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22 avril 2015 08h48 | Karim Lebhour - Agence France-Presse à Addis Abeba | Actualités internationales
22 avril 2015 08h48 | Karim Lebhour - Agence France-Presse à Addis Abeba | Actualités internationales
Photo: Zacharias Abubeker Agence France-Presse |
Fait rare en Éthiopie, des dizaines de milliers de personnes ont participé mercredi à Addis Abeba à une manifestation organisée par le pouvoir contre le groupe État islamique, responsable de l’exécution de 28 chrétiens éthiopiens en Libye.
Le rassemblement visait à canaliser l’émotion et la colère suscitées par le meurtre des ressortissants éthiopiens par le groupe djihadiste. Mais de petits groupes de manifestants en ont profité pour exprimer leur colère envers les autorités, dans un pays où toute contestation est sévèrement réprimée, ce qui a donné lieu à quelques heurts avec la police en fin de rassemblement.
Répondant à l’appel des comités de quartier, efficaces relais locaux du pouvoir, la foule a commencé à se rassembler au petit matin, pour finalement largement déborder de Meskel Square, la place centrale de la capitale éthiopienne, ont constaté des journalistes de l’AFP. Une grande partie des manifestants portaient des pancartes sur lesquels on pouvait lire l’«EI n’est pas l’islam» ou «Notre paix et notre unité ne seront jamais brisées par les extrémistes».
L’Éthiopie compte environ deux tiers de chrétiens et un tiers de musulmans. L’EI a déclaré un califat sur des pans de territoire syrien et irakien sous son contrôle et y multiplie les exactions. Le groupe a aussi pris pied en Libye l’an dernier en profitant du chaos dans ce pays.
Union africaine et gouvernement épinglés
«Nous sommes ici pour commémorer les fils innocents d’Éthiopie massacrés par le terrorisme et brûlés vifs par la xénophobie», a lancé un orateur depuis la tribune dans une double allusion à l’exécution des chrétiens et à la vague de violences qui sévit actuellement contre les immigrés en Afrique du Sud. «Assez d’émigration! Changeons notre pays en restant chez nous», ont répondu les manifestants.
Fuyant la pauvreté, de nombreux Éthiopiens quittent leur pays, le deuxième d’Afrique par sa population (plus de 90 millions d’habitants) dans l’espoir de trouver un travail à l’étranger. Beaucoup se rendent en Libye et dans d’autres pays d’Afrique du Nord pour trouver un emploi, mais aussi pour monter à bord d’embarcations de fortune et tenter de gagner les côtes européennes.
Le pays paie un lourd tribut au drame de l’immigration qui se déroule semaine après semaine en Méditerranée et qui, dimanche encore, a sans doute vu 800 personnes périr dans le naufrage d’un chalutier surchargé, au large de la Libye.
Mercredi, malgré une présence policière massive, des slogans hostiles au gouvernement se sont aussi fait entendre dans la manifestation. «Nous sommes fatigués des discours et de la propagande. Nous voulons des actes! Vengeance pour nos frères!», criait un groupe de jeunes, rapidement entouré par un cordon de police. «Nos frères ont été assassinés. Le gouvernement doit faire quelque chose. Leur sang n’est pas le sang d’animaux», a affirmé Anteneh Tefera, un jeune manifestant. «L’Ethiopie envoie des troupes en Somalie, au Liberia, au Burundi, mais le gouvernement n’est pas capable de protéger ses propres citoyens!», a pesté Messay, un enseignant. Il faisait référence à la participation de son pays à des opérations de maintien de la paix sur le continent, épinglant aussi, sur une pancarte, l’inaction de l’Union africaine.
En fin de rassemblement, quelques affrontements ont opposé des manifestants et des membres des forces de l’ordre, a constaté un photographe de l’AFP. Quelques policiers ont été légèrement blessés et la police a fait usage de gaz lacrymogènes, selon le photographe.
Conscientes de l’émotion populaire, à seulement un mois d’élections générales, les autorités éthiopiennes ont promis d’aider à rapatrier les migrants éthiopiens qui se trouvent encore en Libye et donné consigne à leurs ressortissants de ne plus chercher à se rendre dans les zones où le groupe État islamique est actif. «Nous allons redoubler d’efforts pour combattre le terrorisme», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Tewolde Mulugeta, pour répondre, sans cependant annoncer de mesures concrètes, aux critiques des manifestants. Et pour tenter d’endiguer les départs d’Éthiopiens vers l’Afrique du Nord ou l’Europe, il a assuré que le gouvernement «essayait de créer des opportunités ici pour les jeunes».
Le rassemblement visait à canaliser l’émotion et la colère suscitées par le meurtre des ressortissants éthiopiens par le groupe djihadiste. Mais de petits groupes de manifestants en ont profité pour exprimer leur colère envers les autorités, dans un pays où toute contestation est sévèrement réprimée, ce qui a donné lieu à quelques heurts avec la police en fin de rassemblement.
Répondant à l’appel des comités de quartier, efficaces relais locaux du pouvoir, la foule a commencé à se rassembler au petit matin, pour finalement largement déborder de Meskel Square, la place centrale de la capitale éthiopienne, ont constaté des journalistes de l’AFP. Une grande partie des manifestants portaient des pancartes sur lesquels on pouvait lire l’«EI n’est pas l’islam» ou «Notre paix et notre unité ne seront jamais brisées par les extrémistes».
L’Éthiopie compte environ deux tiers de chrétiens et un tiers de musulmans. L’EI a déclaré un califat sur des pans de territoire syrien et irakien sous son contrôle et y multiplie les exactions. Le groupe a aussi pris pied en Libye l’an dernier en profitant du chaos dans ce pays.
Union africaine et gouvernement épinglés
«Nous sommes ici pour commémorer les fils innocents d’Éthiopie massacrés par le terrorisme et brûlés vifs par la xénophobie», a lancé un orateur depuis la tribune dans une double allusion à l’exécution des chrétiens et à la vague de violences qui sévit actuellement contre les immigrés en Afrique du Sud. «Assez d’émigration! Changeons notre pays en restant chez nous», ont répondu les manifestants.
Fuyant la pauvreté, de nombreux Éthiopiens quittent leur pays, le deuxième d’Afrique par sa population (plus de 90 millions d’habitants) dans l’espoir de trouver un travail à l’étranger. Beaucoup se rendent en Libye et dans d’autres pays d’Afrique du Nord pour trouver un emploi, mais aussi pour monter à bord d’embarcations de fortune et tenter de gagner les côtes européennes.
Le pays paie un lourd tribut au drame de l’immigration qui se déroule semaine après semaine en Méditerranée et qui, dimanche encore, a sans doute vu 800 personnes périr dans le naufrage d’un chalutier surchargé, au large de la Libye.
Mercredi, malgré une présence policière massive, des slogans hostiles au gouvernement se sont aussi fait entendre dans la manifestation. «Nous sommes fatigués des discours et de la propagande. Nous voulons des actes! Vengeance pour nos frères!», criait un groupe de jeunes, rapidement entouré par un cordon de police. «Nos frères ont été assassinés. Le gouvernement doit faire quelque chose. Leur sang n’est pas le sang d’animaux», a affirmé Anteneh Tefera, un jeune manifestant. «L’Ethiopie envoie des troupes en Somalie, au Liberia, au Burundi, mais le gouvernement n’est pas capable de protéger ses propres citoyens!», a pesté Messay, un enseignant. Il faisait référence à la participation de son pays à des opérations de maintien de la paix sur le continent, épinglant aussi, sur une pancarte, l’inaction de l’Union africaine.
En fin de rassemblement, quelques affrontements ont opposé des manifestants et des membres des forces de l’ordre, a constaté un photographe de l’AFP. Quelques policiers ont été légèrement blessés et la police a fait usage de gaz lacrymogènes, selon le photographe.
Conscientes de l’émotion populaire, à seulement un mois d’élections générales, les autorités éthiopiennes ont promis d’aider à rapatrier les migrants éthiopiens qui se trouvent encore en Libye et donné consigne à leurs ressortissants de ne plus chercher à se rendre dans les zones où le groupe État islamique est actif. «Nous allons redoubler d’efforts pour combattre le terrorisme», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Tewolde Mulugeta, pour répondre, sans cependant annoncer de mesures concrètes, aux critiques des manifestants. Et pour tenter d’endiguer les départs d’Éthiopiens vers l’Afrique du Nord ou l’Europe, il a assuré que le gouvernement «essayait de créer des opportunités ici pour les jeunes».