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samedi, février 04, 2017

Prudence avant la première rencontre Trump-Trudeau

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Publié le 04 février 2017 à 05h00 | Mis à jour à 10h14

Quand aura lieu la toute première rencontre entre le premier ministre Justin Trudeau et le président des États-Unis Donald Trump ? Les proches collaborateurs de Justin Trudeau font désormais preuve de la plus grande prudence quant à la date de cette rencontre à la lumière du traitement qu'a jusqu'ici réservé M. Trump aux leaders des pays qui sont traditionnellement des alliés des États-Unis.








Si le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, affirmait il y a deux semaines qu'une rencontre entre MM. Trudeau et Trump aurait lieu « d'ici 30 jours », et qu'à Ottawa, on disait travailler sur le premier tête à tête entre les deux leaders le plus rapidement possible, les proches collaborateurs croient qu'il est préférable, dans l'immédiat, d'établir des liens de communication à l'échelle des ministres.
En coulisses, certains avaient évoqué plus tôt cette semaine la possibilité qu'une rencontre au sommet ait lieu à Washington dès hier ou au début de la semaine prochaine. Mais ces informations ont été démenties.
«Il n'y a pas encore de date pour une rencontre », a confié une source gouvernementale qui a requis l'anonymat parce qu'elle n'était pas autorisée à discuter publiquement de ce dossier
Pour l'heure, aucune rencontre n'apparaît sur l'écran radar au cours des deux prochaines semaines, selon nos informations.
Alors que Stephen Harper avait rencontré Barack Obama... (PHOTO Carlo Allegri, Archives Reuters)
Alors que Stephen Harper avait rencontré Barack Obama un mois après l'investiture de ce dernier, en 2009, aucune date n'est encore fixée pour la première rencontre entre le nouveau président des États-Unis et le premier ministre du Canada.
PHOTO CARLO ALLEGRI, ARCHIVES REUTERS
À titre de comparaison, l'ancien premier ministre Stephen Harper avait rencontré Barack Obama le 19 février 2009, un mois après son investiture, à Ottawa. L'ancien président des États-Unis avait d'ailleurs choisi d'effectuer sa toute première visite officielle à l'étranger au Canada, comme d'autres présidents avant lui. Mais dans les rangs libéraux, on n'est pas très enthousiaste à l'idée que la première rencontre entre MM. Trudeau et Trump ait lieu à Ottawa. On préfère qu'elle se déroule à Washington, de crainte qu'il n'y ait de grandes manifestations dans la capitale canadienne.
RELATIONS COMPLEXES
Chose certaine, la façon dont Donald Trump a traité le premier ministre australien Malcom Turnbull, durant un entretien téléphonique le week-end dernier, a jeté une douche froide sur l'ensemble des corps diplomatiques à Washington, y compris les diplomates canadiens.
Selon le Washington Post, Donald Trump ne s'est pas gêné pour adresser des reproches sévères au premier ministre Malcolm Turnbull lors d'un échange téléphonique houleux, le week-end dernier, au sujet d'un accord sur l'accueil de migrants qui avait été conclu entre les deux pays alors que Barack Obama était encore au pouvoir. Le quotidien a aussi rapporté que M. Trump avait brutalement mis fin à la conversation avec son interlocuteur australien au bout de 25 minutes, même si l'entretien devait durer une heure. Avant de raccrocher, M. Trump aurait dit à M. Turnbull que la conversation qu'il venait d'avoir avec lui avait été « de loin la pire » qu'il avait eue avec un leader étranger, toujours selon le Washington Post. L'Australie est l'un des plus proches alliés des États-Unis.
Selon l'agence Associated Press, M. Trump aurait aussi tenu des propos désobligeants durant son entretien téléphonique d'une heure avec le président du Mexique Enrique Peña Nieto, il y a une dizaine de jours.
DE MINISTRE À MINISTRE
« Pour le moment, nous misons sur les rencontres à l'échelle des ministres », a souligné à La Presse une autre source gouvernementale, qui a elle aussi requis l'anonymat, illustrant la complexité des relations diplomatiques avec Washington depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui multiplie les invectives et les menaces, à la fois contre des alliés et contre des adversaires des États-Unis.
Ainsi, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, s'est entretenue au téléphone avec son homologue américain, Rex Tillerson, jeudi, quelques heures après que ce dernier eut pris officiellement les commandes du département d'État américain. Le 23 janvier, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a pu discuter au téléphone avec son nouvel homologue américain, le secrétaire à la Défense James Mattis.
Lundi, le ministre des Transports, Marc Garneau, qui préside maintenant le comité du cabinet sur les relations canado-américaines, pourrait avoir un premier entretien avec la secrétaire aux Transports, Elaine Chao.
En prévision de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, le premier ministre Justin Trudeau a remanié son cabinet afin de tenir compte de la nouvelle dynamique au sud de la frontière.
En plus de nommer Chrystia Freeland à la tête de la diplomatie canadienne - elle connaît bien les rouages de la politique américaine pour avoir vécu quelques années aux États-Unis -, M. Trudeau a confié à un député de la région d'Ottawa, Andrew Leslie, le poste de secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères. M. Leslie, un ancien militaire, connaît bien deux membres importants de l'administration Trump, soit le secrétaire à la Défense James Mattis et le conseiller en matière de sécurité nationale Michael Flynn - deux anciens officiers supérieurs des Forces armées américaines avec qui il a servi en Afghanistan.