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Le terme employé par le premier ministre Manuel Valls au sujet de l'attentat avorté traduit les circonstances étonnantes dans lesquelles les policiers sont parvenus à découvrir ce projet.
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Le terme employé par le premier ministre Manuel Valls au sujet de l'attentat avorté traduit les circonstances étonnantes dans lesquelles les policiers sont parvenus à découvrir ce projet.
Le ministre de l'Intérieur a annoncé, mercredi matin, un attentat «déjoué». Mais le premier ministre Manuel Valls n'a pas repris ce terme. À l'issue du Conseil des ministres, le chef du gouvernement a évoqué un attentat «évité», tout comme le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. La nuance n'est pas anodine: les enquêteurs n'auraient pas eu connaissance du projet terroriste de cet étudiant de 24 ans, arrêté dimanche à Paris, sans la blessure dont le jeune homme a souffert et qui a contrecarré ses plans.
Tout débute dimanche matin, avec un appel passé au Samu peu après 8 heures, sans que l'on sache si cet appel vient du jeune homme lui-même ou d'un témoin. L'étudiant en informatique de 24 ans se trouve alors sur un trottoir du XIIIe arrondissement, blessé par balle au niveau des jambes. La police est également prévenue, comme le veut la procédure lorsqu'il s'agit d'une blessure de ce type.
Sur place, l'homme affirme avoir été victime d'un règlement de comptes. Mais en remontant les traces de sang laissées par le blessé, les policiers retrouvent sa voiture. À l'intérieur, ils découvrent un véritable «arsenal», selon les mots du ministre de l'Intérieur: armes automatiques, armes de poing, gilets par-balles ou encore munitions y sont stockées.
Cette découverte déclenche une perquisition dans le logement du jeune homme, situé dans une résidence pour étudiants, dans le XIIIe arrondissement. «Une documentation fournie a également été découverte» et permet d'établir que l'homme a planifié un attentat, «vraisemblablement contre une ou deux églises», a expliqué le ministre. L'attaque semble avoir été minutieusement préparée: le suspect aurait chronométré le temps d'intervention des policiers, selon les premiers éléments de l'enquête.
Arrestation fortuite
À partir de là, les enquêteurs s'orientent vers la piste terroriste. Plusieurs perquisitions supplémentaires sont menées dans le quartier du Vert-Bois à Saint-Dizier, village de la Haute-Marne, où l'étudiant a résidé de 2009, date de son arrivée en France, à 2012. Mercredi, le quartier a été bouclé et sa compagne, qui y habite toujours, a été interpellée. Le lien entre le jeune homme etla mort d'Aurélie Châtelain, dont le corps a été retrouvé à Villejuif, a par ailleurs été établi. Le suspect pourrait s'être lui-même blessé en tentant de voler la voiture de la jeune femme. Les églises qu'ils visaient se trouvent également à Villejuif.
Sans l'intervention des secours, dimanche matin, l'opération n'aurait sans doute pas été anticipée. Le suspect était connu des services de police pour ses «velléités de départ en Syrie». Un voyage en Turquie d'une dizaine de jours, en 2015, lui a valu d'être entendu en garde-à-vue à son retour. Mais les vérifications effectuées à deux reprises dans son environnement, en 2014 et 2015, n'ont pas révélé «d'éléments susceptibles de justifier l'ouverture d'une enquête judiciaire», a précisé Bernard Cazeneuve. L'interpellation de ce suspect s'est faite, par conséquent, de manière fortuite.