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Le débat sur la gauche n’a pas tourné en faveur d’une alliance souverainiste
Photo: Francis Vachon Le Devoir |
Le débat du Devoir sur la gauche et le pouvoir a donné lieu à des négociations informelles en direct sur une éventuelle alliance électorale entre le Parti québécois et Québec solidaire, mercredi soir. Tandis que Jean-François Lisée multipliait les invitations, le scepticisme de Françoise David semblait se renforcer.
« On tend la main, a répété Jean-François Lisée lors de l’événement à la chapelle du Musée de l’Amérique francophone. On n’a pas besoin d’être d’accord sur tout pour converger », a-t-il dit. Or, selon Françoise David, ce ne sera pas possible tant que le PQ refusera de réviser le mode de scrutin.
À un certain moment, M. Lisée a mentionné que l’exécutif du PQ de Rosemont avait justement l’intention de soumettre une résolution pour modifier le mode de scrutin au Conseil national du PQ, ce week-end, à Trois-Rivières. Il a dit avoir « bon espoir qu’elle soit adoptée ».
Ces avances n’ont toutefois pas semblé convaincre Mme David, qui a rappelé les coupes imposées par le parti à l’aide sociale à l’époque du gouvernement Marois.
Le débat organisé par Le Devoir avait pour thème : « QS, PQ : la gauche est-elle condamnée à l’opposition ? » Outre M. Lisée et Mme David, le panel était composé de la consultante et ex-adéquiste Marie Grégoire et du chroniqueur politique Michel David.
Pendant la discussion, M. Lisée n’a pas caché que lui et Amir Khadir avaient travaillé ensemble dans le passé pour créer une convergence de leurs deux partis. Il a toutefois concédé que de part et d’autre, les partis ne les appuyaient guère.
Le député de Rosemont a par la suite lancé que « la volonté politique de Pierre Karl[Péladeau] était beaucoup plus forte que celle de Pauline [Marois] » de rapprocher les deux partis. Françoise David a rétorqué que lors des précédentes tentatives, le blocage tournait essentiellement autour d’une chose : un mode de scrutin proportionnel. « Le PQ l’a proposé dans son programme depuis 1977, a-t-elle lancé. S’il l’avait fait, on serait peut-être au pouvoir ensemble. »
Belzébuth
Au fil de la discussion, Marie Grégoire a plaidé que les catégories d’hier ne tenaient plus. Elle a dit être très agacée par les calculs autour de la division du vote souverainiste et a rappelé que le Parti libéral de Justin Trudeau l’avait emporté aux dernières élections facilement sans le Nouveau Parti démocratique.
Alors que la discussion sur une éventuelle coalition souverainiste se poursuivait, Michel David a rappelé qu’il y avait un « éléphant dans la pièce » et a relevé que le grand partisan de la convergence, M. Péladeau, est considéré au sein de la gauche comme un véritable« Belzébuth ». Plus tôt dans le débat, il avait toutefois souligné à quel point les partisans des deux partis étaient nombreux à appeler de leurs voeux ce genre d’alliance électorale.
Chose certaine, l’animosité entre Françoise David et Jean-François Lisée était palpable tout au long du débat. Comme quoi la convergence ne s’est pas scellée lors de cette discussion.
Le prochain débat de la série Le Devoir de débattre aura lieu le 23 mars et portera sur la question du pétrole. Il sera suivi le 13 avril d’un débat sur l’immigration qui, pour la première fois dans l’histoire de cette série, se déroulera à Sherbrooke.