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samedi, mai 06, 2017

Le vieux singe

http://www.ledevoir.com/politique/

Michel David
6 mai 2017 |Michel David | Québec | Chroniques
On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, et Robert Lafrenière en est un. Jeudi, il en était à sa douzième comparution devant une commission parlementaire, dont neuf en six ans à titre de grand patron de l’UPAC. De son propre aveu, il est devenu une sorte d’expert en la matière. Il sait parfaitement ce qu’il faut dire et ne pas dire. Ce n’était ni le moment ni le lieu des grandes révélations, mais l’habileté de son témoignage avait de quoi impressionner.
 
Aussi longtemps que le choix du commissaire de l’UPAC et du directeur de la SQ sera à la discrétion du gouvernement, sans l’approbation des deux tiers de l’Assemblée nationale, il s’en trouvera toujours pour douter de leur indépendance. Une méfiance que l’habitude des allers-retours entre la police et le ministère de la Sécurité publique n’est pas de nature à atténuer.
 
M. Lafrenière n’en avait pas moins des airs d’Eliot Ness durant son interrogatoire. À l’entendre, rien, ni personne, ne pourrait l’empêcher de passer les menottes à tous ces mécréants. « Il n’y a jamais eu de tentative de m’influencer en six ans. Celui qui essaierait, ce serait catastrophique pour lui, tout se sait. » À bon entendeur, salut !
 
Même les députés de l’opposition, qui l’attendaient de pied ferme, ont paru rassurés par sa volonté de mener à terme l’enquête Mâchurer, qui vise Jean Charest et son collecteur de fonds, Marc Bibeau, et de transmettre le dossier à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP), peu importe les conséquences politiques. Autrement dit, s’il n’y a pas d’accusations, ce n’est pas lui qu’il faudra blâmer.
 
Les explications qu’il a données pour justifier la lenteur de l’enquête étaient très convaincantes. Tout le monde comprendra que des gens menacés d’être traduits devant les tribunaux vont utiliser tous les moyens légaux possibles pour faire traîner les choses. Bref, un remarquable plaidoyer.
 
Le déplaisir que lui ont causé les fuites dont les médias de Québecor ont bénéficié était tout aussi manifeste, comme sa détermination à mettre la main au collet du « bandit » qui en est à l’origine. À aucun moment il n’a cependant mis en doute l’authenticité des courriels et autres documents qui ont été publiés.
 
Contrairement à Pierre Moreau, M. Lafrenière s’est bien gardé d’adresser le moindre blâme aux médias. Il ne voudra jamais admettre que ces fuites ont pu avoir un effet positif, mais il peut maintenant avoir l’assurance que personne au gouvernement n’osera lui suggérer de modérer ses ardeurs.
 
On peut facilement comprendre la frustration des libéraux, qui assistent impuissants à l’étalage de leur turpitude, mais le procès d’intention que le président du Conseil du trésor a intenté à Pierre Karl Péladeau ne peut qu’être contre-productif. Soit, M. Péladeau aurait pu avoir la satisfaction plus discrète, mais tout le monde se souvient que, n’eussent été les enquêtes journalistiques, le gouvernement Charest n’aurait jamais accepté de créer la commission Charbonneau. M. Moreau a peut-être marqué des points au sein de son caucus, mais donner l’impression de vouloir intimider la presse était la dernière chose à faire.
 
La bonne nouvelle pour les libéraux est que les allégations du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, semblent se dégonfler. Le commissaire de l’UPAC et le directeur de la SQ, Martin Prudhomme, ont été aussi catégoriques que la DPCP l’avait été la semaine dernière : ils n’ont pas trouvé la moindre trace de ces écoutes électroniques dont deux élus libéraux soupçonnés d’avoir favorisé un promoteur immobilier lié à la mafia auraient fait l’objet.
 
D’éventuelles poursuites contre Jean Charest causeraient évidemment un tort considérable à l’image du PLQ, mais M. Couillard pourrait encore plaider que cela appartient au passé, si détestable qu’il ait pu être. Les choses se compliqueraient si un député qui siège actuellement à l’Assemblée nationale, voire au Conseil des ministres, était épinglé. Les manigances de Sam Hamad et de Marc-Yvan Côté pour favoriser Premier Tech remontaient aussi à l’ère Charest, mais M. Couillard a quand même jugé nécessaire de sacrifier M. Hamad sur l’autel de l’intégrité.
 
Le premier ministre disait récemment qu’il croyait avoir fait des adieux définitifs à la politique quand il a quitté le cabinet Charest en 2008. À l’époque, il n’était pas disposé à vivre le long purgatoire qui aurait normalement dû suivre la défaite de 2012, comme cela avait été le cas après celles de 1976 et de 1994. Il a repris du service quand il s’est rendu compte que la marque libérale avait été moins amochée qu’il l’avait craint au départ. Il y avait néanmoins un prix à payer pour ce raccourci vers le pouvoir, celui de devoir assumer le poids d’un passé trop récent. Un prix qui ressemble quand même à une aubaine.

jeudi, mars 17, 2016

Les grandes lignes de la carrière publique de Nathalie Normandeau

http://www.journaldequebec.com/

MISE à JOUR 
  Alors qu’on apprenait jeudi matin que Nathalie Normandeau a été arrêtée par l’UPAC, voici un retour sur sa carrière et les principaux événements qui ont marqué sa vie publique au cours des dernières années.
Celle qui a été mairesse de Maria, en Gaspésie, a ensuite représenté la circonscription de Bonaventure de 1998 à 2011 à l’Assemblée nationale.

Députée du Parti libéral du Québec (PLQ), Mme Normandeau a été vice-première ministre du Québec sous le gouvernement de Jean Charest et notamment ministre des Affaires municipales de 2005 à 2009.

Numéro 2 du gouvernement Charest, elle avait annoncé sa démission et son retrait de la vie politique le 6 septembre 2011, évoquant des raisons personnelles et le besoin de relever de nouveaux défis.

En janvier 2012, elle était nommée vice-présidente développement stratégique au sein de la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Elle est entrée dans ses fonctions en mai suivant.

À l’automne 2012, Nathalie Normandeau s’était notamment retrouvée dans l’embarras à la suite du témoignage devant la commission Charbonneau de l’entrepreneur Lino Zambito, qui avait affirmé lui avoir offert des billets au Centre Bell pour le spectacle de Céline Dion et un bouquet de 40 roses pour souligner ses 40 ans.

En novembre 2013, l’ancienne députée libérale quittait ses fonctions chez Raymond Chabot Grant Thornton «d’un commun accord» avec son employeur pour se «permettre un temps de réflexion» et prendre «le recul nécessaire pour faire le point» sur sa carrière professionnelle.

Le mois précédent, le DGE avait montré du doigt l’ex-ministre dans une histoire de financement illégal, en lien avec une activité de financement du PLQ tenue en octobre 2008 à Québec, une activité qui aurait profité «plus spécifiquement à Mme Nathalie Normandeau», avait écrit le DGE.

En juin 2014, Nathalie Normandeau a témoigné devant la commission Charbonneau. Elle avait défendu son droit d’exercer son pouvoir discrétionnaire alors qu’elle était ministre.

Elle s’était montrée surprise et outrée par les allégations entendues dans les mois précédents à la commission Charbonneau, des allégations selon lesquelles des firmes auraient usé de stratagèmes de corruption pour obtenir des contrats.

«Si c'est ça, que l'UPAC fasse son travail. Et j'espère que les enquêtes en cours vont donner des résultats. Parce que si ça s'est fait, ça s'est fait à l'insu du ministère et de la ministre que j'étais», avait-elle affirmé sous serment.

En décembre 2014, Nathalie Normandeau a reçu un préavis de blâme de la commission Charbonneau.

En janvier 2015, elle amorçait une nouvelle carrière, en devenant la coanimatrice vedette de l’émission Normandeau-Duhaime, sur les ondes du FM 93 à Québec, aux côtés d’Éric Duhaime.

Dans le rapport de la commission Charbonneau déposé le 24 novembre 2015, le nom de Nathalie Normandeau revenait à 175 reprises dans le document de 1700 pages. En ondes lors de son émission quotidienne le jour même, Nathalie Normandeau avait de nouveau défendu son intégrité, réitérant qu’elle n’avait rien à se reprocher.

«S’il y en a qui pensent que je me suis mis de l’argent dans les poches en faisant de la politique, enlevez-vous ça de la tête. J’ai toujours fait mon travail de façon intègre et honnête», avait-elle martelé.

Elle avait alors mentionné avoir été «trahie» par des gens de son entourage, sans nommer personne. Lors de son témoignage à la commission Charbonneau en 2014, elle avait affirmé que son chef de cabinet n’avait «peut-être» pas fait preuve de la même prudence qu’elle en refusant de céder aux pressions des firmes de génie qui finançaient illégalement son parti.