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mardi, janvier 24, 2017

Les États-Unis se retirent du PTP

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Publié le 23 janvier 2017 à 21h13 | Mis à jour le 23 janvier 2017 à 21h13
En signant le retrait des États-Unis de l'Accord... (AFP, Saul Loeb)
En signant le retrait des États-Unis de l'Accord de partenariat transpacifique, Donald Trump a estimé que c'était «une bonne chose pour le travailleur américain».
AFP, SAUL LOEB
JÉRÔME CARTILLIER
Agence France-Presse
Washington
Comme annoncé durant sa campagne, Donald Trump a entamé sa présidence en signant l'acte de retrait des États-Unis de l'Accord de partenariat transpacifique (PTP), dont l'administration de Barack Obama avait fait l'une de ses priorités.
Après une première fin de semaine chaotique au cours de laquelle ses opposants ont fait une démonstration de force dans la rue et son porte-parole a été accusé de mensonge, le président républicain veut agir vite. «Nous en parlions depuis longtemps», a-t-il déclaré aux journalistes présents lors de la signature dans le Bureau ovale, jugeant que le retrait du PTP était «une bonne chose pour le travailleur américain».
Vu comme un contrepoids à l'influence grandissante de la Chine, ce traité a été signé en 2015 après d'âpres négociations par 12 pays d'Asie-Pacifique représentant 40 % de l'économie mondiale. Mais le texte, qui va bien au-delà de la simple levée des barrières douanières, n'était pas encore entré en vigueur, en l'absence de ratification par le Congrès américain.
Sans perdre de temps, le président républicain entend redessiner les contours des accords commerciaux, certains anciens, liant les États-Unis au reste du monde.
Il a annoncé dimanche qu'il allait commencer à renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec les dirigeants du Canada et du Mexique qu'il doit voir prochainement. Une rencontre avec son homologue mexicain Enrique Peña Nieto est notamment prévue le 31 janvier.
Au-delà du PTP, il a signé deux décrets qui illustrent avec force la direction qu'entend prendre la nouvelle administration : le gel des embauches de fonctionnaires au niveau fédéral et la limitation du financement par des fonds fédéraux d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement.
Recevant 12 dirigeants d'entreprise à la Maison-Blanche lundi matin, il leur a promis des baisses «massives» d'impôt et a affiché sa volonté de réduire la réglementation «de 75 %, peut-être plus», sans donner la moindre précision sur la nature exacte des réformes envisagées. «Le problème de la réglementation que nous avons aujourd'hui est que vous ne pouvez rien faire [...] J'ai reçu beaucoup de récompenses pour l'environnement, mais certains de ces trucs rendent impossible de construire quoi que ce soit», a encore dit le magnat de l'immobilier.
Mesure controversée
Au sujet de l'avortement, M. Trump a pris cette mesure au lendemain du 44e anniversaire de «Roe V. Wade», l'arrêt emblématique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement en 1973 aux États-Unis, et deux jours après que des millions d'Américaines ont manifesté pour leurs droits.
«Les femmes les plus vulnérables dans le monde vont souffrir de cette politique, qui sapera des années d'efforts en faveur de la santé des femmes», a réagi Cecile Richards, la présidente de Planned Parenthood, le plus grand réseau de planification familiale des États-Unis.
«Cela provoquera des fermetures de cliniques dans le monde entier, avec pour corollaire une augmentation des grossesses non désirées et des avortements dangereux», a-t-elle averti en appelant au «combat».
Le décret signé par Donald Trump «représente une agression à l'encontre de la santé des femmes», a de son côté jugé l'ACLU, la grande association américaine de défense des libertés. «Le fait que le gouvernement de M. Trump et les républicains du Congrès mettent à profit leur première semaine aux commandes de l'État pour s'attaquer à la santé des femmes en dit long sur leurs priorités», a dénoncé pour sa part le parlementaire démocrate Steny Hoyer.
À l'opposé, les associations Pro Life, qui militent contre l'avortement, ont félicité Donald Trump pour son initiative.
Le nouveau président pourrait parallèlement remettre en cause le programme DACA, mis en place par Barack Obama en 2012 et qui a permis à plus de 750 000 clandestins arrivés jeunes sur le territoire d'obtenir des permis de séjour et de travail.
Environnement
Sur l'environnement et le climat, l'administration Trump a juré de mettre fin à «la guerre contre le charbon» et pourrait revenir sur nombre de réglementations mises en place par l'administration Obama. Elle pourrait aussi réorienter de manière significative l'allocation de fonds à l'international destinés à la lutte contre le changement climatique.
M. Trump a également promis qu'il annoncerait dans les deux semaines à venir le nom de celui qu'il entend proposer pour remplacer, à la Cour suprême, le juge Antonin Scalia, précisant qu'il disposait d'une liste de 20 candidats.

Les «faits alternatifs» de l'équipe Trump font jaser

Les photographies de la foule à l'investiture de... (AP) - image 3.0
Les photographies de la foule à l'investiture de Barack Obama en 2009 (en haut) et celle de Donald Trump (en bas). Les deux photos ont été prises peu avant midi du sommet du Washington Monument.
AP
Le ciel est rouge. Les chiens donnent naissance à des chatons. Est-ce que ce sont des faits? Non. Mais ce sont peut-être des «faits alternatifs» - une expression utilisée par la conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway - qui a fait beaucoup jaser sur les réseaux sociaux.
Mme Conway a tenu ces propos la fin de semaine dernière, alors qu'elle commentait la conférence de presse du porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, qui a accusé les médias d'avoir minimisé l'assistance lors de l'investiture du nouveau président.
M. Spicer a fait deux déclarations sans fournir de preuve : il a prétendu que les photos de la foule présente à l'investiture avaient été cadrées délibérément pour sous-estimer l'assistance. Et il a avancé que M. Trump était le président ayant attiré le plus de monde lors d'une cérémonie d'assermentation.
Le porte-parole a aussi tenu des propos qui ont vite été démentis. Il a affirmé que le réseau de métro de Washington avait desservi davantage de voyageurs pour le jour d'investiture de M. Trump que pour celui de Barack Obama lors de son second mandat, en 2013.
Le mot-clic «Alternativefacts» («Faits alternatifs») est devenu rapidement populaire sur Twitter, où les utilisateurs ont fourni leurs propres «faits alternatifs», dont : «Les cigarettes sont bonnes pour vous» et «Ce n'est pas lundi. C'est encore la fin de semaine». Le mot-clic «Spicerfacts» («Les faits de Spicer») a rapidement fait surface. Parmi les messages les plus partagés, il y avait entre autres : «Yoko Ono a séparé les Monkeys» et «Le KKK est une organisation de sensibilisation communautaire».
1984 de George Orwell 
Dans l'hilarité collective, d'autres utilisateurs ont plutôt fait le rapprochement entre cette nouvelle et le célèbre ouvrage de George Orwell sur le totalitarisme, 1984.
«Le parti vous disait de rejeter le témoignage de vos yeux et de vos oreilles. C'était son commandement ultime, et le plus essentiel», est-il écrit dans le livre.
Le journaliste de longue date Dan Rather a confié à l'Associated Press, dimanche, que c'était un événement inédit pour lui. Certains porte-parole ont pu induire en erreur les journalistes par le passé, mais M. Rather n'avait jamais vu l'un d'entre eux répandre de telles fausses informations.  AP

Face aux médias, la «voix» de Trump tente l'apaisement

Un peu crispé, Sean Spicer s'installe derrière le pupitre, tente une blague sur son impopularité, puis déroule les sujets du jour. Pour son premier «briefing» lundi, le porte-parole de Donald Trump a tenté l'apaisement après une sortie d'une agressivité inouïe deux jours plus tôt.
Pendant près d'une heure et demie, la nouvelle «voix» de l'exécutif américain a répondu avec calme aux questions, renforçant l'idée que le style de cette administration oscillerait en permanence d'un registre à l'autre, à l'instar des tweets de son président, tantôt colériques et vengeurs, tantôt apaisés et rassembleurs.
Si la petite salle de presse aux 49 sièges situé dans la «West Wing» est traditionnellement pleine à craquer lors des apparitions du président, les rangs sont en principe plus clairsemés lors de celles, quotidiennes, de son porte-parole.
Mais nouvelle administration oblige, il était impossible lundi de se frayer un passage dans ce lieu rendu célèbre par d'innombrables films ou séries télévisées où elle figure en bonne place.
A-t-il prêté l'oreille aux conseils Ari Fleischer, ancien porte-parole de George W. Bush, qui lui avait conseillé sur CBS de «faire baisser un peu la température»? Sean Spicer adopte un ton plutôt conciliant.
«Je veux m'assurer que nous ayons une bonne relation avec les médias», affirme-t-il.
«Est-ce votre intention de toujours dire la vérité?»
«Oui, je crois que nous devons être honnêtes avec les Américains. Notre intention est de ne jamais vous mentir», répond-il. «Parfois nous parlons trop vite, car l'information disponible n'était pas complète...».
Samedi, lors d'une brève déclaration à ce même podium où il s'en était pris avec virulence aux médias, accusés d'avoir minimisé l'ampleur de la ferveur populaire envers Donald Trump, et avait lancé une série d'affirmations contredites par les faits.
«Ce fut la plus grande audience n'ayant jamais assisté à une investiture, point barre, que ce soit en personne ou à travers le monde».
Interrogée le lendemain sur ces «mensonges», Kellyanne Conway, proche conseillère de M. Trump, avait avancé qu'il s'agissait en réalité de «faits alternatifs», une formulation qui a laissé sans voix une bonne partie de l'Amérique.
«Sièges Skype»
Comment expliquer cette poussée de fièvre?
«Ce n'est pas seulement une histoire de taille de la foule (...) c'est une tentative permanente pour affaiblir sa crédibilité et le mouvement qu'il représente», avance-t-il. «C'est frustrant (...) C'est un peu démoralisant», poursuit-il. Mais esquive lorsqu'un journaliste lui fait remarquer que la fonction des président de États-Unis est, par définition, exposée...
Sur la forme, le nouveau porte-parole affiche sa volonté de bousculer les traditions.
La journaliste de l'agence américaine Associated Press, assis au premier rang face à lui, n'a pas la première question, comme c'est l'habitude. Les premiers journalistes appelés? New York Post, Christian Broadcasting Network, Fox Business.
Il annonce la création de quatre «sièges skype» pour donner la parole à des journalistes qui vivent loin de Washington et pourront poser des questions à distance, une façon de contourner les «médias traditionnels» voués aux gémonies durant la campagne.
Au fur et à mesure que le briefing avance, le secrétaire de presse se fait plus souriant, tente de tisser des liens avec son audience.
«Aujourd'hui, je suis là pour répondre à toutes vos questions. Je resterai autant que vous voudrez, mais vous aurez peut-être envie de partir avant moi...»
Les semaines et les mois à venir diront quelle relation Sean Spicer entend instaurer dans la durée avec les journalistes, qui font partie, selon les termes du nouvel occupant de la Maison-Blanche, «des êtres humains les plus malhonnêtes de la terre».
Seul véritable point commun à ce stade avec son prédécesseur Josh Earnest, porte-parole de Barack Obama : une absence totale de sens de la ponctualité.

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