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Publié le 26 janvier 2017 à 07h24 | Mis à jour à 07h24
Dans les années 1980, le Japon est accusé d'inonder les États-Unis de produits bon marché et Ronald Reagan passe à l'action. En 1983, dans le but avoué de sauver Harley Davidson, il multiplie par dix, à 45%, les droits de douane sur les motos japonaises de grosse cylindrée.
Publié le 26 janvier 2017 à 07h24 | Mis à jour à 07h24
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JEREMY TORDJMAN
Agence France-Presse
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Un protectionniste à la tête du pays étendard de l'ouverture économique: la stratégie de Donald Trump peut sembler contre nature aux États-Unis, mais s'inscrit pourtant dans une longue histoire de crispations commerciales au sommet du pouvoir américain.
Bien avant que le président Trump ne menace d'édifier des barrières douanières contre la Chine ou le Mexique, plusieurs de ses prédécesseurs ont ainsi dégainé l'arme protectionniste, notamment ceux issus d'un parti républicain qui défend aujourd'hui le libre-échange.
Dans les années 1980, le Japon est accusé d'inonder les États-Unis de produits bon marché et Ronald Reagan passe à l'action. En 1983, dans le but avoué de sauver Harley Davidson, il multiplie par dix, à 45%, les droits de douane sur les motos japonaises de grosse cylindrée.
Quelques années plus tard, en 1987, le président républicain, pourtant héraut de la loi du marché face au dirigisme soviétique, imposera des droits de douane de 100% sur les télévisions et ordinateurs nippons après avoir déjà décrété des quotas d'importation sur les voitures et l'acier japonais.
Dans les années 1970, le flambeau protectionniste est porté par un autre républicain, Richard Nixon.
En 1971, pour freiner l'envolée du dollar, le pensionnaire de la Maison-Blanche met fin à la convertibilité en or du billet vert --pilier du système monétaire-- et impose une surcharge de 10% sur l'ensemble des importations américaines pour forcer ses partenaires commerciaux à réévaluer leur devise.
Frictions
Occultés par le libre-échange triomphant des 25 dernières années, ces élans protectionnistes puisent en réalité aux sources mêmes du parti républicain.
«À ses origines et pendant de nombreuses décennies, le parti républicain a défendu des droits de douane élevés dans l'idée de développer les capacités industrielles du pays», explique à l'AFP Eric Rauchway, historien à l'université de Californie.
Fondé en 1854, le Grand Old Party est alors très proche des industriels du nord-est des États-Unis qui réclamaient des protections contre les produits venus de la principale puissance économique de l'époque, la Grande-Bretagne.
Majoritairement aux commandes de la Maison-Blanche jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le parti va ainsi mettre en place «un mur de protections douanières» pour servir de parapluie à une industrie naissante, explique à l'AFP Michael Lind, auteur de «Land of Promise. An Economic History of The United States».
Cette politique fait toutefois des mécontents. Appuyées par le parti démocrate, les grandes plantations agricoles du sud, piliers de l'esclavagisme, militent pour un libre-échange qui leur permettrait d'exporter leur coton vers le Royaume-Uni et d'importer des équipements industriels moins coûteux que ceux produits aux États-Unis.
Sous l'influence républicaine, le protectionnisme américain va pourtant s'enraciner dans la première moitié du XXe siècle et même s'accélérer à l'approche de la crise de 1929 et après son déclenchement.
En 1930, la loi Smoot-Hawley relève ainsi les droits de douane sur 20 000 produits et suscite des représailles à l'étranger, aggravant les ravages de la Grande Dépression.
Certains vestiges de cette époque sont encore présents aujourd'hui. Voté en 1933, le Buy American Act oblige encore les agences fédérales à s'approvisionner prioritairement en biens produits sur le sol américain.
Revirement
Les États-Unis vont toutefois radicalement changer de cap au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui a mis à terre les industries britannique, allemande et japonaise.
«L'élite des affaires et les républicains se sont convertis au libre-échange parce qu'il n'y avait plus de compétition et que les États-Unis étaient en situation de monopole industriel sur le globe», estime M. Lind.
Les premiers ressacs protectionnistes arriveront d'ailleurs dans les années 70 au moment du retour en force industriel de l'Allemagne et du Japon.
Ils se manifesteront à nouveau dans les années 80 quand les États-Unis seront frappés par une sévère récession entre 1980 et 1982.
«L'idée qu'il faut revenir à une certaine forme de protectionnisme en temps de crise a toujours eu un grand potentiel de séduction», souligne M. Rauchway.
À mesure que les États-Unis gagnaient en puissance, le protectionnisme américain a toutefois changé de visage: il ne vise plus à couver des industries naissantes mais à se défendre contre l'arrivée de biens produits à moindre coût.
Le président Trump semble s'être fait le dépositaire de ce courant de pensée en s'en prenant à la Chine et en se retirant du traité de libre-échange transpacifique TPP.
«C'est ce protectionnisme "défensif" que Donald Trump fait revivre aujourd'hui», affirme M. Lind.
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