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mercredi, avril 26, 2017

RÉMUNÉRATION Les dirigeants de la Caisse de dépôt ont empoché 11 millions en 2016

http://www.ledevoir.com/economie/

26 avril 2017 |Julien Arsenault - La Presse canadienne | Actualités économiques
Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia
Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia
Les six plus hauts dirigeants de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ont touché une rémunération totale d’environ 11 millions en 2016, ce qui constitue une hausse de 2,8 % sur un an.
 
Cette information figure dans le plus récent rapport annuel du gestionnaire québécois de régimes de retraite, rendu public mercredi.
 
Son président et chef de la direction, Michael Sabia, dont le salaire de base est demeuré inchangé à 500 000 $, a touché une paye totale de 2,82 millions, ce qui constitue une progression de 8,5 % par rapport à 2015. Ce montant tient compte du versement d’une rémunération incitative différée de 1,12 million. En 2013, le grand patron de la CDPQ avait choisi de différer 900 000 $ — une somme qui a fructifié en raison des rendements générés par la Caisse sur trois ans —, ce qui lui a permis de réaliser un rendement de 221 723 $.
 
Au total, les principaux dirigeants de la Caisse ont choisi de différer environ 6 millions. En ce qui a trait à M. Sabia, il s’agit d’un montant de 1,74 million.
 
En 2016, la Caisse, dont l’actif net se chiffrait à 270,7 milliards en date du 31 décembre dernier, a affiché un rendement de 7,6 %, soit 18,4 milliards, dépassant son indice de référence fixé à 5,8 %. Sur cinq ans, le rendement annualisé de la CDPQ a été de 10,2 %, soit 1,1 point de pourcentage de plus que son indice de référence. En matière de rémunération incitative, la Caisse fait valoir qu’« afin de renforcer une performance encore plus soutenue à long terme, à partir de 2016, celle-ci est dorénavant mesurée sur une période de cinq ans », comparativement à quatre ans auparavant.
 
Rémunération inférieure
 
Celui qui était jusqu’à tout récemment premier vice-président et chef des placements, Roland Lescure, arrive au deuxième rang au chapitre du salaire global, avec 2,62 millions, en hausse de 20 %. M. Lescure, qui a quitté ses fonctions au début du mois pour se joindre à la campagne du candidat à la présidentielle française Emmanuel Macron, a touché une somme différée de 987 739 $.
 
En dépit de l’augmentation, la rémunération totale des principaux patrons de la Caisse demeure inférieure à celle des autres gestionnaires de caisses de retraite dans le reste du pays. Par exemple, à l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC), dont l’actif atteignait 298,1 milliards, la rémunération globale des dirigeants a atteint 20,5 millions l’an dernier — une somme qui ne tient pas compte des primes incitatives différées.
 
Du côté du régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers) — dont l’actif était de 176,6 milliards en date du 31 décembre dernier —, les cinq plus hauts dirigeants ont reçu au total près de 19 millions en 2016. Ce montant comprend la valeur des régimes de retraite ainsi que du régime incitatif à long terme.
 
Primes pour les employés
 
À la CDPQ, les employés ont touché des primes de 59 millions, en hausse de 21 % par rapport à l’an dernier.
 
« Il y a eu un rendement annuel soutenu de 10,2 % sur cinq ans, a expliqué le directeur principal des relations avec les médias, Maxime Chagnon. La valeur ajoutée sur cette période est de 12,3 milliards. C’est significatif, comme performance. »
 
L’ensemble du personnel de la Caisse a choisi de différer jusqu’en 2019 une somme de 32 millions.
 
Finalement, les salaires et avantages sociaux sont passés de 240 à 284 millions — en hausse de 18 % — en 2016, alors que la CDPQ a terminé l’année avec 890 employés, soit une quarantaine de plus. Outre la progression de l’actif, le gestionnaire de régimes de retraite explique cette augmentation par son internationalisation ainsi que l’acquisition d’une expertise plus étoffée dans certains secteurs.

jeudi, novembre 03, 2016

L’illumination

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/


Michel David
3 novembre 2016 |Michel David | Québec 

À l’instar du premier ministre Couillard, Gaétan Barrette est un homme à l’esprit éminemment versatile. Dans un cas comme dans l’autre, il devient de plus en plus difficile de savoir à quel moment ils pensent vraiment ce qu’ils disent et pour combien de temps.

En juin 2016, le ministre de la Santé rejetait catégoriquement l’idée qu’on avait été trop généreux envers les médecins. « Je vois mal comment on peut dire que les médecins sont trop rémunérés. Ils sont au bon endroit, compte tenu de la capacité collective de payer des Québécois », disait-il, en réplique à une étude de l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS) qui recommandait une baisse de 12 % de leur rémunération pour tenir compte de la différence du coût de la vie au Québec et en Ontario.

« Québec devra tôt ou tard revoir les ententes avec les médecins, sans quoi il grèvera dangereusement les finances publiques ou forcera la population à accepter des sacrifices injustifiables pour les intérêts financiers d’une catégorie de professionnels », prédisait déjà l’IRIS.

À peine cinq mois plus tard, M. Barrette en est arrivé lui aussi à la conclusion que l’entente qu’il a lui-même négociée avec les fédérations médicales en 2014 doit être revue à la baisse. « Il faut arriver à une autre entente. Le Québec ne peut aller là, il n’en a pas les moyens », a-t-il déclaré jeudi. Il faut sans doute se réjouir de cette illumination. On aurait simplement souhaité qu’elle vienne plus tôt.

L’Institut canadien d’information sur la santé, qui tient une comptabilité rigoureuse des systèmes de santé partout au pays, avait pourtant constaté depuis deux ans que la rémunération des médecins québécois avait, non seulement rejoint, mais dépassé celle de leurs confrères canadiens. En 2014, les spécialistes gagnaient déjà 15 % de plus qu’en Ontario. Dans le cas des omnipraticiens, l’écart favorable était de 8 %. Mais à l’époque, M. Barrette avait balayé ces chiffres du revers de la main.


Quoi qu’il en soit, le ministre de la Santé en appelle maintenant à la « conscience sociale »des médecins et il les convie à une négociation du « bon sens ». Comme il fallait s’y attendre, les fédérations médicales ont immédiatement dénoncé sa façon brutale d’ouvrir la discussion. On ose à peine imaginer la scène que M. Barrette lui-même aurait faite s’il était toujours président de la FMSQ. Au cas où il ferait une rechute corporatiste, M. Couillard a quand même jugé plus prudent de confier la négociation au Conseil du trésor. Là encore, on devine les pensées peu charitables qui ont traversé l’esprit de son bouillant ministre.

Le problème est que la plus grande partie du rattrapage qui a été rééchelonné par l’entente de 2014 doit être versée à compter de l’année 2018-2019, ce qui pèsera lourdement sur le budget du Québec au moment précis où le gouvernement Couillard préférerait vraisemblablement remettre cet argent aux contribuables qui seront appelés aux urnes en octobre 2018.

Le moment serait très mal choisi pour donner aux partis d’opposition l’occasion de dénoncer un gouvernement dirigé par des médecins plus sensibles aux intérêts de leur confrérie qu’à ceux de la population. Alors que les médecins ont obtenu des augmentations moyennes de 6,1 % par année entre 2007 et 2014, elles ont été de 2,5 % pour les autres travailleurs.

Au Canada, le poids de la rémunération des médecins par rapport au PIB a été stabilisé à 1,3 % depuis 2009. Au Québec, une société moins riche, il a largement dépassé 1,4 %, et cette proportion augmenterait encore avec le rattrapage prévu. M. Barrette a sans aucun doute raison quand il dit que la population appuiera le gouvernement dans la révision qu’il propose. À l’approche des élections, un bras de fer avec les médecins pourrait même être très avantageux pour le PLQ.


Pour mieux préparer l’opinion, M. Barrette a commandé une nouvelle étude comparative sur la productivité des médecins au Québec et en Ontario. Un élément qui lui semble faire défaut dans le débat. On peut compter sur lui pour que cette étude apporte l’éclairage désiré.

Le ministre semble déjà avoir une idée assez précise de la situation. Le projet de loi 20, qui imposait des quotas aux médecins, reposait précisément sur la prémisse qu’ils travaillaient moins que leurs confrères hors Québec. À l’entendre, 60 % des médecins de famille se la coulaient douce, travaillant en moyenne 117 jours par année. Leur semaine de travail était de 8 heures plus courte que celle de leurs confrères ontariens et ils voyaient beaucoup moins de patients.

Les représentants des médecins avaient qualifié ces affirmations de « malhonnêtes ». Pour lui assurer un minimum d’objectivité, ils auraient tout intérêt à collaborer à cette nouvelle étude. De son propre aveu, il est parfois arrivé à M. Barrette de forcer quelque peu les chiffres pour leur faire dire ce qu’il souhaitait.