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jeudi, mars 31, 2016

INVESTISSEMENT Cuba ouvre ses bras aux entreprises canadiennes

http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/

31 mars 2016 |Éric Desrosiers
L’ambassadeur de Cuba au Canada, Julio Garmendia Peña
Photo: Sylvie-Ann Paré / CORIM
L’ambassadeur de Cuba au Canada, Julio Garmendia Peña
Cuba encourage les entreprises canadiennes à se préparer en vue de la levée de l’embargo américain et à mettre entre autres fin à un « paradoxe » touristique.
 
Avec 1,3 million de visiteurs sur un total de 3 millions d’étrangers qui visitent l’île chaque année, les Canadiens — dont une forte proportion vient du Québec — comptent pour presque la moitié du tourisme à Cuba. Les entreprises canadiennes continuent pourtant à se faire bien discrètes dans l’industrie touristique cubaine avec moins de 100 millions en investissements totaux, a observé mercredi l’ambassadeur de Cuba au Canada, Julio Garmendia Peña, lors d’un point de presse en marge d’une allocution devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
 
« C’est beaucoup trop bas, a-t-il noté. Des compagnies canadiennes seraient pourtant bien placées pour répondre aux besoins de ce million de touristes et plus qui viennent chaque année de votre pays. »
 
Le diplomate ne voit qu’une explication possible à ce « paradoxe ». Les éventuels investisseurs continuent d’avoir peur d’être accusés par les Américains de violer leur embargo contre Cuba et de s’exposer ainsi à des sanctions aux États-Unis.
 
Or, on assiste depuis un peu plus d’un an à un réchauffement des relations diplomatiques et économiques entre Cuba et son puissant voisin, comme l’a montré la visite du président Barack Obama la semaine dernière. Bien que la décision de lever l’embargo relève non pas de la Maison-Blanche, mais du Congrès américain, on peut présumer que cela se produira tôt ou tard, a fait valoir Julio Garmendia Peña à son auditoire. « On a fait sortir le génie de la bouteille, il serait difficile de l’y faire rentrer de nouveau. »
 
Dans ce contexte, les entreprises canadiennes devraient à tout le moins « explorer » les occasions d’affaires qui se présentent à elles et « échanger » avec de possibles partenaires cubains « afin d’être prêtes à agir lorsque le temps sera venu ». « Venez faire un tour aujourd’hui. Venez demain. Mais n’attendez pas la levée de l’embargo avant de commencer à bouger. »
 
Portes ouvertes
 
Le diplomate s’est réjoui de la décision du gouvernement du Québec de faire de Cuba une priorité économique ainsi que de la visite officielle à Cuba de sa ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, cet automne. Quatrième partenaire commercial de Cuba, le Canada y dispose d’un fort capital de sympathie en raison du maintien des relations entre les deux pays en dépit de la révolution castriste, a-t-il souligné. Mais il ne doit cependant attendre aucun traitement de faveur.
 
Julio Garmendia Peña a dit constater un intérêt croissant pour son île de la part des compagnies canadiennes. Outre l’industrie touristique, il croit que le Canada pourrait être bien servi par son expertise en matière notamment d’énergies renouvelables, d’industrie agroalimentaire, de mines et de biotechnologies. Le gouvernement cubain a dressé la liste de secteurs prioritaires où il aimerait voir les investisseurs étrangers se concentrer, « mais il reste ouvert à toute autre idée qui se révélerait intéressante ». « Il n’est pas question de voir s’installer des restaurants McDonald’s », a-t-il donné comme exemple.
 
Cuba s’est dotée en 2014 d’une nouvelle loi plus transparente visant à faciliter l’investissement étranger dans le pays. Si les compagnies intéressées ne peuvent toujours pas acheter de terrains et doivent se trouver un partenaire local, elles peuvent détenir jusqu’à 100 % des actions de l’entité qui sera créée. Ses profits seront également libres d’impôt les huit premières années, avant d’être taxés à 15 %. Une zone économique spéciale a aussi été aménagée autour du port de Mariel, près de La Havane.
 
Au jeu !
 
Cuba n’est pas en train de choisir entre les idéaux de la révolution et le pragmatisme économique, a expliqué aux journalistes son représentant à Ottawa. « On ne renonce à rien. Le socialisme cubain n’est pas le même que celui en Europe ou [à l’époque] des pays soviétiques. Il signifie préserver notre souveraineté et notre indépendance. Il signifie assurer à tous un bien-être, l’éducation gratuite, des soins de santé gratuits, une pension de vieillesse, le meilleur possible aux enfants… »
 
Le réchauffement des relations américano-cubaines n’a échappé à personne, dit-il. Depuis son annonce, en décembre 2014, La Havane grouille de visiteurs politiques et économiques des quatre coins du monde. « Cuba est à la mode. »
 
Ottawa et La Havane envisagent le projet d’une rencontre au sommet. « Le premier ministre Trudeau serait le bienvenu à Cuba », a dit aux journalistes Julio Garmendia Peña.
 
On se contentera pour le moment d’échanges culturels et sportifs. L’équipe nationale cubaine de baseball viendra, par exemple, disputer cet été une vingtaine de matchs au Québec, en Ontario et aux États-Unis.

mercredi, avril 22, 2015

La chaîne de financement des entreprises québécoises sous la loupe

http://www.ledevoir.com/economie/

22 avril 2015 |Éric Desrosiers | Actualités économiques
Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ
Photo: Michaël Monnier Le Devoir
Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ
La finance québécoise a résolu de faire le point sur ses propres pratiques afin de détecter et de corriger les carences de sa chaîne de financement des entreprises.
 
Déjà en cours, ce travail de cartographie de l’industrie peut compter sur la participation de près d’une vingtaine d’acteurs importants du secteur, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, les fonds de travailleurs de la FTQ et de la CSN, Finance Montréal, le Mouvement Desjardins et plusieurs banques, de grands fonds privés de placement, Réseau Capital ainsi qu’Investissement Québec, les Bourses et la Fédération des chambres de commerce.
 
« Tout ce beau monde a accepté de mettre ses efforts en commun sans aucune hésitation »,s’est félicité mardi en entretien téléphonique au Devoir le président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ, Gaétan Morin, qui préside l’initiative. « Je trouve cela fantastique. Cela démontre un grand degré de maturité de nos institutions au Québec. Parce qu’au final, nous sommes au service des entrepreneurs et du développement économique du Québec. C’est notre travail de nous assurer que notre chaîne de financement est continue, du démarrage des entreprises jusqu’à [leur inscription en Bourse]. »
 
À quoi bon, note-t-il, multiplier l’offre de financement à certaines étapes du développement des entreprises si c’est pour les laisser en plan au moment où elle passe à la suivante ?
 
Une stratégie à développer
 
Ce grand exercice d’auto-examen devrait déboucher sur des recommandations cet automne.
 
Gaétan Morin se garde bien de présumer des conclusions. Il rappelle seulement que des lacunes ont déjà été rapportées à l’étape de l’inscription en Bourse, à tel point que les entreprises québécoises y tirent de l’arrière par rapport aux entreprises canadiennes, qui y tirent elles-mêmes de l’arrière par rapport aux entreprises américaines.
 
Il semble également que de nombreuses PME aient du mal à trouver des investisseurs avant d’être prêtes à s’inscrire en Bourse, mais après avoir passé avec succès les étapes du démarrage et de la première ronde de financement, a suggéré prudemment mardi le premier vice-président, Québec, de la Caisse de dépôt et placement, Christian Dubé, lors d’une conférence à Montréal devant l’Association des MBA du Québec. « Ce que le Québec a bien fait depuis 10 ans […], c’est de créer une pépinière de compagnies de 50 employés et moins. Malheureusement, on est moins outillés en matière de fonds lorsque ces entreprises-là ont besoin de 10 ou 15 millions pour poursuivre leur croissance », a-t-il expliqué ensuite aux journalistes.
 
Une telle situation se révèle particulièrement préoccupante pour une économie québécoise dont les perspectives de croissance sont loin d’être brillantes à cause de sa population vieillissante et de ses gains de productivité anémiques. La meilleure chance pour le Québec de s’en sortir est d’aider ses entreprises à se lancer, beaucoup plus qu’elles ne le font déjà, à la conquête de marchés extérieurs en croissance, mais aussi de multiplier le nombre de celles qui seront capables de devenir les prochaines CGI, Cirque du Soleil, BRP ou Cascades.
 
« Alors là, on va se reculer un peu. On va prendre une photo de l’ensemble de la forêt, parce qu’il y a de beaux arbres, mais il faut avoir le bon écosystème financier pour continuer de les faire croître », dit Christian Dubé en parlant de l’exercice de réflexion en cours dans la finance québécoise. À terme, il ne devra toutefois pas seulement être question de repartager autrement le financement déjà disponible. « Il faudra plus de sous. »
 
La Caisse de dépôt entend bien continuer à apporter sa contribution d’ailleurs, elle dont un peu plus du quart des actifs (60 milliards sur un total de 226 milliards) sont investis au Québec.