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dimanche, juin 28, 2015

Austérité: la CSQ et la FSE tiennent des actions syndicales symboliques dimanche

http://quebec.huffingtonpost.ca/

 |  Par La Presse Canadienne  Publication: 
LOUISE CHABOT
La présidente de la CSQ, Louise Chabot
QUÉBEC _ Dans le cadre de son congrès qui se déroule à Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a organisé dimanche matin, une course et une marche symboliques sur les plaines d'Abraham, pour dénoncer les mesures d'austérité.
La CSQ signale que ces deux activités visent à démontrer "qu'il faut être en forme pour suivre les politiques nébuleuses du gouvernement Couillard".
La centrale veut également souligner que ses membres n'hésiteront pas à "prendre la rue" pour contrer la rigueur budgétaire du gouvernement libéral.
La présidente de la CSQ, Louise Chabot, se dit déterminée à freiner ce qu'elle appelle "la course folle au déficit zéro imposée aux plus démunis, aux jeunes, aux femmes et à la classe moyenne".
Parallèlement, la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), affiliée à la CSQ, procédera dimanche après-midi à la livraison d'une carte de souhaits grand format au ministre de l'Éducation François Blais. L'événement se déroulera devant les bureaux du ministère de l'Éducation, rue de la Chevrotière.
Les enseignants pressent le ministre de mettre fin aux compressions dans le réseau scolaire.

mercredi, avril 22, 2015

Dramatique pour la démocratie

http://www.ledevoir.com/politique/

22 avril 2015 |Francine Pelletier | Québec
Mieux vaut vous habituer tout de suite aux hausses de tarifs de garderies, d’électricité, aux coupes dans les CHSLD, à l’abolition d’organismes régionaux, aux pharmaciens moins bien payés, aux minières libérées de l’obligation de fournir des renseignements sur leurs activités. Toutes ces questions, et bien d’autres, sont désormais coulées dans le béton depuis l’adoption du projet de loi 28, peu avant minuit, lundi dernier. Bien que l’opposition à cette loi fourre-tout était quasi unanime — non seulement de la part des partis adversaires, mais également de la majorité des gens reçus en commission parlementaire — le gouvernement a décidé de couper court aux débats. « Rigueur budgétaire » oblige.
 
Il n’y a pas que les étudiants qui ont des cache-faces, finalement. Le gouvernement à Ottawa, qui en a fait sa spécialité, semble avoir transmis le goût de l’opacité au gouvernement à Québec. Réagissant au recours au bâillon, le deuxième en trois mois, et surtout au salmigondis indigeste imposé, la députée de Québec solidaire, Manon Massé, qualifiait la manoeuvre de « dramatique pour la démocratie ».
 
La « harperisation » est bel et bien dans l’air. Seulement, elle n’affecte pas uniquement le gouvernement Couillard. Depuis les jeux de passe-passe entourant la charte des valeurs (soi-disant) québécoises, le Parti québécois accuse lui aussi son propre déficit démocratique. Le style bouche cousue de Pierre Karl Péladeau, comme exemple plus récent, vient immédiatement en tête. Et que dire des huées de militants péquistes au moment de questionner le candidat en tête, le même PKP, au sujet de conflits d’intérêts ? Suis-je la seule que ça dérange ? Visiblement, la majorité des militants (59 %, selon les derniers sondages) sont prêts à lui faire un chèque en blanc à cause de son beau galbe souverainiste et son passé d’homme d’affaires important. Au plus fort la poche. Ça n’augure rien de bon pour la transparence et l’imputabilité d’un éventuel gouvernement péquiste. Je trouve aussi malaisé que les trois autres élus dans la course, Martine Ouellet, Bernard Drainville et Alexandre Cloutier, aient cessé de talonner M. Péladeau au sujet de Québecor, de peur de perdre des plumes auprès des militants. La censure appelle la censure.
 
Les nouveaux barbares, dont se plaignait dans ces pages l’écrivain Jean Larose, n’ont pas seulement perdu le goût de la langue, « le français de la liberté », ils ont également perdu un certain sens de la démocratie. C’est d’ailleurs bien commode d’avoir des étudiants cagoulés par les temps qui courent ; ils sont les parfaits boucs émissaires pour ce qui est d’épingler les entorses démocratiques sur le dos de gens qui nous dérangent. De la même façon que la hantise des femmes voilées — du temps de la charte, mais encore aujourd’hui — nous empêche d’évaluer la véritable égalité hommes-femmes, nous conforte constamment dans nos choix, les dérapages étudiants à l’UQAM nous confortent dans l’idée que c’est eux le problème. L’écran de fumée créé par les radicaux nous empêche de nous regarder dans le miroir pour ce qui est de la transparence et l’imputabilité des élus.
 
Quand on en arrive à justifier le recours aux policiers à l’intérieur des murs d’une université comme un geste somme toute normal, sans atteinte à l’idéal universitaire ni répercussions sur la « libre circulation des idées », on ne peut qu’en conclure que la démocratie a vu de meilleurs jours. L’université aussi.
 
La situation est complexe, bien sûr, et rien ne peut excuser les agressions gratuites de la part de certains étudiants. Le manque de règles claires encadrant les manifestations étudiantes — en l’absence d’un leadership fort, notamment — attise en plus le panier de crabes. Mais de là à prétendre que les dérapages sont entièrement du côté étudiant, pas du tout du côté de ceux qui détiennent le gros bout du bâton, c’est de ressasser un douloureux déjà vu, l’arrogance du gouvernement Charest d’il y a trois ans. Comme dit Gérald Larose, aujourd’hui professeur à l’UQAM : « Ça ne se peut pas que la judiciarisation, la répression et les tribunaux [fassent] la paix à l’UQAM ». Il suppliait du même souffle le recteur Proulx d’ouvrir « une table pour dialoguer ».
 
C’était le 9 avril. Le dialogue, si je ne m’abuse, se fait toujours attendre. Si l’idéal démocratique est à parfaire du côté étudiant, il l’est tout autant chez ceux qui ont la prétention de gouverner.

vendredi, avril 17, 2015

Une grève générale sur la table à l’automne

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17 avril 2015 | Marco Bélair-Cirino - Correspondant parlementaire à Québec | Québec
À défaut d’une entente, les syndiqués des secteurs public et parapublic seront appelés, durant la deuxième moitié du mois de septembre, à donner un mandat de grève au Front commun.
Photo:
Jacques Nadeau
 Le Devoir
À défaut d’une entente, les syndiqués des secteurs public et parapublic seront appelés, durant la deuxième moitié du mois de septembre, à donner un mandat de grève au Front commun.
À l’abri des caméras, le Front commun des syndicats des secteurs public et parapublic prépare le terrain à une grève générale à l’automne. Dès la fin du mois, quelque 800 syndicats solliciteront le mandat, auprès de 400 000 employés de l’État, de « planifier » un débrayage massif au cas où les négociations piétinent au retour des vacances estivales, a appris Le Devoir.
 
« Il faut être prêt à l’automne », dit sans ambages le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, à l’autre bout du fil. « Faire le tour [de 400 000 des 530 000 employés de l’État], ça ne se fait pas en criant “ ciseaux  », ajoute-t-il.
 
À défaut d’une entente, les syndiqués du secteur public et parapublic seront appelés, durant la deuxième moitié du mois de septembre, à donner un mandat de grève au Front commun. Le scénario d’un débrayage de centaines de milliers d’employés durant au moins deux semaines a notamment fait l’objet de discussions au sein d’organisations syndicales.
 
« À l’automne, on aura discuté suffisamment autour des plus grands enjeux pour se faire une tête [sur des questions du type] est-ce qu’il y a une voie de passage possible pour un règlement ou il n’y en a pas du tout ? Est-ce qu’on a à forcer le jeu pour que le gouvernement nous prenne au sérieux ? » explique M. Boyer dans un entretien téléphonique avec Le Devoir.
 
Réunis à Longueuil, environ 200 délégués de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) se sont rangés à l’unanimité jeudi derrière une résolution voulant que « le Conseil général recommande à l’APTS de déclencher une grève générale légale en front commun à l’automne 2015 et que des assemblées générales se tiennent en septembre 2015 afin d’obtenir le mandat de grève à la lumière de l’avancement de la négociation ».
 
« On l’a vu [jeudi], les gens sont indignés », a insisté la présidente de l’APTS, Carolle Dubé, dans une entrevue avec Le Devoir. Les offres salariales « inadmissibles » mises sur la table par le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, s’ajoutent aux douloureux contrecoups de la réorganisation des structures du réseau de la santé et des services sociaux initiée par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. « Mettons que la cour est pas mal pleine. »
 
Les syndiqués considèrent sérieusement l’« utilisation de moyens de pression plus lourds telle la grève à exercer au moment jugé opportun ». « Si le moment est jugé opportun au retour de la période estivale, on va retourner prendre des votes dans nos assemblées pour déclencher la grève. [Cela dit], on est prêts à négocier de bonne foi avec le gouvernement. Il faut qu’il manifeste lui aussi son désir de négocier de bonne foi », affirme Mme Dubé.
 
13,5 % en trois ans contre 3 % en cinq ans
 
Le Front commun a fait connaître des demandes d’augmentation salariale de l’ordre de 4,5 % par année, et ce, pendant trois ans (13,5 % en trois ans). Il s’agit de demandes « ven[ant]d’une autre époque », a rétorqué le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. De son côté, le gouvernement du Québec offre aux employés de l’État un gel de salaire pendant deux années, suivi d’une augmentation annuelle de 1 % pour les trois ans subséquents (3 % en cinq ans). Toute proposition patronale devra être « compatible » avec le retour à l’équilibre budgétaire cette année et son maintien au cours des prochaines années, a répété M. Coiteux au fil des dernières semaines.
 
« Les offres actuelles du gouvernement sont carrément inacceptables [voire] insultantes », dit la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Francine Lévesque.« Elles ont soulevé l’indignation chez nos membres. C’est parmi les pires offres qu’on a jamais reçues », ajoute-t-elle. Les travailleurs des secteurs public et parapublic entendent se donner « les moyens de pouvoir procéder à l’exercice de la grève quand ce sera opportun ».« Le plus tôt on est prêts, le mieux c’est », soutient Mme Lévesque.
 
Rapport de force
 
Même si les négociations demeurent à un stade « préliminaire », « tout m’indique » à ce moment-ci que le Front commun devra nécessairement accroître la « pression » sur le gouvernement libéral, selon Daniel Boyer. D’ailleurs, les employés de l’État rééquilibreraient le « rapport de force » en faveur de leurs représentants syndicaux aux tables de négociations simplement en leur octroyant un mandat de grève, indique-t-il. Face à l’intransigeance de M. Coiteux, « il faudra exercer un certain rapport de force… que ça aille jusqu’à la grève ou non », dit le président de la FTQ.
 
Les conventions collectives des employés des secteurs public et parapublic sont échues depuis le 31 mars dernier. D’ailleurs, quelque 2500 délégués du front commun syndical se réunissaient pour parler de grève ce jour-là à Québec.
 
Les syndicats n’ont toujours pas les coudées franches pour amorcer un débrayage légal. Ils devront préalablement se plier à une médiation de deux mois, attendre le rapport du médiateur, et convenir de services essentiels dans le secteur de la santé et des services sociaux et au sein de l’administration publique à préserver en cas de conflit de travail.
 
Pour l’instant, les acteurs du Front commun s’abstiennent de réclamer l’entrée en scène d’un négociateur. Durant l’été ? « C’est tout à fait possible que ça se passe à ce moment-là », précise Mme Lévesque.
 
« Il faut expliquer à l’ensemble de nos membres de quoi il en retourne pour être en mesure d’exercer un droit de grève légal. On n’est pas à lancer la bombe atomique [une grève illégale] : on parle d’une grève légale », conclut-elle.

samedi, avril 11, 2015

LETTRE Pour «NOS» acquis

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11 avril 2015 | Grecia Esparza Le 9 avril 2015 | Actualités en société
« Nos acquis valent plus que leurs profits », voilà le titre de la première manifestation à laquelle j’ai participé. Et oui, j’ai manifesté contre le budget d’austérité présenté par le gouvernement libéral et je vous rassure, je sais épeler le mot « austérité ».
 
J’ai marché dans les rues de Montréal avec ma soeur criant avec fierté « NOS acquis valent plus que leurs profits », montant le ton lorsqu’on prononçait le mot « nos », non pas parce qu’il est au début de la phrase, mais bien parce que ce mot signifie beaucoup pour moi. Je suis arrivée au Québec avec ma famille il y a déjà six ans et lorsque nous avons quitté notre pays d’origine, nous avons tout laissé derrière nous. Tout. Une nouvelle vie a commencé pour nous, ici, au Québec. Je n’avais que 13 ans, je ne comprenais pas du tout le choix de mes parents de s’installer au Québec et de nous compliquer la vie en devant apprendre une nouvelle langue, le français. Mais tout a pris son sens lorsque j’ai eu mes premiers cours à l’école, que nous avons reçu une aide financière pour que mes parents puissent apprendre le français sans devoir se soucier de ce qu’ils allaient donner à manger à leurs enfants, ou encore lorsque mon frère est tombé malade et qu’il a reçu des soins gratuits. Car les « acquis » — malgré les défaillances — de la société québécoise font d’elle une société où il fait bon vivre. Où des gens comme mes parents rêvent de voir grandir leurs enfants et pour laquelle ils sont prêts à tout quitter. Je vous avoue que j’ai bien peur qu’avec toutes ces nouvelles mesures que le gouvernement libéral planifie de mettre en place, « NOS acquis » ne soient plus des acquis, mais des oublis.

jeudi, avril 09, 2015

LETTRE Les «grenouilles» de l’austérité

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9 avril 2015 | Yann Leduc Le 8 avril 2015 | Actualités en société
Il est injuste et contre-productif de dépeindre le mouvement anti-austérité comme un groupe de jeunes étudiants aveugles, incapables d’analyse politique, nostalgiques du printemps 2012, de le réduire à quelques pancartes humoristiques à saveur « nihilistes », aperçues ici et là dans des manifestations, comme le faisait Jean-François Nadeau dans sa chronique de mardi.
 
Malgré certaines maladresses, les étudiants ont lancé le mouvement contre l’austérité, ils ont l’idéalisme, l’audace, le courage nécessaires pour prendre la rue, faire la grève, contre vent et marée, malgré l’hostilité et la désinformation des médias de masse, la forte répression policière, judiciaire et universitaire qui sévit contre eux, mais ils ne sont pas les seuls à s’opposer.
 
Des professeurs, des cols bleus, des fonctionnaires, des infirmières, des intellectuels, des artistes, des indépendantistes, des écologistes, des familles, des féministes, des mères célibataires, des travailleurs précaires, des sans-emploi, des aînés, des malades s’inquiètent eux aussi des coupes qui saignent les services publics, des taxes régressives, des hausses de tarifs qui écorchent la classe moyenne et les plus vulnérables de la société, et ils prendront eux aussi la rue, dans les prochaines semaines, mois, années, pour défendre nos acquis sociaux et dénoncer les mesures néolibérales de ce sinistre gouvernement qui rêve d’équilibre budgétaire sur le dos des précaires.
 
Il suffit de lire les études, les textes de l’IRIS, de l’ASSE, du Comité Printemps 2012, des différents syndicats et médias de gauche sur les conséquences des mesures d’austérité pour voir que les « grenouilles » sont parfois plus intelligentes et plus clairvoyantes que le laisse croire M. Nadeau. On s’attend à un peu plus de rigueur, de bienveillance, à un peu moins de cynisme, de condescendance de la part d’un jeune écrivain, historien et politicologue de gauche.
 
« Ne nous restera-t-il bientôt que des crapauds pour chanter la liberté ? », demande le chroniqueur en guise de conclusion. Le cinéaste Bernard Émond lui répondrait peut-être que« le cynisme est la maladie des gens intelligents », et le philosophe Jean-Paul Sartre, que« le désespoir est un attentat de l’homme contre lui-même ».

Manifestations en France contre «l’austérité»

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9 avril 2015 09h39 |Agence France-Presse | Europe
Un manifestant à Rennes. Des marches ont eu lieu dans plusieurs autres villes du pays, dont Bordeaux, Marseille et Nantes.
Photo: Damien Meyer Agence France-Presse
Un manifestant à Rennes. Des marches ont eu lieu dans plusieurs autres villes du pays, dont Bordeaux, Marseille et Nantes.
Paris — Des milliers de personnes manifestaient jeudi à travers la France pour dire « stop à l’austérité » et au blocage des salaires, à l’initiative de quatre syndicats qui appelaient aussi à des arrêts de travail.
 
« Le mot d’ordre, c’est contre l’austérité et pour des politiques alternatives à celle du gouvernement et du Medef [patronat]», a expliqué à l’AFP Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, au côté de son collègue de FO Jean-Claude Mailly à la tête d’un cortège parisien long et dense.
 
Les revendications portent sur « la revalorisation des salaires, la réduction du temps de travail, tout ce qui fait en sorte qu’on puisse développer l’emploi », a expliqué Philippe Martinez, alors que le chômage est reparti à la hausse en février avec 3,5 millions de sans-emploi.
 
Les deux autres syndicats à l’origine du mouvement sont la FSU (éducation) et Solidaires. Plusieurs confédérations représentatives — CFDT, CFTC, CGC, CFDT, UNSA — ne s’y sont pas associées.
 
Dans la matinée, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés en régions, où plus de 80 défilés étaient programmés.
 
Jean-Claude Mailly s’est dit, auprès de l’AFP, « optimiste » sur le plan de la mobilisation, qui intervient une dizaine de jours après les élections départementales marquées par la défaite du Parti socialiste au pouvoir, le progrès de la droite et l’enracinement du Front national (extrême droite).
 
Pour M. Martinez, les salariés ont « sanctionné la gauche » en raison de « l’austérité dont le résultat est le chômage et la montée de la xénophobie ».
 
Hormis dans le transport aérien, où l’appel à la mobilisation télescope un mot d’ordre lancé par le premier syndicat de contrôleurs, les perturbations étaient peu importantes.
 
La Tour Eiffel devait rester fermée jusqu’à 16 h 00 GMT, les personnels d’exploitation (caissiers, agents d’accueil…) du monument payant le plus visité au monde s’étant joints au mouvement.
 
La protestation des syndicats rejoint celle de certains politiques : les écologistes, alliés encombrants des socialistes sans participer au gouvernement, ont demandé un« changement de cap » et la leader socialiste Martine Aubry un infléchissement en faveur« de l’emploi et de la croissance ». L’extrême gauche, dont les communistes, soutient l’initiative syndicale.

mercredi, avril 08, 2015

Le premier ministre Couillard rejette tout dialogue avec les étudiants

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8 avril 2015 | Robert Dutrisac - Correspondant parlementaire à Québec | Québec
Les enseignants ont souligné à leur manière le premier anniversaire du gouvernement Couillard, en gribouillant à la craie liquide des « souhaits » de fête sur les fenêtres du quartier général du PLQ, à Montréal.
Photo: Jacques Nadeau
Le Devoir
Les enseignants ont souligné à leur manière le premier anniversaire du gouvernement Couillard, en gribouillant à la craie liquide des « souhaits » de fête sur les fenêtres du quartier général du PLQ, à Montréal.
Philippe Couillard n’a aucune intention d’engager un dialogue avec les étudiants qui contestent les restrictions budgétaires imposées par son gouvernement.
 
« Discuter de quoi ? » a lancé le premier ministre à une journaliste qui lui demandait, mardi, s’il pourrait entamer des discussions avec les étudiants en grève. « Si l’objectif pour nous est d’abandonner l’équilibre budgétaire, c’est non. Si l’objectif pour nous est de cesser de gérer les finances publiques de façon rigoureuse, c’est non. Si l’objectif pour nous est de cesser de tenir compte de la dette, c’est non. »
 
Un an jour pour jour après l’élection du gouvernement libéral, Philippe Couillard a tenu une conférence de presse qui a débuté par une allocution dans laquelle il s’adressait aux Québécois « qui ont choisi le courage plutôt que l’irresponsabilité ».
 
Prévenant que la présente année ne sera pas facile, il a promis que dès l’an prochain, les missions de l’éducation et de la santé retrouveront « des moyens plus proches de ceux que nous prévoyons leur donner ». La véritable austérité, c’était celle du gouvernement Bouchard, qui a réduit les budgets de l’État entre 1996 et 1998. « Ce qu’on fait actuellement, c’est de faire une pause : on maintient les enveloppes, on les augmente légèrement, très légèrement, c’est vrai. Ça nous permet de repartir sur un meilleur pied après », a-t-il dit.
 
Une majorité de Québécois appuie le plan de redressement des finances publiques de son gouvernement même si les compressions, ce que Philippe Couillard appelle « le changement », ne peuvent faire l’unanimité, a-t-il reconnu. « Je pense qu’il y a une partie substantielle de l’opinion qui reconnaît qu’on est rendu là. »
 
Philippe Couillard a soutenu qu’il ne fallait pas « changer de système », comme l’a évoqué le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, la semaine dernière. « Le modèle québécois, il faut le rendre viable », a-t-il plutôt déclaré. Les choix que les Québécois ont faits en matière de services publics sont « légitimes », encore faut-il qu’ils soient soutenus par des moyens appropriés. « Un discours de solidarité qui ne s’appuie pas sur des finances publiques équilibrées et une dette contrôlée, c’est le discours de l’illusion », a-t-il fait valoir.
 
Philippe Couillard trouve « drôle » qu’on le désigne comme le plus conservateur des chefs libéraux qu’a connus le Québec. S’il se définit comme « plutôt prudent et rigoureux » sur le plan fiscal, il dit souhaiter maintenir les mesures de solidaritéet même les améliorer. « Je crois profondément à la justice sociale. Je crois profondément à la lutte contre les inégalités », a-t-il affirmé.
 
Un an après la victoire libérale, Philippe Couillard est forcé de reconnaître que son gouvernement a rompu plusieurs promesses électorales. Mais il a affirmé ne pas regretter la décision de moduler les tarifs des services de garde en fonction des revenus des parents.« C’est plus équitable », juge-t-il, signalant que les social-démocraties européennes procédaient de la sorte.
 
Par ailleurs, une manifestation « interdite » aux hommes s’est déroulée mardi soir à Montréal, à l’invitation d’une organisation féministe, pour s’opposer aux mesures d’austérité du gouvernement Couillard. Quelques centaines de femmes se sont rassemblées à la place Norman-Bethune, près du campus Sir-George-Williams de l’Université Concordia, au centre-ville. Un fort cordon policier surveillait le cortège des deux côtés.
 
Depuis le début des manifestations contre l’austérité, plusieurs groupes féministes sont sortis sur la place publique pour dénoncer les décisions du gouvernement et les répercussions qu’elles auraient plus particulièrement sur les femmes.
 
Avec La Presse canadienne

mardi, avril 07, 2015

L’ASSÉ regarde vers l’avant

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Malgré la démission de son exécutif, l’association étudiante réitère son appel à la grève sociale

Maxence L. Valade, attaché de presse intérimaire de l’ASSÉ, en compagnie de la porte-parole intérimaire de l’association étudiante, Hind Fazazi. Un conseil exécutif intérimaire sera élu jeudi et un tout nouvel exécutif entrera à la fin du mois.
Photo: Annik
MH De Carufel
Le Devoir
Maxence L. Valade, attaché de presse intérimaire de l’ASSÉ, en compagnie de la porte-parole intérimaire de l’association étudiante, Hind Fazazi. Un conseil exécutif intérimaire sera élu jeudi et un tout nouvel exécutif entrera à la fin du mois.
La démission retentissante, cette fin de semaine, des membres de son exécutif n’ébranle pas la confiance de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), qui appelle à poursuivre la lutte contre l’« austérité ». Une lutte qui pourrait s’échelonner jusqu’à l’automne, soutient la porte-parole intérimaire de l’association lors d’une entrevue avecLe Devoir.

« Je pense que l’ASSÉ sort plus forte. À l’interne, il y a un sentiment d’union rarement vu récemment. Je suis triste qu’on dise qu’il y a eu des chicanes internes, comme si c’était négatif », affirme Hind Fazazi, au terme du congrès mouvementé de l’association étudiante qui s’est déroulé ce week-end à Salaberry-de-Valleyfield.

Les tiraillements internes ont débuté la semaine dernière, lorsque l’exécutif de l’association a publié un texte de réflexion proposant un « repli stratégique »Les signataires de la lettre ont soulevé la possibilité de suspendre le mouvement de grève en cours pour poursuivre la lutte à l’automne prochain, aux côtés des syndicats de la fonction publique.

Cette prise de position a suscité la grogne de plusieurs militants, qui auraient préféré que cette idée soit débattue au sein des instances de l’ASSÉ avant de surgir sur la place publique. Samedi, tous les membres de l’exécutif ont choisi de démissionner, y compris la porte-parole de l’ASSÉ, Camille Godbout. Les militants réunis en congrès ont malgré tout choisi de les destituer « symboliquement » par la suite.

« C’était pas trop une lettre de réflexion. Ça sonnait appel, ça sonnait mot d’ordre. Ça n’a pas du tout été apprécié par les assos, qui voulaient choisir ce qu’elles allaient faire le 4 et le 5 [avril] »raconte Mme Fazazi, une étudiante en philosophie à l’Université de Montréal, qui a été nommée temporairement pour remplacer Mme Godbout à titre de porte-parole. Elle quittera ce poste dès mardi.

Dans le plan d’action adopté lors du congrès, l’association souligne que « la diversité d’opinions et une conflictualité constructive sont valorisées au sein de l’ASSÉ. […] Toutefois, le ton et le momentum de publication du dernier texte n’ont pas été appréciés. » Les membres ont d’ailleurs adopté une motion condamnant ce qu’ils qualifient d’agissements« contraires aux structures de démocratie directe ».

La porte-parole, Hind Fazazi, refuse toutefois de parler d’une crise au sein de l’ASSÉ. « Je ne pense pas que c’est une bonne analyse de dire qu’il y avait une chicane à l’interne. Il y avait une saine dissension et je pense que c’est important de souligner que l’ASSÉ est unie, même si elle n’est pas homogène. »

Sur sa page Facebook, l’ancienne secrétaire aux relations internes du conseil exécutif, Virginie Mikaelian, a pourtant dénoncé la teneur des échanges qui ont précédé son départ. Dans un long message, elle déplore « cette mauvaise foi qui déshumanise complètement ceux et celles qui se donnent corps et âme au sein des structures de l’ASSÉ. Celle qui invisibilise notre travail. Celle qui nourrit la haine que j’ai lue toute la semaine dans vos différentes conversations Facebook. »

Un conseil exécutif intérimaire sera élu jeudi, lors d’un conseil central extraordinaire, et un tout nouvel exécutif entrera en poste à la suite du congrès annuel, les 25 et 26 avril prochains.

Nouvel appel à la mobilisation

Entre-temps, l’ASSÉ entend poursuivre la lutte de plus belle. Au cours de la fin de semaine, elle a réitéré son appel à la grève, tout en précisant que sont les associations membres qui décideront de la suite des choses. Plusieurs d’entre elles devront décider ce mardi si elles reconduisent ou non leur mandat de grève.

Plusieurs rassemblements sont prévus au cours des prochaines semaines, à commencer par une manifestation « action-climat » le 11 avril et une « grève sociale » le 1er mai. D’autres événements visant à mettre de l’avant plusieurs revendications différentes sont prévus jusqu’au mois d’août. L’ASSÉ a également annoncé son intention de perturber le congrès du Parti libéral du Québec en juin. Sur le fond, toutefois, rien ne change. La lutte contre les mesures d’« austérité » du gouvernement Couillard, notamment en santé et en éducation, et l’exploitation des hydrocarbures sont toujours dans la mire des étudiants.

« La lutte contre les mesures d’austérité, ça nous étonnerait que ce soit une lutte de courte durée, souligne Mme Fazazi.On pense que c’est une lutte qui va s’échelonner dans le temps.[…] C’est sûr qu’à l’automne on va être encore là. »

Mais comment espérer des gains concrets avec une liste de revendications aussi longue ?« Dites-vous bien que l’esprit de cette grève-ci n’est pas celui d’une grève étudiante. C’est tout à fait différent de ce qui s’est passé en 2012. C’est une grève qui se veut sociale, insiste la porte-parole. Ce n’est pas de réclamer l’abolition de la hausse des droits de scolarité de 1625 [comme en 2012], d’atteindre l’objectif et d’arrêter de faire la grève. C’est quelque chose de dynamique. Nous sommes attentifs aux négociations des syndicats et nous sommes sensibles au pouls. Nous ne sommes pas aveugles. »

Grève générale illimitée en sciences humaines à l’UQAM
Piqués au vif par les menaces d’expulsion qui pèsent contre neuf étudiants de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), les membres de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) de l’établissement ont déclenché lundi une grève générale d’une durée illimitée.

Près de 700 des 5200 membres en règle de l’AFESH ont participé à l’assemblée générale de grève qui s’est tenue lundi dans une église du Plateau-Mont-Royal. Le vote tenu lundi a pour effet de prolonger pour une durée« illimitée » le mandat de grève que détenait déjà l’AFESH. Outre les menaces d’expulsion prononcées par le conseil exécutif de l’établissement envers neuf étudiants au cours des dernières semaines, les étudiants dénoncent l’austérité, les hydrocarbures et le recours aux injonctions. L’AFESH souhaite aussi limiter les pouvoirs des gardiens de sécurité de l’établissement en les empêchant de séquestrer, toucher et menotter des étudiants.

Les étudiants en sciences humaines invitent maintenant leurs collègues des autres facultés à leur emboîter le pas.

Peu après la fin de l’assemblée, vers 20 h, une manifestation ayant rassemblé plusieurs dizaines de personnes a eu lieu au centre-ville. La police a fait usage d’irritants chimiques aux environs de 20 h 45 pour disperser la foule.
Philippe Orfali

dimanche, avril 05, 2015

L'exécutif de l'ASSÉ démissionne en bloc

http://www.lapresse.ca/actualites/education/

Publié le 05 avril 2015 à 08h22 | Mis à jour à 08h22
Le mouvement étudiant de contestation contre l'austérité et... (PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE)
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 ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE,
ARCHIVES LA PRESSE
Le mouvement étudiant de contestation contre l'austérité et les projets pétroliers connaît des vagues.
Les membres de l'exécutif de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) ont démissionné en bloc, hier, quelques jours après avoir proposé un report controversé du mouvement de grève lancé par certaines associations étudiantes à l'automne prochain.
L'ASSÉ, qui mène actuellement une charge contre le gouvernement Couillard, est réunie en congrès depuis hier à Valleyfield. La réunion s'est ouverte sur le départ de la totalité des six élus, dont la porte-parole Camille Godbout, à la surprise générale des participants.
« Ils voulaient que le congrès se concentre vraiment sur la question du plan d'action, sur nos positions et nos revendications à venir plutôt que de faire un débat de personnalité sur l'exécutif », a confié une source qui assistait au congrès. Selon cette source, c'est le débat autour du report de la grève à l'automne prochain qui a « clairement été le déclencheur de tout ça ».
Les démissions seraient définitives.
Un «repli stratégique»
Ces départs surviennent alors que l'ASSÉ est traversée de tensions entre une frange plus radicale - centrée autour de certaines associations de l'UQAM et des cégeps du centre-ville de Montréal - et une aile plus modérée. Les membres du comité exécutif étaient davantage identifiés à ce second pôle.
Dans un texte publié la semaine dernière, ils ont d'ailleurs proposé de mettre en veilleuse le débrayage jusqu'à l'automne prochain. L'objectif : suspendre une grève « menée majoritairement par des associations universitaires et pour la plupart montréalaises » pour profiter « d'une fenêtre historique » avec les négociations dans la fonction publique qui pourraient déboucher sur un conflit de travail au début de l'automne.
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samedi, avril 04, 2015

Charest le voulait, Couillard le fait

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4 avril 2015 |Jessica NadeauMarco Fortier | Québec
Le gouvernement semble aujourd’hui imperméable aux critiques. On verra s’il gardera le cap sur «la rigueur» à l’approche du scrutin de 2018.
Photo: Jacques Nadeau
Le Devoir
Le gouvernement semble aujourd’hui imperméable aux critiques. On verra s’il gardera le cap sur «la rigueur» à l’approche du scrutin de 2018.
Un an après avoir pris le pouvoir à Québec, le premier ministre Philippe Couillard semble en voie de réussir là où deux de ses prédécesseurs ont échoué : Robert Bourassa et Jean Charest avaient tenté — en vain — de « réinventer l’État ». Retour aux sources de l’austérité.
 
C’était l’époque de « l’État-Provigo ». En 1986, trois « comités des sages » recommandent un remède de cheval pour assainir les finances publiques du Québec : une série de privatisations et d’abolitions d’organismes inspirée des réformes de Margaret Thatcher et Ronald Reagan.
 
Comme Philippe Couillard aujourd’hui, le premier ministre Bourassa cherche à éliminer le gaspillage, à réduire la bureaucratie et à rendre l’État plus « productif ». Mais les « sages » qu’il a mandatés proposent quasiment un massacre à la tronçonneuse : privatisation d’hôpitaux, fermeture d’une faculté de médecine, hausse draconienne des droits de scolarité, abolition de la Régie du logement, du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement et de l’Office de la langue française, et ainsi de suite.
 
Le ministre Paul Gobeil (ex-dirigeant de Provigo) et d’autres membres des comités des sages font partie d’une escouade d’hommes d’affaires appelés à la rescousse par Robert Bourassa pour relancer l’économie du Québec. Ils proposent de remplacer l’État-providence par ce qui a été surnommé « l’État-Provigo ». Un État « géré comme une business », pour reprendre l’expression consacrée.
 
Fin renard, le premier ministre libéral a rapidement envoyé les trois rapports sur les tablettes poussiéreuses de l’Assemblée nationale. Ça ne l’a pas empêché de privatiser des sociétés d’État, dont Madelipêche, Québecair et Donohue. Mais la mobilisation des syndicats et de la société civile contre le démantèlement appréhendé du modèle québécois ont eu raison de la volonté réformiste de Bourassa.
 
La recette magique de Couillard
 
Jean Charest a vécu le même chemin de croix avec son projet de « réingénierie » de l’État en 2003. Inspiré par l’ex-premier ministre ontarien Mike Harris, qui avait mis la hache dans la bureaucratie et réduit les impôts à la fin des années 90, M. Charest cherchait à son tour à alléger l’État québécois. Il a frappé un mur. Encore une fois, les syndicats et leurs alliés sont venus à bout des plans du gouvernement libéral, à coups de manifestations dans les rues.
 
Douze ans plus tard, Philippe Couillard paraît plus déterminé que jamais à réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. Jean Charest doit se demander quel est le secret de son successeur pour remettre en question le modèle québécois qui reste si cher à une part importante des électeurs. Monique Jérôme-Forget a sa petite idée là-dessus. L’ancienne « dame de fer » du gouvernement Charest était responsable de la fameuse « réingénierie » de l’État en 2003. Dans son autobiographie lancée au cours des prochains jours, elle revient sur cet épisode houleux de sa carrière politique.
 
Jean Charest avait eu beau demander à ses ministres de préparer des compressions, ils ont désobéi aux ordres. La résistance la plus importante à la réingénierie est venue du Conseil des ministres, explique-t-elle. « Mes collègues ministres choisirent de passer leur tour. Aucun ne voulait que l’on touche à “ ses” programmes », écrit Monique Jérôme-Forget.
 
Un pitbull et son maître
 
Cette fois, le premier ministre Couillard tient mordicus à garder le cap sur la « rigueur » budgétaire. Peu importe les conséquences électorales, apparemment. Et il a confié la mission à un pitbull, le ministre Martin Coiteux, encore plus prêt à mordre en sachant qu’il a l’appui de son maître.
 
Il est normal que les gens — citoyens, mais aussi députés et ministres — résistent au changement, nuance Monique Jérôme-Forget. C’est dans la nature humaine. « Un gouvernement doit savoir jauger la capacité de la population à accepter le changement et à ajuster ses interventions en conséquence, ce qui veut même parfois dire reculer devant l’ampleur des réactions. Ce n’est pas un sacrilège de faire marche arrière. […] Il n’en reste pas moins que la difficulté de prendre des décisions impopulaires, mais importantes pour l’économie du Québec, s’avère le grand dilemme des politiciens. Souhaitant se faire réélire au terme de leur mandat — ce qui est parfaitement légitime —, ils évitent de déplaire à une frange ou l’autre de l’électorat », explique l’ex-dame de fer.
 
Elle croit que la population est « plus prête » qu’à son époque à accepter des changements.« La crise économique de 2008 a fait tellement de mal à beaucoup de monde que les gens sentent que ça ne peut plus être l’abondance comme ça a déjà été, qu’il y a des limites. En plus de ça, le Québec vit une période épouvantable, dans le sens qu’on a commencé à avoir une population vieillissante. […] Deux travailleurs par retraité, je vous assure que c’est affolant », dit Monique Jérôme-Forget en entrevue.
 
Jouer avec les mots
 
Le discours sur l’assainissement des finances publiques est en train de s’incruster dans le paysage politique, note de son côté Alain-G. Gagnon, professeur de science politique à l’UQAM. La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault et son ancêtre, l’ADQ de Mario Dumont, pressent même les libéraux d’y aller encore plus fort avec l’austérité. Et l’opposition s’est affaiblie et morcelée à l’Assemblée nationale : le Parti québécois, sans chef depuis sa défaite historique de l’an dernier, semble incapable de présenter une position cohérente face aux compressions du gouvernement. La seule voix claire contre l’austérité est celle des deux élus de Québec solidaire.
 
D’une époque à l’autre, les gouvernements qui ont remis en question le modèle québécois ont joué avec les mots, souligne Alain-G. Gagnon. Les libéraux de Philippe Couillard s’étaient ainsi engagés à augmenter les budgets de la Santé et de l’Éducation de 4 % et 3,5 % respectivement en campagne électorale. Les hausses seront plutôt de 2,7 % et 1,9 %. En tenant compte de l’inflation, c’est un quasi-gel budgétaire.
 
« Est-ce qu’on a voté pour ça ? La réponse est non. Les libéraux font le contraire de ce qu’ils avaient promis », dit sans détour le professeur Gagnon. Signe des temps, il revenait d’une manifestation dans les rues de Montréal au moment de notre entrevue. Le Syndicat des professeurs de l’UQAM s’est joint au mouvement de grève lancé par les étudiants.
 
Alain-G. Gagnon prédit des jours difficiles pour la fameuse « majorité silencieuse » qui appuie les politiques d’austérité du gouvernement Couillard. Les compressions budgétaires vont finir par faire mal. Des gens vont perdre leur emploi. Et les surplus créés par les coupes de budget iront au remboursement de la dette, à une offre réduite de services publics et à des baisses d’impôt qui semblent rarement destinées à la classe moyenne, souligne-t-il. Comme d’autres, il note l’empressement des chambres de commerce et du Conseil du patronat à applaudir le dernier budget Leitão.
 
Le gouvernement semble imperméable aux critiques après un an de règne. On verra s’il gardera le cap à l’approche du scrutin de 2018. Surtout que, comme le remarque Monique Jérôme-Forget, « il n’y a pas beaucoup de gras à couper » dans la machine gouvernementale.

vendredi, avril 03, 2015

DANS LA RUE CONTRE L'AUSTÉRITÉ Les étudiants n’étaient pas seuls

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Plusieurs dizaines de milliers de jeunes, professeurs, pompiers ou simples citoyens ont défilé dans les rues du centre-ville de Montréal


Aidée par la météo clémente en après-midi, la manifestation s’est déroulée dans la bonne humeur générale.
Photo: Jacques Nadeau
 Le Devoir

Aidée par la météo clémente en après-midi, la manifestation s’est déroulée dans la bonne humeur générale.

Ils ont été des dizaines de milliers — jeunes, moins jeunes, étudiants, mais aussi professeurs, pompiers ou simples citoyens — à défiler dans les rues du centre-ville de Montréal, jeudi après-midi, pour protester contre les mesures d’austérité imposées par le gouvernement Couillard. Une manifestation qui s’est déroulée dans la bonne humeur générale, et dans le calme la plupart du temps, qui visait à envoyer un message clair au gouvernement libéral : il faut que ça cesse.

Les manifestants ont paralysé une fois de plus le centre-ville de la métropole dans l’objectif de mener le gouvernement à plier, jeudi soir, à partir de 20 h. Au moment d’écrire ces lignes, aucun débordement majeur n’avait eu lieu.

En après-midi, l’appel à la manifestation nationale contre l’austérité lancé par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) avait été entendu par plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Le rassemblement a pris naissance aux environs de 13 h au square Victoria. Près de 135 000 étudiants se trouvaient en grève en vertu de nombreux mandats de grève adoptés dans des universités et cégeps de l’ensemble de la province, a tenu à rappeler la porte-parole de l’ASSÉ, Camille Godbout, au tout début de la marche. « 135 000, ce n’est pas rien. On veut forcer [le gouvernement] à réagir. Il est grand temps qu’il aille chercher de l’argent là où il y en a réellement », a-t-elle expliqué, ajoutant que les cégépiens et universitaires ont l’intention de « continuer [à] augmenter la pression de plus en plus » afin de pousser le gouvernement à revoir ses politiques. Après la manifestation du 2 avril, « on va continuer de se mobiliser », a-t-elle promis.

Camille Godbout n’était pas la seule à vouloir transmettre ce message. De nombreuses centrales syndicales et des organismes des milieux communautaires et militants étaient aussi de la partie, tout comme Naomie Tremblay-Trudeau, cette jeune femme de 18 ans ayant reçu un tir de gaz lacrymogène en plein visage, la semaine dernière, lors d’une manifestation tenue à Québec.

Pas d’itinéraire

« Ce gouvernement est illégal : il n’a pas donné son itinéraire », soulignaient de nombreuses pancartes présentes tout au long du parcours, évoquant avec ironie le règlement municipal P-6, qui exige des manifestants qu’ils déclarent leur itinéraire. Ce qui n’avait d’ailleurs pas été fait pour la manifestation nationale, a tenu à préciser l’ASSÉ.

La foule a déambulé dans les rues Robert-Bourassa, Sherbrooke, Saint-Denis, Cherrier, Berri, et Maisonneuve, au centre-ville et dans le Quartier latin, avant de se disperser aux environs de 15 h.

Rencontré sur la terrasse du Café Cherrier, le chef de l’endroit, Christian Darroman, regardait avec une certaine admiration la foule nombreuse qui défilait devant son restaurant en milieu d’après-midi. « Est-ce que ça nous dérange ? Il y a trois ans c’était plus compliqué avec les terrasses, mais on n’a pas ce problème aujourd’hui », a-t-il indiqué, alors qu’il saluait les manifestants.

Dans la fin de la soixantaine, la Canadienne d’origine égyptienne Nadia Alexan tenait à être de la manifestation. Munie de sa pancarte anti-austérité, elle a accompagné les étudiants pendant plusieurs kilomètres. « Vous avez le 99 % qui n’a rien, et le 1 % qui veut s’accaparer tout, comme Philippe Couillard. Ça ne marche tout simplement pas. […]L’université n’est pas une entreprise », dit-elle.

Venue de la Rive-Sud de Montréal, Sophie-Leblond Lessard faisait partie de ces milliers de personnes qui s’étaient déplacées, souvent par autobus nolisés, pour assister au grand rassemblement du 2 avril. « Le printemps 2015, ce n’est pas celui de 2012. Cela touche toutes les sphères de la société, pas juste le milieu de l’éducation », insiste-t-elle. Contrairement à ce qu’évoquait le comité exécutif de l’ASSÉ en début de semaine, le mouvement n’aurait pas avantage à effectuer un « repli stratégique » jusqu’à l’automne afin de militer aux côtés des syndicats, selon elle. « On peut faire les deux. »

Même si une bonne partie des manifestants a quitté les lieux après la fin officielle de la marche nationale, vers 15 h, un groupe composé de quelques milliers de protestataires a par la suite occupé la place Émilie-Gamelin et les rues environnantes pendant un peu moins de deux heures, avant de se disperser progressivement, à la suite de pressions effectuées par les policiers, dont les jambières et les boucliers arboraient eux aussi des slogans anti-austérité. À l’angle de Maisonneuve et d’Amherst, dans le village, les policiers n’ont pas hésité à sortir le poivre de Cayenne pour forcer certains manifestants à battre en retraite.

« On n’a rien volé, nous ! », scandaient alors narquoisement la foule, reprenant, en réaction aux barrages de l’équipe tactique du Service de police de la Ville de Montréal, la formule utilisée ad nauseam par les employés municipaux. Un noyau dur comptant de quelques centaines de manifestants a par la suite été dispersé vers 17 h, lorsque le SPVM a déclaré« illégal » le rassemblement, après avoir donné trois avis.