la valse des noms a commencé : « Fidelito » (le fils de Fidel), Alejandro Castro Espin (fils de Raul, colonel de l’armée) ou encore Miguel Diaz-Canel, actuel vice-président et successeur désigné, qui ne flirte pas (en tout cas, pas ouvertement) avec le réformisme.
Au moins deux autres facteurs, extérieurs au cercle fermé du pouvoir à La Havane, pourraient s’avérer déterminants :
- Le rôle de la société civile, d’une opposition démocratique étouffée, interdite tout au long du demi-siècle de dictature castriste. Cette opposition émergera-t-elle? La peur du lendemain et le sentiment résigné qu’il n’y a pas d'alternative au parti unique vont-ils voler en éclat et laisser la place à des mouvements autonomes et revendicatifs?
- Le rôle des États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Le nouveau président tentera-t-il de renverser l’histoire, de céder aux lobbies qui lui demandent de rétablir une ligne dure, après 54 ans d’un embargo qui a échoué? Ou au contraire, fidèle à ses instincts, l’homme d’affaires va-t-il laisser le champ libre aux capitalistes et investisseurs qui rêvent d’un autre type d’invasion à Cuba?
Le discours populiste de François Legault est incompatible avec sa fortune personnelle, a attaqué ce matin Jean-François Lisée, lors d'une allocution prononcée devant des militants syndicaux.
Le chef péquiste Jean-François Lisée a mis en relief l'importance des avoirs de son rival pour donner du poids à son argument.
«François Legault en ce moment, il dit qu'il est contre les élites», a relaté M. Lisée en imitant la voix de son rival. «C'est bizarre parce ce qu'il y a une maison en vente en ce moment pour 5 millions. C'est la maison de François Legault. Elle n'est pas en vente sur Remax - vous et moi si on veut vendre une maison on va sur Remax - elle est sur la liste de Sotheby's. Ça c'est ceux qui font des encans pour vendre des Picassos. Ils vendent juste des grosses maisons à 5 millions.»
«Donc le gars qui a sa maison à 5 millions sur Sotheby's est contre les élites! Il y a quand même un problème de [cohérence]...», a ajouté le chef péquiste, qui prenait la parole dans le cadre d'une réunion du conseil québécois du syndicat Unifor.
Plus tard, le chef péquiste a continué à se moquer. «Je suis très fâché», a-t-il répété en imitant la voix de M. Legault.
Il a aussi affirmé vouloir «recréer la grande alliance de 1976» entre travailleurs et partis de gauche qui a mené René Lévesque au pouvoir. «Le Parti québécois a un préjugé favorable envers les travailleuses et les travailleurs», a-t-il ajouté, reprenant la formule célèbre du premier premier ministre péquiste du Québec.
Une attaque «triste et pathétique»
En point de presse, Jean-François Lisée en a ajouté une couche sur François Legault : «que Monsieur François Legault fasse campagne contre les élites alors qu'il est l'un des hommes les plus riches au Québec, je pense qu'il faut souligner cette contradiction», a fait valoir Jean-François Lisée.
L'équipe de la Coalition avenir Québec (CAQ) n'a pas tardé à réagir. «M. Lisée ne réalise pas que la population est tannée de se faire dire quoi penser par une certaine élite, dont il fait partie», a répliqué le directeur des communications de François Legault, Guillaume Simard-Leduc, qualifiant l'attaque de «triste et pathétique».
Ce matin, Jean-François Lisée a aussi reproché à M. Legault sa proposition de remettre 1000 $ à chaque famille, au coût de 3 milliards de dollars selon le chef péquiste. Les millionnaires comme lui n'ont pas besoin de cet argent, a attaqué le chef péquiste, surtout pas aux dépens du système de santé. «M. Lisée dit des faussetés et il sait très bien que la mesure que l'on propose vise les [ménages qui font] 150 000 $ et moins», a dit M. Simard Leduc.
Le dernier sondage CROP-La Presse, publié cette semaine, place le Parti québécois (PQ) et la CAQ au coude-à-coude, avec respectivement 24 et 26% d'intentions de vote. Le Parti libéral de Philippe Couillard demeure lui largement en tête avec 36% d'intentions de vote.