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Publié le 14 janvier 2017 à 12h39 | Mis à jour à 16h58
Publié le 14 janvier 2017 à 12h39 | Mis à jour à 16h58
La communauté innue de Uashat mak Mani-Utenam à Sept-Îles a été secouée par une vague de cinq suicides en 2015. PHOTO FANNY LÉVESQUE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE |
VICKY FRAGASSO-MARQUIS
La Presse Canadienne
La Presse Canadienne
Le gouvernement du Québec dit prendre «très au sérieux» les recommandations du coroner Bernard Lefrançois, qui a conclu dans un rapport que la vague de suicides survenue dans une communauté autochtone de la Côte-Nord aurait pu être évitée.
La ministre déléguée à la Santé publique Lucie Charlebois a indiqué en entrevue que le gouvernement était déjà «en marche» pour améliorer la situation dans les communautés.
Québec compte d'ailleurs proposer la création d'une table de travail commune avec le gouvernement fédéral pour «s'assurer que les gens ne passent pas à travers les mailles du filet».
Dans son rapport d'une quarantaine de pages rendu public samedi, Me Lefrançois a constaté que les communautés autochtones étaient mal outillées pour gérer l'ampleur de la crise des suicides, relevant également de nombreux problèmes de communications entre les intervenants concernés.
Dans les cinq cas de suicides survenus en 2015 dans la communauté d'Uashat mak Mani-Utenam, les victimes avaient présenté des signes de détresse avant de poser leur geste, souligne le coroner dans son rapport.
Mme Charlebois a fait valoir que le gouvernement du Québec avait déjà posé certains gestes, notamment en créant une table de gestion de crise en 2015 pour répondre aux besoins de la communauté ou en formant des intervenants dans les centres de prévention du suicide.
Elle a toutefois reconnu qu'il y avait encore beaucoup à faire, citant en exemple la nécessité d'embaucher des interprètes dans les centres de prévention pour qu'ils parlent la langue de ceux qu'ils desservent.
«C'est sûr qu'on va s'asseoir nous, les membres du gouvernement, pour échanger là-dessus parce que ça interpelle plusieurs ministères et on va proposer au gouvernement fédéral de travailler avec eux et la communauté», a-t-elle déclaré.
La ministre des Affaires autochtones et du Nord canadien, Carolyn Bennett, devait réagir par communiqué, samedi.
Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, estime que les gouvernements fédéral et provincial «n'ont pas le choix» de se pencher sur l'efficacité des services en place, qui semblent déficients selon le coroner.
«Les communautés elles-mêmes doivent également regarder de leur côté et savoir comment on peut intervenir de façon un peu plus préventive sur le terrain», a-t-il ajouté.
M. Picard sent une certaine réceptivité de la part du gouvernement du Québec, «qui essaie de se doter d'un processus pour jeter un regard plus en profondeur sur la question du développement social dans les communautés», dit-il.
Le porte-parole du Parti québécois en matière d'Affaires autochtones, Alexandre Cloutier, incite le gouvernement à agir rapidement. «De toute évidence, il y a des problèmes de communication, de ressources, de compréhension de la langue, d'accès à des communications pour des services d'aide», a-t-il indiqué.
Enjeu des réserves
M. Cloutier a par ailleurs relevé que le gouvernement du Québec devrait aussi se pencher sur le problème de fond, les réserves autochtones, que le coroner a comparé au système d'apartheid dans son rapport.
«Les réserves, elles sont archaïques, elles sont désuètes et il est grand temps de revoir le modèle qui maintient un statut différent pour les autochtones et les non-autochtones», a-t-il déclaré.
Mme Charlebois n'a pas voulu s'avancer sur cet enjeu, affirmant qu'il y avait plusieurs autres recommandations à prendre en compte prioritairement. «Ce sera peut-être un enjeu qui sera discuté à la table de travail, mais il y a tellement de choses à faire», a-t-elle affirmé.
La réflexion sur la situation des réserves n'est pas un nouveau débat, a souligné M. Picard. «Il faut que nos façons de faire changent. Il faut que la loi fédérale sur les Indiens qui remonte à 1876 soit vraiment mise au rancard. Je pense qu'il n'y a personne qui sera contre ça, mais c'est dans la façon de faire. Mais ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut y arriver», a-t-il soutenu.
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