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dimanche, mars 29, 2015

Course à la chefferie: le PQ divisé sur le pétrole

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29 mars 2015 19h05 | Marco Bélair-Cirino à Sherbrooke | Québec
<em>«C’est un atout majeur, majeur pour la souveraineté»</em>, a dit Pierre Karl Péladeau dimanche, à Sherbrooke.
Photo: Jacques Nadeau
Archives Le Devoir
«C’est un atout majeur, majeur pour la souveraineté», a dit Pierre Karl Péladeau dimanche, à Sherbrooke.
Nouvelle ligne de fracture entre les cinq candidats à la direction du Parti québécois (PQ). Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Pierre Céré disent « non » à tout projet d’exploitation du pétrole de schiste sur l’île d’Anticosti, et ce, contrairement à Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville.
 
Le Québec — et le mouvement indépendantiste — n’a pas le loisir à ce moment-ci de balayer du revers de la main l’exploitation du pétrole enfoui dans l’île de 7900 km2, a fait valoir le député de Saint-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, lors du deuxième débat officiel des candidats à la chefferie du PQ dimanche après-midi à Sherbrooke.

« C’est un atout majeur, majeur pour la souveraineté. On ne peut pas purement et simplement “ discarter ” un potentiel énorme pour faire du Québec un pays riche et un pays prospère », a-t-il déclaré devant un parterre de plus de 450 militants et curieux du PQ.
 
La Norvège a constitué un fonds souverain de près de 900 milliards de dollars après s’être lancée avec l’entreprise Statoil dans l’exploitation pétrolière, a-t-il fait remarquer.

Consulter la population
 
M. Péladeau s’engage à donner le feu vert à des forages sur l’île d’Anticosti, mais seulement après avoir « consulté » la population québécoise. Le projet d’exploitation devra bénéficier de l’« incontournable » acceptabilité sociale, a-t-il promis, quelques minutes après avoir dévoilé, sur son site Web, sa plateforme électorale en matière d’environnement.
 
L’or noir enfoui dans le sous-sol de l’île du golfe du Saint-Laurent devrait être vu« seulement » comme une « énergie de transition vers un Québec sans pétrole », a fait valoir de son côté le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville.
 
Se disant déterminé à tirer au clair le « potentiel pétrolier » de l’île d’Anticosti, le gouvernement Marois avait amorcé en février 2014 un programme d’exploration au coût de 70 millions de dollars. « Une fois que le programme d’exploration sera terminé, ce sera aux Québécois de décider s’ils veulent aller de l’avant avec une éventuelle exploitation », a plaidé l’ex-ministre responsable des Institutions démocratiques. « Les Québécois ont le droit de savoir ce qu’il y a à Anticosti. »
 
Le sous-sol de l’île d’Anticosti pourrait renfermer quelque 40 milliards de barils de pétrole de schiste selon des évaluations préliminaires. Aucun gisement exploitable n’a été identifié à ce jour.
 
Exploitation pétrolière ou non, Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville entendent tous deux diminuer de 80 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec d’ici 2050.

Des voix dissidentes
 
De son côté, la députée de Vachon, Martine Ouellet, a appelé dimanche à une interruption des travaux exploratoires sur l’île d’Anticosti. Selon elle, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) doit tout d’abord démêler les impacts environnementaux liés à l’exploitation du pétrole de schiste.

« Je propose d’arrêter dès maintenant tous les travaux et de réaliser un BAPE sur toute l’île d’Anticosti. C’est ce que nous aurions dû faire et nous avions le temps. Depuis le début, c’est ma position et j’avais toujours espoir de convaincre mes collègues », a souligné l’ancienne ministre des Ressources naturelles.
 
Face aux conclusions d’un « BAPE générique » sur le pétrole de schiste, le gouvernement n’aura d’autres choix que de « fermer le dossier une fois pour toutes et protéger complètement l’île d’Anticosti », est-elle persuadée. L’île d’Anticosti n’est pas le « Klondike », estime-t-elle.
 
Le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, s’est aussi inscrit en faux par rapport à la décision du gouvernement péquiste d’ouvrir la voie à des forages sur l’île d’Anticosti. Après avoir grossi les rangs de la lutte contre le gaz de schiste, le PQ doit aujourd’hui « s’opposer au pétrole de schiste »« Il faut être logiques », a-t-il répété.

D’ailleurs, un ««non » au pétrole de schiste » permettra au PQ de refléter les préoccupations des jeunes en matière d’environnement. « Si on veut se renouveler et si on veut que la jeunesse québécoise embarque avec nous, nous devons avoir en tête nos engagements internationaux de diminution des gaz à effet de serre », a insisté M. Cloutier, se méritant les applaudissements nourris d’une poignée de militants.
 
Bernard Drainville s’est montré agacé par les changements de position de ses confrères, anciens ministres comme lui, sur le pétrole. « On ne peut pas arriver et dire : “J’étais d’accord. On était d’accord, mais là, je ne suis plus d’accord et on prend le 70 millions de fonds publics et on le jette par les fenêtres.” Voyons donc ! C’est pas sérieux », a-t-il déploré en point de presse.
 
Enfin, « le pétrole de schiste sur Anticosti, c’est non », a martelé Pierre Céré.
 
Par ailleurs, M. Céré, seul non-élu de la course, a invité ses adversaires à dissiper les relents d’« ethnocentrisme » au PQ. Le favori Pierre Karl Péladeau avait insinué il y a une dizaine de jours que l’immigration constituait une menace au projet de pays du Québec. Face à la controverse, il s’était par la suite excusé.
Le Péladeau nouveau
Le favori de la course à la direction du Parti québécois (PQ), Pierre Karl Péladeau, a fait dimanche après-midi une «petite confidence»aux membres du PQ. «Je ne croyais pas que la vie publique pouvait être aussi exigeante», a-t-il laissé tomber au terme d’un débat de deux heures avec ses adversaires. «Il faut démontrer une capacité d’écoute, de comprendre des enjeux complexes et de se montrer disponible pour répondre aux questions de la population», a-t-il ajouté. Il a aussi tenu à remercier ses collaborateurs et ses proches un an après avoir fait le saut dans l’arène politique. Le député de Saint-Jérôme s’est montré sous un nouveau jour dimanche après-midi à la salle Alfred-DesRochers du cégep de Sherbrooke: aimable et souriant.«Le Parti québécois, c’est le festival des bonnes idées!» a-t-il lancé durant les échanges, se réjouissant d’une convergence de vues entre les prétendants à la succession de Pauline Marois. «C’est un plaisir de débattre», «[Ce sont des] échanges extrêmement constructifs» — un compliment n’attendait pas l’autre avec PKP. Tout au long du débat, M. Péladeau a insisté sur l’importance pour tout homme ou femme politique d’engager et de maintenir le«dialogue». L’ex-grand patron de Québecor s’est par la suite présenté extraordinairement détendu devant la presse. «En politique, nous devons consulter, nous devons être à l’écouter », a-t-il dit, sous l’œil attentif de son nouveau directeur des communications, Steve Flanagan. Le spécialiste de la gestion de crise s’était fait connaître du grand public durant la crise du verglas (1998), alors qu’il était porte-parole d’Hydro-Québec. Il a été embauché la semaine dernière par l’équipe Péladeau.

Course à la direction du PQ : deuxième débat à Sherbrooke

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La Presse Canadienne
Pierre Karl Péladeau, Alexandre Cloutier, Martine Ouellet, Bernard Drainville et Pierre Céré
Pierre Karl Péladeau, Alexandre Cloutier, Martine Ouellet, Bernard Drainville et Pierre Céré  Photo :  PC/Paul Chiasson
C'est à Sherbrooke que les cinq candidats à la direction du Parti québécois se livreront dimanche le deuxième de cinq débats officiels organisés par la formation.
Réunis au Cégep de Sherbrooke, Alexandre Cloutier, Martine Ouellet, Pierre Karl Péladeau, Bernard Drainville et Pierre Céré tenteront de se démarquer dans cette course à la succession de Pauline Marois.
Le premier débat s'est tenu le 11 mars à Trois-Rivières. Le ton entre les aspirants-chefs avait été courtois.
Pierre Karl Péladeau, perçu comme le meneur dans cette course, avait été la cible de quelques attaques de ses adversaires.
Martine Ouellet lui avait notamment demandé s'il était d'accord pour réformer la loi sur les briseurs de grève en cas de débrayage ou de lock-out. De son côté, Bernard Drainville avait exigé des précisions de M. Péladeau sur sa position face à l'utilisation des ressources de l'État pour préparer le Québec à l'indépendance.