Christian Dubé, de la Caisse de dépôt, et Pierre Karl Péladeau posent deux regards différents sur la transaction annoncée lundi
Photo: Graham Hughes La Presse canadienn |
La Caisse de dépôt et placement du Québec croit qu’il faut se réjouir du nouvel élan qu’apporteront les nouveaux propriétaires du Cirque du Soleil plutôt que de se soucier de ce qui pourrait éventuellement lui advenir dans quelques années.
« Moi, je regarde aujourd’hui », a répondu mardi, à Montréal, le premier vice-président, Québec, de la Caisse, Christian Dubé, aux journalistes qui lui demandaient ce qu’il adviendrait des garanties obtenues quant à la préservation de son identité québécoise si le Cirque devait être revendu dans cinq ou six ans.
Ce que l’ancien député caquiste voit, c’est une firme d’investissement américaine sérieuse (TPG Capital avec 60 % des actions) qui connaît le secteur et qui a à coeur le développement du Cirque et une firme d’investissement chinoise (Fosun Capital Group avec 20 % des actions) qui a la capacité de lui ouvrir les portes d’un marché immense qu’il convoitait depuis des années, a-t-il expliqué en marge d’une conférence devant l’Association des MBA du Québec. Ce qu’il voit aussi, c’est que l’actuelle direction du Cirque restera en place, que la présidence du conseil d’administration sera assurée par un autre Québécois (Mitch Garber) et qu’on a promis de garder à Montréal son siège social ainsi que toutes les activités créatrices qui s’y rattachent.
« Dans les circonstances, c’est une bonne nouvelle », a résumé Christian Dubé. Plutôt que de se demanderce qui va arriver dans cinq ans ou dans sept ans, la Caisse de dépôt — qui aura 10 % des actions — préfère se réjouir du fait que Guy Laliberté ait choisi les « bons partenaires » pour aider son cirque à poursuivre sa croissance.
Pierre Karl Péladeau est inquiet
Un peu plus tôt, le député péquiste Pierre Karl Péladeau avait également départagé le court du moyen terme en disant craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. M. Péladeau s’est inquiété de la possibilité qu’une nouvelle transaction compromette les dispositions qui doivent garantir son maintien au Québec.
Lundi, le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a assuré que les nouveaux actionnaires de l’entreprise, à qui il a cédé le contrôle du fleuron québécois, s’étaient engagés à maintenir le siège à Montréal. M. Laliberté a toutefois précisé que la transaction, dont le montant n’a pas été révélé, ne contient aucune disposition écrite à cet effet.
Avant de se rendre à une réunion du caucus péquiste mardi, M. Péladeau, porte-parole de l’opposition en matière d’économie, a souligné que les deux principaux actionnaires du Cirque sont deux fonds d’investissement. Le député et candidat à la direction du Parti québécois a rappelé que ce type d’entreprise cherche des rendements rapides, ce qui laisse entrevoir une transaction à moyen terme.
« Je n’ai pas de connaissance des accords, je ne sais pas si ces accords vont survivre après une éventuelle autre transaction qui pourrait se produire, a-t-il dit. Mais la mission et la vocation d’un fonds d’investissement, c’est d’acheter et de revendre. Ce n’est pas comme un industriel qui est là à perpétuelle demeure pour faire en sorte d’engager cette activité. »
M. Péladeau a affirmé qu’en moyenne, les fonds d’investissement détiennent leur participation financière dans des entreprises pendant une période de « quatre à six ans, rarement beaucoup plus ».
Sans se prononcer sur la perspective qu’une restructuration cause de nouvelles pertes d’emploi au Cirque, M. Péladeau a déploré que le gouvernement n’ait pas joué un rôle plus actif pour tenter de constituer un groupe d’investisseurs québécois pour conserver la propriété ici.
« C’est certain que le centre décisionnel, lorsque vous faites face à une transaction de cette nature, a tendance à se déplacer, a-t-il dit. Lorsque vous contrôlez 80 % des actions, c’est normal aussi — puisque c’est votre argent qui est “au batte”, si vous me permettez l’expression — de vouloir faire en sorte de prendre les décisions pour rentabiliser l’entreprise. »