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Publié le 06 février 2017 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
(Ottawa) Le système de paye Phénix avait fait l'objet de nombreux essais pendant 18 mois avant son lancement officiel en avril 2016, et les défaillances relevées durant cette période avaient d'ailleurs contraint le gouvernement fédéral à retarder son implantation à l'ensemble des ministères de quatre mois.
Depuis son lancement en avril 2016, les problèmes liés au système de paye ne cessent de donner des maux de tête au gouvernement Trudeau et faire la manchette. Le ministère des Services publics et de l'Approvisionnement est d'ailleurs inondé d'appels. Du 26 juillet 2016 au 23 janvier 2017, le centre d'appels mis sur pied pour traiter les cas d'employés du gouvernement fédéral qui ont un problème avec leur paye a reçu 184 752 appels... soit l'équivalent de quelque 1500 appels en moyenne par jour.
Durant la période de mise en essai, on a utilisé 16 000 scénarios de paye différents afin de tenir compte des quelque 80 000 règles administratives que l'on retrouve dans les lois fédérales et les diverses conventions collectives.
Les syndicats représentant les employés du gouvernement fédéral avaient d'ailleurs demandé que l'on reporte la mise en oeuvre du nouveau système de paye Phénix en raison des problèmes qui avaient été relevés durant la période d'essai de 18 mois.
Mais le gouvernement Trudeau a refusé au motif que le système avait déjà été mis en oeuvre dans 34 ministères lorsque les syndicats ont formulé cette demande.
Depuis son lancement en avril 2016, les problèmes liés au système de paye ne cessent de donner des maux de tête au gouvernement Trudeau et faire la manchette. ARCHIVES PC |
«À ce moment-là, il n'était pas viable de conserver à la fois l'ancien système et le nouveau. Il était impératif que nous mettions l'ancien système hors service afin que toutes les ressources disponibles puissent se concentrer sur la mise en oeuvre de Phénix.» - Extrait de documents rédigés à l'intention du greffier du Conseil privé Michael Wernick et obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information
La ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Judy Foote, s'était engagée à régler l'ensemble des problèmes liés au système de paye au plus tard le 31 octobre 2016. Mais son ministère a été incapable de respecter cet échéancier en raison de la complexité de la tâche. Il reste environ 7000 fonctionnaires qui attendent toujours que l'on règle leurs problèmes de paye, a indiqué il y a 10 jours la sous-ministre Marie Lemay.
Au plus fort du fiasco entourant le lancement de Phénix, il y avait pas moins de 80 000 fonctionnaires qui avaient reçu trop d'argent ou pas assez ou, pire, n'avaient pas été payés du tout.
Depuis le début de cette controverse, la ministre Judy Foote répète que «les problèmes actuels qui touchent la paye dans la fonction publique sont totalement inacceptables».
«Nous sommes déterminés à travailler en collaboration, à tous les niveaux, pour y remédier le plus rapidement possible.»
Mais le vice-président exécutif régional de l'Alliance de la fonction publique (région de la capitale nationale), Larry Rousseau, a affirmé que le fiasco entourant la mise en oeuvre de Phénix a déjà mis à rude épreuve la patience des fonctionnaires fédéraux.
D'autant que certains syndicats représentant les employés fédéraux n'ont pas reçu les cotisations syndicales qui leur reviennent. C'est d'ailleurs le cas de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, syndicat représentant 58 000 professionnels du gouvernement fédéral, qui a demandé la semaine dernière une aide d'urgence au Conseil du Trésor alors qu'il doit composer avec 1,7 million de dollars en arrérages depuis le mois de décembre.
Au départ, l'implantation du système de paye Phénix devait permettre au gouvernement fédéral de réaliser des économies annuelles de 70 millions de dollars. Or, tout indique que ces économies ne seront pas au rendez-vous. Le gouvernement calcule que la mise en place de quatre centres temporaires de rémunération et d'un centre d'appels, ainsi que l'embauche de plus d'effectifs pour régler ce problème vont coûter entre 45 et 50 millions de dollars.
- Avec William Leclerc, La Presse