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Publié le 27 janvier 2017 à 13h51 | Mis à jour à 18h36
Publié le 27 janvier 2017 à 13h51 | Mis à jour à 18h36
Le président mexicain Enrique Peña Nieto et son homologue américain Donald Trump. PHOT YURI CORTEZ, ARCHIVES AFP |
Agence France-Presse
Les présidents américain et mexicain Donald Trump et Enrique Peña Nieto ont cherché vendredi à faire baisser la tension diplomatique au sujet du projet de mur à la frontière, tout en reconnaissant leurs divergences lors d'un entretien téléphonique.
La discussion est intervenue au lendemain de l'annulation par M. Pena Nieto de son voyage à Washington, initialement programmé le 31 janvier, où il devait rencontrer le nouveau locataire de la Maison-Blanche qui a réaffirmé son intention de construire le mur pour stopper l'immigration illégale vers les États-Unis et d'en faire payer le coût au Mexique.
Les deux chefs d'État se sont parlé durant une heure et ont constaté leurs divergences «très claires et très publiques» sur ce «sujet sensible», selon les deux gouvernements, qui ont qualifié la discussion de «productive et constructive» dans leur communiqué respectif.
Selon les autorités mexicaines, les deux chefs d'État ont convenu «de ne plus parler publiquement» pour le moment du sujet polémique, mais la Maison-Blanche n'a pas fait mention de cet engagement de Donald Trump.
«Ce fut une conversation très, très amicale» a indiqué Trump durant une conférence de presse conjointe avec la première ministre britannique Theresa May.
«Comme tout le monde le sait, le Mexique a mieux négocié» et nous «a tournés en ridicule» car le déficit commercial des États-Unis envers le Mexique s'élève à 60 milliards par an, a-t-il ajouté.
Le sujet du déficit commercial américain a également été abordé lors de la discussion avec le président mexicain. Les deux gouvernements ont également convenu de travailler ensemble pour lutter «contre le trafic de drogue et le flux illégal d'armes».
«Dans une impasse»
Donald Trump souhaite renégocier l'accord de libre-échange nord-américain, vieux de 23 ans, et avait enfoncé le clou tôt vendredi sur Twitter en accusant «le Mexique de profiter des États-Unis depuis trop longtemps».
«Des déficits commerciaux massifs et très peu d'aide sur la frontière poreuse, cela doit changer maintenant!», a écrit le 45e président des États-Unis dans l'un de ses tweets matinaux qu'il affectionne.
Jeudi, le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, avait évoqué la possible mise en place d'une taxe de 20% sur les produits mexicains pour financer la construction d'un mur à la frontière, promesse de campagne emblématique du magnat de l'immobilier.
Selon plusieurs analystes, la discorde diplomatique est la plus grave depuis des décennies.
La dernière crise majeure remonte à 1985, lorsqu'un cartel de drogue avait torturé et tué un fonctionnaire américain de l'agence américaine antidrogue (DEA) provoquant en représailles une brève fermeture de la frontière.
«C'est pire maintenant» commente à l'AFP Jesus Velasco, expert en relations américano-mexicaines à l'université de Tarleton au Texas.
«Trump met dos au mur l'administration Pena Nieto à tel point qu'il n'y a plus d'espace pour les négociations,» a-t-il commenté.
Le ministre mexicain de l'Économie Ildefonso Guajardo, qui a rencontré des responsables américains cette semaine à Washington, avait indiqué vendredi - avant le coup de fil entre les deux présidents - que les deux pays étaient «dans une impasse».
Mais la ligne de communication reste ouverte, maintenant «la possibilité de trouver une solution» a-t-il ajouté.
Trump se met à dos un allié stratégique
En ciblant le Mexique, Donald Trump s'en prend à un partenaire stratégique qui pourrait répliquer en lançant une guerre commerciale et en limitant la coopération pour lutter contre l'immigration illégale, selon des analystes.
Le nouveau président américain a déclenché la plus grosse crise diplomatique entre les deux pays depuis des années en soutenant que le Mexique financerait la construction d'un mur sur la frontière de 3200 kilomètres, promesse emblématique de sa campagne.
Le président mexicain Enrique Pena Nieto a annulé son déplacement à Washington prévu la semaine prochaine tandis que la Maison-Blanche évoquait une hausse des tarifs douaniers sur les importations mexicaines pour financer ce mur.
Les deux chefs d'État se sont parlé vendredi, reconnaissant leurs divergences sur le paiement du mur, tout en cherchant à faire baisser la pression bilatérale.
Les deux gouvernements ont diffusé des communiqués très similaires à l'issue de l'entrevue. Mais la présidence mexicaine a indiqué qu'un engagement à ne plus parler «publiquement» du mur de la discorde avait été pris, ce dont n'a pas fait état la Maison-Blanche.
Pour Jesus Velasco, un expert en relations américano-mexicaine à l'université de Tarleton au Texas, la dernière crise majeure remonte à 1985, quand un cartel de drogue avait torturé et tué un fonctionnaire américain de l'agence anti-drogue (DEA), ce qui avait entraîné une brève fermeture de la frontière.
«C'est pire maintenant», a assuré M. Velasco à l'AFP.
Donald «Trump met dos au mur l'administration Pena Nieto à tel point qu'il n'y a plus d'espace pour les négociations», a-t-il estimé.
«Chanceux» d'avoir un ami au Sud
Encourageant le Mexique à se défendre face au magnat républicain, l'ancien président mexicain Felipe Calderon a affirmé que le gouvernement pourrait répliquer en matière de la lutte contre les cartels de drogue.
L'armée, par exemple, pourrait cesser de vérifier les chargements des camions qui franchissent la frontière, a-t-il suggéré.
«Il faut prendre des mesures pour leur faire comprendre que le soutien et la collaboration du Mexique n'est pas gratuite», a poursuivi M. Calderon sur Radio Formula.
Le Congrès américain a voté en 2008 l'attribution de 2,5 milliards de dollars pour l'Initiative Merida, un programme d'aide fournissant matériel et formation au Mexique pour l'aider à combattre le crime organisé.
Mais dans sa quête de fonds pour construire le fameux mur, M. Trump a ordonné à toutes les agences gouvernementales d'identifier dans les 30 jours les aides «directes et indirectes» perçues par le gouvernement mexicain.
«Jusqu'alors on a insisté sur la façon dont les États-Unis peuvent aider le Mexique à lutter contre le crime organisé», expliquait à l'AFP Duncan Wood, un responsable du Centre Wilson à Washington.
«Maintenant le Mexique doit dire: «Regardez, vous avez beaucoup de chance d'avoir une nation amie au sud, ça vaut la peine d'y réfléchir», a-t-il ajouté.
Symbole de cette coopération, le Mexique a extradé la semaine dernière vers les États-Unis, à la veille de l'investiture de Trump, le puissant narcotrafiquant Joaquin «El Chapo» Guzman.
Laisser passer les migrants
En dépit des propos de Donald Trump suggérant que le Mexique ne lutte pas contre les migrants illégaux, le Mexique et les États-Unis «ont l'une des coopérations (en la matière) les plus fructueuses au monde», selon M. Wood.
Sous la pression du président américain Barack Obama, après l'afflux d'enfants migrants en 2014, le Mexique avait renforcé sa frontière au sud, avec le Guatemala, pour empêcher l'immigration illégale.
L'an dernier, le Mexique a arrêté 147 370 migrants, contre 80 900 en 2013, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.
Le Mexique pourrait être désormais moins enclin à coopérer, et ainsi laisser les migrants centraméricains traverser la frontière, selon Velasco.
L'administration Trump a laissé entendre qu'elle pourrait imposer une taxe de 20% sur les importations en provenance du Mexique pour financer sa construction du fameux mur.
«Si les États-Unis imposent une telle taxe, le Mexique fera de même», a affirmé à l'AFP Luis de la Calle, un des négociateurs mexicains de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) dans les années 90, que M. Trump veut à présent renégocier voire abroger.
Calderon a indiqué que le Mexique pourrait montrer l'importance du commerce bilatéral en annulant les importations de blé américain, qui se montent à 10 millions de tonnes par an en moyenne.
L'ancien président pense que le Mexique doit «faire sentir à la base électorale de Trump le plus vite possible les effets d'une possible annulation» du commerce avec le Mexique.
Pendant ce temps, les Mexicains ont lancé une campagne sur Twitter pour boycotter les produits américains avec le hastag AdiosProductosGringos (Adieu les produits gringos).
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