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22 avril 2015 |Éric Desrosiers | Actualités économiques
22 avril 2015 |Éric Desrosiers | Actualités économiques
Photo: Michaël Monnier Le Devoir |
La finance québécoise a résolu de faire le point sur ses propres pratiques afin de détecter et de corriger les carences de sa chaîne de financement des entreprises.
Déjà en cours, ce travail de cartographie de l’industrie peut compter sur la participation de près d’une vingtaine d’acteurs importants du secteur, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, les fonds de travailleurs de la FTQ et de la CSN, Finance Montréal, le Mouvement Desjardins et plusieurs banques, de grands fonds privés de placement, Réseau Capital ainsi qu’Investissement Québec, les Bourses et la Fédération des chambres de commerce.
« Tout ce beau monde a accepté de mettre ses efforts en commun sans aucune hésitation »,s’est félicité mardi en entretien téléphonique au Devoir le président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ, Gaétan Morin, qui préside l’initiative. « Je trouve cela fantastique. Cela démontre un grand degré de maturité de nos institutions au Québec. Parce qu’au final, nous sommes au service des entrepreneurs et du développement économique du Québec. C’est notre travail de nous assurer que notre chaîne de financement est continue, du démarrage des entreprises jusqu’à [leur inscription en Bourse]. »
À quoi bon, note-t-il, multiplier l’offre de financement à certaines étapes du développement des entreprises si c’est pour les laisser en plan au moment où elle passe à la suivante ?
Une stratégie à développer
Ce grand exercice d’auto-examen devrait déboucher sur des recommandations cet automne.
Gaétan Morin se garde bien de présumer des conclusions. Il rappelle seulement que des lacunes ont déjà été rapportées à l’étape de l’inscription en Bourse, à tel point que les entreprises québécoises y tirent de l’arrière par rapport aux entreprises canadiennes, qui y tirent elles-mêmes de l’arrière par rapport aux entreprises américaines.
Il semble également que de nombreuses PME aient du mal à trouver des investisseurs avant d’être prêtes à s’inscrire en Bourse, mais après avoir passé avec succès les étapes du démarrage et de la première ronde de financement, a suggéré prudemment mardi le premier vice-président, Québec, de la Caisse de dépôt et placement, Christian Dubé, lors d’une conférence à Montréal devant l’Association des MBA du Québec. « Ce que le Québec a bien fait depuis 10 ans […], c’est de créer une pépinière de compagnies de 50 employés et moins. Malheureusement, on est moins outillés en matière de fonds lorsque ces entreprises-là ont besoin de 10 ou 15 millions pour poursuivre leur croissance », a-t-il expliqué ensuite aux journalistes.
Une telle situation se révèle particulièrement préoccupante pour une économie québécoise dont les perspectives de croissance sont loin d’être brillantes à cause de sa population vieillissante et de ses gains de productivité anémiques. La meilleure chance pour le Québec de s’en sortir est d’aider ses entreprises à se lancer, beaucoup plus qu’elles ne le font déjà, à la conquête de marchés extérieurs en croissance, mais aussi de multiplier le nombre de celles qui seront capables de devenir les prochaines CGI, Cirque du Soleil, BRP ou Cascades.
« Alors là, on va se reculer un peu. On va prendre une photo de l’ensemble de la forêt, parce qu’il y a de beaux arbres, mais il faut avoir le bon écosystème financier pour continuer de les faire croître », dit Christian Dubé en parlant de l’exercice de réflexion en cours dans la finance québécoise. À terme, il ne devra toutefois pas seulement être question de repartager autrement le financement déjà disponible. « Il faudra plus de sous. »
La Caisse de dépôt entend bien continuer à apporter sa contribution d’ailleurs, elle dont un peu plus du quart des actifs (60 milliards sur un total de 226 milliards) sont investis au Québec.