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jeudi, octobre 12, 2017

CHRONIQUE Le jupon électoral


12 octobre 2017 |Michel David | Québec | Chroniques

Quand Raymond Bachand avait proposé la nomination d’un ministre responsable des relations avec la communauté anglophone, durant la course à la succession de Jean Charest, Philippe Couillard s’y était vivement opposé, tout comme Pierre Moreau.

« Cela créerait des divisions au Québec sur le plan linguistique, avait déclaré le futur chef du PLQ. Je ne suis pas sûr que la communauté anglophone elle-même désire avoir un ministre. » Qu’elle le désire ou non, elle en aura un dans la personne de Kathleen Weil, qui avait été directrice des Affaires juridiques à Alliance Québec dans une vie antérieure.

Le premier ministre est un homme aux sincérités successives, qui a démontré sa remarquable capacité à modifier ses positions selon ses intérêts du moment. À un an de l’élection générale, ceux du PLQ exigent manifestement une exception au principe d’unité qu’il invoquait à l’époque. Maintenant que la menace d’un référendum s’est éloignée, M. Couillard craindrait-il que sa clientèle anglophone se permette une infidélité ? Son jupon électoral dépasse un peu trop.

Quand il avait décidé de confier les ministères de l’Éducation et de la Famille à un même titulaire, M. Couillard avait plaidé de façon très convaincante les avantages de placer sous la même autorité l’ensemble du système scolaire, de la garderie au secondaire.

Sébastien Proulx lui a donné raison depuis sa nomination. Sous sa houlette, les deux ministères ont manifesté une unité d’action qui faisait cruellement défaut auparavant. Malheureusement, cette double responsabilité lui aurait laissé peu de temps à consacrer à ses nouvelles fonctions de ministre responsable de la région de Québec, qui sera le théâtre principal de la grande bataille avec la CAQ.

Avec la nouvelle recrue Véronyque Tremblay, dont le poste de ministre déléguée aux Transports est taillé sur mesure pour préparer le terrain électoral dans la capitale, M. Proulx pourra former un redoutable tandem.

En principe, les mêmes impératifs électoraux auraient dû entraîner le déplacement de Gaétan Barrette, qui est certainement le ministre le plus controversé, pour ne pas dire le plus détesté de son cabinet. Si la situation du réseau de la santé s’est améliorée autant que M. Couillard a tenté de le faire croire dans son discours, on se demande bien pourquoi il a tenté de convaincre M. Barrette de déménager aux Transports.

Un remaniement ministériel est toujours un casse-tête. Ils étaient nombreux, particulièrement dans le milieu juridique, à souhaiter le départ de la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée. Encore fallait-il lui trouver un successeur adéquat.

Être avocat est un prérequis pour occuper ce poste, et les avocats ministrables n’étaient pas légion. Le passé démontre qu’il est risqué d’y nommer un néophyte. L’expérience de Kathleen Weil à la Justice a été trop douloureuse pour donner l’envie de la renouveler. Jean-Marc Fournier aurait toujours pu reprendre du service, mais le premier ministre ne pouvait pas se passer des services de son plus fidèle lieutenant.

Pierre Moreau aurait certainement fait l’affaire, mais l’approche de l’élection le rendait lui aussi plus utile ailleurs. Aux Ressources naturelles, il pourra mettre ses talents de politicien à contribution avec moins de retenue qu’à la Justice. Maintenant que l’essentiel du sale travail est fait au Conseil du trésor, l’aimable Pierre Arcand saura très bien gérer l’abondance.

Former un cabinet d’élection peut quand même avoir des effets heureux. L’insistance sur le mot « intégrité » dans l’appellation du nouveau ministère qu’on a bricolé pour Robert Poëti est un peu lourde, mais on peut espérer que ce revenant contribuera non seulement à redorer l’image du gouvernement, mais aussi à assainir les processus d’octroi des contrats publics.

Aux yeux de plusieurs, la nomination d’André Fortin aux Transports constitue la plus grande surprise du remaniement. Il est vrai que des titulaires plus aguerris s’y sont cassé les dents, mais le simple fait que M. Fortin s’en occupera à temps plein constitue déjà une bonne nouvelle et on imagine difficilement qu’il puisse faire pire que Laurent Lessard, nettement plus à l’aise à l’Agriculture.

Luc Fortin est un bon choix à la Famille. Il est simplement regrettable de voir quitter le ministère de la Culture un homme qui a manifesté dans le dossier de Netflix une détermination dans la défense de la création culturelle québécoise à laquelle ses prédécesseurs ne nous avaient pas habitués.

Isabelle Melançon et Marie Montpetit contribueront elles aussi à ce vent de fraîcheur dont les libéraux ont cruellement besoin après 15 ans de pouvoir, mais il est difficile de comprendre pourquoi on a tenu à inverser les rôles. Tout dans le passé de Mme Melançon la destinait à la Culture, comme celui de Mme Montpetit l’avait bien préparée à l’Environnement.

Si M. Couillard a pour principe qu’il est bon de sortir un ministre de sa zone de confort, le cas de Gaétan Barrette démontre à quel point sa géométrie est variable.

lundi, juin 19, 2017

SOUVERAINETÉ Nadeau-Dubois refuse d’être utilisé par Couillard

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9 juin 2017 | Marco Bélair-Cirino - Correspondant parlementaire à Québec
Le député Gabriel Nadeau-Dubois
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne

Le député Gabriel Nadeau-Dubois

Gabriel Nadeau-Dubois refuse d’être « instrumentalisé » par le gouvernement libéral, qui, depuis son arrivée à l’Assemblée nationale, n’a que de bons mots pour lui. « Libéraux et péquistes peuvent se le tenir pour dit : ça ne fonctionnera pas », a lancé le député de Gouin au terme de la période de questions.

Durant celle-ci, le premier ministre, Philippe Couillard, a salué l’« habileté » de M. Nadeau-Dubois à discuter de l’avenir du Québec au sein de la fédération canadienne.

Dans ce débat, le nouvel élu solidaire impressionne par sa « clairvoyance », selon M. Couillard. « On a franchement un nouvel acteur très éloquent qui parle du même sujet avec beaucoup plus d’habileté, à mon avis, et beaucoup plus de clairvoyance [que le Parti québécois] et que les Québécois vont écouter de plus en plus », a-t-il déclaré dans le Salon bleu.
Le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, a reproché à M. Couillard de douter de la capacité de la population québécoise à prendre en main sa destinée.

Réduit à la « pauvreté », le Québec serait contraint d’« assécher [ses] services publics pendant probablement au moins une dizaine d’années [après avoir conquis son indépendance et] de sacrifier [ses] programmes sociaux », avait dit M. Couillard 24 heures plus tôt.

« Dans la tête du premier ministre, les Québécois sont des incapables, des incompétents, des gens tellement médiocres qu’à l’extérieur du Canada ils deviendraient miséreux et abandonnés », a lâché M. Lisée en Chambre jeudi avant-midi.

« C’est bien simple, jamais, jamais, on n’a eu un premier ministre qui a une aussi mauvaise opinion des Québécois, qui ne croit pas en son peuple, en sa compétence, en sa force. Le premier ministre devrait avoir honte d’avoir honte des Québécois », a ajouté M. Lisée.

Réplique de Couillard

M. Couillard ne s’est pas laissé démonter par la charge du chef péquiste, qu’il a attribuée à la présence de Gabriel Nadeau-Dubois dans le débat constitutionnel. Le chef du gouvernement croit avoir froissé l’ego de M. Lisée en « engageant » mercredi le « débat » constitutionnel avec la figure de proue de la mobilisation étudiante du printemps 2012.

« Ce qui indispose profondément le Parti québécois, c’est qu’ils ne sont plus les seuls joueurs dans l’arène de l’indépendance du Québec, il y a une autre voie, une voie plus jeune, peut-être une voie plus large qui va s’ouvrir. C’est à eux de s’arranger avec ça, ce n’est pas avec moi », a-t-il lancé tout en ajoutant « en passant » que l’arrivée de M. Nadeau-Dubois « est bienvenue ».

M. Lisée s’est dit surpris de voir le premier ministre du Québec s’arroger le titre d’attaché de presse de Québec solidaire.

À l’approche des célébrations du 150e anniversaire du Canada, M. Couillard soutient que les trois quarts de la population québécoise ont un profond attachement à la citoyenneté canadienne, qui est « beaucoup plus large, ouvert[e], inclusi[ve] que la version limitée de citoyenneté que nous propose l’opposition officielle ».

Refus de Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois dit voir clair dans le petit jeu du PLQ, qui couvre de fleurs QS depuis le rejet de toute discussion d’alliances stratégiques avec le PQ en vue des prochaines élections générales. Au PLQ, on fait le pari qu’une montée de QS dans les intentions de vote se fera essentiellement au détriment du PQ. « Québec solidaire va refuser de se faire instrumentaliser par le Parti libéral pour alimenter ses “ guéguerres ” avec le Parti québécois, a dit M. Nadeau-Dubois. De la même manière, on va refuser de se faire instrumentaliser pour expliquer les difficultés du Parti québécois. »

samedi, mai 06, 2017

POLITIQUE QUÉBÉCOISE Pierre Moreau s’en prend à Québecor

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Le PLQ est victime d'acharnement politico-médiatique, accuse le ministre

4 mai 2017 | Marco Bélair-Cirino - Correspondant parlementaire à Québec | Québec
Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, a dit tout haut mercredi ce que répètent tout bas ses confrères depuis quelques semaines : Québecor média ne ménage aucun effort pour discréditer le Parti libéral du Québec. « Ça ressemble […] à un tir groupé qui est presque une position politique à l’encontre du parti qui représente le gouvernement », a-t-il déclaré lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
 
Photo: Capture d'écranViolette Trépanier
Le ministre s’était fait interpeller quelques minutes plus tôt sur la une du Journal de Montréal et du Journal de Québec sur laquelle apparaissait une photo de l’ancienne directrice du financement du PLQ, Violette Trépanier, assortie du titre « Les secrets de Violette » en gros caractères.
 
M. Moreau a reproché au bureau d’enquête de Québecor média d’avoir conclu de façon prématurée que Mme Trépanier « n’a pas dit toute la vérité » lors de sa comparution à la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction en juin 2014.
 
À la question du procureur Paul Crépeau « Y a-t-il des gens qui vous ont remis des curriculum vitae lors d’activités de financement [du PLQ] ? », Mme Trépanier avait répondu sous serment : « Dans mes treize ans, c’est peut-être arrivé cinq, six fois, et c’était toujours des postes non rémunérés. » Elle a aussi nié avoir promu la candidature de donateurs ou de membres du PLQ à des postes d’administrateurs d’organismes publics.
 
Après avoir passé au crible des courriels signés par Mme Trépanier, Le Journal soutient qu’elle a obtenu au moins seize CV de personnes désireuses de siéger à des conseils d’administration, et ce, seulement en 2007-2008.
 
L’ex-ministre déléguée à la Condition féminine « aidait des donateurs libéraux à se rapprocher du pouvoir », suggère Le Journal dans sa dernière livraison.
 
M. Moreau s’est désolé de voir la presse « tirer des conclusions de renseignements qui sont essentiellement parcellaires »« En médecine, je pense qu’on appelle ça de l’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire qu’on beurre épais pas mal », a-t-il déclaré, jetant le doute sur les motivations profondes de membres de l’équipe de reporters de Québecor. « Il y a un dessein, dont on commence à cerner les contours », a-t-il spécifié.
 
Les « enquêtes » devraient être la chasse gardée de la police, a aussi soutenu Pierre Moreau mercredi. Contrairement aux journalistes, les policiers ont, « eux »« la fonction d’aller au fond des choses ». « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées. »
 
Par ailleurs, le ministre a parlé de supposées dissensions au sein du bureau d’enquête de Québecor média. « Privément, je reçois des messages de gens qui sont désolés. Eh bien, les personnes désolées et moi, privément, on sait qu’elles sont désolées, mais publiquement elles ont fait un grand spectacle pendant des heures qui n’allait pas dans le sens du fait qu’elles étaient désolées », a-t-il lancé à la presse. Il faisait alors allusion à un reportage diffusé la semaine passée le dépeignant comme le complice de Schokbeton et de Violette Trépanier. TVA Nouvelles n’avait pas ses explications dans la première version de son reportage, selon lui.
 
Le chef du bureau d’enquête au Parlement, Antoine Robitaille, a préféré ne pas commenter. Autrement, « ça détourne[rait] l’attention des reportages » de Québecor média.
 
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a également réservé ses commentaires.
La liberté d’expression ne permet pas de dire tout ce qui nous passe par la tête. La liberté de la presse, ce n’est pas de bâcler son travail.
Pierre Moreau, en marge de la Journée mondiale de la liberté de la presse
Climat de suspicion
 
Plusieurs libéraux ont été piqués au vif par des gazouillis du président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau — l’ex-chef péquiste soulignait le travail « essentiel » du bureau d’enquête —, et sa tournée des locaux de Québecor à la Tribune de la presse il y a une semaine.
 
Pourtant, ils avaient souhaité la meilleure des chances à l’homme d’affaires lorsque celui-ci a repris les commandes de Québecor en février dernier. « Il n’est plus en politique, alors M. Péladeau a le droit de faire ce qu’il souhaite de sa vie. Puis, je pense que c’est un homme d’affaires qui est très intégré à Québecor », avait déclaré M. Moreau.

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Le vieux singe

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Michel David
6 mai 2017 |Michel David | Québec | Chroniques
On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, et Robert Lafrenière en est un. Jeudi, il en était à sa douzième comparution devant une commission parlementaire, dont neuf en six ans à titre de grand patron de l’UPAC. De son propre aveu, il est devenu une sorte d’expert en la matière. Il sait parfaitement ce qu’il faut dire et ne pas dire. Ce n’était ni le moment ni le lieu des grandes révélations, mais l’habileté de son témoignage avait de quoi impressionner.
 
Aussi longtemps que le choix du commissaire de l’UPAC et du directeur de la SQ sera à la discrétion du gouvernement, sans l’approbation des deux tiers de l’Assemblée nationale, il s’en trouvera toujours pour douter de leur indépendance. Une méfiance que l’habitude des allers-retours entre la police et le ministère de la Sécurité publique n’est pas de nature à atténuer.
 
M. Lafrenière n’en avait pas moins des airs d’Eliot Ness durant son interrogatoire. À l’entendre, rien, ni personne, ne pourrait l’empêcher de passer les menottes à tous ces mécréants. « Il n’y a jamais eu de tentative de m’influencer en six ans. Celui qui essaierait, ce serait catastrophique pour lui, tout se sait. » À bon entendeur, salut !
 
Même les députés de l’opposition, qui l’attendaient de pied ferme, ont paru rassurés par sa volonté de mener à terme l’enquête Mâchurer, qui vise Jean Charest et son collecteur de fonds, Marc Bibeau, et de transmettre le dossier à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP), peu importe les conséquences politiques. Autrement dit, s’il n’y a pas d’accusations, ce n’est pas lui qu’il faudra blâmer.
 
Les explications qu’il a données pour justifier la lenteur de l’enquête étaient très convaincantes. Tout le monde comprendra que des gens menacés d’être traduits devant les tribunaux vont utiliser tous les moyens légaux possibles pour faire traîner les choses. Bref, un remarquable plaidoyer.
 
Le déplaisir que lui ont causé les fuites dont les médias de Québecor ont bénéficié était tout aussi manifeste, comme sa détermination à mettre la main au collet du « bandit » qui en est à l’origine. À aucun moment il n’a cependant mis en doute l’authenticité des courriels et autres documents qui ont été publiés.
 
Contrairement à Pierre Moreau, M. Lafrenière s’est bien gardé d’adresser le moindre blâme aux médias. Il ne voudra jamais admettre que ces fuites ont pu avoir un effet positif, mais il peut maintenant avoir l’assurance que personne au gouvernement n’osera lui suggérer de modérer ses ardeurs.
 
On peut facilement comprendre la frustration des libéraux, qui assistent impuissants à l’étalage de leur turpitude, mais le procès d’intention que le président du Conseil du trésor a intenté à Pierre Karl Péladeau ne peut qu’être contre-productif. Soit, M. Péladeau aurait pu avoir la satisfaction plus discrète, mais tout le monde se souvient que, n’eussent été les enquêtes journalistiques, le gouvernement Charest n’aurait jamais accepté de créer la commission Charbonneau. M. Moreau a peut-être marqué des points au sein de son caucus, mais donner l’impression de vouloir intimider la presse était la dernière chose à faire.
 
La bonne nouvelle pour les libéraux est que les allégations du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, semblent se dégonfler. Le commissaire de l’UPAC et le directeur de la SQ, Martin Prudhomme, ont été aussi catégoriques que la DPCP l’avait été la semaine dernière : ils n’ont pas trouvé la moindre trace de ces écoutes électroniques dont deux élus libéraux soupçonnés d’avoir favorisé un promoteur immobilier lié à la mafia auraient fait l’objet.
 
D’éventuelles poursuites contre Jean Charest causeraient évidemment un tort considérable à l’image du PLQ, mais M. Couillard pourrait encore plaider que cela appartient au passé, si détestable qu’il ait pu être. Les choses se compliqueraient si un député qui siège actuellement à l’Assemblée nationale, voire au Conseil des ministres, était épinglé. Les manigances de Sam Hamad et de Marc-Yvan Côté pour favoriser Premier Tech remontaient aussi à l’ère Charest, mais M. Couillard a quand même jugé nécessaire de sacrifier M. Hamad sur l’autel de l’intégrité.
 
Le premier ministre disait récemment qu’il croyait avoir fait des adieux définitifs à la politique quand il a quitté le cabinet Charest en 2008. À l’époque, il n’était pas disposé à vivre le long purgatoire qui aurait normalement dû suivre la défaite de 2012, comme cela avait été le cas après celles de 1976 et de 1994. Il a repris du service quand il s’est rendu compte que la marque libérale avait été moins amochée qu’il l’avait craint au départ. Il y avait néanmoins un prix à payer pour ce raccourci vers le pouvoir, celui de devoir assumer le poids d’un passé trop récent. Un prix qui ressemble quand même à une aubaine.

mercredi, avril 26, 2017

L’UPAC cherche la source de la fuite sur Charest

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26 avril 2017 | Marie-Michèle Sioui - Correspondante parlementaire à Québec
L’ancien premier ministre Jean Charest affirme qu’on veut «porter atteinte à sa réputation».
L’ancien premier ministre Jean Charest affirme qu’on veut «porter atteinte à sa réputation».
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

Le gouvernement Couillard a insisté mardi sur l’importance de découvrir la source qui a permis la mise au jour de détails d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) sur l’ex-premier ministre Jean Charest, disant s’inquiéter davantage de l’intégrité du processus judiciaire que des soupçons pesant sur l’ancien chef du Parti libéral du Québec (PLQ).

En fin de journée, l’UPAC a fait part d’inquiétudes semblables à celles formulées par les troupes de Philippe Couillard : elle a commandé une enquête interne « afin d’identifier l’origine de la transmission de documents confidentiels qui a permis la diffusion publique de certains éléments d’une enquête criminelle active ».

L’annonce de l’organisation de la lutte contre la corruption est venue clore une journée agitée à l’Assemblée nationale. Le gouvernement Couillard a essuyé des attaques de tous les partis au lendemain de révélations de TVA voulant que Jean Charest et l’ancien collecteur de fonds libéral Marc Bibeau eussent été ciblés par des enquêtes de l’UPAC jusqu’à l’an dernier.

« Maintenant, à moins que mon collègue ne me signale un seul cas, un seul cas qui touche le gouvernement que je dirige depuis 2014 et le parti que je dirige depuis mars 2013, je ne vois pas l’utilité de pousser cette discussion plus loin. Les autorités en prendront acte », a finalement déclaré Philippe Couillard, pressé de questions au Salon bleu. Il avait auparavant esquivé une demande du Parti québécois, qui exigeait d’entendre MM. Charest et Bibeau, sous serment, dans une commission parlementaire.

« Aujourd’hui, il y a des milliers de travailleurs forestiers et leur famille qui se demandent de quoi leur avenir va avoir l’air. Aujourd’hui, nous, on est aux côtés des travailleurs forestiers », avait ainsi répondu le premier ministre.

Jean Charest réaffirme son innocence

Selon les informations de TVA, l’enquête qui aurait entraîné la surveillance de Jean Charest et de Marc Bibeau concernerait notamment le financement politique et l’octroi de contrats publics. Elle est encore en cours et n’a toujours pas été transmise au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) : elle n’a donc mené à aucune accusation jusqu’ici.

« Je prends acte de la déclaration du Directeur des poursuites criminelles et pénales à l’effet qu’“aucun dossier ne lui a été transmis”. Je ne ferai aucun autre commentaire, si ce n’est pour réaffirmer mon innocence face aux allégations qui circulent », a d’ailleurs affirmé l’ex-premier ministre et chef du PLQ, Jean Charest, par l’entremise de son avocat.

« Notre client est outré par le fait que de l’information apparemment obtenue en cours d’enquête, pourtant confidentielle, y compris des renseignements personnels, soit délibérément coulée dans les médias dans le seul but de porter atteinte à sa réputation, sur la foi de conjectures », a aussi fait savoir l’avocat de Marc Bibeau, Léon Moubayed.

En coulisses, on s’est inquiété que les fuites dans les médias ne fassent dérailler l’enquête de l’UPAC en plaçant MM. Charest et Bibeau sur leurs gardes. Officiellement, les rares élus libéraux qui ont commenté la nouvelle, comme le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux, se sont inquiétés de la préservation de « l’intégrité du système d’enquête et du système de justice »« Mon inquiétude, ce n’est pas pour un parti politique. Mon inquiétude, c’est pour l’ensemble de ce système. S’il y a des gens qui ont commis des gestes graves, on veut qu’ils en répondent à la justice. [Pour cela], il faut que les enquêtes soient menées dans toute l’intégrité possible », a-t-il déclaré.

Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, s’est inquiété de l’origine de la fuite dans les médias, précisant qu’il ne critiquait pas le travail de ces derniers. « Je ne vois rien dans les faits rapportés ce matin [mardi] qui constitue un geste répréhensible au plan pénal ou criminel, sauf le geste qui aurait été posé par une personne qui a prêté le serment de sauvegarder la confidentialité des informations dans le cadre d’une enquête et qui viole ce serment-là. Ça, ce serait un acte criminel », a-t-il avancé.

L’élu libéral s’est défendu de tenter de faire dévier le débat ou de proposer une chasse aux sources. « Le problème, a-t-il dit, c’est : d’où vient le document ? Qui l’a rendu public et est-ce que, ce faisant, il n’a pas commis un geste criminel ? »

Chercher les « patrons »

L’opposition n’a pas pointé le même « problème ». Selon le chef du PQ, Jean-François Lisée, l’enquête dévoilée dans les médias démontre la nécessité de faire témoigner MM. Charest et Bibeau publiquement. « C’est clair que ce n’est pas Nathalie Normandeau qui a organisé ce système-là, a-t-il déclaré au sujet de l’ex-vice-première ministre du gouvernement Charest, actuellement accusée de complot, de corruption, de fraude et d’abus de confiance. Si la vice-première ministre est accusée d’avoir participé à un système de corruption criminelle pour dévoyer des fonds publics, elle n’a pas inventé ce système-là, elle ne l’a pas dirigé seule, et le fait que l’UPAC essaie d’avoir des preuves sur M. Bibeau et M. Charest montre bien qu’elle cherche [à savoir] qui étaient les patrons de Mme Normandeau. »

La Coalition avenir Québec a plutôt tenté de contraindre le gouvernement à identifier les trois ministres ou députés dont les noms ont été voilés sur un diagramme policier qui illustrerait le financement politique illégal qui aurait eu cours au PLQ. « Ce tableau de l’UPAC nous apprend qu’il y a un lien entre Marc Bibeau et la nomination d’au moins trois ministres, a souligné la députée Nathalie Roy. Vous nous avez promis de la transparence ? Qui sont ces trois ministres ? » a-t-elle demandé à Martin Coiteux.

« On est au Québec, on est dans une société démocratique, on est dans une société de droit, nous ne sommes pas dans une république de bananes. Alors, on n’est pas dans une société où le gouvernement se met les deux pieds dans les enquêtes », a répliqué le ministre libéral.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a d’abord reconnu qu’à son avis, les méthodes de financement du PLQ ont changé. Il a cependant dénoncé la lenteur du processus judiciaire. « Quand la justice n’est pas rendue en temps utile, quand ce genre d’enquêtes là fait en sorte que la justice est défaillante, ça fait en sorte qu’on a encore un gouvernement libéral qui n’a pas rendu des comptes sur la corruption des moeurs politiques dont le suspect no 1 est M. Charest », a-t-il déclaré.

Jean-François Lisée en a rajouté. « Depuis un certain temps se pose la question de l’immunité libérale dans notre système de justice. L’immunité libérale, est-ce que ça existe ? […] Est-ce qu’il y a un système qui fait en sorte que la plus grande enquête de corruption de l’histoire politique du Québec n’arrive jamais à aboutir à la tête du réseau ? » a-t-il demandé.

Philippe Couillard a qualifié l’exercice du chef péquiste de « triste »« Je rappelle d’ailleurs qu’il n’y a pas de jugements de tribunaux qui ont été prononcés encore. […] les institutions judiciaires de notre État jouent leur rôle de façon indépendante et il n’appartient ni à l’opposition officielle, ni à la deuxième opposition, ni à nous de nous immiscer dans leur travail », a-t-il insisté. Il a ensuite ajouté que, ce que les Québécois « veulent », c’est un « Québec plus prospère, un Québec où l’emploi se crée ».

samedi, avril 01, 2017

Couillard nie avoir reçu l’aide de Marc-Yvan Côté

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L’ex-collecteur de fonds, banni du PLQ, aurait été impliqué dans la course à la direction en 2013

31 mars 2017 | Marco Bélair-Cirino - Correspondant parlementaire à Québec
Marc-Yvan Côté, ancien ministre québécois des Transports, lors de la commission Charbonneau
Photo: Commission Charbonneau / La Presse canadienne

Marc-Yvan Côté, ancien ministre québécois des Transports, lors de la commission Charbonneau
Philippe Couillard est catégorique : l’ex-collecteur de fonds libéral Marc-Yvan Côté n’a joué aucun rôle — même occulte — dans l’organisation de sa campagne à la chefferie du Parti libéral du Québec en 2013.
 
Le premier ministre dit avoir « demandé personnellement » au « beu de Matane », qui est banni à vie du Parti libéral du Canada, de ne pas se mêler de sa campagne à la succession de Jean Charest.
 
« Avant même que je ne l’annonce publiquement […], je l’ai rencontré. Je lui ai dit : “M. Côté, je ne veux pas que vous participiez à ma campagne” », a-t-il relaté lors d’un point de presse jeudi matin. M. Couillard affirme avoir « également transmis cette instruction à l’équipe de direction de [sa] campagne, qui l’[a] répandue dans toute l’organisation ».
 
Pourtant, Le Journal de Montréal titrait jeudi matin que « Marc-Yvan Côté [était] bel et bien impliqué dans la campagne de Philippe Couillard ».
 
Pour preuve, Le Journal cite des courriels entre des militants libéraux de longue date et M. Côté. Dans l’un d’entre eux, Lise Grondin prend soin de remercier l’ex-ministre de l’équipe Bourrassa dans les heures suivant la victoire décisive de M. Couillard aux dépens de Pierre Moreau et Raymond Bachand.
 
« Quelle belle journée. Même si tu étais dans l’ombre, félicitations d’être toujours là, et encore là… Reste avec nous, on va en avoir besoin », a écrit l’ex-directrice de cabinet du président de l’Assemblée nationale Michel Bissonnet le 17 mars 2013.
 
L’ex-responsable de l’organisation de la course à la direction de 2013 de M. Couillard pour l’Est-du-Québec, Josée Lévesque, a pour sa part bavardé avec M. Côté dans les jours suivants. Mme Lévesque assume actuellement les responsabilités de directrice de cabinet du whip en chef du gouvernement, Stéphane Billette.
 
La tenue de leurs échanges n’avait « rien à voir avec la politique », a indiqué le chef du gouvernement sans donner plus de détails. Mais M. Couillard a insisté : « M. Côté n’avait aucun rôle dans l’organisation de [sa] course à la direction, aucun mandat, aucune autorisation, point final. »
 
Les partis d’opposition exigent la tenue d’une commission parlementaire durant laquelle M. Côté, Mme Grondin et Mme Lévesque pourraient répondre à leurs questions. M. Couillard a balayé cette idée, soulignant qu’« une commission parlementaire, c’est le sommet d’un forum partisan ».
 
Réaction de Lisée
 
Le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, lui a reproché de cacher les ressorts de sa victoire de 2013.
 
« Il ne veut pas nous dire de quoi Mme Lévesque a parlé à Marc-Yvan Côté le lendemain d’une élection où elle [lui] avait livré tout l’Est-du-Québec, le terreau de Marc-Yvan Côté, clé en main », a-t-il lancé en chambre avant de se tourner vers le ministre Pierre Moreau.

« Qu’en pense le président du Conseil du trésor, qui est arrivé bon deuxième dans cette course ? Est-ce qu’il veut, lui, savoir la vérité ? »
 
Le chef caquiste, François Legault, a pour sa part décrit le PLQ comme un « parti de copinage où les amis passent avant l’intérêt public »« On comprend aujourd’hui que Philippe Couillard n’a jamais voulu faire le ménage », a-t-il dit.
 
Le candidat malheureux à la direction du PLQ Pierre Moreau dit n’avoir « aucune raison » de jeter le doute sur la légitimité de M. Couillard comme chef libéral. Il estime que son adversaire a fait le nécessaire en dictant à l’ex-ministre Marc-Yvan Côté — actuellement sous le coup d’accusations de fraude et d’abus de confiance — de demeurer en retrait de sa campagne. « Quel geste voulez-vous qu’il ait pu poser de plus ? Il ne pouvait quand même pas le couler dans le béton, Marc-Yvan Côté. »

Avec Dave Noël

MARC-YVAN CÔTÉ AU PLQ Un fantôme tenace

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Brian Myles
1 avril 2017 |Brian Myles | Québec | Éditoriaux
La tenue d’une commission parlementaire est de mise pour clarifier le rôle joué par Marc-Yvan Côté dans la campagne à la chefferie du PLQ de Philippe Couillard.

L'homme a commencé sa carrière d’organisateur politique au temps des enveloppes brunes, et il l’a poursuivie jusqu’à l’ère du numérique et des courriels encombrants.
 
La feuille de route de Marc-Yvan Côté est entachée par les scandales, petits et grands. En 2005, il avait avoué son implication dans le financement illégal du PLC lors de la commission Gomery. Banni à vie du PLC, cet organisateur « radioactif » n’aurait jamais dû obtenir une deuxième chance comme organisateur politique.
 
C’était sans compter sur la générosité de sa première famille d’adoption, le PLQ, grâce à laquelle il a pu poursuivre une prolifique carrière à l’intersection du développement des affaires et de l’organisation politique.
 
De 2000 à 2012, il aurait agi comme l’un des principaux responsables du financement illégal au PLQ, avec les résultats que l’on sait. L’UPAC a mis fin à sa prodigieuse carrière, l’an dernier, avec son arrestation pour complot, fraude envers le gouvernement, corruption de fonctionnaires et abus de confiance. Il est toujours en attente de son procès.
 
Marc-Yvan Côté est un vieux fantôme qui hante la maison libérale depuis plus de 20 ans. Cette fois, une enquête du Journal de Montréal, courriels à l’appui, laisse entendre qu’il a joué un rôle dans l’organisation de la campagne à la chefferie du PLQ de Philippe Couillard, en 2012 et 2013.
 
Le premier ministre se décharge de toute responsabilité. De un, il avait demandé « personnellement » à Marc-Yvan Côté de se tenir à l’écart de sa campagne. De deux, il avait transmis la directive à l’équipe de direction de sa campagne. De toute évidence, quelqu’un, quelque part dans son organisation, n’a pas pris l’avertissement au sérieux.
 
M. Côté a aidé les organisateurs à repérer des délégués favorables à la candidature de M. Couillard. Au lendemain de sa victoire, une militante libérale, Lise Grondin, a envoyé un courriel au vieux routier. « Même si tu étais dans l’ombre, félicitations d’être toujours là, et encore là », lui écrit-elle.
 
Il est possible que Philippe Couillard n’ait rien su de l’implication de Marc-Yvan Côté dans sa campagne. Possible que celui-ci ait joué un rôle indirect et lointain. Possible, mais hautement improbable compte tenu des antécédents de ce collecteur et de l’ascendant qu’il exerçait sur les troupes libérales dans l’est du Québec. L’hypothèse la plus plausible, c’est que les organisateurs de Philippe Couillard, en dignes héritiers spirituels de Marc-Yvan Côté, n’ont pas pu se passer de ses précieux conseils.
 
Voilà une situation délicate pour les libéraux. Au pire, Marc-Yvan Côté était mêlé directement à la campagne de Philippe Couillard, ce qui contredirait des déclarations antérieures de la formation. En effet, le PLQ soutient que Marc-Yvan Côté a cessé de s’impliquer dans le parti en 2011. Au mieux, M. Côté jouait encore et toujours un rôle officieux d’artisan de l’ombre, ce qui en dirait long sur l’absence de jugement éthique des organisateurs « officiels » de M. Couillard.
 
Le premier ministre ne voit pas l’utilité d’une commission parlementaire pour clarifier cette situation encombrante. Si sa conscience est nette, comme il l’affirme, il n’aurait rien à craindre d’un exercice au cours duquel les élus de l’opposition se ridiculiseraient avec un tissu d’insinuations et de fausses rumeurs.
 
Cette commission permettrait d’entendre la version des principaux intéressés : Marc-Yvan Côté et les organisateurs de la campagne de M. Couillard, dont la crédibilité est mise en cause dans cette affaire.

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samedi, mars 18, 2017

SONDAGE Québec solidaire gruge des appuis au Parti québécois

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18 mars 2017 |Stéphane Baillargeon | Québec
Gabriel Nadeau-Dubois
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Gabriel Nadeau-Dubois

À gauche, il était attendu un peu comme le messie, et le miracle semble se produire.

L’entrée en scène politique pour Québec solidaire de l’ex-leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois se mesure concrètement par une hausse spectaculaire des intentions de vote pour cette formation.

QS passe à 14 % des voix possibles dans tout le Québec, selon un sondage réalisé pour Le Devoir par la firme Léger. Il s’agit d’un bond de cinq points depuis janvier. Aux élections de 2012, QS a fait le plein de 8 % des suffrages exprimés.

La progression se fait au détriment du PQ, qui recule de 4 parts, de 29 % à 25 %. Les libéraux trônent encore en tête à 34 % (+2) des intentions de vote. La CAQ est à 23 % (+1).

Le buzz solidaire s’arrime à plusieurs semaines de visibilité accrue et positive pour QS. Par exemple avec la couverture du retrait de la vie politique de Françoise David, députée de Gouin, que M. Nadeau-Dubois veut maintenant remplacer à l’Assemblée nationale. La cofondatrice de QS est une figure politique très respectée du Québec, y compris par ses adversaires.

La lutte menée par l’autre députée de QS Manon Massé pour éviter l’élimination de la carte électorale de sa circonscription montréalaise de Sainte-Marie–Saint-Jacques a aussi été très relayée médiatiquement. La question du sondage sur les intentions de vote parlait d’ailleurs de « Québec solidaire de Manon Massé », puisqu’elle en est la porte-parole par intérim.
  
Les réponses favorables au parti de gauche ont donc augmenté de 55 % en quelques semaines. La formation bondit aussi pour la première fois au-dessus du seuil des 10 % dans toutes les régions du Québec. Six points seulement séparent maintenant le PQ (22 %) et QS (16 %) dans la région de Montréal.

« Les libéraux attirent entre 31 et 35 % des intentions de vote dans les sondages depuis presque deux ans, fait observer Christian Bourque, vice-président directeur de Léger. Dans les faits, leur avance est plus significative, puisque le PQ, la deuxième formation, recule de quatre points. On peut aussi penser que les votes gagnés par QS viennent du PQ. Il semble y avoir un vase communicant entre les deux formations. »

Tous des traîtres

Gabriel Nadeau-Dubois, souvent surnommé GND, a annoncé le jeudi 9 mars qu’il briguera l’investiture pour QS dans la circonscription de Gouin, laissée libre par la retraite de Françoise David. En seulement cinq jours de politique active, la jeune recrue de 26 ans a aussi permis à QS de recruter plus de 4000 nouveaux membres, ce qui correspond à une augmentation de 40 % de ses effectifs.

Le sondage révèle par contre que la figure réputée la plus radicale du Printemps érable de 2012 divise toujours la population. Le quart (23 %) des Québécois a de lui une opinion « plutôt favorable », mais une personne sur trois (33 %) dit le contraire. Un peu plus (37 %) disent ne pas assez le connaître pour se prononcer.

À la conférence de presse annonçant sa candidature, M. Nadeau-Dubois avait accusé la classe politique qui gouverne depuis trente ans d’avoir « trahi le Québec ». La formule a scandalisé d’anciens politiciens, dont l’ex-premier ministre Bernard Landry. Elle a tout de même fait mouche auprès d’une majorité de Québécois, selon le sondage.

Au total, 50 % des répondants se disent d’accord avec l’énoncé suivant : « Il faut sortir la classe politique qui nous gouverne depuis 30 ans, car elle a trahi le Québec. » Les trois quarts (74 %) des partisans de QS l’appuient, trois caquistes sur cinq (60 %), mais aussi 56 % des péquistes. Par contre, seul le quart (26 %) des libéraux se disent tout à fait (6 %) ou plutôt d’accord (20 %) avec la formule lapidaire.

Voici d’autres révélations du coup de sonde national :

Insatisfaction. Le pourcentage des électeurs insatisfaits du gouvernement Couillard grimpe encore, passant de 62 à 65 % en trois mois. Au total, 71 % des francophones se déclarent « très » ou « plutôt insatisfaits », et seulement 3 % d’entre eux se disent « très satisfaits ».

Changement. En plus, deux électeurs sur trois (63 %) souhaitent un changement de gouvernement aux prochaines élections et une personne sur cinq (20 %) pense le contraire. Plus d’un jeune sur quatre (28 %) ne sait pas quoi répondre devant cette alternative. Le PLQ au pouvoir n’est perçu comme la formation incarnant le changement que par 2 % de la population. Les trois autres partis (PQ, CAQ et QS) sont à égalité de ce point de vue avec environ le quart des voix favorables. « Une volonté de changement se manifeste, mais aucune formation n’incarne clairement ce changement », résume le vice-président Christian Bourque. « Il y a une division des voix, encore plus grande maintenant avec la montée de QS. »

Leaders. Qui ferait le meilleur premier ministre du Québec ? Les chefs des trois partis restent à peu près à égalité (selon la marge d’erreur) dans la perception populaire avec des scores de 18 % (Couillard), 17 % (Lisée) et 14 % (Legault). Manon Massé reçoit 7 % des appuis.

Indépendance. Le Non l’emporterait à 64 % à un référendum sur la souveraineté. Les francophones sont contre la sécession à 56 %. Les 45-54 ans (69 %) et les 18-24 ans (66 %) constituent les groupes d’âge les plus opposés à l’option.

Alliance. Les trois quarts (73 %) des péquistes et moins de la moitié (43 %) des solidaires souhaitent que les deux partis forment une alliance électorale. C’est un peu déjà le cas dans la circonscription de Gouin, où le PQ n’opposera aucun candidat à Gabriel Nadeau-Dubois, ce qui pourrait lui faciliter le chemin vers l’Assemblée nationale à l’élection partielle, pour laquelle aucune date n’est encore fixée.