PUBLIÉ AUJOURD'HUI À 9 H 50 | Mis à jour à 13 h 59
Le chef du Parti québécois Jean-François Lisée juge que le premier ministre Philippe Couillard cache la vérité sur ses rapports avec l'ancien organisateur politique Marc-Yvan Côté, qui est accusé de fraude, d'abus de confiance et de corruption par l'UPAC.
« Si le premier ministre avait dit toute la vérité dès la première fois, on n’en serait pas là. On ne peut pas le croire, il n’a plus de crédibilité sur les questions éthiques », a déclaré le chef de l’opposition officielle en point de presse mercredi matin.
Le Journal de Montréal a révélé mercredi des courriels datant du mois d’avril 2012 qui montrent que Philippe Couillard était plus proche qu’il ne le disait de l’ex-organisateur politique Marc-Yvan Côté, banni à vie du Parti libéral du Canada en 2005 pour son implication dans le scandale des commandites.
Marc-Yvan Côté Photo : Radio-Canada
Dans les courriels échangés quelques mois avant de se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec, M. Couillard offre son soutien à M. Côté à la suite de la diffusion de reportages par l’émission Enquête à Radio-Canada. Il invite aussi M. Côté à venir se relaxer à sa résidence au Lac-Saint-Jean.
Marc-Yvan Côté, un ancien vice-président de la firme de génie-conseil Roche, est associé dans ces reportages à un système de dons politiques illégaux au provincial en échange de contrats.
Un message à caractère humain
À la période de questions à l’Assemblée nationale, Philippe Couillard a indiqué qu’il a tout simplement voulu envoyer un message à caractère humain.
J’ai tendu la main à quelqu’un qui, probablement, se sentait inquiet. Je pense que tout être humain qui se respecte aurait fait quelque chose du genre. Philippe Couillard, premier ministre du Québec
M. Couillard a confirmé qu’à la suite de ces messages, les deux hommes ne se sont pas vus.
« Il n’est pas venu me rencontrer. Ensuite, on s’est vus quand je lui ai demandé de ne pas se mêler de ma campagne à la direction et, je répète, il ne s’en est pas mêlé », a affirmé le premier ministre.
Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, en point de presse mercredi Photo : Radio-Canada
« Philippe Couillard a essayé de nous faire croire que la chose la plus importante pour lui, lorsqu’il est devenu candidat à la chefferie, c’était de bien indiquer qu’il ne devait y avoir aucun rapport entre lui et Marc-Yvan Côté. Il aurait été plus crédible en disant que, cinq mois avant, il l’avait invité à son chalet. On ne sait pas quel autre élément caché existe et qu’on va peut-être découvrir la semaine prochaine ou la suivante », a mentionné Jean-François Lisée.
« C'est un calculateur »
« Souvent, j’ai pensé que c’était peut-être son mauvais jugement. Mais là, ce n’est plus permis de penser que c’est un mauvais jugement. C’est un calculateur, Philippe Couillard », a lancé Amir Khadir, député de Québec solidaire.
De quoi le futur chef du Parti libéral pouvait-il bien avoir envie de "brainstormer" avec le déshonorant récidiviste Marc-Yvan Côté?
Le chef de la CAQ François Legault Photo : Radio-Canada
« Est-ce que le premier ministre peut au moins admettre qu’il a manqué de jugement? » a ajouté François Legault, le chef de la CAQ.
Marc-Yvan Côté a été arrêté par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) le 17 mars 2016, en compagnie de l'ex-ministre libérale Nathalie Normandeau, de son chef de cabinet Bruno Lortie et de deux autres ex-dirigeants de Roche.
Il doit répondre à des accusations de complot, de corruption, de fraude et d'abus de confiance au terme d'une enquête sur l'octroi de financement politique en échange de contrats publics.
Devant la commission Charbonneau, Marc-Yvan Côté a reconnu avoir contribué à faire du financement sectoriel pour le Parti libéral du Québec, sous Jean Charest, dans l’Est du Québec, notamment de la sollicitation pour une importante activité annuelle de financement de Nathalie Normandeau, à la demande de Bruno Lortie.
Il a affirmé qu'il récoltait bon an mal an de 10 000 $ à 15 000 $ à cette occasion.
Un porte-parole de la société d’État, Patrice Lavoie, a refusé d’accorder une entrevue au Bureau d’enquête au sujet de M. Bibeau.
Dans une réponse écrite, M. Lavoie a toutefois indiqué que Loto-Québec n’était pas au courant que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) avait porté une attention particulière envers M. Bibeau.
«En réponse à vos questions sur les allégations de filature policière et de tentative d’écoute électronique, nous vous confirmons que Loto-Québec n’est pas au fait de ces allégations», a-t-il dit hier.
«M. Bibeau n’est plus à l’emploi de Loto-Québec depuis la fin de son contrat en 2015, et les allégations le concernent personnellement.»
En quittant ses fonctions, M. Bibeau a empoché une prime de 118 000 $ prévue à son contrat.
Hier, notre Bureau d’enquête a révélé que l’UPAC s’était intéressée aux transactions bancaires de M. Bibeau, un ancien organisateur du Parti libéral du Québec (PLQ).
Deux de ses institutions financières ont notamment signalé des opérations douteuses reliées à des allégations formulées en 2012 par l’ex-entrepreneur en construction Lino Zambito.
M. Zambito a soutenu avoir remis une contribution politique illégale de 30 000 $ comptant à M. Bibeau dans son bureau de Loto-Québec, en 2009.
L’UPAC a pris M. Bibeau en filature en plus d’envisager l’installation de micros dans son bureau de Loto-Québec.
Alexandre Bibeau au PLQ
Dans les jours suivant les allégations de M. Zambito, en octobre 2012, le fils de Pierre Bibeau, Alexandre, avait renoncé à son poste au sein de l’organisation de la campagne à la direction du PLQ de Philippe Couillard.
Hier, un porte-parole du PLQ, Maxime Roy, a affirmé que M. Bibeau demeurerait dans ses fonctions d’organisateur du parti pour les régions de l’ouest, qu’il exerce depuis plus d’un an.
«Alexandre n'a absolument rien à se reprocher et aucun autre commentaire ne sera fait sur ce sujet», a-t-il dit dans une déclaration écrite.
M. Zambito avait notamment allégué qu’Alexandre Bibeau était intervenu en sa faveur dans un dossier après une demande de son père.
MARIO BERTRAND S’EXPLIQUE
Impliqué dans des transactions qui ont éveillé les soupçons des institutions bancaires de M. Bibeau, Mario Bertrand, ex-chef de cabinet du premier ministre Robert Bourassa, a nié, hier, avoir participé à des activités de financement politique illégal.
«On s’est appuyés et aidés à travers les petites et grandes difficultés de la vie, a-t-il écrit dans un courriel. Mais je n'ai jamais, ni de près ni de loin, directement ou indirectement, participé à du financement politique. C’est un amalgame faux et détestable.»
M. Bibeau a expliqué qu’un chèque de 135 000 $ déposé sur un de ses comptes, suivi d’un retrait comptant de 40 000 $, était un remboursement de dette de M. Bertrand, en 2011. Quelques semaines plus tard, il prêtait 175 000 $ à M. Bertrand.
«Les échanges financiers entre Bibeau et moi sont du domaine privé, mais je peux vous assurer qu'aucun échange n’a été fait comptant», a dit M. Bertrand.
L’Unité permanente anticorruption s’est aussi intéressée à des transactions impliquant l’ex-grand argentier du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, ses proches et ses entreprises dans le cadre de son enquête sur le financement politique illégal.
Notre Bureau d’enquête révélait hier que l’UPAC s’était penchée sur des transactions impliquant Pierre Bibeau, un ex-organisateur libéral influent. Cet ex-vice-président de Loto-Québec a même été pris en filature par les policiers.
C’est également à la demande de l’UPAC que le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) a épluché pour plus de 25 M$ en transactions de la famille Bibeau et de ses entreprises, de 2005 à 2013.
Sous le premier ministre Jean Charest, Marc Bibeau était considéré comme le grand argentier du Parti libéral du Québec, celui responsable de remplir les coffres du parti par le biais d’activités de financement qui font toujours l’objet d’enquêtes.
L’avocat de Marc Bibeau, Stéphane Eljarrat, assure que rien dans les informations du CANAFE ne permet de lier les entreprises de l’ex-grand argentier du PLQ à du blanchiment d’argent.
Transactions d’intérêt
Le CANAFE est un organisme fédéral chargé de recueillir les renseignements sur toutes les transactions financières pouvant être utiles à des enquêtes sur le recyclage des produits de la criminalité, notamment.
L’organisme fédéral a notamment identifié quatre «opérations importantes» en argent liquide.
Le document qu’a consulté notre Bureau d’enquête ne permet cependant pas de savoir exactement qui, parmi les membres de la famille Bibeau ou de leurs entreprises, a fait les quatre paiements en espèces ou qui en sont les bénéficiaires. Chacune de ces transactions totalisait plus de 10 000 $.
Contacté par notre Bureau d’enquête, un avocat de Marc Bibeau, Stéphane Eljarrat, dit ne pas pouvoir fournir de précisions sur ces paiements.
«Nos clients ne peuvent retracer avec certitude ces transactions alléguées et donc ne peuvent pas vous fournir plus de détails, écrit-il. Toutefois, il n’y a rien d’illégal dans le fait de déposer 10 000 $ dans une banque.»
Île Maurice
Le CANAFE a aussi relevé plusieurs paiements des entreprises des Bibeau à l’étranger, dont un paiement de Schokbéton Québec inc. à l’île Maurice, un paradis fiscal de plus en plus en vogue. Cette société appartient à une compagnie à numéro que dirige Marc Bibeau.
Son avocat n’a pas pu donner de détails sur ces transactions non plus. «Vu l’imprécision des montants et des dates, nos clients ne peuvent vous répondre avec précision, dit Stéphane Eljarrat. Par contre, il est clair que ces transactions alléguées n’ont rien à voir avec le blanchiment d’argent ou des investissements dans des paradis fiscaux.»
En conclusion de son courriel, il précise que «tout article laissant faussement croire ou sous-entendre (que les Bibeau auraient fait des transactions illégales) causerait à nos clients un préjudice irréparable dont vous et votre employeur seraient tenus responsables, le cas échéant».
L’information qu’a colligée le CANAFE provient de la Banque Royale, de la Banque de Montréal et de la Banque Laurentienne, dont les Bibeau et leurs entreprises sont clients.
Au Canada, les institutions financières doivent déclarer au CANAFE les paiements en liquide de 10 000 $ ou plus, ainsi que toute autre «opération douteuse».
- Hugo Joncas et Alexandre Robillard, Bureau d’enquête
PUBLIÉ AUJOURD'HUI À 12 H 07 | Mis à jour il y a 17 minutes
Certains candidats à l'élection partielle dans la circonscription montréalaise de Gouin. De gauche à droite : Alex Tyrrell (Parti vert du Québec), Vanessa Dion (Option nationale), Gabriel Nadeau-Dubois (Québec solidaire), Jonathan Marleau (Parti libéral du Québec) et Benjamin Bélair (Coalition avenir Québec). Photo : Radio-Canada/Courtoisie
Les bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 20 h, dans la circonscription de Gouin, à Montréal, dans le cadre d'une élection complémentaire faisant suite au départ de Françoise David, qui la représentait depuis 2012.
Un peu plus de 7 % des électeurs ont voté par anticipation.
Mme David, cofondatrice du parti Québec solidaire, avait obtenu plus de 50 % des suffrages en 2014 et plus de 46 %, en 2012, dans ce qui était un bastion du Parti québécois depuis 1976.
Deux candidats ont dominé l’actualité de cette campagne dans Gouin :
Gabriel Nadeau-Dubois, Québec solidaire
Élu officiellement porte-parole de Québec solidaire, avec la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, le 21 mai dernier, Gabriel Nadeau-Dubois est connu du public depuis le printemps 2012. Il parlait alors au nom de la CLASSE, l’une des associations étudiantes qui s’opposaient à la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement libéral de l’époque.
La décision du PQ de ne pas présenter de candidat dans Gouin était vue comme une main tendue pour conclure une entente stratégique en vue des élections générales de l’an prochain. « Sur le terrain, on a beaucoup moins entendu parler de cette question-là que sur les réseaux sociaux, par exemple, où ça semblait être la nouvelle de la semaine », a analysé le candidat, lundi, alors qu'il venait de voter.
« Il faut se rappeler que les gens du quartier connaissent Québec solidaire, a-t-il ajouté. On a confiance, mais en même temps, on ne tient rien pour acquis. »
Président de l’aile jeunesse du PLQ jusqu’à l’annonce de sa candidature dans Gouin, Jonathan Marleau étudie à l’Université du Québec à Montréal. Né à Port-au-Prince, en Haïti, il a grandi dans la région de Chaudière-Appalaches.
Certains ont fait remarquer que les affiches électorales libérales dans Gouin mettaient plus l’accent sur M. Marleau lui-même que sur le logo ou les couleurs traditionnelles du parti.
Pas moins de 11 autres candidats sont en lice dans le cadre de cette élection complémentaire :
Benjamin Bélair, Coalition avenir Québec, professeur de philosophie au Collège Montmorency, à Laval, et membre du parti depuis sa création, en 2011;
Vanessa Dion, Option nationale, comédienne et étudiante en sciences politiques à l’UQAM;
Alex Tyrrell, chef du Parti vert du Québec, qui a été candidat dans d’autres circonscriptions dans le passé;
Alexandre Cormier-Denis, du Parti indépendantiste, fondateur de l’organisme Horizon Québec Actuel, qui ne cache pas ses affinités avec le Front national de Marine Le Pen, en France, et dont une affiche a suscité la controverse dans Gouin;
Nicole Goulet, du parti Citoyens au pouvoir du Québec, une formation ayant une certaine notoriété, surtout sur la Côte-Nord, en raison de la candidature annoncée du syndicaliste Bernard Gauthier, alias « Rambo », en vue des prochaines élections générales;
Jean-Patrick Berthiaume, du Bloc pot;
Louis Chandonnet, de l'Équipe autonomiste;
Samuel Fillion-Doiron, de l'Équipe Adrien Pouliot - Parti conservateur du Québec;
Michel Leclerc, du Parti libre;
François-Xavier Richard-Choquette, un indépendant;
Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, a dit tout haut mercredi ce que répètent tout bas ses confrères depuis quelques semaines : Québecor média ne ménage aucun effort pour discréditer le Parti libéral du Québec. «Ça ressemble […] à un tir groupé qui est presque une position politique à l’encontre du parti qui représente le gouvernement», a-t-il déclaré lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
Photo: Capture d'écranViolette Trépanier
Le ministre s’était fait interpeller quelques minutes plus tôt sur la une du Journal de Montréal et du Journal de Québec sur laquelle apparaissait une photo de l’ancienne directrice du financement du PLQ, Violette Trépanier, assortie du titre «Les secrets de Violette» en gros caractères.
M. Moreau a reproché au bureau d’enquête de Québecor média d’avoir conclu de façon prématurée que Mme Trépanier «n’a pas dit toute la vérité» lors de sa comparution à la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction en juin 2014.
À la question du procureur Paul Crépeau «Y a-t-il des gens qui vous ont remis des curriculum vitae lors d’activités de financement [du PLQ] ?», Mme Trépanier avait répondu sous serment : «Dans mes treize ans, c’est peut-être arrivé cinq, six fois, et c’était toujours des postes non rémunérés.» Elle a aussi nié avoir promu la candidature de donateurs ou de membres du PLQ à des postes d’administrateurs d’organismes publics.
Après avoir passé au crible des courriels signés par Mme Trépanier, Le Journal soutient qu’elle a obtenu au moins seize CV de personnes désireuses de siéger à des conseils d’administration, et ce, seulement en 2007-2008.
L’ex-ministre déléguée à la Condition féminine «aidait des donateurs libéraux à se rapprocher du pouvoir», suggère Le Journal dans sa dernière livraison.
M. Moreau s’est désolé de voir la presse «tirer des conclusions de renseignements qui sont essentiellement parcellaires». «En médecine, je pense qu’on appelle ça de l’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire qu’on beurre épais pas mal», a-t-il déclaré, jetant le doute sur les motivations profondes de membres de l’équipe de reporters de Québecor. «Il y a un dessein, dont on commence à cerner les contours», a-t-il spécifié.
Les «enquêtes» devraient être la chasse gardée de la police, a aussi soutenu Pierre Moreau mercredi. Contrairement aux journalistes, les policiers ont, «eux», «la fonction d’aller au fond des choses». «Chacun son métier, les vaches seront bien gardées.»
Par ailleurs, le ministre a parlé de supposées dissensions au sein du bureau d’enquête de Québecor média. «Privément, je reçois des messages de gens qui sont désolés. Eh bien, les personnes désolées et moi, privément, on sait qu’elles sont désolées, mais publiquement elles ont fait un grand spectacle pendant des heures qui n’allait pas dans le sens du fait qu’elles étaient désolées», a-t-il lancé à la presse. Il faisait alors allusion à un reportage diffusé la semaine passée le dépeignant comme le complice de Schokbeton et de Violette Trépanier. TVA Nouvelles n’avait pas ses explications dans la première version de son reportage, selon lui.
Le chef du bureau d’enquête au Parlement, Antoine Robitaille, a préféré ne pas commenter. Autrement, «ça détourne[rait] l’attention des reportages» de Québecor média.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a également réservé ses commentaires.
La liberté d’expression ne permet pas de dire tout ce qui nous passe par la tête. La liberté de la presse, ce n’est pas de bâcler son travail.
Pierre Moreau, en marge de la Journée mondiale de la liberté de la presse
Climat de suspicion
Plusieurs libéraux ont été piqués au vif par des gazouillis du président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau — l’ex-chef péquiste soulignait le travail «essentiel» du bureau d’enquête —, et sa tournée des locaux de Québecor à la Tribune de la presse il y a une semaine.
Pourtant, ils avaient souhaité la meilleure des chances à l’homme d’affaires lorsque celui-ci a repris les commandes de Québecor en février dernier. «Il n’est plus en politique, alors M.Péladeau a le droit de faire ce qu’il souhaite de sa vie. Puis, je pense que c’est un homme d’affaires qui est très intégré à Québecor», avait déclaré M. Moreau.
5 mai 2017 |Marie Vastel - Correspondante parlementaireà Ottawa
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne
Le passé séparatiste de Maxime Bernier pourrait-il lui nuire en Alberta, ou nuire aux députés qui l’appuient?
Le passé séparatiste de Maxime Bernier revient le hanter dans l’ouest du pays. Un tract distribué dans quelques circonscriptions albertaines, et dont Le Devoir a obtenu copie, prévient des citoyens que leur député provincial n’appuie nul autre… qu’un nationaliste québécois.
Une simple photocopie en noir et blanc a atterri dans les boîtes aux lettres de résidents d’au moins quatre circonscriptions du centre de l’Alberta. Le tract affiche une photo de Kevin O’Leary et le cite en entrevue début mars : «Il doit être séparatiste, dit-il au sujet de Maxime Bernier. Il laisse entendre que le Québec ne fait pas partie du Canada.» Une photo de Maxime Bernier accompagne une seconde citation, de la part du député beauceron, cette fois-ci sur son passé séparatiste : «Oui, je suis un Québécois très nationaliste», disait-il à Radio-Canada en juillet 2016. «Votre député provincial appuie fièrement Maxime Bernier», conclut le dépliant.
Perplexes quant à l’origine du tract, qui n’est pas signé, des électeurs ont appelé les bureaux de quatre députés du Wildrose albertain.
Dans la circonscription de Jason Nixon, «plusieurs appels» ont été faits depuis une semaine afin de savoir si le tract était le sien. «Personne ne pose plus de questions que ça», a indiqué une adjointe. À l’est, le bureau de Rick Strankman a eu droit à deux coups de fil, mais on n’y voit rien de plus qu’une «campagne de salissage» et non un grand enjeu. Au nord, un résident de la circonscription de Wes Taylor s’est inquiété que cela nuise à son député. M. Taylor «ne croit pas que cela affecte sa réputation»,a relaté son adjoint Lee Cooper. «La majorité des gens vont le jeter à la poubelle et l’oublier.»
Un passé inconnu
Le député Derek Fildebrandt a reçu deux appels, mais minimise l’impact du tract, qui selon lui «n’est pas la publicité négative la plus futée». «Maxime Bernier est un fier Canadien», a-t-il martelé.
Son passé séparatiste pourrait-il néanmoins lui nuire en Alberta, ou nuire aux députés qui l’appuient ? M. Fildebrandt a nié ce passé, jusqu’à ce que Le Devoir lui apprenne que M. Bernier avait travaillé pour Bernard Landry au ministère des Finances à la fin des années 1990.
L’équipe de campagne de Maxime Bernier n’a pas voulu commenter le dépliant. «Ça fait 10ans que Maxime est député fédéral. […] Maxime a prouvé qu’il est fédéraliste. Personne ne remet ça en doute», a martelé un stratège en arguant quant à lui que son passé était bien connu. «La majorité des Albertains sont au courant et ça ne les dérange pas.»
Front commun agricole
Maxime Bernier affronte en outre la fronde des agriculteurs québécois, qui veulent l’empêcher d’abolir la gestion de l’offre.
Le groupe Les Amis de la gestion de l’offre s’est mobilisé, dans le cadre de la course à la chefferie, afin de lui barrer la route. Des 16 000 membres conservateurs au Québec, 12 000 se seraient inscrits depuis le début de la course et la moitié seraient issus des Amis de la gestion de l’offre. Le fondateur du groupe, Jacques Roy, a invité jeudi tous ses membres à voter pour Andrew Scheer, qui serait le second meneur selon les sondages. «M.Scheer est le candidat qui a le plus d’appuis parmi les députés du Québec» et «le candidat qui a les meilleures chances de l’emporter devant Maxime Bernier», a fait valoir M. Roy par voie de communiqué.
Le camp Bernier est bien conscient que les agriculteurs dominent 37 circonscriptions du Québec, mais estime qu’ils iront chercher 100 % du vote dans seulement 20 comtés. Ce seraient donc 2000 points qui échapperaient à M. Bernier, sur les 7800 points que compte le Québec pour le vote (100 points par circonscription). Un calcul qui n’inquiète pas la campagne du candidat beauceron.
2 mai 2017 | Réjean Bergeron - Professeur de philosophie au cégep Gérald-Godin
Photo: iStock
Dans un monde qui carbure aux résultats plutôt qu’à la réussite, on se préoccupe davantage d’augmenter son taux de diplômation, défend l'auteur.
La belle affaire ! Les médias et une partie de la classe politique, y compris le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, viennent de découvrir que certains acteurs du milieu de l’éducation tripotent les notes des élèves, qu’un 58 %, par exemple, peut miraculeusement se transformer en 60 %, et ce, parfois même à l’insu des enseignants concernés. Face à cette « nouvelle » qui, en fait, était connue de tout le réseau de l’enseignement, voilà que certains envisagent même de mettre sur pied une commission parlementaire pour faire la lumière sur ce terrible « scandale » qui a plutôt les allures d’un triste secret de Polichinelle.
Mais de quoi parle-t-on ici ? De chiffres, de statistiques et de moyennes. Et si l’arbre de la note de passage nous cachait la forêt de la réelle réussite ? Car, en fait, la question n’est pas tant de savoir si un élève qui a 58 % mérite la note de passage, mais plutôt de s’interroger sur la réelle valeur du diplôme que le système d’éducation serait prêt à lui accorder. Dans un monde qui carbure aux résultats plutôt qu’à la réussite, qui se préoccupe davantage d’augmenter son taux de diplomation, quitte à manipuler là aussi les données, il serait beaucoup plus sage de s’interroger sur la valeur et la qualité de notre système d’éducation et de ce qui est enseigné aux élèves.
Moi qui enseigne au niveau collégial depuis des années, qui ai vu passer des générations d’étudiants, je peux témoigner du fait que notre société se complaît dans un mensonge collectif : nous mentons à une bonne partie des élèves du primaire et du secondaire en leur faisant croire qu’ils seront bien préparés pour réussir leurs études supérieures et leur vie d’adulte. Nous mentons bien évidemment à leurs parents pour les mêmes raisons et, en plus, nous nous mentons à nous-mêmes en nous gargarisant de ces formules creuses qui affirment que « l’éducation est importante pour nous » ou que « nous vivons dans une société du savoir ».
Choc et humiliation
Ces élèves à qui on a menti pendant toutes ces années, à qui on a dit qu’ils étaient bons, fantastiques et en mesure de réaliser leurs rêves, pouvez-vous imaginer le choc et l’humiliation qu’ils subissent lorsque, arrivés au cégep ou à l’université, ils se rendent compte, ou se font dire par certains professeurs qui décident de ne plus leur dorer la pilule, qu’ils ont de graves problèmes de lecture et d’écriture, qu’ils manquent de vocabulaire, de repères historiques, de culture ou de méthode de travail ; en somme, qu’ils n’ont pas ce qu’il faut, loin de là, pour réussir des études supérieures !
J’ai parfois l’impression que le travail de l’enseignant de niveau collégial se compare à celui du médecin qui a la pénible tâche d’annoncer à certains de ses patients qu’ils sont atteints, à leur grande surprise, d’une grave maladie, sauf qu’ici cette « maladie » prend la forme d’une impuissance linguistique et d’une déculturation chez les élèves qui en sont atteints.
Ce sont ces mensonges qui se transmettent d’une année à l’autre, d’un niveau à l’autre à l’intérieur de notre système d’enseignement qui finissent par créer, à force de s’accumuler, une fracture dans nos salles de cours où, d’une part, se retrouvent des étudiants qui ont été très bien ou correctement formés et, de l’autre, tous ceux qui ont été dupés, trompés, à qui on a fait croire qu’ils étaient bien outillés pour affronter la vie et entreprendre des études collégiales.
Parfois, je me dis que tous ces jeunes qui ont ainsi été leurrés et trompés par cette machine à mensonges que représente notre système d’éducation devraient intenter un recours collectif contre le gouvernement pour négligence criminelle.
À la suite de toutes ces manchettes dans l’actualité au sujet de la manipulation des notes, le journaliste Sébastien Bovet de RDI a interviewé le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. À la toute fin de l’entrevue, le journaliste lui a demandé s’il favorisait plutôt le développement des connaissances ou bien celui des compétences chez les élèves. Le ministre a alors répondu que c’était «correct» de favoriser le développement des compétences puisque «50% des emplois que nos enfants occuperont ne sont pas connus», reprenant ainsi à son compte ce fameux mythe pédagogique sans aucun fondement, éculé et franchement ridicule pour qui y réfléchit deux minutes.
Ainsi, on aura beau faire des réformettes, implanter des cours bidon pour épater la galerie ou mettre sur pied des commissions parlementaires pour se pencher sur les problèmes qui minent notre système d’éducation, tant et aussi longtemps que le ministre et ses fonctionnaires continueront de s’abreuver jusqu’à plus soif de légendes pédagogiques de ce type pour se donner bonne conscience, ce sont ces jeunes qui souvent viennent des milieux moins favorisés et qui n’ont pas eu la chance de fréquenter des écoles privées ou à projet particulier qui continueront à subir les contrecoups de nos turpitudes collectives.
Dès 8h ce matin, des gens faisaient la file aux portes du Collège Stanislas, dans le quartier Outremont, à Montréal.
Malgré les mesures apportées par le consulat afin d’améliorer les conditions de vote, les Français de Montréal ont de nouveau attendu jusqu’à trois heures samedi pour voter au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Les électeurs devaient choisir qui d’entre Emmanuel Macron, du mouvement En marche !, et Marine Le Pen, du Front national, sera le prochain président de la République.
La file devant le Collège Stanislas, dans Outremont, était cette fois-ci aménagée en forme de serpentin sur la rue Dollard. Plusieurs centaines de personnes attendaient depuis 8 h, heure d’ouverture des 24 bureaux de vote.
Rappelons qu’au premier tour, de nombreux électeurs s’étaient plaints du temps d’attente trop élevé et du manque d’information sur place. Plus tôt cette semaine, le consulat avait annoncé des mesures pour réduire l’attente, notamment l’ajout de files prioritaires ainsi que l’accès à des toilettes chimiques sur le site.
Des électeurs rencontrés samedi avant-midi dans la cour du Collège, près de l’entrée des bureaux de vote, ont affirmé patienter depuis trois heures. Selon le consulat, il y avait environ deux heures trente d’attente pour les électeurs dans la file principale.
Photo: Marie-Lise Rousseau Le Devoir
Vers la moitié de la file d’attente, bon nombre d’entre eux patientaient café et parapluie à la main. « Ça fait une heure trente qu’on est là et il nous reste encore plus d’une heure d’attente. La file est mieux faite, ça avance plus vite, mais, question de temps, c’est pareil », ont affirmé Mickael et François, deux électeurs.
« Ils ont fait un colimaçon, mais on attend depuis deux heures, donc ça change rien », a déclaré une électrice, Diane Agnan. Selon Kevin Boucher, « c’est mal organisé. Il y a cinq ans, on n’attendait même pas une heure ».
Malgré le temps d’attente inchangé, le consulat semblait satisfait sur place. « Les gens sont contents, on a des files prioritaires, ça se passe parfaitement bien aujourd’hui », a déclaré un employé, Bernard Messager. Selon lui, le temps d’attente élevé est inévitable, puisqu’il y a « énormément de Français ici ». Près de 58 000 électeurs Français sont inscrits sur la liste électorale à Montréal.
Améliorations aux files prioritaires
Une attente similaire à celle du premier tour, donc, mais davantage de bénévoles étaient sur place pour diriger les personnes âgées, celles à mobilité réduite ainsi que les familles avec des enfants en bas âge et les femmes enceintes, pour lesquelles deux files prioritaires ont été aménagées.
Les électeurs de ce côté semblaient satisfaits des changements apportés. Tous ceux rencontrés pas Le Devoir ont dit avoir attendu moins de temps qu’au premier tour. « C’est assez rapide, les gens sont contents », a déclaré une bénévole du consulat. « On a attendu moins de 20 minutes, ça s’est passé beaucoup mieux qu’au premier tour », a rapporté Audrey, une mère de famille.
Toutefois, les familles avec des enfants en bas âges devaient laisser leur poussette dans une consigne, ce qui n’a pas été pratique pour plusieurs. « Avec mon fils c’est compliqué, parce qu’il bouge beaucoup », a déclaré Florence, qui a attendu 40 minutes pour voter, soit près d’une heure de moins qu’au premier tour.
Quelques jours après le premier tour, qui avait lieu le 22 avril, une pétition réclamant un deuxième lieu de vote pour le deuxième tour avait recueilli plus de 5000 signatures. Cette option a été écartée par le consulat, mais selon un employé consulaire, Bernard Messager, « on sera dans l’obligation d’avoir un deuxième lieu de vote » pour la prochaine élection, en 2022.