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mercredi, avril 22, 2015

VENTE DU CIRQUE DU SOLEIL Faut-il profiter du moment présent ou s’inquiéter pour l’avenir?

Christian Dubé, de la Caisse de dépôt, et Pierre Karl Péladeau posent deux regards différents sur la transaction annoncée lundi


Pierre Karl Péladeau a dit craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. 
Photo: Graham Hughes La Presse canadienn

Pierre Karl Péladeau a dit craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. 

La Caisse de dépôt et placement du Québec croit qu’il faut se réjouir du nouvel élan qu’apporteront les nouveaux propriétaires du Cirque du Soleil plutôt que de se soucier de ce qui pourrait éventuellement lui advenir dans quelques années.

« Moi, je regarde aujourd’hui », a répondu mardi, à Montréal, le premier vice-président, Québec, de la Caisse, Christian Dubé, aux journalistes qui lui demandaient ce qu’il adviendrait des garanties obtenues quant à la préservation de son identité québécoise si le Cirque devait être revendu dans cinq ou six ans.

Ce que l’ancien député caquiste voit, c’est une firme d’investissement américaine sérieuse (TPG Capital avec 60 % des actions) qui connaît le secteur et qui a à coeur le développement du Cirque et une firme d’investissement chinoise (Fosun Capital Group avec 20 % des actions) qui a la capacité de lui ouvrir les portes d’un marché immense qu’il convoitait depuis des années, a-t-il expliqué en marge d’une conférence devant l’Association des MBA du Québec. Ce qu’il voit aussi, c’est que l’actuelle direction du Cirque restera en place, que la présidence du conseil d’administration sera assurée par un autre Québécois (Mitch Garber) et qu’on a promis de garder à Montréal son siège social ainsi que toutes les activités créatrices qui s’y rattachent.

« Dans les circonstances, c’est une bonne nouvelle », a résumé Christian Dubé. Plutôt que de se demanderce qui va arriver dans cinq ans ou dans sept ans, la Caisse de dépôt — qui aura 10 % des actions — préfère se réjouir du fait que Guy Laliberté ait choisi les « bons partenaires » pour aider son cirque à poursuivre sa croissance.

Pierre Karl Péladeau est inquiet

Un peu plus tôt, le député péquiste Pierre Karl Péladeau avait également départagé le court du moyen terme en disant craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. M. Péladeau s’est inquiété de la possibilité qu’une nouvelle transaction compromette les dispositions qui doivent garantir son maintien au Québec.

Lundi, le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a assuré que les nouveaux actionnaires de l’entreprise, à qui il a cédé le contrôle du fleuron québécois, s’étaient engagés à maintenir le siège à Montréal. M. Laliberté a toutefois précisé que la transaction, dont le montant n’a pas été révélé, ne contient aucune disposition écrite à cet effet.

Avant de se rendre à une réunion du caucus péquiste mardi, M. Péladeau, porte-parole de l’opposition en matière d’économie, a souligné que les deux principaux actionnaires du Cirque sont deux fonds d’investissement. Le député et candidat à la direction du Parti québécois a rappelé que ce type d’entreprise cherche des rendements rapides, ce qui laisse entrevoir une transaction à moyen terme.

« Je n’ai pas de connaissance des accords, je ne sais pas si ces accords vont survivre après une éventuelle autre transaction qui pourrait se produire, a-t-il dit. Mais la mission et la vocation d’un fonds d’investissement, c’est d’acheter et de revendre. Ce n’est pas comme un industriel qui est là à perpétuelle demeure pour faire en sorte d’engager cette activité. »

M. Péladeau a affirmé qu’en moyenne, les fonds d’investissement détiennent leur participation financière dans des entreprises pendant une période de « quatre à six ans, rarement beaucoup plus ».

Sans se prononcer sur la perspective qu’une restructuration cause de nouvelles pertes d’emploi au Cirque, M. Péladeau a déploré que le gouvernement n’ait pas joué un rôle plus actif pour tenter de constituer un groupe d’investisseurs québécois pour conserver la propriété ici.

« C’est certain que le centre décisionnel, lorsque vous faites face à une transaction de cette nature, a tendance à se déplacer, a-t-il dit. Lorsque vous contrôlez 80 % des actions, c’est normal aussi — puisque c’est votre argent qui est “au batte”, si vous me permettez l’expression — de vouloir faire en sorte de prendre les décisions pour rentabiliser l’entreprise. »

mardi, avril 21, 2015

Le Cirque du Soleil vise la Chine

http://www.ledevoir.com/culture/

21 avril 2015 | Caroline Montpetit - Avec Isabelle Paré et Éric Desrosiers | Actualités culturelles
Guy Laliberté a voulu «dédramatiser» l’arrivée d’intérêts étrangers au Cirque du Soleil en rappelant que les Américains possédaient des parts importantes dans des fleurons québécois comme Alimentation Couche-Tard, Bombardier et la brasserie Molson.
Photo: Jacques Nadeau
Le Devoir
Guy Laliberté a voulu «dédramatiser» l’arrivée d’intérêts étrangers au Cirque du Soleil en rappelant que les Américains possédaient des parts importantes dans des fleurons québécois comme Alimentation Couche-Tard, Bombardier et la brasserie Molson.
Le Cirque du Soleil souhaite doubler de taille, principalement en développant ses activités en Chine. C’est l’objectif de la vente de la majorité des actions du Cirque à l’entreprise américaine TPG et à l’entreprise chinoise Fosun.
 
Le cofondateur du Cirque du Soleil Guy Laliberté a en effet finalement annoncé lundi que 60 % des actions du Cirque du Soleil, qu’il a créé il y a plus de 30 ans, seront vendues à TPG et 20 % à Fosun. Fosun international est le plus grand conglomérat privé de Chine continentale. Son siège social est à Shanghaï. Les bureaux de TPG sont pour leur part à San Francisco. Guy Laliberté conservera 10 % des actions. Il avait notamment posé comme condition à la vente que le siège social du Cirque demeure à Montréal, ce qui semble avoir fait consensus parmi les investisseurs. Une autre tranche de 10 % des actions du Cirque sera désormais la propriété de la Caisse de dépôt. La valeur de la transaction oscillerait aux alentours de 1,5 milliard de dollars, ce que n’a pas voulu confirmer M. Laliberté.
 
Entrepreneuriat et famille
 
Lors d’une longue conférence de presse, Guy Laliberté a expliqué les raisons personnelles qui l’ont poussé à vendre « son » cirque, dont il détenait jusqu’à présent 90 % des actions. « Je ne crois pas à l’entrepreneuriat de seconde génération », a-t-il dit. Il a pourtant sondé ses cinq enfants, de 7 à 18 ans pour connaître leurs rêves d’avenir. Seule la plus jeune, de 7 ans, a émis le souhait de devenir clown un jour. Laliberté, qui souhaite développer des activités au moyen de sa fiducie familiale, Lune Rouge, continuera cependant à s’impliquer dans le volet création du cirque, aux côtés du nouveau directeur artistique, Jean-François Bouchard. Mitch Garber sera président du conseil d’administration du Cirque, dont Daniel Lamarre demeure président et directeur.
 
Réagissant aux critiques selon lesquelles le Cirque est vendu à des intérêts étrangers, Guy Laliberté a riposté qu’une entreprise comme Couche-Tard était détenue à 50 % par des intérêts américains, que Molson était détenue à 80 % par des Américains, et que Bombardier était détenue à 84 % par des Américains.
 
Répondant aux questions des médias sur l’impact de la vente sur le marché du travail au Québec, M. Lamarre a ajouté que les spectacles du Cirque du Soleil présentés à Las Vegas étaient montés au Québec, comme cela pourrait être le cas pour les spectacles qui seront présentés en Chine.
 
Pour Mitch Garber, il est clair que l’ADN du Cirque du Soleil est montréalais et va le demeurer.
 
Il y a déjà douze ans que le Cirque du Soleil tente de percer le marché chinois, sans succès. Il s’agit d’un marché complexe, reconnaît Daniel Lamarre, mais prometteur. En effet, les analystes prévoient, au cours des prochaines années, un boom de l’industrie du spectacle semblable à celui qui traverse présentement l’industrie chinoise du cinéma. On dit que 1000 cinémas et environ 5400 salles ont ouvert l’an dernier seulement en Chine, soit environ 15 nouvelles salles par jour.
 
Par ailleurs, récemment, le Cirque du Soleil annonçait son intention d’investir dans la production de séries télévisées, qui ne contiennent pas de cirque. Daniel Lamarre a confirmé lundi que TPG avait une expertise en télévision, notamment par la CAA, pour Creative Artists Agency. « Mais le Cirque va continuer de produire majoritairement des spectacles vivants », a-t-il dit.
 
À l’occasion d’une conférence qu’il donnait à l’assemblée générale du Conseil du Patronat du Québec, le premier ministre Philippe Couillard a applaudi à la transaction.
 
« J’ai parlé aux personnes clés, a-t-il dit. Et je l’ai fait au moment approprié. Mais ce que je veux d’abord dire sur la transaction, c’est féliciter M. Guy Laliberté. Quelle belle histoire! Quelle belle histoire d’artiste et d’entrepreneur. Saluez également le fait qu’il ait entendu le message du Québec et des Québécois et qu’il s’est impliqué lui-même dans les négociations pour faire en sorte que le siège social, les activités créatrices également demeurent à Montréal. Saluez la Caisse de dépôt qui a défendu très bien les intérêts du Québec dans cette transaction-là pour une organisation qui a le vent dans les voiles et, on a l’entendu ce matin, qui veut aller vers de nouveaux produits, de nouveaux marchés qui veut être en croissance. C’est une bonne nouvelle pour le Québec, notamment, que M. Laliberté et la direction demeurent fortement associés à l’organisation. »
 
Le ministre de l’Économie, Jacques Daoust, a considéré que la transaction est « une bonne nouvelle », parce que « l’activité du siège social, et l’activité créatrice restent ici ». M. Daoust s’est réjoui du fait que les nouveaux propriétaires du Cirque du Soleil nr soient pas des concurrents, car ils ont donc intérêt à préserver l’intégrité de l’entreprise initiale. Dans cet ordre d’idées, Guy Laliberté a mentionné qu’il avait rejeté notamment une offre du cirque Barnum and Bailey.

17 offres d’achat
 
En tout, 94 groupes ont été pressentis par le Cirque dans cette transaction : 46 se sont dits intéressés, 17 ont fait des offres, et un seul a été choisi, vendredi matin dernier, après dix jours et demi de négociations. « Nous avons envoyé cette invitation à tous les groupes québécois et canadiens », a expliqué Guy Laliberté. En cours de démarche, ils ont rencontré le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt, qui a signé l’entente dimanche.
 
De son côté, Guy Laliberté continuera à s’intéresser au développement du Cirque, mais caresse d’autres projets pour l’avenir. Selon certaines informations, il compte développer des concepts de rites funéraires, via une entreprise nommée Pangéa, qui relève de la fiducie familiale Lune Rouge. Il n’a pas voulu confirmer ces informations.
 
Parmi les employés du cirque, à l’interne, après des semaines d’inquiétude quant à l’issue des transactions, le mot d’ordre était plutôt au silence.
 
Maintenant aux mains d’entreprises étrangères, le cirque saura-t-il garder vraiment son esprit ? Des entités comme la TOHU et l’École nationale du Cirque sont intimement liées au Cirque du Soleil. « Seul le temps dira si l’âme du Cirque du Soleil demeurera, puisque le Québec n’aura plus de position majoritaire au sein de l’entreprise. Ce qui est clair, c’est que des investisseurs financiers vont exiger des résultats financiers. Mais il semble que les programmes sociaux et culturels seront maintenus, et cela est majeur », a commenté une ex-figure majeure du CDS, qui a demandé l’anonymat.