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samedi, mai 07, 2016

Les orphelins de Pierre Karl Péladeau

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7 mai 2016 |Michel David

À première vue, le dernier sondage Léger-Le Devoir a tout pour plaire à Alexandre Cloutier, qui part avec deux longueurs d’avance dans la course à la succession de Pierre Karl Péladeau. C’est avec lui que le PQ aurait les meilleures chances de battre les libéraux, et il est de loin celui qui est le mieux perçu par les caquistes et les solidaires.

Quelque chose devrait pourtant le faire sourciller. Compte tenu de la marge d’erreur, les 27 % d’intentions de vote des électeurs péquistes dont il est crédité le placent sensiblement au même niveau qu’à l’issue de la course de l’an dernier (29,2 %). Cela signifie qu’il n’a rien récupéré des appuis que Pierre Karl Péladeau avait reçus au congrès de mai 2015 (57,6 %).

Soit, le sondage n’a pas été mené auprès de membres en règle du PQ, qui sont seuls habilités à voter pour le choix du chef, mais l’expérience enseigne qu’ils se comportent généralement comme les électeurs péquistes.

On peut penser que les 15 % recueillis par Bernard Drainville correspondent grosso modo au résultat qu’il aurait obtenu s’il avait terminé la course l’an dernier, plutôt que de se rallier à M. Péladeau, mais il est maintenant acquis qu’il ne sera pas sur les rangs.

Les 14 % de partisans de Jean-Martin Aussant, qui a coupé court aux spéculations sur sa possible candidature, sont sans doute en grande partie des orphelins de PKP, qui doivent aussi être nombreux parmi les 22 % d’indécis. Vers qui se tourneront-ils ?


Plusieurs l’avaient appuyé en se bouchant le nez, voyant en lui un sauveur qui les conduirait à la terre promise même si son passé antisyndical heurtait leurs valeurs sociales-démocrates. Alexandre Cloutier est sans aucun doute un social-démocrate, mais Véronique Hivon et Martine Ouellet peuvent aussi revendiquer cette étiquette.

Ceux qui se préoccupent d’identité pouvaient facilement se reconnaître en Pierre Karl Péladeau ou en Bernard Drainville. Ils doivent se sentir moins d’affinités avec Alexandre Cloutier ou Véronique Hivon, qui se réclament plutôt d’un nationalisme civique.

La charte de la laïcité était peut-être une mauvaise expression de l’identité québécoise et une bourde stratégique, qui a permis au camp fédéraliste de se présenter en défenseur des droits et libertés, mais l’identité demeure la pierre d’assise du projet souverainiste. Abandonner ce terrain à la CAQ serait une grave erreur.

Plusieurs ont dû être surpris que Véronique Hivon obtienne la faveur de seulement 11 % des électeurs péquistes, alors que son nom est sur toutes les lèvres. Même si elle a été louangée pour son rôle dans l’adoption de la loi sur l’aide médicale à mourir, sa notoriété demeure relativement faible. C’était aussi le cas d’Alexandre Cloutier quand il s’est lancé dans la course à la succession de Pauline Marois. Plusieurs le tenaient pour quantité négligeable, y compris ses adversaires.

Mme Hivon n’a pas eu l’occasion de se prononcer sur des sujets autres que ceux dont elle était responsable au sein de l’aile parlementaire. En quoi se distingue-t-elle de M. Cloutier, dont elle vantait les qualités il y a un an ? La compassion est une belle qualité, mais elle ne constitue pas une plateforme ni une garantie de leadership.

La longueur de la dernière course avait bien servi M. Cloutier, qui avait eu le temps de se faire connaître. L’approche des élections et la nécessité de tenir un congrès d’orientation risquent de priver Mme Hivon d’un temps précieux. Ceux qui définiront les règles du jeu devront être conscients qu’elles pourraient avoir un impact sur l’issue de la course.


Le sondage Léger-Le Devoir constitue certainement une déception pour Martine Ouellet. Des 13,2 % d’appuis recueillis l’an dernier, il ne reste plus que 4 %. Une autre qu’elle en serait peut-être découragée, mais baisser les bras ne fait pas partie de son ADN.

Alors que le flou sur la tenue du référendum est presque devenu la règle au PQ, Mme Ouellet avait eu le grand mérite d’être claire. Si sa candidature se confirme, on peut compter sur elle pour forcer ses adversaires à l’être aussi.

Il est paradoxal que le Oui fasse un bond de six points au moment où M. Péladeau quitte la scène. Un score de 41 % est nettement supérieur aux intentions de vote du PQ, peu importe qui en serait le chef. Mme Ouellet pourra y faire la preuve que le PQ a tout intérêt à s’engager à tenir un référendum dans un premier mandat.

Avoir raison est parfois un tort. Certains n’ont jamais pardonné à Jean-François Lisée d’avoir qualifié M. Péladeau de « bombe à retardement ». Il est à espérer que le faible appui (6 %) dont il bénéficie ne le dissuade pas d’entrer dans la course. Les péquistes ont toujours eu du mal à accepter qu’on leur dise leurs quatre vérités, mais ils en ont grand besoin.

jeudi, février 25, 2016

Convergence: David résiste aux avances de Lisée

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Le débat sur la gauche n’a pas tourné en faveur d’une alliance souverainiste

25 février 2016 | Isabelle Porter à Québec | Québec
Françoise David participait au débat, tout comme Michel David.
Photo: Francis Vachon Le Devoir

Françoise David participait au débat, tout comme Michel David.
Le débat du Devoir sur la gauche et le pouvoir a donné lieu à des négociations informelles en direct sur une éventuelle alliance électorale entre le Parti québécois et Québec solidaire, mercredi soir. Tandis que Jean-François Lisée multipliait les invitations, le scepticisme de Françoise David semblait se renforcer.
 
« On tend la main, a répété Jean-François Lisée lors de l’événement à la chapelle du Musée de l’Amérique francophone. On n’a pas besoin d’être d’accord sur tout pour converger », a-t-il dit. Or, selon Françoise David, ce ne sera pas possible tant que le PQ refusera de réviser le mode de scrutin.
 
À un certain moment, M. Lisée a mentionné que l’exécutif du PQ de Rosemont avait justement l’intention de soumettre une résolution pour modifier le mode de scrutin au Conseil national du PQ, ce week-end, à Trois-Rivières. Il a dit avoir « bon espoir qu’elle soit adoptée ».
 
Ces avances n’ont toutefois pas semblé convaincre Mme David, qui a rappelé les coupes imposées par le parti à l’aide sociale à l’époque du gouvernement Marois.
 
Le débat organisé par Le Devoir avait pour thème : « QS, PQ : la gauche est-elle condamnée à l’opposition ? » Outre M. Lisée et Mme David, le panel était composé de la consultante et ex-adéquiste Marie Grégoire et du chroniqueur politique Michel David.
 
Pendant la discussion, M. Lisée n’a pas caché que lui et Amir Khadir avaient travaillé ensemble dans le passé pour créer une convergence de leurs deux partis. Il a toutefois concédé que de part et d’autre, les partis ne les appuyaient guère.
 
Le député de Rosemont a par la suite lancé que « la volonté politique de Pierre Karl[Péladeau] était beaucoup plus forte que celle de Pauline [Marois] » de rapprocher les deux partis. Françoise David a rétorqué que lors des précédentes tentatives, le blocage tournait essentiellement autour d’une chose : un mode de scrutin proportionnel. « Le PQ l’a proposé dans son programme depuis 1977, a-t-elle lancé. S’il l’avait fait, on serait peut-être au pouvoir ensemble. »
 
Belzébuth
 
Au fil de la discussion, Marie Grégoire a plaidé que les catégories d’hier ne tenaient plus. Elle a dit être très agacée par les calculs autour de la division du vote souverainiste et a rappelé que le Parti libéral de Justin Trudeau l’avait emporté aux dernières élections facilement sans le Nouveau Parti démocratique.
 
Alors que la discussion sur une éventuelle coalition souverainiste se poursuivait, Michel David a rappelé qu’il y avait un « éléphant dans la pièce » et a relevé que le grand partisan de la convergence, M. Péladeau, est considéré au sein de la gauche comme un véritable« Belzébuth ». Plus tôt dans le débat, il avait toutefois souligné à quel point les partisans des deux partis étaient nombreux à appeler de leurs voeux ce genre d’alliance électorale.
 
Chose certaine, l’animosité entre Françoise David et Jean-François Lisée était palpable tout au long du débat. Comme quoi la convergence ne s’est pas scellée lors de cette discussion.
 
Le prochain débat de la série Le Devoir de débattre aura lieu le 23 mars et portera sur la question du pétrole. Il sera suivi le 13 avril d’un débat sur l’immigration qui, pour la première fois dans l’histoire de cette série, se déroulera à Sherbrooke.

jeudi, décembre 31, 2015

Les doubles «je» de Pierre Karl Péladeau

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31 décembre 2015 |Fabien Deglise | Québec
L’étoile du nouveau chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, semble déjà avoir commencé à pâlir.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
L’étoile du nouveau chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, semble déjà avoir commencé à pâlir.
La politique a cette temporalité élastique à part qui fait qu’une demi-année peut parfois donner l’impression d’en avoir duré douze.

Six mois après avoir été installé à la tête du Parti québécois par 57,6 % des militants de la formation politique souverainiste, dépassant ainsi par la droite Alexandre Cloutier, Pierre Karl Péladeau donne depuis quelques semaines l’impression d’une étoile montante au lustre qui commence un peu à pâlir.

Dans ces pages, en novembre dernier, un titre résumait le malaise : « Les contre-performances de Péladeau inquiètent son entourage ». Sous la plume du collègue Marco Bélair- Cirino, on y apprenait que l’étrange ouverture, puis immédiate fermeture, du chef sur une éventuelle partition du territoire du Québec a soulevé l’ire de plusieurs têtes pensantes du parti. La gaffe a été formulée lors du conseil national du PQ tenu à Sherbrooke pour commenter un plaidoyer pour l’indépendance de la nation innue lancé plus tôt dans la journée par Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nation du Québec et du Labrador.

Sur Facebook, l’ex-conseiller et rédacteur des discours de Pauline Marois, Claude Villeneuve, n’a pas hésité à qualifier l’homme d’« inculte de la politique », l’invitant même à céder sa place à un ou une autre : « Sérieux, […] je ne suis pas le seul à penser que ce gars-là devrait retourner s’occuper de ce qu’il connaît pour vrai. »

Tirs amis ? Couteaux volant bas ? Les tensions semblent également vives au sein du caucus péquiste, où la redistribution des responsabilités par le chef n’a pas fait que des heureux dans les derniers mois. La démission de l’ex-leader parlementaire, Stéphane Bédard, cet automne, remplacé par Bernard Drainville, a donné le ton d’un certain mécontentement.« C’est normal qu’il y ait des changements à l’intérieur d’une organisation », a commenté M. Péladeau. Il y a un nouveau chef et il y a une nouvelle organisation. Or « les changements sont toujours accompagnés, effectivement, pas nécessairement de tensions, mais d’interrogations. C’est à nous de faire en sorte de bien expliquer en quoi ça consiste et c’est ce sur quoi nous allons continuer de travailler. »

Les polarités d’un politicien

De sauveur sanctifié à leader malmené ? De renouveau espéré à échec annoncé ? L’ascension du personnage semble trouver une fois de plus son carburant dans une certaine polarité, dans les doubles « je » qui façonnent cette personnalité multiple et complexe que Jean-François Lisée, député, ex-conseiller au sein de la machine souverainiste et candidat de courte durée dans la course à la succession de Mme Marois, a une nouvelle fois qualifiée de« bombe à retardement » en octobre dernier, au micro de Paul Arcand. Il était question de la double casquette de Pierre Karl Péladeau, chef d’un parti politique et simultanément actionnaire de contrôle de l’empire médiatique Québecor, une configuration de pouvoir qualifiée de « situation exceptionnelle » par le commissaire à l’éthique, qui, en mai dernier, invitait d’ailleurs les députés à se pencher sur la question pour éviter les conflits d’intérêts et les risques d’impartialité liés à la chose.

En septembre, le chef de l’opposition a d’ailleurs tenté de couper court aux critiques et insinuations en mettant son bloc de contrôle du conglomérat Québecor entre les mains d’une société mandataire, baptisée Société Placement St-Jérôme Inc. L’ex-monsieur Mouvement Desjardins, Claude Béland, est un des trois administrateurs, avec André P. Brosseau, président de Marchés des Capitaux avenue BNB, et James A. Woods, avocat au Cabinet Woods. Le mandat accordé est sans droit de regard, mais également sans possibilité pour le mandataire de vendre les actions sans l’accord de M. Péladeau, comme cela aurait été le cas dans une fiducie sans droit de regard. Et il n’en fallait pas plus pour éveiller les soupçons « d’écran de fumée » et d’« artifice » chez les élus des autres formations politiques.

Artifices et contradictions

« L’initiative de M. Péladeau confirme nos craintes, a résumé le cabinet du premier ministre dans nos pages. Plutôt qu’une réelle fiducie sans droit de regard et totalement protégée des risques d’ingérence, M. Péladeau s’est créé un artifice. [...] » Parallèlement, le chef du PQ indique avoir signé une « déclaration sur l’honneur » à l’attention du commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale, dans laquelle il s’engage à ne pas intervenir,« tout comme je ne l’ai jamais fait, a-t-il précisé sur son compte Facebook, dans les choix éditoriaux effectués par les directions de l’information des différents médias qui sont la propriété de Québecor. » Une distance à l’effet protecteur validé d’ailleurs, le 17 décembre, par le Centre d’études sur les médias (CEM), qui a décidé de ne qualifier de problématique les deux chapeaux portés par Péladeau.

Deux chapeaux : cette double accessoirisation semble également permettre le décryptage des idéologies complexes du nouveau chef du PQ, débarquant dans un mouvement politique habité en partie — mais pas uniquement — par des sociaux-démocrates, par une gauche pas toujours dogmatique et souvent pragmatique, que M. Péladeau, et son passé au sein d’un Québec Inc. oscillant entre le centre et la droite, n’arrive pas toujours à incarner. Alors qu’il était le grand patron de Québecor, l’homme avait vertement dénoncé la formule Rand, qui encadre la cotisation obligatoire des syndiqués au Québec, donnant par le fait même des trésors de guerre importants aux syndicats avec lesquels il a eu maille à partir dans cette autre vie. Depuis, il a changé son fusil d’épaule, considérant que la reforme du code du travail n’est pas une priorité. Son opposition au programme d’austérité des libéraux semble en être une de principe et de façade, selon plusieurs observateurs, qui ont souligné l’absence de contre-proposition formulée par M. Péladeau qui, dans les doubles « je » qui l’animent, cherche à ne pas trop s’aliéner d’éventuels appuis.

C’est que la politique est aussi une question d’alliances. M. Péladeau pourrait chercher, dit-on, à en orchestrer avec la CAQ, et même Québec solidaire, afin de constituer un nouveau bloc, et unir les intentions souverainistes ou nationalistes, contre les libéraux, en prévision des élections de 2018, soit dans plus de deux ans, ce qui, dans ce milieu, à la temporalité élastique, représente déjà une éternité.

samedi, novembre 07, 2015

LIBRE OPINION Pourquoi s’appeler encore une province?

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5 novembre 2015 | Mathieu Jacques - Avocat et maître en droit de l’Université McGill | Québec
Plutôt que d’arborer le titre de province, ne serait-il pas mieux que le Québec se nomme l’État fédéré du Québec?
Photo: Andrew Cribb / Getty Images

Plutôt que d’arborer le titre de province, ne serait-il pas mieux que le Québec se nomme l’État fédéré du Québec?
Le mot province vient du latin pro victis, qui signifie « territoire des vaincus ». La question qu’on peut se poser est : pourquoi le Québec conserve-t-il un nom si péjoratif alors qu’il pourrait faire un changement toponymique qui refléterait mieux la nature de ce qu’il est ?
 
Qu’on soit fédéraliste ou souverainiste, du moment qu’on est de bonne foi, force est d’admettre que le Québec est un État et qu’en ce moment, celui-ci est membre à part entière d’une fédération. Plutôt que d’arborer le titre de province, ne serait-il pas mieux que le Québec se nomme l’État fédéré du Québec ?
 
Les membres constituant une fédération ou les régions d’un État ne sont nullement obligés de porter la même appellation. Il y a eu en Ukraine avant la guerre une république autonome de Crimée, alors que la plupart des autres régions de l’Ukraine se nommaient des oblasts.
 
Il s’agirait d’un geste d’affirmation raisonnable et logique compte tenu de la nature unique du Québec au sein de la fédération canadienne. Également, comme le Québec est un des rares États fédérés à agir activement sur la scène internationale, ce changement de nom permettrait de mieux clarifier ce que nous sommes par rapport à nos partenaires internationaux. En effet, il est plus intéressant d’établir des partenariats avec un État fédéré qu’avec une province. Le concept de fédéralisme est largement connu et on sait que les membres des entités fédératives possèdent de hauts niveaux d’autonomie. Néanmoins, une province est généralement fortement soumise à l’État central, et pour l’illustrer, nous n’avons qu’à penser aux provinces françaises. Le terme province ne rend pas du tout justice à ce que nous sommes dans les faits. Les gestes sont importants. Dans une ère caractérisée par l’apathie et le cynisme, on n’ose pas poser de gestes forts d’affirmation. Pourtant, le Québec n’a pas à avoir honte de ce qu’il est et son statut devrait se refléter clairement dans son nom.
 
De plus, ce type d’amendement constitutionnel ne nécessite en aucun cas l’accord des autres provinces, ce qui est en soi une très bonne chose. En effet, en 2001, Terre-Neuve changea de nom pour Terre-Neuve-et-Labrador et personne ne pouvait s’opposer à ce changement toponymique du moment que la province et le fédéral parvenaient à un accord. Le Québec est libre de décider la manière dont il souhaite se nommer. Il serait extrêmement difficile sur le plan politique, pour le gouvernement fédéral, voire impossible, de refuser au Québec le droit de changer son nom.
 
On pourrait me rétorquer que ce changement est inutile et serait un gaspillage de fonds publics. Je répondrais qu’il s’agit d’une position à courte vue. Les symboles sont importants pour tout peuple. Oui, il y a eu la conquête, oui, le chemin que nous avons parcouru ensemble au Canada n’est pas parfait, mais force tout de même l’admiration : plus de 250 ans après notre conquête, nous parlons toujours notre langue. Cessons définitivement de porter collectivement une toponymie de vaincus.

samedi, octobre 17, 2015

Les leçons du passé

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17 octobre 2015 |Michel David | Québec
Jean-François Lisée, qui a toujours eu un sens aigu du marketing, ne pouvait tout de même pas laisser passer le vingtième anniversaire du référendum d’octobre 1995 sans publier un autre livre, qui sera en libraire la semaine prochaine. Certains lui ont reproché de raviver la polémique créée par la malheureuse phrase de Jacques Parizeau à propos de l’argent et des votes ethniques, mais comment parler du référendum sans évoquer cette conclusion dramatique ?
 
Il est vrai que M. Parizeau ne pouvait pas être surpris de l’appui que les communautés ethniques ont donné au Non. Les propos qu’il avait tenus lors d’un Conseil national du PQ tenu à Québec en janvier 1993 étaient sans équivoque : « On peut avoir une majorité dans le sens de la cause nationale que l’on veut faire avancer même si à peu près pas d’anglophones et d’allophones votent pour cela. Les Québécois peuvent atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés même si c’est presque exclusivement des Québécois de souche qui l’approuvent. C’est une forme de réalisme que de tirer ces conclusions. »
 
Dès lors, M. Lisée a raison de dire que s’il voulait blâmer quelqu’un pour la défaite du Oui, l’ancien premier ministre aurait dû s’en prendre aux Beaucerons, qui avaient en majorité voté non, ou encore aux électeurs de Québec, qui avaient appuyé le Oui dans une proportion moins élevée que dans les autres régions francophones. Pierre Karl Péladeau n’en a pas moins dit tout haut ce que pensent toujours de nombreux souverainistes, quand il a déclaré en mars dernier que l’immigration joue contre la souveraineté.
 
Quoi qu’il en soit, il est clair que la déclaration de M. Parizeau n’a rien fait pour améliorer les relations entre le mouvement souverainiste et les néo-Québécois, malgré tous les efforts pour s’en dissocier, pas plus que le projet de charte de la laïcité, avec laquelle M. Lisée avait également pris ses distances dans son précédent livre.

L’utilité des rappels historiques est de permettre d’éviter la répétition des erreurs du passé. Voilà pourtant que M. Lisée propose d’imposer aux nouveaux citoyens canadiens un délai de 12 mois avant de leur octroyer le droit de vote à une élection québécoise ou à un référendum. Du Mexique, le premier ministre Couillard s’est empressé de dénoncer une nouvelle tentative du PQ de créer deux classes de citoyens, l’une avec et l’autre sans droit de vote.
 
« L’emballement bureaucratique » d’Immigration Canada, qui a multiplié le nombre de nouveaux Canadiens, dont la reconnaissance s’est traduite par un appui massif au Non, était sans doute de la triche et il y a fort à parier qu’il y aura récidive dans l’éventualité d’un autre référendum.
 
Bien sûr, cela est déplorable, mais M. Lisée reconnaît lui-même que la « pluie » de nouveaux citoyens n’a pas été décisive. Il peut arriver que le remède soit pire que le mal. Même si le camp du Oui réussissait à empêcher quelques milliers de citoyens prématurés de voter Non, comment cette mesure serait-elle perçue par les centaines de milliers d’autres immigrants que les souverainistes ne peuvent renoncer à convertir à leur cause ? Plutôt que d’y voir un souci de préserver l’intégrité du processus démocratique, ils risquent de conclure que les nouveaux arrivants sont considérés comme des ennemis, ce que le camp fédéraliste ne cessera de marteler. En réalité, M. Lisée propose de répéter l’« énorme demi-bêtise » qu’il reproche à M. Parizeau.

Il prévoit avec raison qu’une disposition légale imposant un délai de 12 mois aux nouveaux citoyens avant de pouvoir voter serait contestée devant les tribunaux. « Cela permettrait de faire la démonstration de la nature partisane de la pratique fédérale », explique-t-il. Et si la Cour suprême invalidait malgré tout la loi québécoise, il suggère d’utiliser la disposition de dérogation.
 
Un tel scénario est envisageable, mais en quoi cela contribuerait-il à faire voir le projet souverainiste sous un jour plus favorable aux néo-Québécois ? On leur dira plutôt que si un gouvernement souverainiste ne respecte pas la Charte des droits du pays qui les a accueillis, cela augure mal pour ce qui se passerait dans un Québec indépendant.
 
Le projet de loi sur l’identité québécoise présenté par Pauline Marois en 2007, qui aurait interdit aux Canadiens qui venaient s’établir au Québec de se présenter aux élections sans avoir une connaissance « appropriée » du français, en avait rendu plusieurs mal à l’aise au PQ, précisément parce qu’il avait pour effet de créer deux classes de citoyens. Il ne fallait pas que les droits d’un Canadien venant s’installer au Québec régressent, avait expliqué Bernard Landry. De la même façon, tant que le Québec fera partie du Canada, il serait gênant qu’un nouveau citoyen n’y ait pas les mêmes droits qu’en Ontario.

dimanche, septembre 13, 2015

La fin du monopole

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12 septembre 2015 |Michel David | Québec

Entendre Pierre Karl Péladeau annoncer la fin du monopole péquiste sur la souveraineté était assurément rafraîchissant. Aucun de ses prédécesseurs n’avait encore voulu reconnaître ouvertement la fin d’une hégémonie qui est depuis longtemps chose du passé. Ce n’est qu’un premier pas sur le chemin de l’unité dans la diversité que les souverainistes désespèrent de voir se réaliser un jour, mais il faut bien commencer quelque part.

Celle que Péladeau a choisie pour reprendre le dialogue, Véronique Hivon, estime que la grande erreur a été de considérer la question sous l’angle d’une alliance électorale dont personne ne voulait faire les frais plutôt que de miser sur les points de convergence. Dans toute négociation, on commence en effet par régler les points les moins litigieux, mais il vient néanmoins un moment où il faut bien s’attaquer au coeur du problème.

En réalité, l’intransigeance manifestée par les partis ne reflète pas les sentiments de leurs électeurs. Un sondage Léger Marketing-Le Devoir réalisé en juin 2013 indiquait que 80 % des péquistes, 75 % des partisans d’ON et 62 % des solidaires étaient disposés à voter pour un candidat souverainiste unique. Malgré l’exaspération qui se manifeste chaque fois que des représentants de la société se réunissent dans l’espoir de favoriser un rapprochement, les appareils des partis sont malheureusement incontournables.

Le cas d’Option nationale est relativement simple. Si le PQ s’engage à tenir un référendum dans un premier mandat, il y aura vraisemblablement fusion, comme le prévoient les statuts du parti. Du côté de Québec solidaire, Françoise David semble commencer à envisager un peu plus sereinement l’idée de discuter avec le PQ de PKP, mais il est difficile d’imaginer un quelconque « projet de société » commun aux deux partis. Une forme d’alliance ne peut être que ponctuelle et porter précisément sur la réalisation de la souveraineté, ce qui suppose qu’on s’entende sur la mécanique qui permettrait d’y accéder. Un référendum devrait-il porter précisément sur la souveraineté ou sur un projet de constitution ? Faudrait-il réunir une assemblée constituante ? Avant ou après un référendum ? Faudrait-il deux référendums distincts ?

Il ne s’agit pas là de simples détails, mais cela ne devrait pas constituer un obstacle insurmontable si la volonté politique y est. Le référendum sur l’entente de Charlottetown (1992) a également démontré qu’il est possible pour des partis distincts d’être chapeautés par le même comité parapluie tout en conservant leur identité propre. Les « libéraux pour le non », dirigés par Jean Allaire, avaient alors cohabité sans trop de heurts avec le PQ.


Tout cela sera cependant sans objet sans l’élection d’un gouvernement qui serait en mesure de tenir un référendum, et il est clair qu’une alliance électorale entre les partis souverainistes y contribuerait grandement.

M. Péladeau, qui a visiblement été marqué par sa visite en Catalogne, ne cesse de la donner en exemple. « Il y a deux partis qui sont souverainistes et ils sont ensemble justement pour faire en sorte d’atteindre l’objectif qui est le leur, c’est-à-dire que la Catalogne devienne un parti », a-t-il déclaré lundi.

En prévision de l’élection du 27 septembre prochain, la coalition Junts pel Si (Ensemble pour le Oui) vient de présenter une « feuille de route » qui, au bout de 18 mois, devrait en principe aboutir à une déclaration unilatérale d’indépendance par le Parlement catalan sans qu’il y ait eu référendum, l’état espagnol en ayant refusé la tenue. Madrid n’assistera certainement pas en spectateur à la division du pays, de sorte que la suite des événements paraît très incertaine, mais il est très possible que la coalition, qui mène actuellement dans les sondages, remporte l’élection.


Malgré l’enthousiasme de M. Péladeau, il y a une différence fondamentale avec le Québec. La Catalogne a un mode de scrutin proportionnel qui permet aux partis de la coalition d’additionner leurs voix. Au Québec, le mode de scrutin uninominal à un tour fait en sorte qu’ils se cannibalisent.

Jusqu’à présent, les efforts du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) pour favoriser une première candidature unique dans Laurier-Dorion, où la lutte entre le PQ et QS est la plus profitable aux libéraux, n’ont pas abouti.

Quelqu’un devra faire un geste. M. Péladeau pourrait envoyer un puissant signal de sa réelle volonté de faire l’unité des souverainistes en renonçant à y présenter un candidat. Il est assez paradoxal que le PQ ait accepté de s’effacer devant une candidate aussi inconditionnellement fédéraliste que Fatima Houda-Pépin dans l’espoir de battre Gaétan Barrette dans La Pinière, mais qu’il refuse de laisser le champ libre à un souverainiste dans Laurier-Dorion, où le candidat de QS a recueilli près du double des voix de son adversaire péquiste en avril 2014.

jeudi, septembre 10, 2015

La voie catalane

http://quebec.huffingtonpost.ca/

 Devenir fan
Militant indépendantiste

Publication: Mis à jour: 

«Si nous ne faisons pas de référendum, il faudra bien s'y résigner [à la voie électorale]» - Pierre Bourgault, Maintenant ou jamais.
Il existe des rendez-vous avec l'Histoire qui font et défont les peuples, ces moments forts qui changent le cours du temps. Les Catalans s'apprêtent enfin à vivre le leur. Ils feront face à leur destin le 27 septembre prochain dans le cadre d'une élection sur l'indépendance.
Il faut noter qu'aucun référendum n'est prévu, du moins avant l'indépendance elle-même. Leur président sortant, Artur Mas, a été sans équivoque ces derniers jours sur ce point: seuls les votes des députés seront déterminants. Peu importe le suffrage global obtenu.
Cette curieuse affirmation détonne dans tout ce à quoi nous ont habitué les stratèges péquistes en matière de méthodes d'accession à l'indépendance, et ce, depuis presque toujours.
C'est pourtant le mandat sollicité par la coalition de partis politiques indépendantistes nommée Junts pel Sí («Ensemble pour le Oui») dirigée par l'actuel président de lageneralitat (gouvernement catalan). Cette coalition mène dans les sondages, lesquels anticipent non seulement une victoire indépendantiste, mais une majorité au parlement. À seulement trois semaines de l'élection du 27 septembre, la coalition vient enfin de dévoiler ce qu'elle compte faire dès le lendemain, le 28 septembre, si elle est élue.
Les trois documents publiés montrent le sérieux du processus proposé à la population. Le premier document concerne une «feuille de route» décrivant les grandes lignes du processus à suivre et l'échéancier, d'un minimum de 18 mois.
Le deuxième document décrit les structures étatiques transitoires, c'est-à-dire ce par quoi le gouvernement catalan remplacera les autorités espagnoles, depuis l'élection jusqu'à la ratification d'une constitution permanente.
Finalement, le troisième document concerne le programme politique de la coalition.
De ces trois documents, la feuille de route attire particulièrement l'attention, car elle résume la chronologie des événements à venir en cas de victoire.
Ce que les indépendantistes comptent faire
Dès le départ, les indépendantistes déclareront solennellement «le début du processus d'indépendance» et mettront en place «les structures de l'État catalan», propres à un État indépendant, décrites dans le deuxième document. En parallèle à cette construction effective de l'État, le parlement entamera un «débat citoyen» sur divers sujets, notamment sur un «processus constituant» concernant les institutions catalanes et la future constitution.
C'est au terme de la création de ces structures étatiques provisoires que la coalition Junts pel Sí convoquera le parlement catalan afin de déclarer l'indépendance.
En ce sens, la coalition souhaite la déclarer avec l'accord préalablement négocié du gouvernement espagnol, et elle fera part de ce souhait elle-même directement aux chancelleries européennes dans le cadre d'un processus diplomatique prévoyant l'envoi de plénipotentiaires dans les différentes capitales. Cette effervescence diplomatique servira, naturellement, à jeter les bases d'un futur réseau d'ambassades qui sera fort utile lorsque les «tiers États» seront appelés à reconnaître la Catalogne.
Par contre, si l'Espagne refuse toute négociation, elle légitimera une déclaration unilatérale d'indépendance, prévient Artur Mas, et les structures étatiques catalanes s'imposeront là où elles n'auront pas pu le faire avant la déclaration.
Dans les deux cas de figure, soit la déclaration d'indépendance négociée ou l'unilatérale, l'on remarque la préoccupation constante de ce gouvernement de transition à rechercher l'effectivité du nouvel État, c'est-à-dire l'indépendance de fait.
Cette effectivité est fondamentale, car le droit international précise que, si la reconnaissance internationale est généralement indifférente à la façon dont un État devient indépendant, le critère de l'effectivité, lui, est obligatoire. À titre d'exemple, l'ancien président français François Mitterrand a déjà expliqué au journal Le Mondele 27 novembre 1988 la politique séculaire de la France à cet égard: «Notre pays s'est toujours fondé, dans ses décisions de reconnaissance d'un État, sur le principe de l'effectivité, qui implique l'existence d'un pouvoir responsable et indépendant s'exerçant sur un territoire et une population». Cette politique de reconnaissance est similaire partout en Europe. L'on comprend mieux, à la lumière de ces faits, la stratégie catalane.
Finalement, une fois que la déclaration d'indépendance aura été prononcée, s'ouvrira le processus constituant afin d'en terminer avec la transition. Pour ce faire, la coalition Junts pel Sí propose l'élection d'une constituante qui sera chargée d'écrire la constitution permanente, laquelle sera ensuite entérinée par un référendum de ratification dans un délai imprécisé. Ainsi, la ratification de cette constitution terminera le processus de transition entamé dès l'élection, passant d'une Catalogne espagnole vers un État indépendant.
De la Catalogne au Québec
Il y a beaucoup de dogmes québécois démystifiés par les indépendantistes catalans dans ce processus afin de «réussir» leur pays, paraphrasant ainsi un certain slogan électoral québécois. Nous n'en soulignerons que deux, qu'il n'est pas prématuré d'évoquer à trois semaines du vote.
Le premier concerne le dogme voulant qu'une élection sur la question nationale ferait fuir l'électorat, comme le professent les stratèges péquistes depuis 1973. À cet effet, le doute n'est plus possible. Même si elle devait perdre les élections le 27 septembre prochain, Junts pel Sí a prouvé qu'une élection sur ce sujet est parfaitement jouable d'un point de vue strictement électoraliste.
Non seulement la partie est jouable, faut-il ajouter, mais la voie électorale lui a permis de consolider le vote indépendantiste autour de l'enjeu du pays catalan, ce que les péquistes n'ont plus été en capacité de «réussir» depuis l'élection de Lucien Bouchard en 1998. Peut-être que les stratèges péquistes, présentement en mode panique voyant que des indépendantistes ne votent plus nécessairement pour des partis indépendantistes (c'est le principal constat de l'actuelle campagne électorale fédérale), auront l'humilité de revoir leur stratégie à la lumière de cette nouvelle donnée.
Le second dogme largement propagé est à l'effet qu'il n'existe que le référendum initiateur comme méthode «civilisée» d'accession à l'indépendance. S'il est vrai que les Catalans ont d'abord tenté d'en organiser un, il est intéressant d'observer que, dans leur contexte politique propre évidemment, ils ont été dans l'impossibilité de l'organiser puisqu'ils ont été bloqués par le veto légal de Madrid.
C'est pour se sortir de ce cul-de-sac référendiste que la voie électorale a été choisie, leur permettant tout à la fois de rester dans le jeu politique et de pouvoir maintenir un momentum sur l'indépendance qui, pour nous au Québec, n'appartient plus qu'au domaine du rêve.
Quant au PQ, le référendum initiateur y a une place sacralisée et le remettre en question signifie rien de moins qu'une excommunication politique.
En revanche, il est intéressant de se remémorer que deux célèbres congrès de ce parti, celui de 1981 ayant débouché sur le «renérendum», et celui de 2005 s'étant soldé par la démission de l'ex-premier ministre Bernard Landry, ont fait l'objet de résolutions ressemblant sur l'essentiel à s'y méprendre à ce que propose Artur Mas et sa coalition. L'élection initiant le processus d'indépendance, la construction de l'État entre l'élection et la déclaration d'indépendance, et le référendum qui, lui, portera sur une constitution permanente à la toute fin, terminant le processus, sont trois points communs importants qui ne tiennent pas du hasard.
Cette similarité est d'autant plus frappante qu'elle est en fait une réponse naturelle basée sur des faits et des cas d'espèces, dans un contexte politique similaire d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, c'est-à-dire une voie référendaire bloquée. Qu'elle le soit par un gouvernement espagnol qui utilise ses pouvoirs, ou par un gouvernement fédéral utilisant les siens, sinon l'attentisme des «conditions gagnantes» ou du «bon moment», c'est du pareil au même, au final.
Mais à la lumière de ces évidences émanant d'outre-Atlantique, la question ultime qui nous vient à l'esprit est la suivante: le Parti québécois saura-t-il sortir d'un carcan qu'il s'est lui-même imposé? La question est vitale, car elle fait cette différence entre une Catalogne où des indépendantistes voteront pour des partis indépendantistes, et le Québec qui voit une saignée mortelle de son électorat s'apprêtant à voter pour des formations fédéralistes avouées.
Le nouveau chef du Parti québécois, n'étant pas du sérail traditionnel, devra trancher cette question entre la tradition attentiste et le mouvement électoral. Sa réponse fera sans doute la différence entre «réussir» ou LA débâcle, pire encore que celles des dernières années.

Québec
L'histoire du Québec a été marquée par différents mouvements nationalistes. La création de partis souverainistes dans les années 60, dont celle du Parti québécois en 1968, a remis la question de l'indépendance sur le devant de la scène politique. Question qui a été soumise à la population à deux reprises lors des référendums de 1980 et 1995.

Trudeau accuse Mulcair d'«encourager les séparatistes» au détriment des minorités francophones

http://quebec.huffingtonpost.ca/
Publication: Mis à jour: 
JUSTIN TRUDEAU
Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, 

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, estime que la position de son adversaire néo-démocrate Thomas Mulcair au sujet de la loi sur la clarté référendaire montre qu'il ne comprend pas à quel point l'unité nationale est un enjeu important pour les francophones hors-Québec.
Alors qu'il répondait à une question sur la protection des minorités linguistiques et l'application de la Loi sur les langues officielles, M. Trudeau est revenu sur ce sujet qui avait animé le premier débat des chefs, en tout début de campagne.
Le chef libéral a accusé M. Mulcair de rendre les choses plus faciles « pour ceux qui veulent briser le Canada », en exprimant son désaccord avec la Cour suprême au sujet des conditions dans lesquelles devrait se dérouler un éventuel référendum au Québec. Dans sa déclaration de Sherbrooke adoptée sous Jack Layton, le NPD reconnaît qu'un seuil de 50 % plus une voix serait suffisant, alors que la loi fédérale parle d'une « majorité claire ».
« Les francophones qui vivent à travers le Canada font bien de demander à M. Mulcair comment il prétend pouvoir défendre les intérêts des francophones dans ce pays, quand il encourage en même temps les séparatistes québécois. » — Justin Trudeau, chef du Parti libéral

M. Trudeau a réitéré l'importance du rétablissement du financement retiré à Radio-Canada pour « célébrer cette belle culture francophone à travers le pays, mais aussi rapporter dans les bureaux locaux ce qui se passe dans les communautés francophones ».
Outre Radio-Canada, les libéraux et les néo-démocrates s'entendent également sur la nécessité d'assurer le bilinguisme des juges de la Cour suprême, ce que Justin Trudeau a réitéré mercredi.
Rappel des promesses en matière de logement
Le chef libéral était à Toronto pour rappeler ses promesses d'investir dans le logement, dans le cadre de son plan en matière d'infrastructures. Justin Trudeau a précisé que la priorité serait donnée, dans l'allocation de ces 20 milliards de dollars sur 10 ans consacrés aux « infrastructures sociales », aux projets de logement abordable et de résidences pour aînés. Il a énuméré quelques autres mesures :
  • Remboursement à 100 % de la TPS sur les immeubles locatifs neufs;
  • Incitatifs fiscaux de 125 millions de dollars pour augmenter l'offre de logements locatifs ou rénover des logements existants;
  • Rétablir le soutien au programme « Logement d'abord » visant à sortir des personnes de l'itinérance;
  • Demander à la Société canadienne d'hypothèques et de logement et à la Banque de l'infrastructure du Canada, qui fait partie du plan libéral, d'offrir du financement pour la construction de logements locatifs;
  • Dresser l'inventaire des immeubles et terrains fédéraux inoccupés et les offrir à bas prix pour la construction de logements, lorsque les besoins sont importants;
  • Actualiser le régime d'accession à la propriété.
Les libéraux promettent aussi de recueillir des données sur les marchés immobiliers de Toronto et de Vancouver, pour voir si la spéculation empêche les Canadiens d'avoir accès à la propriété. Justin Trudeau a affirmé que le rétablissement du formulaire long du recensement, qu'il a déjà promis, permettrait de recueillir des données sur les problèmes auxquels font face les Canadiens.

dimanche, août 09, 2015

Duceppe continue d'ironiser sur ses adversaires qui discutent de souveraineté

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Publié par La Presse Canadienne le samedi 08 août 2015 à 17h34. Modifié par Jacques Thériault le dimanche 09 août 2015
Duceppe continue d'ironiser sur ses adversaires qui discutent de souveraineté
.blocquebecois.org
MONTRÉAL - Les chefs des principaux partis politiques fédéraux ont pris une pause, samedi, donnant à Gilles Duceppe l'occasion d'occuper la scène électorale à lui tout seul.
Le chef du Bloc québécois en a profité pour poursuivre ses attaques contre ses adversaires, particulièrement sur la question de la souveraineté, un sujet qui les avait enflammés lors du débat des chefs de jeudi soir.

M. Duceppe a ironisé en affirmant que si les chefs fédéraux aiment dire que la question nationale québécoise n'est pas importante, ils n'ont pu s'empêcher d'en parler pendant «une demi-heure» lors du débat. Il s'est surtout insurgé du fait qu'ils en aient discuté en son absence.

Il a aussi reproché au Nouveau Parti démocratique sa position sur le projet d'oléoduc Énergie-Est, qu'il a qualifiée de «plus que vague».

Par ailleurs, le chef s'est félicité de pouvoir compter sur 73 candidats — dont certains seront confirmés dans les prochains jours. Le parti prévoit toujours présenter des candidats dans les 78 circonscriptions québécoises.

De son côté, la chef du Parti vert, Elizabeth May, courtisait les électeurs participant à un festival de musique à Red Rock, dans le nord-ouest de l'Ontario.

Par ailleurs, la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a poursuivi sa campagne anti-Harper.

Prenant la parole lors du lancement de la campagne du candidat vedette libéral Billy Blair, à Toronto, Mme Wynne a comparé le chef conservateur au tout premier chef du gouvernement canadien, laissant entendre que la voie ferrée transcanadienne n'aurait jamais été construite si M. Harper avait alors été premier ministre.

«J'ai déjà dit que si Stephen Harper avait été premier ministre à la place de Sir John A. Macdonald et que la Colombie-Britannique avait dit: "On a besoin d'une voie ferrée", il aurait répondu: "Nous ne vous aiderons pas, construisez-la vous-mêmes", a-t-elle déclaré. Ce n'est pas le type de leadership dont nous avons besoin.»

Le Parti conservateur du Canada a répliqué en réitérant qu'il n'aiderait pas Kathleen Wynne à imposer une hausse d'impôts et a affirmé qu'un gouvernement Trudeau ferait aussi augmenter les impôts de la classe moyenne.

Dimanche, les chefs reprennent le collier. Thomas Mulcair participe à un rassemblement du NPD à Vancouver. Justin Trudeau l'imitera à Ottawa. Quant à M. Duceppe, il sera à Terrebonne, dans Lanaudière.

jeudi, juin 11, 2015

Souveraineté: la CAQ croit que les Québécois vont «se tanner» d'ici trois ans

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Publié par La Presse Canadienne le mercredi 10 juin 2015 à 18h12. Modifié par Jacques Thériault à 18h24.
Souveraineté: la CAQ croit que les Québécois vont «se tanner» d'ici trois ans
coalitionavenirquebec.org/
QUÉBEC ? Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, est convaincu que les électeurs québécois vont «se tanner» d'entendre parler de la question nationale d'ici la prochaine élection générale prévue dans trois ans.
Deux jours après une douloureuse défaite qui a permis aux libéraux d'arracher la circonscription de Chauveau aux caquistes, M. Legault s'interrogeait, mercredi, sur les raisons de l'insensibilité des électeurs au discours de la CAQ contre les hausses de taxes.

«Pour les gens de Chauveau, une augmentation de taxe scolaire de 33 pour cent, ce n'est pas le sujet le plus important pour eux, a-t-il dit lors d'un point de presse. Et, écoutez, je remarque que M. (Philippe) Couillard, même de Rome, demandait des précisions à François Legault sur sa position sur la question nationale, et puis, en fin de semaine dernière, il m'interpellait sur la séparation du Québec.»

Tout comme il l'avait fait lundi soir après avoir pris acte du résultat du scrutin, M. Legault a attribué ce revers à une stratégie du premier ministre Couillard qui l'a interrogé sur la position des caquistes concernant la place du Québec dans le Canada.

«Je suis profondément convaincu que les Québécois, incluant à Québec, d'ici trois ans, vont se tanner de ce dossier-là puis ils vont vouloir parler d'autre chose, ils vont vouloir parler de comment on fait pour donner les moyens de nos ambitions, entre autres à la classe moyenne, a-t-il dit. Et moi, le pari que je fais, c'est que je vais réussir d'ici trois ans à convaincre la population de Québec de se sortir de cette polarisation sur la question nationale.»

Quelques jours avant l'élection partielle, M. Legault avait accusé le chef péquiste Pierre Karl Péladeau de nuire au retour des Nordiques parce que sa situation d'actionnaire de Québecor, le conglomérat chargé du projet, et de souverainiste, indisposait notamment les propriétaires du Canadien de Montréal, une information démentie ensuite par l'équipe.

Mercredi, M. Legault a rejeté l'explication du Canadien de Montréal, prévisible selon lui, en affirmant que la réalité néanmoins est toute autre.

«Mais vous attendiez-vous à d'autres choses? a-t-il demandé aux journalistes. Mais si, vous, vous croyez que le Canadien et les Maple Leafs ont envie de donner une franchise à M. Péladeau, vous êtes libres de penser ça. Moi, ce n'est pas ce que je pense.»

Aux journalistes qui constataient les départs importants qui se sont succédé depuis un peu plus d'un an à la CAQ, de Jacques Duchesneau à Gérard Deltell, M. Legault a soutenu que sa formation politique et lui sont là pour rester.

«Je veux aussi être très clair sur deux choses, et la CAQ et François Legault sont là pour rester, a-t-il dit. Moi, je suis plus convaincu que jamais que le Québec a besoin d'un coup de barre. Et on a besoin de sortir de l'alternance entre les deux vieux partis qui nous amènent dans un déclin tranquille où le Québec par rapport à ses voisins recule toujours plus à chaque année.»

Mardi, la candidate caquiste défaite dans Chauveau, Jocelyne Cazin, a attribué son résultat à une couverture défavorable des médias ainsi qu'à l'absence d'appui manifeste du député sortant, M. Deltell.

M. Legault n'a pas voulu s'aventurer sur ce terrain, mercredi, préférant prendre l'entière responsabilité de ce résultat, survenu alors que M. Deltell avait remporté Chauveau par une très forte majorité de 10 000 votes au scrutin de 2014.

«Je vous dis que je prends 100 pour cent du blâme et la responsabilité revient à François Legault puis à la CAQ», a-t-il dit.

Après avoir réussi à faire augmenter ses appuis lundi, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a expliqué mercredi qu'il mise notamment sur des entrevues aux radios privées de Québec pour diffuser plus largement le message et les objectifs du PQ dans la région, notamment pour conquérir l'électorat de la CAQ.

«J'ai beaucoup de plaisir à recevoir les invitations des radios de Québec, a-t-il dit. C'est un format, je dois l'avouer, intéressant, parce que ça nous permet justement d'échanger davantage en profondeur et de donner suite à ces explications.»

Conscient du chemin qu'il reste à faire, M. Péladeau a affirmé que le PQ «veut redevenir une force politique à Québec».

«Je suis convaincu que chez la caquistes, il y a des nationalistes, il y a des indépendantistes et qu'effectivement nous allons travailler pour aller à leur rencontre, répondre à leurs questions, leurs expectatives, et à leurs souhaits. Nous souhaitons évidemment qu'ils rejoignent le PQ», a-t-il dit.

Le premier ministre Couillard a accueilli ses deux nouveaux députés, Véronyque Tremblay, élue dans Chauveau, et Sébastien Proulx, élu dans Jean-Talon, qui devraient être assermentés mercredi prochain après confirmation officielle des résultats du scrutin.

Interrogé sur l'éventualité d'un remaniement, M. Couillard a affirmé qu'il n'avait pas de projet à ce sujet.

«Je n'ai pas de plan de remaniement», a-t-il dit.