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mercredi, novembre 25, 2015

La commission libère les libéraux

http://www.journaldemontreal.com/

RICHARD MARTINEAU
MISE à JOUR 
Donc, il n’y aura pas de blâme.
La commission Charbonneau consacre des pages et des pages aux agissements problématiques de Marc Bibeau, Nathalie Normandeau et Jean Charest, mais aucun blâme ne sera porté.
Ben coudonc.
HEIN, DES PRÊTE-NOMS?
Prenons juste le cas de Nathalie Normandeau.
(Je sais que c’est ma compétitrice directe à la radio, mais je parle de sa carrière politique, ici, pas de son travail de coanimatrice...)
Lors de son passage devant la commission Charbonneau, l’ex-ministre des Affaires municipales a déclaré, sur le fameux système des prête-noms:
«Je savais qu’il se faisait du financement sectoriel au Parti libéral du Québec, mais ce que je ne savais pas comme ministre, c’est tous les stratagèmes qui ont été développés pour apporter une contribution à des partis politiques. Ça a été dévoilé par votre commission...
— Mais, de rappeler France Charbonneau, ce système de prête-noms avait déjà été mis au jour en 2006 par le rapport Moisan, non?
— Oui, oui, dans ce sens-là, on s’entend, de répondre Nathalie Normandeau. Mais quand je suis ministre, j’arrive en 2003, je ne sais pas qu’il y a des prête-noms...»
Attendez une minute, là.
Madame Normandeau a occupé différents postes de ministre de 2003 à 2011 et elle ne connaissait pas l’existence d’un système de prête-noms... alors que ce système avait été dévoilé dès 2006?
Ben coudonc.
NI VU NI CONNU
Extrait du rapport de la commission Charbonneau (page 582):
«Plusieurs témoins interrogés [...] ont déclaré qu’ils étaient conscients de commettre des gestes illégaux lorsqu’ils participaient à des activités de financement sectoriel reposant sur le recours à des prête-noms et le remboursement des contributions par les entreprises.
«Quatre témoins de la firme Roche ont livré des témoignages non équivoques à cet égard. L’ingénieur André Côté a affirmé que les partis politiques ne pouvaient ignorer que les contributions étaient remboursées, compte tenu de l’importance des montants en jeu: “C’est utopique de penser que les partis pensaient que c’étaient des individus qui payaient ça à même leur salaire...”»
Même Marc-Yvan Côté, qui était ministre libéral dans les années 80-90, a reconnu devant la commission qu’il savait que le recours à des prête-noms enfreignait la loi!
«Je savais que des prête-noms n’étaient pas permis.»
Mais l’ex-vice-première ministre, elle, ne le savait pas? Elle ne soupçonnait pas que son parti utilisait cette stratégie?
Alors que tout le milieu de la construction le savait?
Ben coudonc.
On est censé avaler cette couleuvre?
DES CAVES
Dans son témoignage devant la commission Charbonneau, Nathalie Normandeau a dit que les entrepreneurs qui participaient aux activités de financement du PLQ n’obtenaient aucune faveur de la part du parti.
«Il n’y a jamais eu de retour d’ascenseur», a-t-elle déclaré sous serment.
Or, voici ce qu’on peut lire dans le volumineux rapport de la commission Charbonneau (page 611):
«Il apparaît peu probable que ces professionnels de l’ingénierie et de la construction auraient versé des centaines de milliers de dollars en nourrissant l’illusion d’obtenir “certaines choses” qu’ils n’auraient jamais obtenues même après de nombreuses années de contributions...»
En d’autres mots: nous prenez-vous pour des caves, Madame Normandeau?