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mardi, octobre 24, 2017

Affaire Weinstein: son ex-assistante avait été payée 165.000 $ pour ne pas parler

SCANDALE Zelda Perkins, qui révèle dans le « Financial Times » avoir été agressée sexuellement par le producteur, avait signé un accord de non-divulgation en 1998…
C. F.
 
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Harvey Weinstein à Los Angeles, le 2 mars 2014.
Harvey Weinstein à Los Angeles, le 2 mars 2014. — Jordan Strauss/AP/Sipa

La liste des victimes s’allonge. Zelda Perkins, une ex-assistante britannique de Harvey Weinstein, a révélé au Financial Times,lundi, qu’elle avait signé un accord de non-divulgation en 1998 après avoir accusé le producteur d’agression sexuelle.
Elle y explique que Harvey Weinstein lui avait demandé de lui faire des massages et qu’il avait essayé de la faire venir dans son lit. A l’époque, Zelda Perkins avait rapporté cette agression à une collègue, laquelle lui avait aussi raconté aussi avoir été agressée sexuellement par le producteur américain.

La somme de 330.500 $ pour se taire

Les deux victimes avaient alors demandé des dommages et intérêts. Elles ont obtenu 330.500 $ (environ 280.000 €) à se partager équitablement. Mais elles ont signé dans la foulée un accord leur interdisant d’ébruiter l’affaire.
En parlant aujourd’hui, indique la BBC, Zelda Perkins pourrait devoir rembourser ces dommages et intérêts. L’ex-assistante britannique a voulu « rompre publiquement [son] accord de non-divulgation », explique-t-elle au Financial Times, dans l’espoir que s’ouvre « un débat autour de l’ampleur de ces accords qui pèsent sur les victimes ».

lundi, octobre 23, 2017

Julie Snyder porte plainte contre Gilbert Rozon pour agression sexuelle


Publié le 23 octobre 2017 à 14h35 | Mis à jour à 17h00
Julie Snyder... (Photo Olivier Jean, archives La Presse)
Julie Snyder
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
La productrice Julie Snyder a porté plainte à la police dans les derniers jours pour agression sexuelle contre le fondateur du Groupe Juste pour rire, Gilbert Rozon, pour une agression qui serait survenue il y a plusieurs années.
Gilbert Rozon... (Photo David Boily, archives La Presse) - image 1.0
Gilbert Rozon
PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
L'information a été confirmée par le porte-parole des Productions J, Louis Noël. «On ne donnera aucun détail. On va laisser l'enquête suivre son cours», a déclaré M. Noël à La Presse.
La semaine dernière, neuf femmes ont révélé publiquement avoir été victimes d'agressions sexuelles ou d'attouchements par M. Rozon. Un certain nombre d'entre elles ont porté plainte à la police.
Le porte-parole du groupe Juste pour rire, Jean-David Pelletier, a refusé de commenter cette nouvelle plainte. «Il n'y aura pas de commentaires de M. Rozon, il n'est plus dans la compagnie. Je n'ai plus aucun contact avec lui», indique-t-il. Nous avons tenté de joindre directement Gilbert Rozon, mais nous n'avons pas eu de retour de sa part.
De nombreuses voix s'élèvent
Mme Snyder avait annoncé samedi que les Productions J ne collaboreraient plus avec Juste pour rire et Salvail & Co aussi longtemps que Gilbert Rozon et Éric Salvail seront actionnaires ou propriétaires de ces entreprises.
La comédienne Patricia Tulasne a publiquement dénoncé l'homme pour agression sexuelle.
Gilbert Rozon, qui était le grand patron de Juste pour rire, a quitté l'ensemble de ses fonctions mercredi soir, soit de président du Groupe Juste pour rire, de commissaire aux célébrations du 375e de Montréal et de vice-président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, dans la foulée d'allégations le concernant. Ces allégations n'ont pas été prouvées devant un tribunal.
Lundi matin, le Groupe Juste pour rire a fait savoir que la firme RBC Marchés des Capitaux a été mandatée afin d'«explorer plusieurs options» pour la vente des actions de Gilbert Rozon dans cette entreprise.
- Avec La Presse canadienne

À DÉCOUVRIR SUR LAPRESSE.CA

samedi, octobre 21, 2017

La conséquence d’une justice trop rigide

Les dénonciations publiques illustrent les limites du système, déplore le bâtonnier du Québec

20 octobre 2017 |Isabelle Paré | Justice
Devant la vague d’allégations d’agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, le bâtonnier du Québec plaide pour des changements de fond au système de justice pour mieux aider les victimes.
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir
Devant la vague d’allégations d’agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, le bâtonnier du Québec plaide pour des changements de fond au système de justice pour mieux aider les victimes.
Loin de condamner la vague d’allégations d’agressions sexuelles qui se multiplient sur les réseaux sociaux, le bâtonnier du Québec, Me Paul-Matthieu Grondin, estime que le phénomène traduit le « manque de souplesse » du système de justice et illustre l’urgence de procéder à des changements de fond pour mieux aider les victimes.
 
Alors que le Québec tout entier est encore ébranlé par l’ampleur de la réaction sur les réseaux sociaux enclenchée par le mouvement #MeToo, notamment par les révélations accablantes visant les personnalités publiques Gilbert Rozon et Éric Salvail, le bâtonnier du Québec s’est dit jeudi bouleversé par ces événements.
 
Interrogé pour savoir si ces condamnations publiques ne constituaient pas, selon lui, une forme de « tribunal populaire parallèle » au système de justice, susceptible de mener à des dénis de justice, Me Grondin a dit éprouver une très grande compassion à l’endroit des victimes.
On fait face à de nouvelles forces qui contournent les institutions traditionnelles pour faire valoir leurs droits
Diane Pacom, sociologue à l’Université d’Ottawa
 
Un système trop « rigide »
 
« Personne ne trouve la situation idéale. C’est une question complexe, mais on ne peut condamner la façon de faire des victimes d’agressions, car il y a en ce moment des processus qui sont tout à fait insatisfaisants », a-t-il tranché.
 
Devant cette forme de justice « citoyenne » qui remet plus que jamais en question l’efficacité du système judiciaire, le bâtonnier va plus loin et affirme que le système de justice est devenu « trop rigide » et visiblement incapable de répondre aux besoins des nombreuses victimes d’agressions sexuelles.
 
« Il y a une discussion sociétale plus large à avoir sur cette question. Pour l’instant, le système offre peu de souplesse aux victimes », affirme le représentant du Barreau du Québec.
 
Même si ces dénonciations publiques pourraient mener à des dérapages, Me Grondin estime que les révélations qui se multiplient sur les réseaux sociaux ne sont pas pires que celles faites dans des lettres ouvertes ou sur les ondes des médias. « Oui, il y a toujours un risque que des procès se fassent sur la place publique, mais dans ces cas, les gens visés disposent de recours en diffamation », dit-il.
 
Appelé à énumérer quelles mesures ont été prises ou devraient l’être par le ministère de la Justice pour faciliter le cheminement des plaintes et des poursuites, le bâtonnier du Québec répond que tout reste à faire, que les changements seront longs à réaliser et que les politiques adoptées ces dernières années sur le harcèlement sexuel au travail, notamment, ne vont pas assez loin.
 
« Il y a toute une réflexion à faire par l’ensemble des intervenants. Je n’ai pas de solution miracle à proposer aujourd’hui, mais on a mis cette discussion à l’intérieur de nos priorités. Tous les intervenants sont au courant de cette urgence. »
 
Pour la sociologue de l’Université d’Ottawa Diane Pacom, cette libération de la parole sur les réseaux sociaux en ce qui concerne les agressions sexuelles fait plus qu’illustrer les manquements du système de justice, elle est le symptôme d’un phénomène beaucoup plus large qui souffle sur l’époque et la société. À son avis, ce mouvement est l’écho d’une « nouvelle citoyenneté numérique » qui remet en cause toutes les institutions de la société, notamment celles associées aux lieux de pouvoir.
 
« On fait face à de nouvelles forces qui contournent les institutions traditionnelles pour faire valoir leurs droits. Les femmes, et d’autres groupes, s’approprient cet espace numérique en prenant des risques, car ce nouvel espace leur offre une possibilité de changement, un nouvel espace de pouvoir », affirme Mme Pacom.
 
De l’avis de la sociologue, ce mouvement social est le résultat de la convergence de trois phénomènes : la montée de cette nouvelle citoyenneté numérique, le pouvoir grandissant des femmes dans la société nord-américaine et l’érosion croissante de la confiance des citoyens dans les institutions traditionnelles, notamment le système de justice, le système policier, le pouvoir politique et les médias.
 
« Pour la première fois, des femmes se voient libres de dire des choses et de se rejoindre d’un bout à l’autre de la planète pour le faire. Le numérique est un nouvel espace politique que les femmes s’approprient, comme d’autres parties de la société civile. On va voir ce phénomène se produire dans bien d’autres secteurs de la société où les institutions sont contestées », croit la professeure, qui a étudié la façon dont la révolution numérique modifie les rapports sociaux.
 
Un ras-le-bol généralisé
 
En 2015, le mouvement #BeenRapedNeverReported, né dans la foulée de l’affaire Ghomeshi, avait galvanisé les femmes sur les réseaux sociaux et poussé plusieurs d’entre elles à sortir sur la place publique. Or l’issue du procès, qui s’était soldé par l’acquittement du présumé agresseur, avait accru davantage la méfiance des femmes à l’égard du pouvoir judiciaire et quant à la possibilité d’obtenir justice en cour.
 
« Il y a eu à ce moment un tel ras-le-bol des femmes et un tel scepticisme que nous assistons aujourd’hui à un ressac, à cette naissance d’un système parallèle, aux résultats immédiats, qui cherche à trouver sa voie », affirme la sociologue.
 
La rapidité de la réaction de divers acteurs de la société, notamment des employeurs, des compagnies, des diffuseurs et des commanditaires qui ont promptement retiré leur appui au Québec comme en France aux personnalités publiques visées par des allégations d’inconduite sexuelle, démontre que le seuil de tolérance face à de tels gestes a profondément changé.
 
« C’est le prélude à un changement profond, celui d’institutions qui devront s’adapter à cette révolution entraînée par le numérique. »

Allégations de nature sexuelle: des victimes invitées à tisser des liens entre elles

L’initiative vise à faciliter les dénonciations, mais il y a un risque, dit un avocat
Un message Facebook, publié il y a trois jours, a invité à dénoncer des agressions, dans le but avoué de mettre les victimes en relation les unes avec les autres et d’unir leurs forces.
Photo: iStockUn message Facebook, publié il y a trois jours, a invité à dénoncer des agressions, dans le but avoué de mettre les victimes en relation les unes avec les autres et d’unir leurs forces.
Alors que les scandales sexuels ébranlent le milieu de l’industrie du spectacle québécoise, des comédiennes recueillent des témoignages et tentent de mettre en relation des victimes qui auraient un agresseur commun, dans le but de briser l’isolement et de faciliter d’éventuelles dénonciations.

Des adolescentes forcées de se dénuder pendant des auditions, des demandes de faveurs sexuelles en échange d’un rôle, des intoxications au GHB, de l’humiliation sexuelle, des paroles déplacées, du harcèlement, des agressions, des viols… En quelques jours à peine, la comédienne Félixe Ross affirme avoir recueilli des dizaines de témoignages venant de comédiennes, de productrices et d’autres femmes du milieu artistique québécois victimes de « gens hauts placés qui ont du pouvoir, qui ont de l’argent et qui ont des amis ».

C’est par un simple message Facebook, publié il y a trois jours, que tout a débuté. Une invitation à dénoncer des agressions, dans le but avoué de mettre les victimes en relation les unes avec les autres et d’unir leurs forces.

« Je me suis permis cette action citoyenne, raconte la comédienne, sauf que je ne m’attendais pas à une telle déferlante. Ça a été la folie. Je pensais qu’il y aurait trois ou quatre personnes qui m’écriraient, et là, je suis rendue à soixante-dix personnes dans mon milieu en deux jours et demi. »

Petites enquêtes

La comédienne Anne-Marie Dupras a entamé des démarches similaires de son côté après avoir reçu, de façon spontanée, des témoignages de plusieurs personnes du milieu. Craignant qu’elles ne soient pas crues si elles sortaient seules, elle leur a proposé de les aider à trouver d’autres victimes.

« Je leur ai dit que j’allais essayer d’aller voir si ce nom-là passe [sur les réseaux sociaux relativement à d’autres dénonciations], j’ai fait de petites enquêtes », affirme-t-elle.

Lorsqu’elle a appris que Félixe Ross essayait elle aussi de croiser des noms de victimes et d’agresseurs, elle lui a proposé de l’aider. « Le but, c’est de mettre tout ça en commun. Et plus on sera nombreuses à le faire, plus il y aura de victimes qui dénonceront une même personne. »

Leur but n’est pas de faire une liste noire des agresseurs, mais de permettre aux victimes de briser l’isolement. Certaines voudront peut-être juste parler et pleurer ensemble, d’autres pourront y trouver le courage de dénoncer leur agression, espèrent les comédiennes.

« Toute seule, on n’ose pas. Juste à voir la façon dont le système de justice marche, ça donne la chienne, affirme Anne-Marie Dupras. Il suffit qu’il y ait une ou deux autres personnes qui donnent le même nom pour qu’on tienne quelque chose de plus valide aux yeux de la justice et de la police. L’agresseur a pu faire quelque chose à un moindre degré avec une personne et aller vraiment plus loin avec une autre. C’est comme ça qu’on peut savoir. »

Pas question non plus d’avoir une base de données ou des listes officielles, précise Félixe Ross, qui se définit comme une sorte d’« agent de liaison ».

« Tout est officieux, comme si on se confiait à une amie qui vous met en relation avec une autre amie. La seule chose officielle dans tout ça, c’est que j’en parle et qu’on commence à avoir plein de monde qui veut faire le relais. »

Prudence

L’avocat Jean-Claude Hébert craint toutefois que cette initiative citoyenne se retourne contre les victimes elles-mêmes en cas de judiciarisation d’un dossier.

« Si un juge s’aperçoit que les plaignantes se sont parlé entre elles, il peut penser qu’elles se sont peut-être orientées les unes par rapport aux autres, il va se questionner à savoir si c’est spontané ou s’il y a eu une construction collective et s’interroger sur l’impact du mouvement de masse sur la crédibilité et la sincérité de la plaignante principale qu’il a devant lui. »

Selon lui, un avocat de la défense aurait aussi tout intérêt à vouloir obtenir ces informations et à envoyer une citation à comparaître pour avoir toute la documentation relative au cas de son client recueillie par une tierce personne. Même chose du côté des policiers, qui pourraient demander un mandat de perquisition pour avoir accès aux informations recueillies par les femmes elles-mêmes s’ils croient que ça peut servir leur enquête. « Je les inviterais à la plus grande prudence », conclut l’avocat.

jeudi, octobre 19, 2017

Éric Salvail et la gestion d’une crise de réputation

19 octobre 2017 |Stéphane Baillargeon | Médias
La chute a suivi la diffusion d’une enquête révélant que onze personnes reprochaient à Éric Salvail des inconduites sexuelles.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir
Éric Salvail
La chute a suivi la diffusion d’une enquête révélant que onze personnes reprochaient à Éric Salvail des inconduites sexuelles.
Celui qui a construit sa réputation par les médias l’a perdue par les mêmes moyens et avec une extrême fulgurance.
 
En quelques heures mercredi, l’animateur et producteur vedette Éric Salvail a quitté ses émissions de radio et de télé, comme ses contrats publicitaires.
 
Tout a pris le bord, Éric et les fantastiques de Rouge FM comme En mode Salvail sur le réseau V. Tous les contrats publicitaires lucratifs avec McDonald’s, Metro et Air Transat ont aussi disparu d’un coup.
 
Le sort d’autres créations de sa maison de production Salvail Co, y compris Les échangistesd’ICI Radio-Canada Télé, demeure à l’étude. Des millions de dollars de revenus annuels se retrouvent donc au bord de la trappe.
 
La chute dévastatrice a immédiatement suivi la diffusion d’une enquête de La Presse + révélant que onze personnes reprochaient à M. Salvail des inconduites sexuelles. Elles en auraient fait les frais ou en auraient été témoins au cours des dernières années, souvent dans un contexte de travail. Ce qu’il faut bien appeler « l’affaire Salvail » a été commenté par le maire de Montréal comme par la ministre de la Condition féminine, Hélène David.
 
« Je pense qu’on ne sort jamais complètement indemne d’une telle crise médiatique », commente Anne-Marie Gagné, professeure de la TELUQ, spécialiste de la gestion de crise en relations publiques. « Dans le cas d’une entreprise, si les accusations touchent le président, on change de président. On peut aussi gérer la marque d’une entreprise. Dans ce cas, la marque, c’est Éric Salvail lui-même. C’est sa réputation personnelle qui est touchée. Lui, je ne sais pas à quel point il va s’en sortir. En plus, on peut difficilement le distinguer de ses produits. Est-ce qu’on peut simplement changer l’animateur de ses émissions, dont certaines portent son nom ? »
 
La professeure pousse encore plus loin la distinction fondamentale entre une crise au sein d’une entreprise et une crise touchant une personnalité publique.
 
« Quand on a une crise dans une organisation, la stratégie demande d’être transparent, de ne pas se cacher, de ne pas utiliser la stratégie du “no comment”. Dans une crise de gestion de réputation personnelle comme celle que vit Éric Salvail, on se retrouve dans un autre paradigme : la discrétion s’impose et il faut se retirer. Il n’y a même pas de bonne stratégie de communication dans ce cas. »
 
C’est que les accusations génèrent appuis comme reproches, alors mieux vaut ne pas les stimuler. D’ailleurs, les réseaux sociaux débordent de réactions très critiques depuis mercredi matin.
 
Éric Salvail lui-même a suivi le modèle recommandé par les relations publiques en publiant une courte déclaration sur sa page Facebook. Il s’y déclare « fortement ébranlé ». Il dit éprouver « de l’empathie pour tous ceux et celles à qui [il a pu] causer un malaise ou quelque forme de préjudice que ce soit ». Il annonce finalement « prendre une pause professionnelle de quelques jours ».
 
« Il a eu une formule très sobre, dit encore la professeure. Puis, il annonce se retirer. C’est ce qu’il fallait faire. Ça ne sert à rien d’en rajouter pour l’instant et mieux vaut laisser la poussière retomber. »
 
Pendant combien de temps ? La spécialiste ne saurait dire. « C’est du cas par cas, explique-t-elle tout en insistant sur l’importance des apparences. En relations publiques, la perception, c’est la réalité. On travaille avec cette matière. Que ce soit vrai ou pas, peu importe, on travaille avec ce que les gens perçoivent. C’est avec cette perception qu’Éric Salvail aura à travailler plus tard. »
 
Cette primauté de la lecture et du regard d’autrui va tenir et l’emporter peu importe les décisions juridiques, même s’il est acquitté à la suite d’accusations. « Ce qui va rester au bout du compte, c’est ce que les gens vont croire comme vrai ou faux, résume encore Anne-Marie Gagné. Si la majorité des gens croient qu’il est coupable, que c’est un pervers sexuel, par exemple — je dis n’importe quoi —, c’est avec cette perception qu’il devra composer pour se réhabiliter, si réhabilitation il doit y avoir. »

Éric Salvail retiré des ondes après des allégations d'inconduites sexuelles
18 octobre 2017 16h52 | Stéphanie Marin - La Presse canadienne
L’affaire et ses effetsÉric et les fantastiques. Le nom de l’animateur et le titre de l’émission quotidienne de Rouge FM ont été retirés du site du réseau tôt mercredi . Le 4@6 Rouge a pris le relais.

En mode Salvail. Le talk-show quotidien de fin de soirée est retiré des ondes de la chaîne V « pour une période indéterminée », dit le communiqué.

Salvail Co. Groupe V Média « évalue sa relation d’affaires avec la maison de production ». La compagnie produit En mode Salvail (sur les chaînes V et Max), mais aussi Les recettes pompettes, Ce soir tout est permis et Lip Sync Battle (Les trois sur V et MusiquePlus), Coup de foudre (V), Mariepier ! (Z) et Les échangistes (ICI RC Télé). Radio-Canada a annoncé réévaluer « ses liens d’affaires avec l’animateur et producteur »et que « des décisions à ce sujet seront prises selon l’évolution de la situation ».

Publicités. Plusieurs marques ont mis fin à leur partenariat avec Éric Salvail ou sa compagnie de production, dont les géants McDonald’s et Metro. Air Transat, qui organisait un concours, recule également. La campagne prorecyclage de Éco Entreprises Québec est terminée et il était déjà convenu qu’Éric Salvail ne serait pas reconduit comme son porte-parole.

Les plus populaires

vendredi, octobre 21, 2016

ALLÉGATIONS D’AGRESSIONS SEXUELLES Sklavounos, «insistant», «déplacé» et «cruiseur»

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/

21 octobre 2016 |Marco Bélair-CirinoDave NoëlMarie-Michèle Sioui
En entrevue au «Devoir», d’ex-militants et employés de l’Assemblée nationale ont déclaré jeudi avoir été témoins ou victimes de comportements déplacés de la part de l’élu montréalais.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
En entrevue au «Devoir», d’ex-militants et employés de l’Assemblée nationale ont déclaré jeudi avoir été témoins ou victimes de comportements déplacés de la part de l’élu montréalais.
Les allégations d’agression sexuelle concernant le député libéral Gerry Sklavounos n’ont pas secoué les jeunes femmes qui l’ont côtoyé dans sa carrière politique autant que les élus de l’Assemblée nationale. En entrevue au Devoir, d’ex-militants et employés de l’Assemblée nationale ont déclaré jeudi avoir été témoins ou victimes de comportements déplacés de la part de l’élu montréalais.
 
Deux femmes ont partagé des conversations qu’elles ont eues avec le député alors qu’elles étaient dans la jeune vingtaine. Dans un premier cas, Gerry Sklavounos a invité une jeune femme à partager un verre et à discuter de politique. Elle s’est rendue au restaurant Louis-Hébert, à Québec, où des employés l’ont tout de suite dirigée vers une salle privée où elle s’est retrouvée seule avec l’homme. Ils ont bu beaucoup d’alcool. « Après le souper, on a traversé en haut, dans sa chambre », a poursuivi la jeune femme, qui avait 20 ans au moment des événements, en 2014.
 
Gerry Sklavounos — qui est marié, ont précisé plusieurs sources — vit dans une chambre du Louis-Hébert, a confirmé le propriétaire de l’auberge et du restaurant, Antoine Xénopoulos.
 
« On a parlé politique, il a dit quelques phrases malaisantes, a relaté la jeune femme. J’ai compris ce qu’il voulait. […] J’ai senti le malaise de partir. »
 
Peu de temps après, une amie de cette source — aussi impliquée en politique — a reçu le même genre d’invitation de la part de Gerry Sklavounos. Elle a refusé, puis montré l’invitation à la jeune femme qui s’est rendue au Louis-Hébert. « Quand j’ai vu le texto, a réagi cette dernière, j’ai su que j’avais pris la bonne décision. » Elle atteste qu’il n’y a pas eu d’attouchements ni d’agression sexuelle.
 
Des pages de l’Assemblée nationale courtisées
 
D’ex-pages de l’Assemblée nationale ont aussi confié au Devoir avoir été invitées par le député de Laurier-Dorion à « prendre un verre ». L’une d’elles a raconté avoir été victime de« remarques désobligeantes de sa part ». La page est tombée sur des députés« désagréables » lors de son passage au Parlement, mais Gerry Sklavounos était le « pire »d’entre eux, a-t-elle rapporté.
 
« À un moment donné, je passais dans le corridor, puis […] il m’a dit : “ Damn, she’s hot ”, des choses comme ça », a-t-elle relaté. À un autre moment, le député lui a « mis la main dans le bas du dos », a-t-elle ajouté.
 
Elle n’a jamais porté plainte. « Ce qui m’a marqué, c’est l’histoire de Marcel Aubut. Toutes les femmes qui l’avaient connu avaient quelque chose à dire sur lui. Je trouvais que ce n’était pas grand-chose [la main dans le dos], mais un par-dessus l’autre, finalement, c’est beaucoup », a-t-elle observé.
 
À l’occasion de caucus tenus à l’extérieur de la capitale, Gerry Sklavounos aurait parfois masqué sa véritable identité, se décrivant comme un « courtier d’assurances » aux femmes avec qui il discutait après s’être installé à un bar d’hôtel, a raconté une source sûre auDevoir.
 
Une ex-stagiaire boursière de la Fondation Charles-Bonenfant a aussi qualifié l’attitude de l’élu libéral de « tout le temps borderline » avec les femmes. « C’était un gars de style macho, qui s’essaie. C’est quelqu’un d’insistant », a-t-elle indiqué sous le couvert de l’anonymat.
 
Les mots « insistant », « déplacé » et « cruiseur » sont revenus souvent dans les conversations. « Ses paroles […], c’était toujours suggestif sans que ce soit invité, a confié un ex-militant du Parti libéral. Quand on avait de nouveaux militants, on leur disait : tu le vois, lui, c’est Gerry Sklavounos. Tu t’en tiens loin. »

mardi, mai 10, 2016

La violence sexuelle, un fléau à l’université

http://www.ledevoir.com/societe/

Une étude québécoise révèle qu’une personne sur trois en est victime

10 mai 2016 |Jessica Nadeau | Éducation
Les chercheuses peuvent dire que 40 % des victimes ont subi des conséquences qui affectent leur vie professionnelle, scolaire ou personnelle, leur vie sociale ou leur santé physique.
Photo: Asli Cetin Getty Images
Les chercheuses peuvent dire que 40 % des victimes ont subi des conséquences qui affectent leur vie professionnelle, scolaire ou personnelle, leur vie sociale ou leur santé physique.


Consulter tous nos textes sur le congrès de l'Acfas
Une personne sur trois a été victime de violence sexuelle depuis son arrivée à l’université, révèle une enquête inédite menée par un groupe de chercheuses sur six campus du Québec. Et « la très forte majorité » de ces actes n’ont jamais été dénoncés.
 
« Les canaux institutionnels qu’on nous invite à investir pour porter plainte ne fonctionnent pas, les gens n’y vont pas », constate la chercheuse Sandrine Ricci, qui présentera les premiers résultats de l’enquête Sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire (ESSIMU) au congrès de l’Acfas mardi.
 
Entre le 19 janvier et le 31 mars, 8733 personnes qui travaillent ou étudient sur l’un des six campus visés par le projet ont répondu à un questionnaire en ligne élaboré par une équipe de chercheuses sous la direction de Manon Bergeron, professeure au Département de sexologie à l’UQAM.
 
De ce nombre, 37,3 % disent avoir vécu « au moins un événement de violence sexuelle en milieu universitaire ». Une personne sur 4 rapporte avoir été victime d’un tel acte au cours des douze derniers mois.
 
Près de la moitié des cas de violence sexuelle sont survenus « dans un contexte d’activités sociales ou festives », précise la chercheuse de l’UQAM, Sandrine Ricci. « Viennent ensuite les activités d’enseignement ou d’études, l’exécution de tâches professionnelles et puis l’initiation, qu’on avait exclue des activités sociales et prise séparément. L’initiation facultaire ou départementale, c’est 12 %. C’est quand même pas mal. »
 
Plusieurs formes de violence sexuelle
 
La victime « typique » est une étudiante de premier cycle (60 %). Et son agresseur est, dans 70 % des cas rapportés, un ou des étudiants de sexe masculin.
 
La majorité des actes rapportés entrent dans la catégorie du harcèlement sexuel. Viennent ensuite les attentions sexuelles non désirées — qui incluent l’agression sexuelle au sens traditionnel du terme — puis la coercition sexuelle, qui se définit par une sorte de chantage en retour de considérations futures liées à l’emploi ou en milieu scolaire.
 
« La coercition sexuelle, ça représente 3 %, c’est très faible. Mais sur un échantillon de 8733 personnes, ça fait du monde à la messe ! Dans un contexte où on veut vraiment éradiquer cette violence-là, il ne faut pas minimiser. »
 
Conséquences
 
Les chercheuses s’intéressent également aux impacts chez les victimes. D’emblée, elles peuvent dire que 40 % des victimes ont subi des conséquences qui influent sur leur vie professionnelle, scolaire ou personnelle, leur vie sociale ou leur santé physique. On pense à un changement de parcours scolaire par exemple ou à une augmentation de la consommation de drogue ou d’alcool.
 
Mais sur cet aspect, il y a beaucoup de facteurs à prendre en considération, note Sandrine Ricci, qui rappelle qu’il faut considérer un acte de violence sexuelle dans son ensemble et non comme un acte isolé. « Avec la notion de continuum, on évite de coller une étiquette de gravité parce que, si la personne en est à son huitième épisode de harcèlement, d’invitation à prendre une bière après le cours par exemple, et que cela s’accompagne d’autres victimisations antérieures, la gravité ou les conséquences peuvent être beaucoup plus importantes. »
 
Pas de dénonciations
 
Autre fait intéressant : 36 % des victimes n’ont jamais parlé de cet événement à autrui. Pas étonnant donc de voir que « la très forte majorité » n’a jamais porté plainte. Là aussi, il faudra investiguer davantage au cours de l’étude qualitative qui suivra, note Sandrine Ricci. Mais cette dernière est convaincue que la difficulté de porter plainte, dans la société en général, et le peu de résultats qui en découle sont au coeur du problème.
 
« Quand on a un cas de viol et que la victime a tout fait correctement : elle a été agressée, elle est allée voir la police tout de suite après, elle ne portait pas de minijupe, elle n’était pas saoule, ce n’est pas une femme dans la prostitution — éléments qui sont tous généralement ramenés pour discréditer la victime —, même dans ces cas-là, c’est toujours la parole de l’agresseur contre celle de la victime. Et il y a un taux de judiciarisation très faible. Les victimes savent ça. Alors quand ce sont des violences qui sont moins importantes, c’est tellement astreignant de porter plainte [qu’elles ne le font pas]. »
 
Banalisation
 
Une personne sur trois qui est victime de violence sexuelle, c’est beaucoup. Mais c’est quand même moins que ce à quoi s’attendait la chercheuse. « Mon impression, c’est qu’il y a très peu de femmes qui n’ont pas vécu un épisode [de violence sexuelle]. Je me serais donc attendue à plus de résultats sur cette base-là », confie la chercheuse.
 
« Il y a une tendance à la banalisation qui fait qu’il y a des gestes qui sont sous-rapportés. Il y a beaucoup de gens qui considèrent que ce n’est pas grave et oublient. Mais quand on pose des questions ouvertes, il y a des choses qui ressortent, d’où l’intérêt de mener des entretiens avec certaines personnes qui se sont portées volontaires. »
 
L’enquête Sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire a été réalisée auprès de personnes issues de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université de Montréal, de l’Université Laval, de l’Université de Sherbrooke, de l’Université du Québec à Chicoutimi et de l’Université du Québec en Outaouais.