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jeudi, mars 08, 2018

Des médecins malades de l’argent

Photo: iStock
Le rapport des médecins spécialistes à l’argent devrait être remis en question, selon l’auteur.

Yves Gingras

Professeur à l’Université du Québec à Montréal
L'annonce par le gouvernement du Québec d’une « entente » salariale avec les médecins spécialistes a fait couler beaucoup d’encre exprimant indignation, consternation et même révolte devant ce que le sociologue Philippe Steiner a appelé Les rémunérations obscènes (Zones, 2011). On ne peut cependant se satisfaire de l’idée simpliste (et fausse) d’une soi-disant demande légitime de « parité salariale canadienne » quand on sait la différence énorme du coût de la vie entre Montréal, Toronto et Vancouver. Le problème est donc plus profond.
Le temps est en effet venu de se demander quel remède on pourrait apporter à ce qu’il faut bien appeler la psychopathologie de l’argent. Parlant de « cette maudite race humaine », Mark Twain disait avoir « conscience que bien des hommes ayant amassé plus de millions qu’ils n’en pourraient jamais en dépenser montraient un appétit féroce pour plus d’argent encore et n’avaient aucun scrupule à tromper les ignorants et les démunis en piochant dans leurs maigres rations pour assouvir un peu cette faim ». Cela ressemble fort à nos spécialistes qui pigent dans les fonds publics alors même que le gouvernement peine à réparer des écoles qui tombent en ruine et à mieux traiter les infirmières épuisées…
À la même époque, le sociologue allemand Georg Simmel s’est lui aussi intéressé à la place occupée par l’argent dans la culture moderne et publia, en 1900, son grand ouvrage consacré à la Philosophie de l’argent. Il a observé que « l’argent, simple moyen n’ayant manifestement aucune utilité pour lui-même », devient de plus en plus une « fin ultime des aspirations humaines ». La possession d’argent est ainsi « pour un nombre incalculable de nos contemporains le but propre et ultime de leurs aspirations, le but au-delà duquel ils ne se posent aucune question ». La fixation sur l’argent comme ultime mesure de toute valeur affecte même la signification accordée aux choses et aux relations humaines au point, selon Simmel, que le désabusement des classes sociales prospères « n’est que l’effet psychologique de cet état de fait ». De par son caractère indifférencié et abstrait, l’argent facilite même le laxisme et la fraude. Comme l’écrit encore Simmel, des personnes par ailleurs honorables sont plus enclines à se comporter « de manière plus louche dans de pures affaires d’argent que lorsqu’il s’agit de faire quelque chose de douteux éthiquement dans d’autres relations ».
La quête démesurée de plus d’argent est donc bel et bien une pathologie moderne que les psychologues et psychiatres devraient traiter. Ces derniers ont d’ailleurs mis en évidence une relation significative entre les très hauts revenus et une certaine tendance paranoïaque, de même que le fait d’avoir des valeurs très matérialistes diminue les capacités relationnelles et engendre plus d’émotions négatives. Il est aussi connu qu’au-delà d’un certain seuil, plus d’argent ne rend pas plus heureux et diminue même la capacité de jouir de menus plaisirs.

Yves Gingras

Professeur à l’Université du Québec à Montréal
Relire Galien…
Les futurs médecins et spécialistes obsédés par l’argent devraient lire (je n’ose dire « relire »…) leur ancêtre Galien, qui écrivait dans son traité de philosophie morale Ne pas se chagriner que celui qui ne possède qu’un champ de terre et le perd se retrouve complètement sans ressource et peu à bon droit se chagriner, « mais si quelqu’un en perd un sur les quatre qu’il avait, il se trouvera à égalité avec ceux qui en possédaient trois dès le début » et n’a donc aucune raison de se plaindre, car s’il examine « les champs qui suffisent à ses dépenses personnelles, il supportera sans souci la perte du superflu ». Autrement, il ne supportera pas de voir d’autres gens en posséder plus que lui et se sentira toujours pauvre, son « désir restant inassouvi ». Il devrait donc, selon le bon conseil stoïcien de Galien, « cesser d’examiner continuellement combien de champs possède » son voisin et se contenter de ce qui lui suffit déjà amplement.
Je propose donc l’annulation pure et simple de l’entente signée avec les médecins spécialistes, annulation pleinement justifiée socialement, nonobstant les propos de nos médecins premier ministre et ministre de la Santé, tous deux spécialistes… des sophismes.
En échange, cependant, le gouvernement devra mettre de côté une partie des sommes ainsi épargnées pour payer le traitement psychologique des spécialistes qui, se croyant injustement traités, subiront des souffrances du fait de ce petit sevrage pécuniaire. Une autre partie devrait être investie dans un projet de recherche sociologique analysant la formation que les universités offrent à ces médecins. Car la question se pose : quel discours éthique et quel sens de responsabilité sociale les professeurs mettent-ils en avant dans les cours qu’ils dispensent aux futurs spécialistes ? Ces derniers croient-ils que tout leur est dû parce qu’ils ont brillé sur le plan scolaire ? Réalisent-ils la spécificité de la profession médicale au-delà du fait que c’est un monopole lucratif ? Croient-ils que le fait de « sauver des vies » — comme ils disent — justifie des salaires au-delà de la capacité de payer des citoyens ? C’est donc à l’idéologie sous-jacente aux demandes des médecins spécialistes qu’il est temps de s’attaquer, idéologie selon laquelle c’est l’argent et non pas la personne, comme le croyait Protagoras, qui est la mesure de toute chose.

mercredi, avril 26, 2017

L’UPAC cherche la source de la fuite sur Charest

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/

26 avril 2017 | Marie-Michèle Sioui - Correspondante parlementaire à Québec
L’ancien premier ministre Jean Charest affirme qu’on veut «porter atteinte à sa réputation».
L’ancien premier ministre Jean Charest affirme qu’on veut «porter atteinte à sa réputation».
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

Le gouvernement Couillard a insisté mardi sur l’importance de découvrir la source qui a permis la mise au jour de détails d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) sur l’ex-premier ministre Jean Charest, disant s’inquiéter davantage de l’intégrité du processus judiciaire que des soupçons pesant sur l’ancien chef du Parti libéral du Québec (PLQ).

En fin de journée, l’UPAC a fait part d’inquiétudes semblables à celles formulées par les troupes de Philippe Couillard : elle a commandé une enquête interne « afin d’identifier l’origine de la transmission de documents confidentiels qui a permis la diffusion publique de certains éléments d’une enquête criminelle active ».

L’annonce de l’organisation de la lutte contre la corruption est venue clore une journée agitée à l’Assemblée nationale. Le gouvernement Couillard a essuyé des attaques de tous les partis au lendemain de révélations de TVA voulant que Jean Charest et l’ancien collecteur de fonds libéral Marc Bibeau eussent été ciblés par des enquêtes de l’UPAC jusqu’à l’an dernier.

« Maintenant, à moins que mon collègue ne me signale un seul cas, un seul cas qui touche le gouvernement que je dirige depuis 2014 et le parti que je dirige depuis mars 2013, je ne vois pas l’utilité de pousser cette discussion plus loin. Les autorités en prendront acte », a finalement déclaré Philippe Couillard, pressé de questions au Salon bleu. Il avait auparavant esquivé une demande du Parti québécois, qui exigeait d’entendre MM. Charest et Bibeau, sous serment, dans une commission parlementaire.

« Aujourd’hui, il y a des milliers de travailleurs forestiers et leur famille qui se demandent de quoi leur avenir va avoir l’air. Aujourd’hui, nous, on est aux côtés des travailleurs forestiers », avait ainsi répondu le premier ministre.

Jean Charest réaffirme son innocence

Selon les informations de TVA, l’enquête qui aurait entraîné la surveillance de Jean Charest et de Marc Bibeau concernerait notamment le financement politique et l’octroi de contrats publics. Elle est encore en cours et n’a toujours pas été transmise au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) : elle n’a donc mené à aucune accusation jusqu’ici.

« Je prends acte de la déclaration du Directeur des poursuites criminelles et pénales à l’effet qu’“aucun dossier ne lui a été transmis”. Je ne ferai aucun autre commentaire, si ce n’est pour réaffirmer mon innocence face aux allégations qui circulent », a d’ailleurs affirmé l’ex-premier ministre et chef du PLQ, Jean Charest, par l’entremise de son avocat.

« Notre client est outré par le fait que de l’information apparemment obtenue en cours d’enquête, pourtant confidentielle, y compris des renseignements personnels, soit délibérément coulée dans les médias dans le seul but de porter atteinte à sa réputation, sur la foi de conjectures », a aussi fait savoir l’avocat de Marc Bibeau, Léon Moubayed.

En coulisses, on s’est inquiété que les fuites dans les médias ne fassent dérailler l’enquête de l’UPAC en plaçant MM. Charest et Bibeau sur leurs gardes. Officiellement, les rares élus libéraux qui ont commenté la nouvelle, comme le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux, se sont inquiétés de la préservation de « l’intégrité du système d’enquête et du système de justice »« Mon inquiétude, ce n’est pas pour un parti politique. Mon inquiétude, c’est pour l’ensemble de ce système. S’il y a des gens qui ont commis des gestes graves, on veut qu’ils en répondent à la justice. [Pour cela], il faut que les enquêtes soient menées dans toute l’intégrité possible », a-t-il déclaré.

Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, s’est inquiété de l’origine de la fuite dans les médias, précisant qu’il ne critiquait pas le travail de ces derniers. « Je ne vois rien dans les faits rapportés ce matin [mardi] qui constitue un geste répréhensible au plan pénal ou criminel, sauf le geste qui aurait été posé par une personne qui a prêté le serment de sauvegarder la confidentialité des informations dans le cadre d’une enquête et qui viole ce serment-là. Ça, ce serait un acte criminel », a-t-il avancé.

L’élu libéral s’est défendu de tenter de faire dévier le débat ou de proposer une chasse aux sources. « Le problème, a-t-il dit, c’est : d’où vient le document ? Qui l’a rendu public et est-ce que, ce faisant, il n’a pas commis un geste criminel ? »

Chercher les « patrons »

L’opposition n’a pas pointé le même « problème ». Selon le chef du PQ, Jean-François Lisée, l’enquête dévoilée dans les médias démontre la nécessité de faire témoigner MM. Charest et Bibeau publiquement. « C’est clair que ce n’est pas Nathalie Normandeau qui a organisé ce système-là, a-t-il déclaré au sujet de l’ex-vice-première ministre du gouvernement Charest, actuellement accusée de complot, de corruption, de fraude et d’abus de confiance. Si la vice-première ministre est accusée d’avoir participé à un système de corruption criminelle pour dévoyer des fonds publics, elle n’a pas inventé ce système-là, elle ne l’a pas dirigé seule, et le fait que l’UPAC essaie d’avoir des preuves sur M. Bibeau et M. Charest montre bien qu’elle cherche [à savoir] qui étaient les patrons de Mme Normandeau. »

La Coalition avenir Québec a plutôt tenté de contraindre le gouvernement à identifier les trois ministres ou députés dont les noms ont été voilés sur un diagramme policier qui illustrerait le financement politique illégal qui aurait eu cours au PLQ. « Ce tableau de l’UPAC nous apprend qu’il y a un lien entre Marc Bibeau et la nomination d’au moins trois ministres, a souligné la députée Nathalie Roy. Vous nous avez promis de la transparence ? Qui sont ces trois ministres ? » a-t-elle demandé à Martin Coiteux.

« On est au Québec, on est dans une société démocratique, on est dans une société de droit, nous ne sommes pas dans une république de bananes. Alors, on n’est pas dans une société où le gouvernement se met les deux pieds dans les enquêtes », a répliqué le ministre libéral.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a d’abord reconnu qu’à son avis, les méthodes de financement du PLQ ont changé. Il a cependant dénoncé la lenteur du processus judiciaire. « Quand la justice n’est pas rendue en temps utile, quand ce genre d’enquêtes là fait en sorte que la justice est défaillante, ça fait en sorte qu’on a encore un gouvernement libéral qui n’a pas rendu des comptes sur la corruption des moeurs politiques dont le suspect no 1 est M. Charest », a-t-il déclaré.

Jean-François Lisée en a rajouté. « Depuis un certain temps se pose la question de l’immunité libérale dans notre système de justice. L’immunité libérale, est-ce que ça existe ? […] Est-ce qu’il y a un système qui fait en sorte que la plus grande enquête de corruption de l’histoire politique du Québec n’arrive jamais à aboutir à la tête du réseau ? » a-t-il demandé.

Philippe Couillard a qualifié l’exercice du chef péquiste de « triste »« Je rappelle d’ailleurs qu’il n’y a pas de jugements de tribunaux qui ont été prononcés encore. […] les institutions judiciaires de notre État jouent leur rôle de façon indépendante et il n’appartient ni à l’opposition officielle, ni à la deuxième opposition, ni à nous de nous immiscer dans leur travail », a-t-il insisté. Il a ensuite ajouté que, ce que les Québécois « veulent », c’est un « Québec plus prospère, un Québec où l’emploi se crée ».

samedi, février 25, 2017

Québec impose du renfort à la SQ pour enquêter sur le SPVM

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/

Le mal est si profond que le ministre Coiteux associe le BEI et d’autres corps policiers aux enquêtes

25 février 2017 | Québec 
Isabelle Porter - Avec La Presse canadienne à Québec
Philippe Orfali
Le ministre Martin Coiteux
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Le ministre Martin Coiteux
Devant de « nouveaux éléments » liés à la crise qui ébranle depuis une semaine le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a dû se résoudre vendredi à déclencher une vaste enquête administrative et à élargir la portée de l’investigation policière présentement en cours.
 
Après une semaine de révélations explosives portant sur la fabrication d’éléments de preuve et des irrégularités en tous genres au sein de la division des enquêtes internes du SPVM, après avoir maintenu que la participation du BEI n’était pas requise, Martin Coiteux se ravise en partie. Des « informations sérieuses » reçues tard jeudi soir et concernant « plusieurs cas additionnels » lui ont fait comprendre l’existence de « problèmes systémiques »« concernant notamment les pratiques en matière d’enquête interne au SPVM ». C’est pourquoi la directrice du BEI, Madeleine Giauque, codirigera les efforts, avec un haut gradé de la Sûreté du Québec. Des policiers de la Gendarmerie royale et d’autres corps de police québécois seront aussi appelés en renfort.
 
Le gouvernement Couillard commande également une enquête administrative « sur les pratiques en matière d’enquête interne et de gestion » au SPVM, ainsi que sur toute autre pratique « susceptible de mettre en péril la confiance des citoyens envers leur corps de police ». Celui ou celle qui présidera cette enquête devra être nommé au cours des prochains jours.
 
Enfin, le chef de police de Montréal, Philippe Pichet, devra également expliquer ce qu’il entend faire « pour éviter que la situation s’amplifie ». M. Coiteux a refusé de dire si Philippe Pichet avait toujours sa confiance.
 
« Prenez note de l’ampleur des mesures que j’annonce aujourd’hui, ça vous donne une idée des préoccupations que je peux avoir », a-t-il dit en point de presse. Les témoignages transmis au bureau du ministre Coiteux par des policiers du SPVM feraient état de cas « plus complexes » que ceux décrits dans divers reportages depuis mardi, lorsque l’émission JE a révélé que le second plus important service de police municipal au pays aurait fabriqué des preuves afin de faire taire des employés qui auraient voulu dénoncer des cas de corruption au sein des forces de l’ordre.
 
Réactions
 
Le maire Coderre a affirmé être totalement d’accord avec le train de mesures annoncé par Québec en vue de faire le ménage au sein du SPVM. « Les différentes solutions qu’il a proposées [vont] attaquer en profondeur les problèmes qui minent le Service. » Contrairement à M. Coiteux, il a réaffirmé son soutien pour le chef de police Pichet. « Quand il a été nommé, on a dit qu’il ne faisait partie d’aucun clan […]. Il est donc tout à fait normal, à moins qu’il y ait des faits contraires, de lui accorder notre confiance. »
 
Quoi qu’il en soit, des « gestes » seront posés à la conclusion des deux enquêtes déclenchées par Québec, a-t-il ajouté.
 
Le directeur Pichet s’est quant à lui engagé à collaborer aux enquêtes gouvernementales. « Nous commençons immédiatement à produire le rapport que demande le ministre sur les mesures que nous mettrons en place pour assurer l’intégrité de notre travail. »
 
Les mesures annoncées par le ministre Coiteux sont insuffisantes, rétorque l’opposition à l’Hôtel de Ville et à l’Assemblée nationale. « Tant que l’administration Coderre persiste à bloquer toute tentative pour rendre plus transparentes les procédures de reddition de comptes de la haute direction du SPVM, la culture malsaine qui afflige cette organisation persistera et les scandales vont continuer de fuser de toutes parts », a insisté la chef de Projet Montréal, Valérie Plante.
 
Porte-parole du Parti québécois en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé s’est dit soulagé de voir la directrice du BEI « enfin » mise à contribution… mais déplore que celle-ci n’ait pas été chargée du dossier dès le début, comme plusieurs le réclamaient.
 
La Coalition avenir Québec aurait par ailleurs voulu qu’on suspende Philippe Pichet de ses fonctions le temps de la réalisation de ces deux enquêtes. Le fait que la SQ soit toujours mêlée à l’enquête préoccupe son porte-parole, André Spénard. « Il y a trop de complicités entre les corps de police. C’est encore la police qui enquête sur la police. Ils vont se protéger entre eux. »
 
Même son de cloche chez Amir Khadir, de Québec solidaire. « C’est une espèce de tentative encore une fois de ne pas se rendre à l’évidence que c’est une crise de confiance grave. »
Crise au SPVM : une enquête sur plusieurs frontsUne enquête interne : Le ministre envoie un commissaire « à l’intérieur du SPVM » pour faire une enquête administrative. Son attention sera concentrée sur la division des enquêtes internes. Selon ce que les témoins allèguent, c’est de là qu’auraient émané les règlements de comptes entre policiers et la fabrication de preuves. Reste à nommer un commissaire « très bientôt », a dit le ministre. Déjà, le Parti québécois demande que les oppositions aient voix au chapitre dans la décision.

La directrice du BEI, sans le BEI : Le fait que l’enquête sur le SPVM ait été confiée à la SQ dérange depuis le début et les partis d’opposition ont réclamé toute la semaine qu’on la confie au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI). Vendredi, le ministre a de nouveau indiqué que le BEI, une « une jeune organisation »,n’était pas en mesure de s’en charger, mais propose un compromis en donnant la « cogestion » de l’enquête à la patronne du BEI, Madeleine Giauque, qui travaillera avec le directeur général adjoint de la SQ, Yves Morency.

Des renforts de partout En plus de Me Giauque, le ministre a requis l’aide des services de police de Québec, Longueuil et Gatineau. La GRC sera aussi plus présente.

Pichet toujours en poste, mais… : Malgré l’ampleur de la crise, le ministre n’a pas limogé le patron du SPVM. Prié de dire s’il lui faisait toujours confiance, le ministre n’a pas répondu, se contentant de dire que « c’est important de faire la lumière ».

vendredi, février 03, 2017

Québec abandonne la réforme des taxes agricoles

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/politiquefederale

Geneviève Lajoie




QUÉBEC - La menace de blocus des sentiers de motoneige a eu raison de la réforme des taxes foncières agricoles du gouvernement Couillard.
Le nouveau ministre de l'Agriculture abandonne le programme mis en place par son prédécesseur Pierre Paradis, qui avait soulevé l'ire de l'Union des producteurs agricoles.
«Je mets un terme à la mise en oeuvre de la réforme sur les taxes agricoles. Ça veut dire que les lois qui étaient en vigueur (de l'ancien programme) sont maintenues, ça veut dire que les remboursements de taxes vont se faire aux municipalités sur la base du programme de l'an dernier», a annoncé vendredi le ministre Laurent Lessard, au terme du caucus de deux jours des députés libéraux à l'Assemblée nationale.
Les amateurs de motoneige peuvent pousser un soupir de soulagement. «La contrepartie, c'est que les producteurs agricoles laissent l'accès aux sentiers dès maintenant», a-t-il insisté.
Plusieurs sentiers de motoneige de la province passent sur des terrains appartenant à des agriculteurs, qui menaçaient d'interdire l'accès aux motoneigistes.
«Il y a à peu près 10 pi de neige partout au Québec. Les Ontariens, le Nouveau-Brunswick, les Américains, les Européens, je pense que l'économie du territoire, de la motoneige, des véhicules tout terrain (VTT) est à son plein développement», a plaidé M. Lessard, pour expliquer sa décision.
Selon l'UPA, la réforme Paradis faisait grimper la facture de taxes municipales de la grande majorité de ses membres.
Un point de vue que réfutait l'ex-ministre libéral, qui a été démis de ses fonctions la semaine dernière en raison d'allégations d'inconduite sexuelle à l'endroit d'une employée.

mercredi, janvier 11, 2017

PROJET DE LOI 122 Comme si la commission Charbonneau n’avait jamais existé

http://www.ledevoir.com/politique/villes-et-regions/

Rien dans le projet de loi ne protège les citoyens d’une mauvaise gestion

11 janvier 2017 | Paul Germain - Chef du Renouveau prévostois, Prévost
Certaines mesures de la future législation paraissent douteuses, sinon dangereuses, dans le contexte actuel de corruption et de collusion dans le milieu municipal, remarque l'auteur du texte.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Certaines mesures de la future législation paraissent douteuses, sinon dangereuses, dans le contexte actuel de corruption et de collusion dans le milieu municipal, remarque l'auteur du texte.
Le 6 décembre dernier à l’Assemblée nationale, notre premier ministre, Philippe Couillard, a annoncé le dépôt du projet de loi 122, « visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs ».
 
Certaines mesures de la future législation paraissent douteuses, sinon dangereuses, dans le contexte actuel de corruption et de collusion dans le milieu municipal. Mais avant de critiquer le projet de loi, il faut être clair : la décentralisation des pouvoirs au profit des gouvernements locaux pourrait être bénéfique, pourvu qu’il s’agisse d’un gain démocratique pour les citoyens et que des mesures de contrôle pour une saine gestion soient mises en place. Ce sont justement ces deux derniers aspects qui manquent à ce projet de loi.
 
Avec les nouvelles règles, une municipalité pourra délimiter dans son plan d’urbanisme une partie de son territoire en « zone de requalification », à l’intérieur de laquelle aucune modification réglementaire ne sera sujette à l’approbation référendaire. Par exemple, à Piedmont, sur le site des glissades d’eau, ou à Prévost, sur le terrain de l’ancien golf, l’administration concernée pourrait changer le zonage sans être astreinte au processus référendaire. C’est donc dire que les citoyens n’auront aucun moyen de s’opposer à un projet mis de l’avant par un promoteur appuyé par la Ville.
 
Fini les soumissions faites par invitation pour les contrats en bas de 100 000 $. La loi actuelle prévoit qu’une administration municipale ne peut donner un contrat qu’après avoir demandé des soumissions faites par voie d’invitation auprès d’au moins deux fournisseurs, si ledit contrat comporte une dépense d’au moins 25 000 $ et de moins de 100 000 $. Certaines localités modèles comme Bois-des-Fillion exigent trois soumissions.
 
Le nouveau projet de loi abolit cette mesure. Seuls les contrats au-dessus de 100 000 $ seront assujettis à un processus d’appel d’offres. Pour des villes comme Montréal, Laval et Québec, un montant de 100 000 $ c’est peu, mais pour des municipalités comme Sainte-Anne-des-Lacs, Piedmont et Prévost, cela est considérable. D’autant plus que contrairement aux communautés de 100 000 habitants et plus, aucune de nos petites administrations ne possède de vérificateur général et encore moins d’inspecteur général comme la Ville de Montréal. En plus, les villes, avec le projet de loi, auront moins de reddition de compte et d’indicateurs de gestion à fournir au gouvernement du Québec.
 
Après l’adoption de ces nouvelles mesures, seuls des états financiers vérifiés devront être produits une fois par année. Nous avons vu la valeur de ces documents à Prévost en 2013, où les états financiers de 2012 comportaient une grave erreur, soit un manque de 750 000 $ au flux de trésorerie.
 
Roitelets
 
Rien dans le projet de loi ne protège les citoyens d’une mauvaise gestion. Rien dans la future législation ne vient corriger la loi sur l’accès à l’information qui permet aux administrations municipales de rendre leur gestion opaque à la saine curiosité de ses citoyens. Rien.
 
Avec le projet de loi 122, les vilains merles municipaux deviendront des roitelets distribuant les faveurs et avantages sans avoir à se soucier de rien ni de personne. Vous trouvez cela exagéré. Pourtant, l’adage dit bien que le passé est garant de l’avenir. Souvenez-vous des scandales à Laval, Mascouche, Montréal, Terrebonne, Blainville, Boisbriand, Sainte-Julienne, etc. Ce projet de loi laisse plus de place, met moins de contraintes aux filous pour détourner nos avoirs collectifs vers leurs poches. Où sont les outils qu’une loi inspirée de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction devait nous fournir ? Ou s’agit-il de la légalisation pure et simple de la corruption et de la collusion ?
 
Notons également l’abolition des plafonds de rémunération des élus dans le projet de loi et la suppression de l’obligation pour les villes de publier leurs avis publics dans des journaux. Cela fragilisera encore plus la qualité et la quantité de l’information à l’extérieur des grands centres. Cela finira par rendre nos administrations locales invisibles au regard des citoyens plutôt que transparentes.
 
À Québec, personne n’a appris ou n’a compris quoi que ce soit des problèmes de corruption passés dans le monde municipal. À moins que le gouvernement du Québec ait tout simplement abdiqué ses responsabilités plutôt que tenter de mettre de l’ordre dans nos villes. Comme citoyen, nous sommes seuls pour lutter contre la corruption. Si nous voulons payer notre juste part dans les dépenses publiques, c’est à nous de prendre nos villes en main en nous impliquant dans le processus démocratique. Personne d’autre ne le fera pour nous.

dimanche, décembre 18, 2016

Aide sociale: la solidarité commence avec la famille

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/

17 décembre 2016 |Texte collectif 
«Les personnes qui reçoivent de l’aide sociale sont des êtres humains dignes de respect», écrivent les auteurs.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
«Les personnes qui reçoivent de l’aide sociale sont des êtres humains dignes de respect», écrivent les auteurs.
Durant la période des Fêtes, pensons à celles et ceux qui ne peuvent pas visiter leur famille en raison des nouvelles mesures d’aide sociale.
 
Depuis mai 2015, une personne qui quitte le Québec pour plus de sept jours consécutifs — ou quinze jours cumulatifs — dans un même mois perd son droit à l’aide sociale. Avec des revenus mensuels de seulement 623 $, les gens sont déjà dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins de base pour le logement, la nourriture, le chauffage et les vêtements. Avec ce nouveau règlement, le gouvernement attaque la capacité des plus vulnérables de notre société à maintenir leurs liens avec famille et amis qui vivent en dehors du Québec.
 
Nous aimerions rappeler à François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, que la solidarité commence d’abord et avant tout avec la famille. La famille fait partie intégrante de qui l’on est ; nous avons besoin d’un contact physique avec les gens qui nous sont précieux ; les appels téléphoniques et les courriels ne suffisent pas. Si notre mère, notre père ou notre frère décède ou tombe gravement malade, il faut se rendre auprès de notre famille, peu importe la situation.
 
Quand un proche vous quitte, vous avez besoin de réconfort. Ce besoin est encore plus urgent si votre famille habite de l’autre côté de la terre et que cela fait des années que vous n’avez pas été réunis. Il est impossible de prévoir les catastrophes dans nos vies, on ne peut pas synchroniser nos deuils avec les impératifs de l’aide sociale. Dans le système actuel, les prestataires de l’aide sociale sont pénalisés pour avoir assisté à des funérailles ou visité un proche malade. De retour au Québec, ils subissent des coupes sur leurs prestations en plus de devoir faire face au stress de ne pas pouvoir payer le loyer ou l’épicerie.
 
Discrimination
 
Une logique similaire s’applique pour les événements heureux de la vie : les naissances, les mariages et les fêtes telles que Noël et le Nouvel An. Comment expliquer à notre famille que nous ne pouvons pas être présents lors d’événements importants à cause des règles de l’aide sociale ? Des absences répétées peuvent entraîner des ruptures dans nos relations. Si on se déconnecte de nos familles, on devient isolé et déprimé… ce qui entraîne des problèmes de santé physique et mentale.
 
Le fait qu’une personne qui s’absente du Québec pendant plus de sept jours perde son statut de résidente aux yeux de l’aide sociale est le critère de résidence le plus restrictif de tous nos programmes sociaux. Avec cette mesure draconienne, le gouvernement du Québec crée une discrimination basée sur le statut socioéconomique et enfreint la Charte canadienne des droits et libertés, ainsi que la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Cela empiète aussi sur le droit à la mobilité des citoyens canadiens et des résidents permanents en les empêchant de se déplacer à l’intérieur du Canada. C’est pour ces raisons que les Services juridiques de Pointe-Saint-Charles et Petite-Bourgogne accompagnent Arié Moyal, prestataire d’aide sociale, dans sa bataille légale pour faire invalider cette mesure injuste.
 
Respect
 
Les personnes qui reçoivent de l’aide sociale sont des êtres humains dignes de respect. Pourtant, le système d’aide sociale les traite comme des criminels. Désormais, même s’ils respectent la nouvelle réglementation, les gens qui voyagent doivent justifier leurs déplacements, présenter des preuves de voyage et fournir une lettre de la personne qui paie pour le voyage. En plus d’être une invasion de la vie privée, ceci est un contrôle injustifié de la part des agents d’aide sociale qui ont énormément de pouvoir discrétionnaire.
 
Malheureusement, il s’agit de la suite des mesures de surveillance et de contrôle imposées par notre gouvernement sur les personnes qui vivent dans la pauvreté. Les prestataires de l’aide sociale sont submergés par les demandes excessives de documents à fournir, doivent faire face à des enquêtes aléatoires et peuvent voir leur chèque retenu à leur centre local d’emploi.
 
Avec le projet de loi 70 qui vient d’être adopté, si les prestataires ne se soumettent pas aux demandes des programmes d’employabilité qui leur seront imposés, les agents auront maintenant le pouvoir de réduire les prestations à un montant aussi minuscule que 399 $ par mois, et ce, sans possibilité d’appel.
 
François Blais, pourriez-vous vivre dans ces conditions ? Sinon, pourquoi demandez aux prestataires d’aide sociale de le faire ?
 

Les signataires : Minouse Joseph, Marina Rishkevitch, Maria Ines Garduno avec l’appui de la Coalition Pauvre + Captif.

vendredi, novembre 11, 2016

UPAC Couillard nie toute ingérence

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11 novembre 2016 | Alexandre Robillard - La Presse canadienne à Québec
Le premier ministre Philippe Couillard
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
Le premier ministre Philippe Couillard
Le premier ministre Philippe Couillard a nié, jeudi, toute ingérence de son cabinet dans les enquêtes de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

M. Couillard a reconnu que des échanges sont établis entre son personnel politique et les policiers, mais seulement lors de nominations, pour des vérifications de sécurité.

« Jamais, jamais il n’y a quelque communication entre mon cabinet et les forces policières au sujet de l’enquête, a-t-il dit en chambre. Il y a, comme c’est normal que ce soit le cas, des contacts pour les vérifications de sécurité qui entourent les nominations de membres du Conseil des ministres, ce qui est tout à fait régulier, normal. »

Liens suspects

Plus tôt, les partis de l’opposition se sont inquiétés des liens qui pourraient exister entre le bureau du premier ministre et le corps policier.

Leurs propos ont été inspirés par les allégations d’un ex-entrepreneur en construction, Lino Zambito, au sujet d’échanges entre l’UPAC et l’entourage de M. Couillard. M. Zambito a affirmé que les enquêtes de l’UPAC sont bloquées. Selon l’ex-homme d’affaires, le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière, a des conversations fréquentes avec le directeur de cabinet du premier ministre, Jean-Louis Dufresne.

En point de presse, jeudi, le chef péquiste, Jean-François Lisée, a évoqué l’hypothèse que le bureau de M. Couillard soit en position de « caller les shots ». « Les allégations qui sont là aujourd’hui ouvrent des pistes [laissant entendre] que c’est peut-être le cas », a-t-il dit.

UPAC Couillard nie toute ingérence

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11 novembre 2016 | Alexandre Robillard - La Presse canadienne à Québec
Le premier ministre Philippe Couillard
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
Le premier ministre Philippe Couillard
Le premier ministre Philippe Couillard a nié, jeudi, toute ingérence de son cabinet dans les enquêtes de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

M. Couillard a reconnu que des échanges sont établis entre son personnel politique et les policiers, mais seulement lors de nominations, pour des vérifications de sécurité.

« Jamais, jamais il n’y a quelque communication entre mon cabinet et les forces policières au sujet de l’enquête, a-t-il dit en chambre. Il y a, comme c’est normal que ce soit le cas, des contacts pour les vérifications de sécurité qui entourent les nominations de membres du Conseil des ministres, ce qui est tout à fait régulier, normal. »

Liens suspects

Plus tôt, les partis de l’opposition se sont inquiétés des liens qui pourraient exister entre le bureau du premier ministre et le corps policier.

Leurs propos ont été inspirés par les allégations d’un ex-entrepreneur en construction, Lino Zambito, au sujet d’échanges entre l’UPAC et l’entourage de M. Couillard. M. Zambito a affirmé que les enquêtes de l’UPAC sont bloquées. Selon l’ex-homme d’affaires, le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière, a des conversations fréquentes avec le directeur de cabinet du premier ministre, Jean-Louis Dufresne.

En point de presse, jeudi, le chef péquiste, Jean-François Lisée, a évoqué l’hypothèse que le bureau de M. Couillard soit en position de « caller les shots ». « Les allégations qui sont là aujourd’hui ouvrent des pistes [laissant entendre] que c’est peut-être le cas », a-t-il dit.

jeudi, novembre 03, 2016

L’illumination

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Michel David
3 novembre 2016 |Michel David | Québec 

À l’instar du premier ministre Couillard, Gaétan Barrette est un homme à l’esprit éminemment versatile. Dans un cas comme dans l’autre, il devient de plus en plus difficile de savoir à quel moment ils pensent vraiment ce qu’ils disent et pour combien de temps.

En juin 2016, le ministre de la Santé rejetait catégoriquement l’idée qu’on avait été trop généreux envers les médecins. « Je vois mal comment on peut dire que les médecins sont trop rémunérés. Ils sont au bon endroit, compte tenu de la capacité collective de payer des Québécois », disait-il, en réplique à une étude de l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS) qui recommandait une baisse de 12 % de leur rémunération pour tenir compte de la différence du coût de la vie au Québec et en Ontario.

« Québec devra tôt ou tard revoir les ententes avec les médecins, sans quoi il grèvera dangereusement les finances publiques ou forcera la population à accepter des sacrifices injustifiables pour les intérêts financiers d’une catégorie de professionnels », prédisait déjà l’IRIS.

À peine cinq mois plus tard, M. Barrette en est arrivé lui aussi à la conclusion que l’entente qu’il a lui-même négociée avec les fédérations médicales en 2014 doit être revue à la baisse. « Il faut arriver à une autre entente. Le Québec ne peut aller là, il n’en a pas les moyens », a-t-il déclaré jeudi. Il faut sans doute se réjouir de cette illumination. On aurait simplement souhaité qu’elle vienne plus tôt.

L’Institut canadien d’information sur la santé, qui tient une comptabilité rigoureuse des systèmes de santé partout au pays, avait pourtant constaté depuis deux ans que la rémunération des médecins québécois avait, non seulement rejoint, mais dépassé celle de leurs confrères canadiens. En 2014, les spécialistes gagnaient déjà 15 % de plus qu’en Ontario. Dans le cas des omnipraticiens, l’écart favorable était de 8 %. Mais à l’époque, M. Barrette avait balayé ces chiffres du revers de la main.


Quoi qu’il en soit, le ministre de la Santé en appelle maintenant à la « conscience sociale »des médecins et il les convie à une négociation du « bon sens ». Comme il fallait s’y attendre, les fédérations médicales ont immédiatement dénoncé sa façon brutale d’ouvrir la discussion. On ose à peine imaginer la scène que M. Barrette lui-même aurait faite s’il était toujours président de la FMSQ. Au cas où il ferait une rechute corporatiste, M. Couillard a quand même jugé plus prudent de confier la négociation au Conseil du trésor. Là encore, on devine les pensées peu charitables qui ont traversé l’esprit de son bouillant ministre.

Le problème est que la plus grande partie du rattrapage qui a été rééchelonné par l’entente de 2014 doit être versée à compter de l’année 2018-2019, ce qui pèsera lourdement sur le budget du Québec au moment précis où le gouvernement Couillard préférerait vraisemblablement remettre cet argent aux contribuables qui seront appelés aux urnes en octobre 2018.

Le moment serait très mal choisi pour donner aux partis d’opposition l’occasion de dénoncer un gouvernement dirigé par des médecins plus sensibles aux intérêts de leur confrérie qu’à ceux de la population. Alors que les médecins ont obtenu des augmentations moyennes de 6,1 % par année entre 2007 et 2014, elles ont été de 2,5 % pour les autres travailleurs.

Au Canada, le poids de la rémunération des médecins par rapport au PIB a été stabilisé à 1,3 % depuis 2009. Au Québec, une société moins riche, il a largement dépassé 1,4 %, et cette proportion augmenterait encore avec le rattrapage prévu. M. Barrette a sans aucun doute raison quand il dit que la population appuiera le gouvernement dans la révision qu’il propose. À l’approche des élections, un bras de fer avec les médecins pourrait même être très avantageux pour le PLQ.


Pour mieux préparer l’opinion, M. Barrette a commandé une nouvelle étude comparative sur la productivité des médecins au Québec et en Ontario. Un élément qui lui semble faire défaut dans le débat. On peut compter sur lui pour que cette étude apporte l’éclairage désiré.

Le ministre semble déjà avoir une idée assez précise de la situation. Le projet de loi 20, qui imposait des quotas aux médecins, reposait précisément sur la prémisse qu’ils travaillaient moins que leurs confrères hors Québec. À l’entendre, 60 % des médecins de famille se la coulaient douce, travaillant en moyenne 117 jours par année. Leur semaine de travail était de 8 heures plus courte que celle de leurs confrères ontariens et ils voyaient beaucoup moins de patients.

Les représentants des médecins avaient qualifié ces affirmations de « malhonnêtes ». Pour lui assurer un minimum d’objectivité, ils auraient tout intérêt à collaborer à cette nouvelle étude. De son propre aveu, il est parfois arrivé à M. Barrette de forcer quelque peu les chiffres pour leur faire dire ce qu’il souhaitait.

vendredi, octobre 21, 2016

ALLÉGATIONS D’AGRESSIONS SEXUELLES Sklavounos, «insistant», «déplacé» et «cruiseur»

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21 octobre 2016 |Marco Bélair-CirinoDave NoëlMarie-Michèle Sioui
En entrevue au «Devoir», d’ex-militants et employés de l’Assemblée nationale ont déclaré jeudi avoir été témoins ou victimes de comportements déplacés de la part de l’élu montréalais.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
En entrevue au «Devoir», d’ex-militants et employés de l’Assemblée nationale ont déclaré jeudi avoir été témoins ou victimes de comportements déplacés de la part de l’élu montréalais.
Les allégations d’agression sexuelle concernant le député libéral Gerry Sklavounos n’ont pas secoué les jeunes femmes qui l’ont côtoyé dans sa carrière politique autant que les élus de l’Assemblée nationale. En entrevue au Devoir, d’ex-militants et employés de l’Assemblée nationale ont déclaré jeudi avoir été témoins ou victimes de comportements déplacés de la part de l’élu montréalais.
 
Deux femmes ont partagé des conversations qu’elles ont eues avec le député alors qu’elles étaient dans la jeune vingtaine. Dans un premier cas, Gerry Sklavounos a invité une jeune femme à partager un verre et à discuter de politique. Elle s’est rendue au restaurant Louis-Hébert, à Québec, où des employés l’ont tout de suite dirigée vers une salle privée où elle s’est retrouvée seule avec l’homme. Ils ont bu beaucoup d’alcool. « Après le souper, on a traversé en haut, dans sa chambre », a poursuivi la jeune femme, qui avait 20 ans au moment des événements, en 2014.
 
Gerry Sklavounos — qui est marié, ont précisé plusieurs sources — vit dans une chambre du Louis-Hébert, a confirmé le propriétaire de l’auberge et du restaurant, Antoine Xénopoulos.
 
« On a parlé politique, il a dit quelques phrases malaisantes, a relaté la jeune femme. J’ai compris ce qu’il voulait. […] J’ai senti le malaise de partir. »
 
Peu de temps après, une amie de cette source — aussi impliquée en politique — a reçu le même genre d’invitation de la part de Gerry Sklavounos. Elle a refusé, puis montré l’invitation à la jeune femme qui s’est rendue au Louis-Hébert. « Quand j’ai vu le texto, a réagi cette dernière, j’ai su que j’avais pris la bonne décision. » Elle atteste qu’il n’y a pas eu d’attouchements ni d’agression sexuelle.
 
Des pages de l’Assemblée nationale courtisées
 
D’ex-pages de l’Assemblée nationale ont aussi confié au Devoir avoir été invitées par le député de Laurier-Dorion à « prendre un verre ». L’une d’elles a raconté avoir été victime de« remarques désobligeantes de sa part ». La page est tombée sur des députés« désagréables » lors de son passage au Parlement, mais Gerry Sklavounos était le « pire »d’entre eux, a-t-elle rapporté.
 
« À un moment donné, je passais dans le corridor, puis […] il m’a dit : “ Damn, she’s hot ”, des choses comme ça », a-t-elle relaté. À un autre moment, le député lui a « mis la main dans le bas du dos », a-t-elle ajouté.
 
Elle n’a jamais porté plainte. « Ce qui m’a marqué, c’est l’histoire de Marcel Aubut. Toutes les femmes qui l’avaient connu avaient quelque chose à dire sur lui. Je trouvais que ce n’était pas grand-chose [la main dans le dos], mais un par-dessus l’autre, finalement, c’est beaucoup », a-t-elle observé.
 
À l’occasion de caucus tenus à l’extérieur de la capitale, Gerry Sklavounos aurait parfois masqué sa véritable identité, se décrivant comme un « courtier d’assurances » aux femmes avec qui il discutait après s’être installé à un bar d’hôtel, a raconté une source sûre auDevoir.
 
Une ex-stagiaire boursière de la Fondation Charles-Bonenfant a aussi qualifié l’attitude de l’élu libéral de « tout le temps borderline » avec les femmes. « C’était un gars de style macho, qui s’essaie. C’est quelqu’un d’insistant », a-t-elle indiqué sous le couvert de l’anonymat.
 
Les mots « insistant », « déplacé » et « cruiseur » sont revenus souvent dans les conversations. « Ses paroles […], c’était toujours suggestif sans que ce soit invité, a confié un ex-militant du Parti libéral. Quand on avait de nouveaux militants, on leur disait : tu le vois, lui, c’est Gerry Sklavounos. Tu t’en tiens loin. »

vendredi, septembre 30, 2016

Lessard associe ses problèmes à son poste aux Transports

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30 septembre 2016 | Robert Dutrisac - Correspondant parlementaire à Québec | Québec
Depuis trois semaines, Laurent Lessard multiplie les explications sur les différentes activités lucratives que menait de front son ami Yvon Nadeau en même temps qu’il était son conseiller politique dans sa circonscription. 
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
Depuis trois semaines, Laurent Lessard multiplie les explications sur les différentes activités lucratives que menait de front son ami Yvon Nadeau en même temps qu’il était son conseiller politique dans sa circonscription. 
Alors qu’il défendait son sens de l’éthique, Laurent Lessard s’est interrogé, jeudi, sur l’irruption dans l’actualité de controverses qui le concernent au moment même où il entreprend de réformer le ministère des Transports.
 
« Ce que je ne comprends pas, c’est que je suis le même gars qu’il y a un mois et demi quand j’étais à la Forêt [le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs]. Soudainement, qu’est-ce qui se passe quand tu arrives au ministère des Transports ? Tout ce tir groupé-là », a fait remarquer dans une mêlée de presse Laurent Lessard, qui assume ses nouvelles fonctions de ministre des Transports depuis le 20 août dernier.
 
Le ministre n’est toutefois pas allé jusqu’à proposer une quelconque théorie du complot. « Je ne présume de rien. Je vous citais une coïncidence. Maintenant, je sais une affaire : il y aura des changements et c’est commencé », a-t-il affirmé.
 
Depuis trois semaines, Laurent Lessard multiplie les explications sur les différentes activités lucratives que menait de front son ami Yvon Nadeau en même temps qu’il était son conseiller politique dans sa circonscription. Ce cumul d’occupations, « c’est normal », juge le ministre. Deux de ses entreprises, Pyrobiom Énergies et Innoltek, ont sollicité de l’aide de l’État.
 
Couillard réitère sa confiance
 
Philippe Couillard a réitéré sa confiance dans son ministre. Irrité, le premier ministre a toutefois refusé de commenter la situation. « Il n’y a rien à ajouter là-dessus », a-t-il sèchement répondu aux journalistes qui l’asticotaient.
 
Mercredi, Laurent Lessard, qui participait à une rencontre des ministres des Transports à Toronto, a bénéficié d’une journée de répit. Mais ce ne fut que partie remise.
 
Jeudi, Laurent Lessard a précisé qu’il avait déclaré au commissaire à l’éthique et à la déontologie que sa conjointe, Johanne Binette, travaillait pour une entreprise d’économie sociale, le Groupe ressources techniques Beauce-Appalaches (GRTBA), qui comptait sur des subventions de la Société d’habitation du Québec (SHQ) pour financer des projets d’habitations à loyer modique. La SHQ relève du ministère des Affaires municipales, dont le titulaire était son mari.
 
« Le problème, c’est que le gars qui gère le programme de subventions est redevable au ministre pour sa “job”, il est redevable au ministre des Affaires municipales. Sa femme travaille pour une entreprise qui a [reçu] 12,7 millions de subventions. Il y a quelque chose qui marche pas là-dedans », a observé le député de la Coalition avenir Québec Éric Caire à l’Assemblée nationale.
 
Laurent Lessard a certifié qu’il ne connaissait pas l’organisateur libéral John MacKay quand il fut nommé à la tête de la SHQ pour ensuite délier les goussets de la société d’État afin de financer les projets présentés par le GRTBA. Quant aux pressions qu’il a exercées sur la SHQ à compter de 2003 pour obtenir ces subventions, le ministre a dit qu’il n’avait fait que reprendre les dossiers dont s’occupait l’élu péquiste défait Marc Boulianne.