Les premiers ministres Philippe Couillard et Édouard Philippe ont profité de la Journée internationale des droits des femmes pour annoncer la création d’un autre indice de l’égalité hommes-femmes.
PARIS | Les premiers ministres Philippe Couillard et Édouard Philippe ont profité de la Journée internationale des droits des femmes pour annoncer la création d’un autre indice sur l’égalité homme femme.
« Nous allons travailler avec le Québec à la création d’un indice de l’égalité afin de permettre de créer un outil de mesure, d’aide à la décision et de comparaison à la fois national et international en matière d’égalité entre les femmes et les hommes », a lancé le premier ministre français Édouard Philippe jeudi lors d’un point de presse dans le cadre des Rencontres alternées entre le Québec et la France.
Pas nouveau
Pourtant, d’autres indices existent déjà. L’indice Institutions sociales et égalité homme femme (ISE) de l’OCDE mesure, à l’échelle internationale, les discriminations à l’encontre des femmes dans les institutions sociales. Le Forum économique mondial a lui aussi créé un indice basé sur 14 indicateurs pour comparer la situation des femmes, comme le niveau d’instruction, la participation à la vie politique et l’écart de salaire, par exemple.
Pour justifier l’annonce, Philippe Couillard a pourtant qualifié les indices existants « d’ébauches » qui ne soulèvent pas de « sentiment d’adhésion ». Il croit qu’un indice appuyé par la France et le Québec pourrait s’imposer sur la scène internationale.
Une mission pauvre en femmes
Par ailleurs, la délégation économique du Québec en France ne comporte que très peu de femmes. Du côté de l’aéronautique, seules deux femmes étaient présentes contre 26 hommes. Pour les technologies de l’information, il n’y avait que trois femmes pour 18 hommes.
« Ça dépend des industries qui sont représentées. Ce que ça nous dit, c’est que dans l’industrie aéronautique, il y a encore une sous-représentation relative des femmes. C’est pour ça qu’on veut améliorer l’accès des jeunes filles à l’enseignement des sciences et technologies », a déclaré M. Couillard.
À moins d’un an de la légalisation du cannabis, le gouvernement Couillard n’a pas encore déterminé les paramètres de la vente et de la possession ni l’âge de la consommation, mais est prêt à lancer sa campagne de prévention.
Dès cette semaine, vous verrez sur vos écrans une publicité gouvernementale d’environ une minute, obtenue en primeur par TVA Nouvelles, dont l’objectif est de faire connaître les dérivés de cette drogue, ses composantes, de même que ses effets physiques et psychologiques.
Quatre capsules ont été préparées en quelques semaines avec un budget modeste d’environ 30 000$, afin de pouvoir démarrer sans attendre la campagne de sensibilisation.
La ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, a décidé de lancer immédiatement l’offensive publicitaire, même si elle n’a toujours pas déposé sa loi-cadre et que son budget pour la prévention est encore indéterminé. Le délai avant la légalisation est déjà trop court.
«Je pense qu’on doit commencer maintenant et on va devoir intensifier plus tard pendant l’hiver. On commence à sensibiliser la population sur ce qu’est le cannabis, c’est composé de quoi et quel chemin est prévu pour la légalisation», a expliqué la ministre.
«La consommation de cannabis affecte le traitement de l’information et comporte des risques pour la santé physique et mentale», peut-on entendre dans la publicité.
La capsule vidéo se veut pédagogique. Bien qu’elle semble destinée à des jeunes, elle vise un large public.
Le gouvernement tient pour acquis que les gens ne sont pas tous bien informés sur les effets de cette drogue pourtant bien connue. La ministre Charlebois et son collègue de la Santé, Gaétan Barrette, se défendent d’infantiliser la population.
«Les gens n’en sont pas tous conscients. Je ne suis pas certaine que c’est si connu que ça. On a eu du succès avec la réduction du tabagisme parce qu’on a donné de l’information. C’est de la drogue. Comment ça peut affecter l’être humain? On ne veut pas dramatiser. On veut juste informer les gens et c’est un début», a affirmé Mme Charlebois.
«Est-il infantilisant de faire des campagnes contre le tabagisme? Est-il infantilisant de faire des campagnes de l’alcool au volant? Ce sont des choses qui sont très bien comprises de la population, mais on doit le faire quand même pour entretenir cet état d’esprit de meilleures habitudes de vie», a renchéri Gaétan Barrette.
Lucie Charlebois affirme qu’elle fait déjà des représentations auprès de son collègue aux Finances pour qu’il autorise un montant d’au moins un million de dollars afin de préparer une campagne de prévention plus vaste. Elle s’attend à des coûts importants pour ce volet.
«Il va falloir aussi former nos travailleurs, les gens qui vendent du cannabis, les médecins, les policiers, les infirmières, etc. Je tiens à ce que les gens sachent que ce n’est pas un produit banal, bien qu’il sera légalisé», a-t-elle dit.
MONTRÉAL | Pierre Karl Péladeau a tenu à remettre les pendules à l’heure après les commentaires de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, au sujet de la contribution de Vidéotron au financement de la culture.
Dans une lettre publiée samedi dans le quotidien «Le Devoir» et adressée au premier ministre Justin Trudeau, le président et chef de la direction de Québecor affirme que «dans les faits, Vidéotron a contribué plus de 1,5 milliard $ au cours des cinq dernières années au contenu culturel canadien de toutes sortes».
M. Péladeau qui, à l’instar de l’industrie culturelle québécoise, a décrié l’entente avec d’Ottawa avec Netflix, dénonce la ministre Joly. À ses yeux, Mme Joly véhicule des «inexactitudes» au sujet de Vidéotron «tout en faisant l’éloge de géants étrangers qui contribuent peu ou pas à notre économie».
L’homme d’affaires et ancien chef du Parti québécois indique que la contribution de Vidéotron comprend des redevances aux chaînes spécialisées canadiennes axées sur la culture, l’injection d’argent dans la télévision communautaire et un versement de 117 millions $ au Fonds des médias du Canada au cours des cinq dernières années.
La contribution inclut également, souligne-t-il, les millions investis par Club illico dans la production d’émissions comme «Blue Moon», «Victor Lessard» ou «L’Académie», qui font faisant travailler des centaines de créateurs et d’artisans.
«On doit aussi ajouter les quelque 2,9 milliards $ en taxes et impôts générés par l’activité économique de Vidéotron et versés aux trésors fédéral et québécois depuis cinq ans, lesquels ont servi à financer des programmes de toutes sortes, incluant les programmes de soutien à la culture», écrit M. Péladeau.
Il souligne que ces investissements de Vidéotron ont été réalisés alors que le câblodistributeur, et toute l’industrie canadienne, «doit composer avec de nouveaux concurrents tels que Netflix qui, avec l’aval de votre gouvernement, ne sont pas tenus de prélever la taxe de vente».
Bande passante
«Qui plus est, ces mêmes entreprises accaparent, sans aucune contribution financière de leur part, une partie importante de la bande passante du réseau filaire de Vidéotron, bande passante sans laquelle ils n’auraient pas de modèle d’affaires», ajoute Pierre Karl Péladeau.
Selon lui, «l’explosion généralisée de la consommation de données» fait en sorte que l’industrie doit injecter des milliards de dollars dans ses infrastructures pour répondre à la demande.
«Depuis cinq ans, c’est ainsi 1,1 milliard $ que Vidéotron a investi pour accroître la capacité et la vitesse de son réseau filaire que les citoyens, les créateurs et les entreprises d’ici utilisent chaque jour. Bref, nous nous expliquons mal que votre ministre du Patrimoine canadien ait choisi de cibler une entreprise comme Vidéotron, qui contribue de façon exceptionnelle à la création et à la diffusion de notre culture et qui, par l’entremise de ses réseaux de premier ordre, permet à la vie numérique de se réaliser à son plein potentiel», poursuit M. Péladeau dans sa lettre à Justin Trudeau.
Pierre Karl Péladeau rejette l’argumentaire de la ministre Joly et du premier ministre Trudeau, qui prétendent ne pas vouloir augmenter le fardeau fiscal des Canadiens.
«Le fait d’exiger une contribution additionnelle de la part des entreprises intégrées de télécommunications canadiennes aurait précisément le même effet», selon M. Péladeau.
Publié le 07 mars 2017 à 17h13| Mis à jour à 17h13
Dans un point de presse, M. Jolin-Barrette a déclaré que le nouveau processus doit assurer une sélection des juges en fonction de la compétence et non de l'affiliation politique. PHOTO GETTY IMAGES
La Presse Canadienne
La Coalition avenir Québec (CAQ) réclame la mise en place d'un nouveau processus de nomination pour garantir la neutralité des juges administratifs québécois.
Le député caquiste Simon Jolin-Barrette a annoncé mardi que la CAQ déposera un projet de loi-cadre pour améliorer la procédure de nomination et de renouvellement des décideurs qui président les tribunaux administratifs.
«Je pense que le système, il a quelque chose de brisé qu'il faut réparer, a-t-il dit. Il faut s'assurer que les gens qui vont être désignés là soient à l'abri de toute ingérence politique, de tout contact politique pour être renouvelé. (...) Il faut que le gouvernement arrête de donner des jobs à ses chums.»
Dans un point de presse, M. Jolin-Barrette a déclaré que le nouveau processus doit assurer une sélection en fonction de la compétence et non de l'affiliation politique.
«Si nous ne garantissons pas un processus de sélection, de nomination et de renouvellement formel, il peut y avoir un problème quant à l'indépendance de la décision qui est rendue», a-t-il dit.
Selon le député, neuf des 15 tribunaux administratifs sont exposés à des interventions politiques en raison de l'absence de règles de sélection, de nomination et de renouvellement.
M. Jolin-Barrette a accusé les libéraux d'ignorer les recommandations d'un rapport déposé il y a trois ans qui mettait déjà en lumière des lacunes dans les procédures en place.
Le gouvernement a intérêt à ne rien changer, car cela permet des nominations partisanes, a soutenu le député caquiste.
«C'est encore de l'immobilisme le plus complet, et ça permet encore de nommer des amis du parti, a-t-il dit. Pourtant, c'est nécessaire de mettre en place un processus de nomination, de renouvellement et de sélection en toute indépendance des influences politiques.»
En février 2014, un rapport constatait que les juges administratifs pouvaient se retrouver dans une position inconfortable, surtout en fin de mandat, quand ils attendent de savoir si leur mandat sera renouvelé et qu'ils ont une décision défavorable au gouvernement à rendre.
Le document de recherche, dirigé par Pierre Noreau, professeur au centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal, recommandait l'adoption d'une loi-cadre qui devait assurer l'indépendance des 300 membres des tribunaux administratifs dans pareille situation.
La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, n'a pas souhaité réagir aux déclarations de M. Jolin-Barrette, a indiqué son cabinet.
Son attachée de presse, Isabelle Marier-St-Onge, a cependant précisé dans une déclaration écrite que «les nominations des juges administratifs suivent déjà un processus indépendant et rigoureux, selon une procédure de recrutement et de sélection établie par règlement» à la Régie du logement, au Tribunal administratif du travail, au Tribunal administratif du Québec (TAQ), à la Commission québécoise des libérations conditionnelles et au Bureau des présidents des conseils de discipline.
«Le ministère de la Justice analyse actuellement le fonctionnement de la justice administrative québécoise en collaboration avec les autres ministères afin d'en améliorer son accessibilité et son efficacité», a-t-elle dit.
Mardi, le député caquiste a soutenu qu'il avait déjà pressé la ministre d'agir dans ce dossier, l'année dernière.
«Elle nous avait dit: bon, on travaille là-dessus, on regarde ça, a-t-il dit. Un an plus tard, ça va faire un an au mois d'avril, il n'y a rien qui s'est passé.»
Publié le 16 février 2017 à 11h20| Mis à jour le 16 février 2017 à 17h28
PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
PATRICE BERGERON La Presse Canadienne Québec
Le gouvernement Couillard fait marche arrière devant le tollé suscité par des changements fiscaux qui allaient pénaliser des personnes âgées. Ce faisant il devra faire une croix sur 38 millions de revenus potentiels au Trésor.
Après avoir tenu le cap depuis quelques jours malgré des accusations d'insensibilité provenant de l'opposition, le gouvernement mettra en place des mesures afin d'atténuer l'impact du report d'un crédit d'impôt de 500 $ qui était offert aux aînés de 65 ans et plus. Cependant, il ne peut garantir que les sommes seront pleinement rendues à tous les aînés.
Québec avait décidé de rehausser graduellement de 65 à 70 ans le seuil d'admissibilité de ce crédit d'impôt pour l'âge, dans le but d'inciter les aînés à travailler plus longtemps.
Jeudi, à l'Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard a montré les premiers signes de fléchissement, après plusieurs jours d'attaques des partis d'opposition avec des mots très durs. Autant le Parti québécois que la Coalition avenir Québec l'accusaient d'être «déconnecté de la réalité» et «insensible» au sort des plus vulnérables.
«Il y a lieu de faire l'évaluation non pas de la mesure de rétention au travail, qui est une mesure d'incitation qu'il faut absolument garder, mais de l'autre mesure (l'abolition du crédit d'impôt) qui venait de la commission (sur la fiscalité de Luc) Godbout, a déclaré le chef libéral. Il y a certainement lieu de l'étudier avec attention.»
À la sortie du Salon bleu après la période de questions, le ministre des Finances, Carlos Leitão, a été plus clair. Il a reconnu qu'il y avait «certaines brèches» à colmater.
«C'est possible que certaines personnes plus vulnérables, à plus bas revenus, qui ont 65, 66, 67 ans, soient affectées négativement, a-t-il déclaré. Au prochain budget, nous allons mettre en place des mesures additionnelles, pour compenser ces personnes, de telle façon qu'il n'y aurait pas de pertes.»
Les personnes de 66 ans sont privées du crédit d'impôt cette année - elles seraient 18 000 - et l'an prochain ce serait au tour des gens de 67 ans, et ainsi de suite, mais une formule qui reste à déterminer, d'une valeur équivalente à 500 $, sera donc élaborée dans le budget de mars, avec possiblement aussi une rétroactivité.
Le ministre n'a pu garantir toutefois qu'il n'y aurait aucune perte pour certains contribuables âgés, car seuls les plus vulnérables seront bénéficiaires des ajustements.
À terme, le gouvernement espérait ponctionner 267 millions supplémentaires chez les personnes âgées une fois le crédit d'impôt repoussé à 70 ans. Cette année, la somme récupérée par le Trésor devait avoisiner les 38 millions.
Les libéraux plaidaient en revanche qu'ils bonifiaient le programme pour travailleurs d'expérience, à 373 millions, en abaissant le seuil d'admissibilité de 65 à 62 ans.
De son côté, l'opposition officielle estime qu'il ne s'agit pas vraiment d'un recul du gouvernement. Le porte-parole péquiste en matière d'emploi, de solidarité sociale et de lutte à la pauvreté, Harold LeBel, demande le plein rétablissement du crédit d'impôt pour l'âge.
«Le ministre essaie de faire passer ça pour un recul, dit qu'il va essayer d'amener des mesures de compensation, sans nommer ces mesures de compensation, a dit M. LeBel en conférence de presse. Personne n'est dupe. Il n'y a pas de recul là-dedans. On continue notre bataille. On veut qu'il recule pour de vrai et qu'il comprenne le bon sens.»
Publié le 10 février 2017 à 05h00| Mis à jour à 05h00
TOMMY CHOUINARD La Presse
(Québec) Cinq ans après le printemps érable, Québec va finalement réinvestir dans les universités, qui n'ont jamais vu l'ombre des millions promis à l'époque.
« Le thème principal du budget, ça va être l'enseignement supérieur, la formation et la main-d'oeuvre », a révélé le ministre des Finances, Carlos Leitão, lors d'un entretien avec La Presse plus tôt cette semaine.
Par « enseignement supérieur », il entend autant les universités que les cégeps. Il y a longtemps qu'un gouvernement a placé ce secteur au coeur d'un budget.
La priorité accordée à la formation et à la main-d'oeuvre est moins surprenante : le budget sera sûrement l'occasion de concrétiser les engagements que prendra le premier ministre Philippe Couillard lors de son Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre, les 16 et 17 février.
Carlos Leitão s'exprime avec la prudence de rigueur avant le dépôt d'un budget, attendu en mars. Mais son signal est clair. Il parle bien d'un « réinvestissement » dans les universités. « De quel ordre ? Il faut attendre », a-t-il affirmé. « On va faire ce qu'on peut avec les moyens que l'on a. » Les nouvelles sont plutôt bonnes de ce côté : le gouvernement affichait un surplus de 1,2 milliard au 31 octobre dernier.
Lors de la mise à jour financière de l'automne, le gouvernement avait annoncé des investissements supplémentaires de 110 millions pour l'éducation (primaire et secondaire) et pour l'enseignement supérieur au cours de la prochaine année financière, donc 2017-2018. Cette somme sera revue à la hausse avec le dépôt du budget, a confirmé M. Leitão, refusant de donner plus de détails pour le moment.
« Le thème principal du budget, ça va être l'enseignement supérieur, la formation et la main-d'oeuvre », a révélé le ministre des Finances, Carlos Leitão, lors d'un entretien avec La Presse.PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Rencontre avec les recteurs
Il a rencontré les recteurs le 20 décembre dernier afin de discuter « très franchement » d'un réinvestissement et de lui permettre d'alimenter sa « réflexion ». C'est la première fois depuis une décennie qu'un ministre rencontre les dirigeants universitaires dans le cadre de la préparation du budget, selon plusieurs sources. Hélène David, ministre de l'Enseignement supérieur, était présente.
Aucun recteur contacté par La Presse n'a voulu commenter cette rencontre ni la promesse de réinvestissement. Le directeur de HEC Montréal, Michel Patry, s'est contenté d'envoyer un bref courriel. «La rencontre avait pour objectifs de sensibiliser le ministre des Finances aux défis et enjeux du milieu universitaire et de partager notre vision d'avenir du réseau», a écrit M. Patry, qui est également président du Bureau de coopération interuniversitaire, l'organisme qui regroupe les recteurs.
« Le ministre Leitão a été attentif et à l'écoute des points portés à son attention», souligne M. Patry.
Les dirigeants universitaires savent d'expérience qu'une certaine retenue est de mise. Car les gouvernements précédents, libéral comme péquiste, leur ont fait miroiter un réinvestissement massif qui ne s'est jamais concrétisé.
Si le financement des universités faisait partie des enjeux de la crise étudiante de 2012, il est retombé dans l'oubli une fois réglé le dossier des droits de scolarité. La lutte contre le déficit zéro a tenu le haut du pavé par la suite.
Résultat : la subvention aux universités s'élève à 2,83 milliards cette année, comparativement à 2,70 milliards il y a cinq ans. Cela représente une hausse moyenne d'un peu moins de 1 % par année. Elle n'a pas permis de couvrir la croissance des coûts liés aux salaires ou encore à l'augmentation du nombre d'étudiants. Des compressions ont été imposées.
Les cégeps ont eu droit au même traitement. Leur subvention est passée de 1,7 à 1,8 milliard au cours des cinq dernières années.
Sous-financement
Les universités se plaignent depuis longtemps d'un sous-financement par rapport aux autres institutions similaires du reste du Canada. Elles le chiffraient à 850 millions en 2013. Le fossé s'est creusé depuis. Les recteurs l'évaluent maintenant à 1 milliard, ou 4000 $ par étudiant à temps plein.
L'économiste Pierre Fortin avait toutefois remis en question leur méthode de calcul avec une étude dévoilée en 2013. En tenant compte du coût de la vie plus faible au Québec, le sous-financement serait plutôt de 300 millions, disait-il à l'époque. Un chiffre qui a dû, lui aussi, augmenter avec le temps
(Québec) Le gouvernement Couillard cherche une avenue pour se rapprocher des recommandations du rapport Bouchard-Taylor et donner plus de muscle au projet de loi 62, qui vise à proscrire le port du voile intégral pour donner ou recevoir des services publics.
Selon les informations obtenues par La Presse, on a planché sur une voie de passage qui ferait en sorte que le port de signes religieux serait interdit aux employés qui ont un «pouvoir de coercition» et qui doivent porter un uniforme - les policiers et les gardiens de prison tombent dans cette catégorie.
En revanche, en raison de l'indépendance du système judiciaire, les juges ne pourraient être soumis à cette directive. L'absolue indépendance des magistrats est même garantie dans la Charte des droits de l'homme, a rappelé hier un membre du gouvernement.
Mais du point de vue légal, des obstacles paraissent encore insolubles, la liberté de culte étant inaliénable du point de vue de la Charte canadienne des droits et libertés. Certains proposent de faire un renvoi à la Cour d'appel pour tester la solution envisagée.
Le gouvernement Couillard voudrait donner plus de muscle au projet de loi 62 en interdisant les signes religieux aux employés qui ont un «pouvoir de coercition» et qui doivent porter un uniforme, comme les policiers et les gardiens de prison. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Proposition de compromis
La réflexion du gouvernement survient après une proposition de compromis soumise mardi par François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ). La CAQ est prête à laisser tomber l'interdiction de signes religieux pour les enseignants et à revenir à la proposition de la commission Bouchard-Taylor, dans l'espoir de dégager un consensus. La CAQ maintiendrait cette disposition pour les enseignants dans son programme électoral. Le chef péquiste Jean-François Lisée avait aussi indiqué qu'une entente serait possible si Québec se rangeait derrière la proposition faite par la commission lancée il y a 10 ans maintenant.
Mais en dépit de ces propositions de compromis, Philippe Couillard avait soutenu qu'il restait sur ses positions. «Encore une fois, on est en train de mettre sur la table un débat sur un enjeu inexistant», avait-il affirmé. La position du gouvernement, jusqu'ici, était une totale liberté pour les juges, les policiers ou les gardiens de prison qui souhaiteraient porter des signes religieux visibles. Le refus de Philippe Couillard de saisir au bond l'offre de compromis a été critiqué par bien des observateurs.
Cette déclaration avait fait bondir le sociologue Gérard Bouchard. En entrevue à Radio-Canada, M. Bouchard a soutenu qu'au contraire, il est «urgent» d'intervenir «de manière énergique», même si c'est «préventif». «On se retrouverait en pleine soupe, encore une fois», si des juges ou des policiers décidaient de porter un signe religieux quand ils sont en fonction, a-t-il observé.
Possibilité de renvoi à la cour d'appel
La position du gouvernement est en mouvance. «On est en train de regarder ça», observe-t-on. La capacité du gouvernement employeur de prescrire l'uniforme pour les policiers et les gardiens de prison pourrait lui permettre de proscrire le port de signes religieux, croit-on. «Quand une autorité hiérarchique peut prescrire un code vestimentaire, cela pourrait faire l'objet de réglementation», explique-t-on au gouvernement.
Mais les experts constitutionnels croient qu'une telle disposition serait inévitablement testée par les tribunaux. «Mais cela pourrait prendre plusieurs années avant que la cour se penche là-dessus.» La Cour suprême a déjà indiqué que le port du turban pour un agent sikh de la Gendarmerie royale du Canada était légal, et la jurisprudence est tout aussi claire pour le port de la kippa juive.
Québec pourrait décider de soumettre de lui-même l'orientation choisie à sa Cour d'appel - seul le fédéral peut faire un renvoi directement à la Cour suprême. Cependant, les tribunaux n'aiment pas être ainsi consultés sur un principe en l'absence de faits pour donner du contexte à la requête.
Le port d'un uniforme est considéré comme une limite raisonnable à la liberté d'expression, mais le port du voile touche à la liberté de culte. Québec avait déjà soumis à la Cour d'appel le rapatriement de la Constitution du gouvernement Trudeau en 1981, ainsi que les dossiers plus récents du registre des armes à feu et de la commission nationale des valeurs mobilières.
Bientôt une nouvelle version
Le projet de loi 62 aura besoin d'une révision en profondeur pour apporter des précisions sur ce que peut interdire le gouvernement tout en restant conforme à la Charte canadienne. L'interdiction du voile intégral n'est pas vulnérable en cour - conformément à l'article 1 de la Charte canadienne ou à l'article 10 de la Charte québécoise, on pourrait plaider qu'il s'agit d'une limite « raisonnable » au nom de la sécurité.
Le dépôt de la nouvelle version du projet de loi devrait survenir d'ici deux ou trois semaines, indique-t-on.
Ironiquement nouveau chef du PLQ à l'automne 2013, Philippe Couillard avait jonglé avec le scénario des employés qui «portent des uniformes». Le but était encore là de se rapprocher des propositions de la commission Bouchard-Taylor, à l'exception des dispositions sur les magistrats. Avant de toucher aux juges, Philippe Couillard voulait avoir l'avis du Conseil de la magistrature. Ce virage avait été envisagé après qu'on eut constaté un clivage important chez les députés libéraux.
À l'époque dans l'opposition, le «caucus rural» exerçait des pressions pour que Philippe Couillard abandonne une position théorique, plus légaliste; des députés qui avaient été battus par l'ADQ en 2007 prônaient une position plus politique, plus proche de ce que suggérait Bouchard-Taylor. Chef de l'opposition à l'époque, Philippe Couillard avait fini par repousser cette avenue, influencé par les avocats du caucus - Jean-Marc Fournier, Marc Tanguay et Pierre Moreau -, des tenants de la liberté totale pour ces figures d'autorité.
QUÉBEC - La menace de blocus des sentiers de motoneige a eu raison de la réforme des taxes foncières agricoles du gouvernement Couillard.
Le nouveau ministre de l'Agriculture abandonne le programme mis en place par son prédécesseur Pierre Paradis, qui avait soulevé l'ire de l'Union des producteurs agricoles.
«Je mets un terme à la mise en oeuvre de la réforme sur les taxes agricoles. Ça veut dire que les lois qui étaient en vigueur (de l'ancien programme) sont maintenues, ça veut dire que les remboursements de taxes vont se faire aux municipalités sur la base du programme de l'an dernier», a annoncé vendredi le ministre Laurent Lessard, au terme du caucus de deux jours des députés libéraux à l'Assemblée nationale.
Les amateurs de motoneige peuvent pousser un soupir de soulagement. «La contrepartie, c'est que les producteurs agricoles laissent l'accès aux sentiers dès maintenant», a-t-il insisté.
Plusieurs sentiers de motoneige de la province passent sur des terrains appartenant à des agriculteurs, qui menaçaient d'interdire l'accès aux motoneigistes.
«Il y a à peu près 10 pi de neige partout au Québec. Les Ontariens, le Nouveau-Brunswick, les Américains, les Européens, je pense que l'économie du territoire, de la motoneige, des véhicules tout terrain (VTT) est à son plein développement», a plaidé M. Lessard, pour expliquer sa décision.
Selon l'UPA, la réforme Paradis faisait grimper la facture de taxes municipales de la grande majorité de ses membres.
Un point de vue que réfutait l'ex-ministre libéral, qui a été démis de ses fonctions la semaine dernière en raison d'allégations d'inconduite sexuelle à l'endroit d'une employée.
Ils ont fui une guerre horrible, mais la violence meurtrière les a rattrapés. L'attentat de la Grande Mosquée de Québec a troublé certains réfugiés syriens de Québec au point qu'ils envisagent de quitter la ville, ont-ils confié à La Presse.
Jassem al-Chekeiti a célébré hier le premier anniversaire de son arrivée au Canada. La tuerie l'a certes ébranlé, mais il ne compte pas quitter Québec.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
« S'il n'y a pas de sécurité ici, [on va] partir dans une autre province ou même rentrer - pas en Syrie, mais dans la région », a expliqué un groupe de cinq réfugiés rencontrés au Centre multiethnique de Québec (CMQ) par la voix d'une interprète travaillant sur place. Ils n'ont pas voulu donner leurs noms. « On nous a dit qu'il y avait de la sécurité, [on est] sous le choc. »
« Même les enfants ont dit qu'ils ne voulaient pas aller à l'école, parce qu'ils sont trop choqués, ils ont peur », a continué le groupe. L'interprète a ensuite confirmé clairement : « Il y a des familles qui aimeraient bien partir : elles sont venues ici avec une promesse de sécurité et cet attentat crée des interrogations. »
La peur se lisait sur les visages de ces Syriens arrivés à Québec ces derniers mois - quatre mois pour le « doyen » -, eux qui attendaient leurs rendez-vous respectifs afin d'obtenir de l'aide administrative dans leurs démarches d'installation.
Québec a accueilli près de 500 réfugiés en provenance de la Syrie en 2016.
« ON PEUT COMPRENDRE »
Des interrogations sur la possibilité de quitter Québec, Dominique Lachance en a entendu.
« C'est normal. On est tous perturbés, nous les premiers. On peut donc comprendre que des nouveaux arrivants se posent des questions, parce qu'ils ne connaissent pas l'ampleur de ce que la Ville de Québec peut leur offrir, ils ne connaissent pas [l'absence] de précédents », a expliqué la directrice du CMQ, en entrevue.
«On est tous un peu en état de choc.»Dominique Lachance
Un intervenant arabophone chargé de l'accueil des réfugiés a aussi expliqué à La Presse qu'on lui avait posé des questions sur la possibilité de quitter Québec.
« Certains ont reçu leurs informations de l'étranger ou par les réseaux sociaux », a continué Mme Lachance. « Depuis une semaine, on est là-dedans. [On s'occupe] de rencontrer les familles, de leur donner les faits et de les mettre au courant de la réalité et des services qu'ils peuvent avoir. De faire un état de la situation. »
« J'Y ALLAIS TOUS LES VENDREDIS »
« Avant, pour [moi], c'était un pays sûr, et avec ce qui s'est passé dimanche... C'est triste, c'est dérangeant », a affirmé en entrevue Jassem al-Chekeiti, par le truchement d'une interprète. Il « ne s'attendai[t] pas à ça ». La journée d'hier marquait le premier anniversaire de son arrivée au Canada.
Le drame le touche d'autant qu'il s'était rendu à la Grande Mosquée de Québec « plus d'une vingtaine de fois » pour prier. Il fréquente le cégep « et ce n'est pas loin, alors chaque vendredi, [il fait] la prière de midi là-bas ».
Il connaissait aussi Azzedine Soufiane, l'épicier marocain tombé sous les balles de Bissonnette, ainsi que Nizar Ghali, grièvement blessé. Ce dernier assurait le transport de plusieurs réfugiés vers des cours de francisation.
M. Chekeiti ne compte pas quitter Québec pour autant. Il a tenté sa chance à Toronto ces derniers mois, mais il est revenu dans la Vieille Capitale par la suite.
Même portrait pour Mahmoud, qui n'a pas voulu donner son nom de famille. Le jeune homme nerveux s'exprime dans un assez bon français. « J'ai vu à la télé, j'habite un autre quartier », a-t-il raconté. « Toutes les semaines, j'allais à cette mosquée le vendredi. »
Il comprend que « ce n'est pas normal au Québec, [que] c'est la première fois au Canada ». Et il souligne qu'avant dimanche dernier, certaines familles voulaient déjà quitter le Québec pour une autre raison : « C'est difficile, le français. »
Melania pour une touche de sensibilité, Barack Obama pour une dose d'enthousiasme: Donald Trump et Hillary Clinton ont joué des cartes opposées jeudi à cinq jours de l'élection présidentielle américaine, soucieux de convaincre les derniers indécis, tandis que les sondages continuent de se resserrer.
Pour des démocrates inquiets, même si Mme Clinton reste favorite pour l'emporter, le président Barack Obama est allé jouer de tout son charisme en Floride, l'Etat-clé qui pourrait décider du résultat de l'élection mardi. Le républicain Donald Trump et son adversaire démocrate y sont au coude à coude.
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"Il y a des moments où le cours de l'histoire peut changer. (...) Celui-ci en est un", a insisté le président à Miami.
"Tous les progrès que nous avons faits partiront par la fenêtre si nous ne gagnons pas cette élection", a-t-il ajouté lors d'une deuxième étape à Jacksonville. "C'est quelqu'un qui endommagerait notre démocratie", a-t-il insisté à propos de Donald Trump, auquel il a opposé l'expérience et l'intelligence d'Hillary Clinton.
Le milliardaire, porté par les sondages dans lesquels il réduit l'écart au niveau national et dans certains Etats-clés comme le Colorado, le New Hampshire et la Pennsylvanie, a décrit Mme Clinton comme "la candidate d'hier", enchaînant trois meetings en Caroline du Nord, où faisait aussi campagne son adversaire.
Melania en solo
Mais sa femme Melania lui a volé la vedette, avec son premier discours de campagne en solo, à Berwyn en Pennsylvanie.
Vêtue d'une sage robe rose, visiblement intimidée, elle s'est faite l'avocate des "valeurs américaines, gentillesse, honnêteté, respect, compassion, générosité". Et cherché à adoucir l'image de son mari qu'elle a décrit comme profondément soucieux de son pays.
"Nous devons trouver une meilleure façon de nous parler, d'être en désaccord, de nous respecter", a insisté Melania Trump, dans un contraste saisissant avec les diatribes souvent insultantes du candidat républicain.
La journée s'est finie pour les deux candidats en Caroline du Nord, autre Etat-clé où ils sont désormais au coude à coude.
Leurs deux avions étaient posés à proximité sur le tarmac de l'aéroport de Raleigh, où se sont croisés leurs cortèges automobile.
Ils ont tenu un meeting à la même heure, à 50 km de distance.
Le chanteur de hip-hop Pharell Williams est monté sur scène avec Mme Clinton et son ancien rival Bernie Sanders, dans un nouvel effort pour attirer les jeunes et les Noirs, dont la mobilisation inquiète le camp Clinton.
"Je suis remontée à bloc pour ces cinq derniers jours", a déclaré l'ancienne Première dame, la voix enrouée par l'enchaînement des meetings.
Barack et Michelle Obama, le vice-président Joe Biden, Bill Clinton, le colistier Tim Kaine, tous les poids lourds démocrates ont été mobilisés.
Lundi soir, pour son dernier meeting, Mme Clinton sera rejointe par son mari Bill, leur fille Chelsea, Barack et Michelle Obama à Philadelphie.
La moyenne des sondages nationaux ne donne plus que deux point d'avance à Mme Clinton, 69 ans, ancienne secrétaire d'Etat hyper expérimentée et soutenue par tout son parti. Elle est à 45% des intentions de vote, contre 43% pour le milliardaire populiste, néophyte en politique, fâché avec son parti et qui depuis 16 mois a déjoué tous les pronostics.
Trump discipliné
Donald Trump joue la prudence disciplinée dans cette dernière ligne droite. Pas de déclarations fracassantes, de tweet rageur ou de dérapages incontrôlés. Il a même tombé la cravate.
"Gentil et calme. N'est-ce-pas ? Reste concentré, Donald, reste concentré. Pas de digressions Donald, pas d'excès", s'est-il même dit à voix haute mercredi lors d'un meeting.
Fébrile à l'idée d'une présidence Trump, Wall Street a encore terminé en baisse jeudi.
"La perspective de cette élection donne la frousse aux investisseurs", a résumé Jack Ablin de BMO Private Bank.
Même si les sondages se resserrent, le New York Times et le site FiveThirtyEight accordent encore respectivement 86% et 67% de chances de victoire à Hillary Clinton.
En 2012 à la même époque, Barack Obama, et son adversaire Mitt Romney étaient au coude à coude dans les sondages. Le président démocrate l'avait finalement largement emporté avec 4 points d'avance.
La campagne 2016 été rude, largement faite d'insultes et d'accusations mutuelles, à un niveau jamais-vu. Les Américains en attendent la fin avec impatience. L'immense majorité a déjà décidé pour qui voter et les derniers rebondissements, notamment celui d'une ramification nouvelle à l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton ne les feront pas changer d'avis.
Vendredi, Hillary Clinton retourne dans l'Ohio et Donald Trump en Pennsylvanie.