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Publié le 13 janvier 2017 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Le PQ s'engagera à «mettre fin à l'exploration pétrolière et protéger l'île d'Anticosti». C'est le gouvernement Marois qui s'était lancé dans cette aventure pétrolière, en concluant une entente avec la société Pétrolia. PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE |
TOMMY CHOUINARD
La Presse
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Le Parti québécois de Jean-François Lisée va rompre avec l'héritage pétrolier de Pauline Marois. Il veut même pousser la Caisse de dépôt et Investissement Québec à se défaire de leurs actifs dans les énergies fossiles. Mais fait étonnant, M. Lisée ne se mouille pas sur une cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le nouveau programme du parti qu'il présentera aux militants ce week-end. Aperçu des mesures sur l'environnement qui seront dévoilées au Conseil national péquiste et que La Presse a obtenues.
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S'il est porté au pouvoir, le PQ entend «inciter la Caisse de dépôt et placement, Investissement Québec et l'ensemble des régimes de retraite publics et parapublics à faire un désinvestissement dans les énergies fossiles». Pour la Caisse seulement, on parle de placements d'une valeur de plus de huit milliards de dollars, selon la Fondation David Suzuki et le groupe Recycle ta Caisse qui ont lancé une campagne demandant à la société d'État de sortir des énergies fossiles.
Québec solidaire (QS) a pris position en faveur de cette mesure il y a quelques jours. Le PQ ne veut pas le laisser seul sur ce terrain. «Avec notre programme, on fait du Parti québécois le parti qui est le plus sérieux pour occuper le gouvernement et qui est le plus vert. QS peut bien dire ça, mais ils n'ont pas de chance de former le gouvernement, alors que nous, oui», a affirmé le porte-parole du PQ en matière d'environnement, le député Sylvain Gaudreault. Ses propos détonnent avec la volonté de «convergence» du PQ avec QS. Selon M. Gaudreault, désinvestir dans les énergies fossiles serait bénéfique autant sur d'un point de vue financier qu'écologique.
Fin de l'aventure pétrolière
Le PQ s'engagera à «mettre fin à l'exploration pétrolière et protéger l'île d'Anticosti». C'est le gouvernement Marois qui s'était lancé dans cette aventure pétrolière, en concluant une entente avec la société Pétrolia. Autre désaveu au sujet de cette décision : le PQ veut «proscrire la conclusion d'ententes financières entre des corps publics et des promoteurs avant l'approbation d'un projet par le BAPE». Il entend également «imposer un BAPE dès la phase exploratoire si elle implique un forage», ce qui n'avait pas été fait dans le cas d'Anticosti.
On est loin des positions du PQ sous Pauline Marois. L'actuel programme, adopté en 2011, prévoit «d'ouvrir la voie à l'exploration sécuritaire et au développement durable des réserves potentielles de pétrole ou de gaz naturel dans le golfe du Saint-Laurent et sur la terre ferme». Et «si un ou des gisements d'hydrocarbures sont découverts», le PQ milite pour «une participation dans les entreprises de production». M. Lisée largue ces dispositions.
Non à Énergie Est, mais...
Dans une allusion au projet Énergie Est de TransCanada, Jean-François Lisée veut «utiliser les leviers légaux, réglementaires, judiciaires et politiques pour empêcher tout projet de transport de pétrole produit ou raffiné hors Québec aux fins exclusives d'exportation, par oléoduc, par navire ou par rail».
Et si TransCanada modifiait son projet de pipeline pour qu'une partie du pétrole serve à alimenter les raffineries de l'Est de Montréal et de Lévis, ce serait acceptable? La réponse de Sylvain Gaudreault est ambiguë. «Si ça s'avère qu'ils disent que "finalement on va laisser 60% du flux du pipeline au Québec", on n'est plus du tout dans le même projet. Mais même à 60%, il faudrait avoir une très grande discussion sur où on tire la ligne. Un nouveau projet, avec tous les impacts de construire un pipeline nouveau... il faudrait vraiment qu'Énergie Est le change de façon substantielle. On n'est vraiment plus du tout dans le même univers. Donc Énergie Est, il ne faut pas essayer de rouvrir la canne de vers : c'est non non, archi-non.»
Tout en laissant une porte ouverte à un projet revu et corrigé, il a rappelé ses déclarations de l'année dernière : «Il coulerait du Quik aux fraises dedans qu'on serait contre le projet Énergie Est.»
GES : Pas de cible de réduction des émissions
Jean-François Lisée renonce pour le moment à fixer une cible de réduction des émissions de GES dans le nouveau programme du PQ. Il se contente de s'engager à les «diminuer de façon importante» d'ici 2030. Le programme actuel est plus clair : «[...] le Québec doit viser l'objectif de réduire d'au moins 25% ses émissions de gaz à effet de serre (GES), par rapport à 1990, d'ici 2020».
Le gouvernement Couillard s'est engagé à réduire d'ici 2030 ses émissions de 37,5% sous le niveau de 1990. Selon Sylvain Gaudreault, le PQ «adhère forcément aux engagements du gouvernement du Québec, c'est le minimum». Il reconnaît que des «débats internes» ont secoué le parti sur la fixation d'une cible. Le parti a opté pour «une formulation un peu plus risquée, plus vague» afin de laisser les militants trancher. «S'ils veulent mettre 40%, on va faire un amendement et le mettre à 40%.» Le nouveau programme sera adopté uniquement lors du congrès du parti cet automne.
Hausse des redevances sur l'eau
Le PQ veut «augmenter globalement les redevances sur l'utilisation de l'eau et, plus spécifiquement, pour les entreprises et produits à haute teneur en eau». On parle de l'industrie pétrochimique, des raffineries, des alumineries, des usines de pâtes et papiers, des producteurs d'eau en bouteille et de boissons gazeuses. Cette redevance a été instaurée en 2010. Elle est de 2,50 $ ou de 70 $ pour chaque million de litres d'eau prélevé, en fonction du type d'industrie. Lors de la création de cette taxe, les revenus annuels attendus se chiffraient à huit millions de dollars par année. Or les recettes ont atteint seulement 2,9 millions l'an dernier.
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