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Publié le 29 janvier 2017 à 15h00 | Mis à jour le 30 janvier 2017 à 06h59
Publié le 29 janvier 2017 à 15h00 | Mis à jour le 30 janvier 2017 à 06h59
Des manifestants se sont mobilisés aux quatre coins des États-Unis pour contester la politique de Donald Trump PHOTO REUTERS |
IVAN COURONNE
Agence France-Presse
Washington
Agence France-Presse
Washington
Manifestations, condamnations, pressions internationales: Donald Trump qui se défend d'avoir voulu cibler les musulmans affronte après dix jours de pouvoir le feu des critiques après sa décision de fermer les frontières aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays musulmans.
Lundi, plus d'un million de personnes avaient signé une pétition anti-Trump au Royaume-Uni. S'il peut venir dans ce pays comme chef de l'administration, il faut lui refuser la visite d'État prévue cette année, qui implique de nombreux honneurs, stipule cette pétition.
Le décret signé vendredi par Donald Trump interdit l'entrée à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (et de façon indéfinie pour les réfugiés syriens). Il l'interdit aussi pendant 90 jours aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane considérés comme des viviers terroristes par Washington: Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.
Son application confuse, qui a entrainé des scènes de détresse dans des aéroports américains et étrangers avec des personnes bloquées ou refoulées, a déclenché en ce début de semaine une série d'explications entre plusieurs pays et Washington.
«Pour que les choses soient claires, il ne s'agit pas d'une interdiction visant les musulmans, comme les médias le rapportent faussement», a déclaré Donald Trump dans un communiqué. «Cela n'a rien à voir avec la religion, il s'agit de terrorisme et de la sécurité de notre pays», a-t-il dit.
Clarifications
Dimanche soir, l'administration républicaine américaine a officiellement clarifié la situation des détenteurs de permis de résident permanent originaires des sept pays de la liste noire: ils auront le droit d'embarquer à destination des États-Unis et bénéficient d'une exemption. Les Américains à double nationalité également.
Reste la question des binationaux, par exemple les Canado-Iraniens ou Franco-Syriens. Samedi, le bureau du premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le décret ne changerait rien pour les Canadiens.
D'autres capitales sont entrées dans des discussions avec Washington pour obtenir des clarifications, ajoutant à la confusion. Londres a ainsi annoncé que ses ressortissants binationaux ne seraient pas concernés, sauf s'ils voyageaient à partir des pays ciblés.
Après l'Iran, qui a décidé d'une mesure de réciprocité à l'égard des États-Unis, le gouvernement yéménite s'est dit lundi «mécontent» du décret de Donald Trump qui encourage «l'extrémisme».
L'Égypte et plusieurs pays européens ont aussi critiqué la nouvelle approche américaine en matière d'immigration. La compagnie aérienne Emirates de Dubaï a indiqué avoir ajusté la composition de ses équipages de ses vols vers les États-Unis pour se conformer au décret anti-immigration.
C'est un texte «discriminatoire» dont l'adoption s'est faite de façon «complètement amateur», a jugé le chef d'État autrichien Alexander Van der Bellen.
Au-delà des condamnations internationales, le président républicain est aussi critiqué par l'opposition démocrate et par un nombre croissant d'élus de la majorité républicaine.
Plusieurs patrons américains se sont aussi inscrits en faux contre la nouvelle réglementation, certaines entreprises proposant un hébergement gratuit (Airbnb) et des emplois (Starbucks) aux immigrés interdits d'entrée aux États-Unis.
Manifestations
Tout le week-end a été marqué par la confusion et la controverse. Des milliers de manifestants se sont rassemblés à Washington, New York, Boston et dans d'autres villes des États-Unis.
«Les réfugiés sont les bienvenus !», ont scandé quelque 10 000 personnes dans un parc à New York. «C'est le début de la dégradation de nos libertés civiques et de nos droits constitutionnels, et nous savons où mène cette route», a lancé le maire démocrate de la ville, Bill de Blasio.
Des milliers de manifestants se sont aussi fait entendre sous les fenêtres du président Trump à Washington. «S'il a fait ça pendant ses sept premiers jours, qui sait ce qui nous attend dans les quatre prochaines années», a déclaré une Serbe présente aux États-Unis depuis 10 ans, Sonja Davidovic.
Le milliardaire républicain n'a fait qu'appliquer ses promesses de campagne, a fait valoir son entourage, comme lors de la signature toute la semaine passée de décrets sur la santé, l'immigration clandestine, la lutte antijihadiste ou le pétrole.
Un haut responsable a expliqué que le président entendait mettre en place une politique d'immigration qui évite aux États-Unis de connaître des attentats comme ceux qui ont frappé la France, l'Allemagne et la Belgique ces deux dernières années.
La décision de M. Trump de fermeture sélective des frontières, qui n'est pas aussi large que sa promesse de décembre 2015 d'interdire temporairement à tous les musulmans de venir aux États-Unis, a aussi provoqué plusieurs saisies de tribunaux.
Après l'intervention samedi soir d'une juge fédérale de Brooklyn, plusieurs personnes arrêtées à leur arrivée aux États-Unis en dépit de visas valides ont été autorisées à entrer sur le territoire. Mais la constitutionnalité du décret n'a pas été tranchée et celui-ci reste en vigueur.
On ignorait si des personnes restaient en rétention dans le pays, et combien.
Critiques politiques
Outre les condamnations internationales, de Téhéran au Caire aux grands pays européens, le président républicain, à la veille de sa deuxième semaine au pouvoir, est attaqué par l'opposition démocrate et par un nombre croissant d'élus de la majorité républicaine, mal à l'aise face à ce qui s'assimile pour beaucoup à une discrimination religieuse à la frontière.
Au moins 10 élus républicains du Congrès ont demandé le retrait du décret, et une quinzaine ont émis des réserves, souvent au nom des valeurs américaines et de la Constitution.
L'image d'un interprète irakien ayant travaillé pour l'armée américaine, arrêté vendredi à New York-Kennedy, a choqué les sénateurs John McCain et Lindsey Graham.
«Malheureusement, nous craignons que ce décret ne nous affaiblisse dans la lutte contre le terrorisme», ont-ils déclaré.
«Les tribunaux jugeront s'il est allé trop loin» a prudemment déclaré Mitch McConnell, chef de la majorité sénatoriale, sur la chaîne ABC.
Iraqi interpreter released, excited to be with his family. He still loves America.
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