Devant de «nouveaux éléments» liés à la crise qui ébranle depuis une semaine le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a dû se résoudre vendredi à déclencher une vaste enquête administrative et à élargir la portée de l’investigation policière présentement en cours.
Après une semaine de révélations explosives portant sur la fabrication d’éléments de preuve et des irrégularités en tous genres au sein de la division des enquêtes internes du SPVM, après avoir maintenu que la participation du BEI n’était pas requise, Martin Coiteux se ravise en partie. Des «informations sérieuses» reçues tard jeudi soir et concernant «plusieurs cas additionnels» lui ont fait comprendre l’existence de «problèmes systémiques», «concernant notamment les pratiques en matière d’enquête interne au SPVM». C’est pourquoi la directrice du BEI, Madeleine Giauque, codirigera les efforts, avec un haut gradé de la Sûreté du Québec. Des policiers de la Gendarmerie royale et d’autres corps de police québécois seront aussi appelés en renfort.
Le gouvernement Couillard commande également une enquête administrative «sur les pratiques en matière d’enquête interne et de gestion» au SPVM, ainsi que sur toute autre pratique «susceptible de mettre en péril la confiance des citoyens envers leur corps de police». Celui ou celle qui présidera cette enquête devra être nommé au cours des prochains jours.
Enfin, le chef de police de Montréal, Philippe Pichet, devra également expliquer ce qu’il entend faire « pour éviter que la situation s’amplifie». M. Coiteux a refusé de dire si Philippe Pichet avait toujours sa confiance.
«Prenez note de l’ampleur des mesures que j’annonce aujourd’hui, ça vous donne une idée des préoccupations que je peux avoir», a-t-il dit en point de presse. Les témoignages transmis au bureau du ministre Coiteux par des policiers du SPVM feraient état de cas «plus complexes» que ceux décrits dans divers reportages depuis mardi, lorsque l’émission JE a révélé que le second plus important service de police municipal au pays aurait fabriqué des preuves afin de faire taire des employés qui auraient voulu dénoncer des cas de corruption au sein des forces de l’ordre.
Réactions
Le maire Coderre a affirmé être totalement d’accord avec le train de mesures annoncé par Québec en vue de faire le ménage au sein du SPVM. «Les différentes solutions qu’il a proposées [vont] attaquer en profondeur les problèmes qui minent le Service.» Contrairement à M. Coiteux, il a réaffirmé son soutien pour le chef de police Pichet. «Quand il a été nommé, on a dit qu’il ne faisait partie d’aucun clan […]. Il est donc tout à fait normal, à moins qu’il y ait des faits contraires, de lui accorder notre confiance.»
Quoi qu’il en soit, des «gestes» seront posés à la conclusion des deux enquêtes déclenchées par Québec, a-t-il ajouté.
Le directeur Pichet s’est quant à lui engagé à collaborer aux enquêtes gouvernementales. «Nous commençons immédiatement à produire le rapport que demande le ministre sur les mesures que nous mettrons en place pour assurer l’intégrité de notre travail.»
Les mesures annoncées par le ministre Coiteux sont insuffisantes, rétorque l’opposition à l’Hôtel de Ville et à l’Assemblée nationale. «Tant que l’administration Coderre persiste à bloquer toute tentative pour rendre plus transparentes les procédures de reddition de comptes de la haute direction du SPVM, la culture malsaine qui afflige cette organisation persistera et les scandales vont continuer de fuser de toutes parts», a insisté la chef de Projet Montréal, Valérie Plante.
Porte-parole du Parti québécois en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé s’est dit soulagé de voir la directrice du BEI «enfin» mise à contribution… mais déplore que celle-ci n’ait pas été chargée du dossier dès le début, comme plusieurs le réclamaient.
La Coalition avenir Québec aurait par ailleurs voulu qu’on suspende Philippe Pichet de ses fonctions le temps de la réalisation de ces deux enquêtes. Le fait que la SQ soit toujours mêlée à l’enquête préoccupe son porte-parole, André Spénard. «Il y a trop de complicités entre les corps de police. C’est encore la police qui enquête sur la police. Ils vont se protéger entre eux.»
Même son de cloche chez Amir Khadir, de Québec solidaire. «C’est une espèce de tentative encore une fois de ne pas se rendre à l’évidence que c’est une crise de confiance grave.»
Crise au SPVM : une enquête sur plusieurs frontsUne enquête interne: Le ministre envoie un commissaire «à l’intérieur du SPVM» pour faire une enquête administrative. Son attention sera concentrée sur la division des enquêtes internes. Selon ce que les témoins allèguent, c’est de là qu’auraient émané les règlements de comptes entre policiers et la fabrication de preuves. Reste à nommer un commissaire «très bientôt», a dit le ministre. Déjà, le Parti québécois demande que les oppositions aient voix au chapitre dans la décision.
La directrice du BEI, sans le BEI: Le fait que l’enquête sur le SPVM ait été confiée à la SQ dérange depuis le début et les partis d’opposition ont réclamé toute la semaine qu’on la confie au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI). Vendredi, le ministre a de nouveau indiqué que le BEI, une «une jeune organisation»,n’était pas en mesure de s’en charger, mais propose un compromis en donnant la «cogestion» de l’enquête à la patronne du BEI, Madeleine Giauque, qui travaillera avec le directeur général adjoint de la SQ, Yves Morency.
Des renforts de partout: En plus de Me Giauque, le ministre a requis l’aide des services de police de Québec, Longueuil et Gatineau. La GRC sera aussi plus présente.
Pichet toujours en poste, mais…: Malgré l’ampleur de la crise, le ministre n’a pas limogé le patron du SPVM. Prié de dire s’il lui faisait toujours confiance, le ministre n’a pas répondu, se contentant de dire que «c’est important de faire la lumière».
Mise à jour le dimanche 17 janvier 2016 à 17 h 27 HNELa Presse Canadienne
Le chef libéral Philippe Couillard monte dans un avion (archives) Photo : PC/Jacques Boissinot
Malgré sa promesse de rester sagement à la maison, le gouvernement Couillard ne s'est pas empêché de parcourir la planète au cours de la dernière année. Les missions à l'étranger se sont multipliées.
Il s'était pourtant engagé formellement à limiter au strict minimum ses déplacements à l'étranger, soucieux de donner l'exemple, alors qu'il imposait d'importantes compressions budgétaires à l'appareil de l'État.
Le 25 novembre 2014, le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, en avait fait l'annonce publiquement, sur un ton solennel : désormais, assurait-il, seuls les projets de voyage estimés incontournables seraient autorisés. « L'État doit se serrer la ceinture », martelait M. Coiteux. Sa directive sur les déplacements s'inscrivait dans le plan global du gouvernement visant à assainir les finances publiques par un contrôle serré des dépenses.
Les membres du gouvernement devaient donc ranger leurs valises. Aucune mission ministérielle planifiée à l'extérieur du Québec ne pourrait devenir réalité, sans l'approbation expresse du cabinet du premier ministre.
Dès qu'il serait question de déplacement, il faudrait dorénavant s'en tenir « aux cas jugés essentiels », pour reprendre l'expression du ministre Coiteux.
Or, plus d'une année est passée et le constat est le suivant : malgré la directive, les ministres ont pu comme avant boucler leurs valises et voir du pays. La presque totalité des projets de missions à l'étranger soumis au cabinet a reçu le feu vert.
Seulement trois projets ont été mis de côté, selon les données fournies à La Presse Canadienne par le cabinet du premier ministre Couillard.
Le cabinet affirme avoir reçu 33 projets de missions de la part de membres du gouvernement et en avoir approuvé 30.
Seulement 30 voyages?
Mais ces chiffres ne donnent pas un portrait exact de la situation, car les données fournies par le cabinet, six semaines après la demande initiale et plusieurs rappels, sont incomplètes.
Le nombre affiché est bien en deçà du nombre réel de déplacements effectués, en raison du fait que le cabinet a décidé d'exclure d'emblée de la liste les neuf missions à l'étranger de la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, et la douzaine de missions menées par le premier ministre Philippe Couillard.
Par exemple, la mission gouvernementale effectuée en mars 2015, d'une ampleur sans précédent, ne figure pas sur la liste. Pour mener à bien sa mission à Paris, le premier ministre avait choisi alors d'être accompagné de pas moins de cinq ministres et leur suite : Jean D'Amour, Christine St-Pierre, David Heurtel, Hélène David et Jacques Daoust. Au même moment, en parallèle, une sixième ministre, Lise Thériault, menait sa propre mission européenne, notamment à Paris elle aussi.
Le processus décisionnel entourant cette directive sur les voyages paraît nimbé de mystère. Malgré des demandes répétées, le cabinet du premier ministre a refusé de dire sur quels critères il s'appuyait pour accepter ou refuser un projet de déplacement ministériel en contrée étrangère.
Comment fait-on, en ce domaine, pour départager l'essentiel de l'accessoire? Personne n'a pu ou voulu fournir de réponse à cette question.
On a aussi refusé de préciser quels projets avaient été écartés, et par quels ministres ils avaient été présentés. Il a aussi été impossible de savoir de qui relevait la décision de trancher.
Les destinations les plus populaires et les grands voyageurs
Personne ne sera surpris d'apprendre que la ville de Paris arrive bonne première, comme choix de destination privilégiée des membres du gouvernement québécois. Depuis le 25 novembre 2014, M. Couillard y est allé à quatre reprises, suivi de Christine St-Pierre, Jean D'Amour et David Heurtel (trois fois chacun), Hélène David, François Blais et Jacques Daoust (deux fois chacun), Carlos Leitao, Lise Thériault et Laurent Lessard (une fois chacun).
Loin derrière la Ville lumière, New York se classe au deuxième rang. Québec ne croque pas si souvent dans la Grosse Pomme. M. Couillard et son ministre des Finances, Carlos Leitao, y sont allés deux fois chacun, tandis que Jacques Daoust, Hélène David, Pierre Arcand, Stéphanie Vallée et Christine St-Pierre y ont chacun posé le pied une fois.
Le grand voyageur du gouvernement se nomme Jacques Daoust, avec à son actif une dizaine de missions économiques derrière la cravate, depuis la fin novembre 2014. Le ministre de l'Économie a exploré Paris, Davos, Tel-Aviv, New York, Pékin, Hong Kong, Mexico, Bogota, Atlanta et Détroit.
Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, n'est pas en reste, ayant séjourné à Paris, Lyon, Seattle, Los Angeles, Mexico et Lima.
Jean D'Amour qui n'est responsable que d'un seul dossier - la stratégie maritime - a jugé essentiel de diriger trois missions. En l'espace de huit mois, il s'est rendu trois fois à Paris (en mars, en septembre et en novembre), sans compter des détours par Bruxelles, Rotterdam, Marseille, Anvers, Wageningen, Zeebruges et Gand.
Certains ministres n'ont jamais quitté le pays par affaires : Jean-Marc Fournier, Kathleen Weil, Francine Charbonneau, Lucie Charlebois, Martin Coiteux, Jean-Denis Girard, Geoffrey Kelley, Pierre Moreau, Dominique Vien et Robert Poëti.
Publié par La Presse Canadienne le jeudi 17 décembre 2015 à 16h13. Modifié par 98,5 fm à 17h19.
Louise Chabot / Page Facebook de la Centrale des syndicats du Québec
MONTRÉAL - Québec et les syndicats du front commun représentant 400 000 des 550 000 employés de l'État ont finalement conclu une entente de principe, jeudi.
C'est la présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot, qui en a fait l'annonce en une seule phrase, jeudi en fin d'après-midi.
Les cinq chefs syndicaux du front commun avaient lancé mercredi une séance intensive de négociation à l'appel du président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. Ces discussions, qui ont repris jeudi matin, ont visiblement porté fruit.
Mme Chabot n'a donné aucun détail quant au contenu de cette entente de principe conclue à la table centrale, c'est-à-dire qui porte sur les salaires et le régime de retraite.
Juste après, le ministre Coiteux a à son tour pris la parole, mais n'en a guère dit davantage, si ce n'est que pour indiquer que l'entente de principe «respecte le cadre budgétaire» que s'était donné le gouvernement du Québec et que la négociation s'était déroulée dans un cadre budgétaire «difficile».
Comme le veut le processus habituel, chaque organisation syndicale devra ensuite soumettre cette entente de principe à une instance intermédiaire de négociation, avant que celle-ci puisse cheminer jusqu'aux membres en assemblées générales.
Depuis le début de cette longue négociation, il y a un an, une quarantaine d'ententes de principe étaient également intervenues aux tables sectorielles avec différents syndicats, membres et non membres du front commun. À ces tables sont discutées les questions touchant l'organisation du travail, la précarité d'emploi et les tâches, par exemple.
Le front commun est constitué de la CSN, de la FTQ et du Secrétariat intersyndical des services publics, qui est lui-même constitué de la CSQ, de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ainsi que du Syndicat de la fonction publique du Québec.
Publié par Léandre Drolet pour 98,5 fm le samedi 21 novembre 2015 à 08h20.
La population n`appuie pas le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux./PLQ
(98,5 fm) - Une majorité de Québécois est en désaccord avec les mesures d'austérité imposées par le gouvernement Couillard.
Selon un coup de sonde Léger, réalisé pour Le Devoir et Le Journal de Montréal, 54 pour cent des Québécois sont défavorables au programme visant à atteindre le déficit zéro, tandis que le tiers des répondants sont favorables.
D’autre part, près de deux Québécois sur trois (64 pour cent) considèrent que le gouvernement ne gère pas bien les négociations avec les employés du secteur public.
Ce qui se traduit par le fait que les syndicats obtiennent l’appui de la population dans une proportion de 51 pour cent, contre 28 pour cent pour la partie patronale.
Par ailleurs, la décision du gouvernement québécois d’investir 1,3 milliard e dollars pour aider Bombardier est elle aussi largement décriée par 55 pour cent des répondants.
Malgré ce sévère jugement, les libéraux demeurent favoris dans les intentions de vote avec 35 pour cent, tout juste devant les péquistes (32 pour cent) et les caquistes (20 pour cent).
Le sondage a été mené en ligne entre les 16 et 19 novembre auprès de 1001 répondants. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 pour cent, dans 19 cas sur 20.
Martin Coiteux, président du Conseil du Trésor Photo : PC/Jacques Boissinot
Alors que les moyens de pression se poursuivent chez les employés de la fonction publique du Québec, le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, se dit prêt à revoir certaines propositions.
Un texte de Davide Gentile
« Nous sommes à la croisée de chemins », affirme le président du Conseil du Trésor en parlant des négociations avec les salariés de l'État. Martin Coiteux pense que les prochaines semaines sont « absolument déterminantes » et table sur des compromis quant aux régimes de retraite pour faire progresser les pourparlers.
« Le message des syndicats, c'est : "Est-ce qu'on est obligés de faire ça le 1er janvier 2017?" Non, on n'est pas obligés de faire cela le 1er janvier 2017, on peut y arriver de façon graduelle et les syndicats peuvent nous faire des propositions. On attend des propositions », martèle M. Coiteux.
Les propositions de Québec ont provoqué un tollé lorsqu'elles ont été déposées en décembre dernier. Elles visaient à faire passer l'âge de la retraite de 60 à 62 ans, et la rente finale serait calculée sur huit ans au lieu de cinq ans, comme c'est le cas actuellement. La pénalité en cas de retraite anticipée passerait de 4 % à 7,2 %.
Martin Coiteux ne semble pas prêt à retirer ces mesures, mais il pourrait accepter de retarder leur entrée en vigueur. « On nous a dit que peut-être qu'il y a des gens qui, dans l'anticipation de ce changement-là, vont vouloir quitter le secteur public, et ça va nous créer un problème. Je suis d'accord avec les syndicats là-dessus, j'ai entendu ce message-là », concède-t-il.
Toutefois, pour lui, une refonte des régimes de retraite est essentielle. « Depuis 10 ans, la cotisation a pratiquement doublé », souligne-t-il. Il affirme que sans changements majeurs, le fardeau des régimes deviendra lourd pour les jeunes. Selon lui, sans correctifs, les jeunes du secteur public feront face à des hausses de cotisations.
L'autre élément important à ses yeux est celui de la relativité salariale. L'exercice, différent de l'équité salariale, vise à corriger certaines iniquités dans les échelles salariales. « C'est un objectif d'équité entre les gens du secteur public qui ont des échelles salariales qui diffèrent et qui se sont distorsionnées [sic] dans le temps », dit-il. Martin Coiteux pense que la négociation permettra de régler ce problème extrêmement complexe et très délicat. Il précise qu'il ne veut pas dire que certains groupes se retrouveront « favorisés » par rapport à d'autres groupes, mais que, selon lui, « il y a un problème qui est reconnu par les deux parties ».
« Travaillons à trouver une solution adéquate et acceptable pour les deux parties qui fait avancer le secteur public québécois, dont la capacité de recruter du personnel qui va se sentir traité de façon équitable. »— Martin Coiteux, président du Conseil du Trésor
Martin Coiteux refuse de parler d'une nouvelle offre à proprement parler et il affirme qu'environ 1400 rencontres de négociations ont eu lieu depuis le début des pourparlers.
Le président du Conseil du Trésor énonce assez clairement son programme. « Je ne parle pas de mois devant nous. Je parle des prochaines semaines qui seront déterminantes », explique-t-il.
Veut-il signer une entente avant la mise à jour budgétaire du ministre des Finances qui devrait être faite d'ici décembre? « Il n'y a pas de lien absolu, affirme-t-il. Mais le gouvernement et la société ont besoin de trouver que cette problématique des négociations a trouvé une solution négociée. Une solution juste, équitable avec tout le monde. »
(Québec) Le gouvernement Couillard fera tomber des cartes importantes sur la table des négociations avec le secteur public dans le but d'accélérer un règlement et de mettre un terme aux discussions amorcées il y a près d'un an avec les centrales qui représentent les 500 000 employés de l'État.
Selon les informations obtenues par La Presse, à la table sectorielle de la santé, le gouvernement acceptera une vieille réclamation des infirmières: la rétribution de la formation. On renouera avec les dispositions de la loi 90 adoptée sous Bernard Landry, qui voulait revaloriser la profession d'infirmière.
Des aspects de relativité sont aussi en jeu: en effet, comment expliquer qu'une infirmière gagne en moyenne moins qu'un enseignant au primaire ou au secondaire? Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a sauté dans la mêlée la semaine dernière et a assuré, a-t-on appris, que ces propositions se trouveraient «sur la ligne d'arrivée».
La Presse n'a pu obtenir une évaluation du coût de ces concessions aux infirmières. Mais elles ajouteront un défi important au réseau de la santé pour l'année 2016-2017. Le Trésor exige plus de 400 millions «d'efforts supplémentaires» pour l'an prochain au ministère dirigé par Gaétan Barrette, en plus de l'impact de la loi 20 pour cette même année, soit 110 millions d'économies (55 millions cette année et 55 millions pour 2017-2018). Beaucoup de chantiers ont été lancés l'an dernier dans le secteur de la santé, mais les économies ne sont pas arrivées aussi vite qu'on sy 'attendait.
Lundi, les ministres ont fait un premier tour de table sur la commande de compressions pour 2016-2017, soit plus de 1,2 milliard. Déjà malmenée cette année, l'éducation s'en tire avec une commande réduite - autour de 200 millions de compressions sont attendues pour l'année 2016-2017.
LA FIQ, la fédération interprofessionnelle qui représente plus de 60 000 infirmières, était en conseil fédéral la semaine dernière. Le comité exécutif de Régine Laurent avait imposé une rupture des négociations pour galvaniser les troupes. En réalité, les discussions n'ont jamais été interrompues, et les négociations ont depuis repris officiellement.
Du lest sur les pénalités
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a déjà affirmé publiquement que Québec était prêt à jeter du lest sur ses demandes à propos du régime de retraite des employés. Pas question, par contre, de laisser tomber les paramètres salariaux, soit deux années de gel des salaires suivies de trois augmentations annuelles de 1%.
En revanche, a-t-on appris, le gouvernement compte réduire ses attentes à la table centrale concernant les retraites. Le printemps dernier, en mettant la rondelle en jeu, Québec avait indiqué qu'à compter de janvier 2017, la pénalité actuarielle annuelle pour les employés qui prenaient leur retraite prématurément passerait de 4,2 à 7% par année. Cette cible de 7% sera abandonnée. Par ailleurs, on comprend que Québec n'a pas l'intention de faire des concessions sur un autre changement attendu au régime de retraite. L'âge minimal de retraite sans pénalité devrait être augmenté pour tenir compte de la longévité accrue; on passerait ainsi de 60 à 62 ans à compter de 2017.
Publié le 02 octobre 2015 à 05h00| Mis à jour à 07h14
PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, aurait fait un vibrant appel à l'appui de sous-ministres et de dirigeants d'organismes en cette période de turbulences appréhendées.
(QUÉBEC) Le gouvernement Couillard entamera sous peu une nouvelle série de fusions et d'abolitions d'organismes. Ces changements de structures sont, croit-il, susceptibles de l'aider à maintenir à long terme l'équilibre des finances publiques.
À huis clos, hier matin, devant un parterre de sous-ministres et de dirigeants d'organismes, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a prévenu qu'une «seconde série de révisions, d'abolitions et de repositionnement des structures sera[it] annoncée sous peu». Ce nouveau cycle suit celui amorcé dans le budget du printemps dernier, où les fusions de la Commission de la santé et de la sécurité du travail et de celle des normes et de l'équité salariale, notamment, avaient été mises en branle, de même que l'abolition de la Régie du cinéma, avalée par le ministère de la Culture.
Devant les mandarins, le ministre Coiteux a fait un vibrant appel à leur appui en cette période de turbulences appréhendées, nous a confié un participant. «L'ampleur des changements structuraux dépend du leadership gouvernemental, mais aussi de la détermination de chacun d'entre vous», a prévenu le ministre Coiteux. «Avec 98 milliards de budget, dont 66 en dépenses de programmes, je ne peux pas croire qu'on ne puisse pas livrer des services publics de qualité», a laissé tomber M. Coiteux. «On est déjà à l'os avec les coupures. Il faut regarder maintenant ce qui peut être fait du côté des revenus», confiera un membre du gouvernement.
Une partie de ce plan de match doit tomber sur la table du Conseil des ministres lors de leur réunion spéciale de lundi prochain à Québec. Chacun devra y aller d'une présentation sur sa cible de compressions, les moyens pour la réaliser ou les raisons pour lesquelles il n'a pu l'atteindre, un exercice pénible pour bon nombre d'entre eux.
Les décisions ultimes se trouveront dans le mini-budget du ministre des Finances, prévu, pour l'instant, à la fin de novembre.
Tabac... et confusions
Déjà, des scénarios de hausse des droits sur le tabac circulent aux Finances. Le ministère de la Santé réclame de nouveau une taxe spéciale sur les boissons gazeuses sucrées, une proposition récurrente qui est invariablement écartée parce que trop difficile à appliquer. Contrairement à l'an dernier, on ne parle plus de taxe sur les cigarettes électroniques, considérées désormais comme un moyen de freiner le tabagisme.
Afin d'équilibrer son budget 2015-2016, le gouvernement Couillard songe à faire des compressions de 800 millions. La plupart sont identifiées, une commande énorme, compte tenu du fait que l'exercice financier est bien avancé. La Presse révélait cette semaine que l'an prochain, un milliard devrait être trouvé. Mardi, le premier ministre Philippe Couillard semblait confirmer cette information. Ainsi, pour 2016-2017, la cible de compression était de 850 millions, plus quelques dépassements.
«On avait déjà identifié des sommes qui devaient être l'objet d'examens pour 2016-2017, autour de 850 millions. Puis il y a toujours un peu de dépassement de dépenses dans les réseaux et les ministères», avait soutenu M. Couillard.
Au Développement économique, il faut s'attendre à une rationalisation des sources de subventions. Le rapport de Lucienne Robillard indiquait que les programmes d'aide financière offerts par Québec mériteraient aussi un coup de balai pour mettre fin aux chevauchements. C'est près de 1 milliard (900 millions) que le gouvernement distribue chaque année aux entreprises, en aide directe ou indirecte, à la faveur de 84 programmes administrés par 12 ministères différents. L'an dernier, on avait évoqué le scénario d'une disparition de la Société d'habitation du Québec, dont la mission relèverait désormais du ministère des Affaires municipales.
Mais des opérations de restructuration mises en branle récemment engendrent passablement de confusion. Le sous-ministre à l'Emploi, Bernard Matte, a exposé le projet de fusion des bureaux du gouvernement du Québec en région avant qu'il n'ait été entériné par le Conseil des ministres. Plus saugrenue encore, la présentation de Marc Croteau, le sous-ministre au Tourisme, qui a annoncé une taxe sur les forfaits voyage à l'étranger, un scénario rejeté sur-le-champ par Philippe Couillard. Le Conseil des ministres avait repoussé cette idée, mais le message n'avait pas été reçu clairement par M. Croteau, a-t-on expliqué à La Presse.
Pas de décret
Dans son intervention, le ministre Coiteux a aussi promis de «réduire la taille de l'État et [de] chercher plus de flexibilité comme dans toute organisation moderne». Développement important dans les officines, on croit désormais fermement que l'actuel cycle de négociations avec le secteur public se conclura par une entente, et non une loi spéciale.
Une intervention personnelle du ministre de la Santé Gaétan Barrette, ces derniers jours, a réussi à réchauffer les relations quasi rompues entre le Conseil du trésor et les infirmières. Le syndicat qui les représente, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, en instance actuellement, avait officiellement quitté la table la semaine dernière. De sources syndicales, on indiquait toutefois que les pourparlers n'avaient jamais cessé. «Arrive un moment où il faut brasser tout le monde. C'est ce qu'a fait Barrette», confie-t-on. Pas question pour Québec de bouger sur la proposition salariale, mais les discussions sur les primes, d'ordre normatif, se poursuivent.