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mardi, février 07, 2017

Son décret devant la justice, Trump s'en prend aux médias

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Publié le 06 février 2017 à 18h46 | Mis à jour le 07 février 2017 à 11h27

JEROME CARTILLIER
Agence France-Presse
Washington
Le président américain Donald Trump tentait de faire monter la pression sur la gravité de la menace terroriste, accusant la justice et les médias de la sous-estimer, à quelques heures d'une audience cruciale sur le devenir de son décret controversé sur l'immigration.
En recevant mardi à la Maison-Blanche les shérifs de plusieurs comtés, il a martelé que le décret, qui bloque temporairement l'entrée des ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen) et de tous les réfugiés, était un document de «bon sens» et qu'il était «très important pour le pays» afin de le protéger du terrorisme.
Le président républicain a affirmé que l'affaire pourrait remonter jusqu'à la Cour suprême tout en affirmant espérer que cela ne soit pas nécessaire. Le texte sera examiné mardi à 15 h locales par la Cour d'appel fédérale de San Francisco lors d'une audience téléphonique.
«Je comprends, mieux que personne, la malhonnêteté totale des médias», a-t-il encore déclaré.
Lundi, le président américain avait accusé les médias d'avoir passé sous silence certaines attaques perpétrées par des «terroristes islamiques radicaux». La Maison-Blanche avait diffusé un peu plus tard une compilation de 78 attentats perpétrés au cours des deux dernières années, affirmant que la plupart d'entre eux n'avaient «pas reçu l'attention médiatique qu'ils méritaient».
Donald Trump a déclaré mardi que le décret était... (Photo Evan Vucci, AP)
Donald Trump a déclaré mardi que le décret était un document de «bon sens» et qu'il était «très important pour le pays» afin de le protéger du terrorisme.
PHOTO EVAN VUCCI, AP
La liste contient nombre d'attentats qui ont été des dominantes médiatiques mondiales pendant plusieurs jours, comme les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, l'attentat de Nice au camion meurtrier le 14 juillet 2016 ou encore la fusillade de San Bernardino en Californie en décembre 2015.
«On est arrivé à un point où (les attaques) ne sont même plus rapportées par les médias», avait affirmé M. Trump lundi, contre toute évidence. «Et dans de nombreux cas, la presse très très malhonnête ne veut pas en rendre compte». «Ils ont leurs raisons», avait-il conclu, sans la moindre explication.
La Cour d'appel fédérale de San Francisco.... (ARCHIVES AP) - image 2.0
La Cour d'appel fédérale de San Francisco.
ARCHIVES AP
«Soi-disant juge»
Après avoir directement mis en cause «le soi-disant juge» qui a suspendu le décret, Donald Trump avait tenté de le faire passer par avance pour responsable de toute future attaque sur le sol américain: «Si quelque chose arrive, tenez-le pour responsable ainsi que le système judiciaire», a-t-il tweeté dimanche.
Ce «décret est un exercice légal de l'autorité du président sur l'entrée des étrangers aux États-Unis et l'admission des réfugiés», a indiqué le ministère de la Justice dans un document transmis lundi à la Cour d'appel fédérale de San Francisco.
De leur côté, près de 130 entreprises, basées en majorité dans la Silicon Valley, dont Facebook, Google, Microsoft, Twitter et Apple se sont jointes à la plainte contre ce décret signé le 27 janvier. Elles dénoncent notamment les «dommages importants pour le commerce américain, l'innovation et la croissance» qui en découlent.
Si la Cour de San Francisco confirmait la suspension du décret et que la Cour suprême en était saisie, il faudrait une majorité de cinq juges sur huit pour infirmer la décision de la cour d'appel.
Ce scénario est loin d'être acquis, la Cour suprême étant actuellement divisée idéologiquement entre quatre magistrats conservateurs et quatre magistrats progressistes.
Quelque 53% des Américains contestent le décret limitant l'immigration (47% l'approuvent), selon un sondage CNN, et 51% s'y opposent (45% l'approuvent), selon un sondage CBS.
Mais le président républicain affirme que ces enquêtes d'opinion sont fausses. «Tous les sondages négatifs sont de fausses informations, comme les sondages de CNN, ABC, NBC lors de l'élection», a-t-il tweeté lundi matin. «Désolé mais les gens veulent la sécurité aux frontières et des contrôles extrêmes».
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'en est pris avec virulence au président républicain lors d'un discours devant des militaires à Téhéran.
«Nous remercions ce monsieur (Donald Trump) parce qu'il nous a facilité la tâche en montrant le vrai visage des États-Unis», a-t-il lancé.
«Ce que nous disons depuis plus de trente ans à propos de la corruption politique, économique, morale et sociale au sein du pouvoir américain, ce monsieur l'a mis à nu pendant la campagne électorale et après», a-t-il ajouté.