Mise à jour le dimanche 28 février 2016 à 17 h 01 HNE
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Il y a un élément incontournable dans toute négociation entre partis politiques dans le but de former une alliance, une convergence ou quelque autre action conjointe : les petits partis vont tenter d'éviter de se faire avaler par le plus gros.
Québec solidaire (QS) et Option nationale (ON), les éventuels partenaires d'une « convergence souverainiste », avaient fait de l'appui du Parti québécois (PQ) au scrutin proportionnel le prérequis de toute discussion. Mais Pierre Karl Péladeau n'avait pas terminé son discours au conseil national du PQ, dans lequel il ouvrait la porte à une forme de scrutin proportionnel, que QS et ON avaient déjà fait monter les enchères.
En quelques heures, Québec solidaire avait mis sur la table la fin de l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti, le renoncement au principe du déficit zéro et la fin des paradis fiscaux. Option nationale renchérissait en demandant une élection référendaire.
Obstacles en vue
Ces demandes démontrent bien les problèmes que le PQ va rencontrer dans toute tentative d'amener les trois partis souverainistes à s'entendre au sein d'une alliance électorale aussi difficile à définir qu'à négocier.
Le premier problème sera de s'entendre sur le mode de scrutin proportionnel lui-même, puisqu'il y a un nombre infini de variations, de la proportionnelle intégrale (impraticable, selon la plupart des experts) à une proportionnelle compensatoire ou au vote préférentiel qu'envisage le gouvernement Trudeau pour le Canada.
Dans le cas qui nous occupe, il est difficile de voir une formule qui satisferait Option nationale et qui lui donnerait ne serait-ce qu'un strapontin à l'Assemblée nationale avec son maigre 0,7 % des voix.
L'autre problème est l'analyse derrière cette idée même d'une convergence souverainiste. Il est impossible de tout simplement additionner les voix des trois partis. On ne peut pas prendre pour acquis que le vote des électeurs du PQ, de QS et de ON est motivé par l'appui à la souveraineté et par rien d'autre.
Solidaires... et souverainistes?
Le paysage politique québécois a beaucoup changé ces dernières années. On note notamment que les alliances entre Québec solidaire et le Nouveau Parti démocratique sont nombreuses et bien plus solides que ce qui a déjà pu exister avec le Bloc québécois.
Il faut également faire attention aux scénarios complètement hypothétiques. En prétendant comme on l'entend encore souvent de la bouche des péquistes que si la moitié des électeurs de Québec solidaire avaient voté PQ en 2012, le PQ serait aujourd'hui encore à la tête d'un gouvernement majoritaire.
La réalité, c'est que tous les sondages démontrent que, pour les électeurs de Québec solidaire, la souveraineté n'est pas l'élément déterminant de leur vote. En fait, près de la moitié des électeurs de QS disent aux sondeurs qu'il voteraient carrément « non » dans un référendum sur la souveraineté.
Pour les autres, la présence de Pierre Karl Péladeau à la tête du PQ les empêche d'envisager de voter pour ce parti qui, estiment-ils, a fait un virage à droite irréconciliable avec leurs valeurs.
C'est pourquoi il faudra plus qu'une simple promesse de considérer une réforme du mode de scrutin pour faire fonctionner toute forme de « convergence souverainiste ». Pour assurer leur survie, QS et ON devront se montrer très exigeants.
Les partenaires du PQ demanderont tôt ou tard l'équivalent d'un programme commun. Mais même en admettant qu'il constitue le plus petit dénominateur commun, il est difficile de voir comment on pourrait accommoder en même temps Sol Zanetti, Françoise David et Pierre Karl Péladeau.
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