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LÉO-PAUL LAUZON
MISE à JOUR
LÉO-PAUL LAUZON
MISE à JOUR
Les affairistes nous plument avec la bénédiction des politiciens
Pendant que nos élus laminent nos services publics et offrent un 3 % d’augmentation de salaire sur cinq ans aux commis d’État du Québec, sous prétexte de préserver la capacité de payer des citoyens, les affairistes, qui ont toute la confiance des élus et toute la liberté de faire ce qu’ils veulent quand bon leur semble, font preuve d’aucune retenue pour arnaquer ces mêmes citoyens.
On appelle ça le taxage du privé et l’obligation pour les contribuables de verser des impôts aux compagnies privées. C’est drôle, quand on paie à l’État pour des écoles et la santé publiques, on appelle ça des impôts qui tuent l’emploi, mais quand on paie pour les mêmes services (éducation et santé) à des compagnies privées, ce ne sont plus des impôts. Les propriétaires d’écoles et de cliniques privées sont des créateurs d’emplois, mais pas quand c’est public.
Comme exemple de taxage, on n’a qu’à penser aux hausses scandaleuses de tarifs décrétés par les propriétaires des ponts et autoroutes 30 et 25 sans que le gouvernement lève le petit doigt afin de protéger cette fameuse capacité de payer des usagers : « Hausse du péage sur l’A30. Les camionneurs réclament l’intervention du ministre des Transports Robert Poëti » et « Contourner l’autoroute 30 pour éviter le péage » (La Presse et Le Devoir du 9 et du 25 janvier 2015). Des hausses de 60 % au cours des deux dernières années et le PLQ laisse faire.
Il y a eu aussi récemment les hausses salées des frais bancaires imposées toutes en chœur par notre monopole bancaire canadien qui nage continuellement dans les profits records, même en période d’austérité. Naturellement, en bons ex-banquiers qu’ils sont les Leitao, Daoust et Coiteux, ils les laissent nous filouter sans vergogne. Les élus doivent agir correctement s’ils veulent retourner après leur service politique dans le merveilleux monde bancaire très porté sur l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux.
De plus, il y a les pharmaceutiques, les cartes de crédit, les pétrolières, les constructeurs et les firmes de génie, etc. qui décrètent des hausses s’apparentant à du vol, sans que les gouvernements lèvent le petit doigt afin de protéger la classe moyenne à qui, comme si cela n’était pas assez, ils imposent plein de nouveaux tarifs ou des hausses faramineuses aux services publics comme les garderies, l’électricité, l’école publique, etc. C’est totalement à l’encontre de ce qu’ils avaient faussement promis en compagne électorale afin de se faire élire.
Bell : des hausses de 35 % en 3 ans. Y’a rien là
Moi, mes amis, j’habite Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, près de Sainte-Adèle, où Bell Canada jouit du statut de monopole privé dans le téléphone résidentiel, qui est pour plusieurs un service essentiel. La cupidité de Bell est sans borne. De l’argent facilement gagné sur le dos des clients captifs des régions avec l’assentiment des gouvernements.
Alors qu’il n’y a eu aucune hausse des coûts d’exploitation, mon compte de téléphone résidentiel chez le monopole BCE a augmenté, sans aucune justification, de 35 % au cours des 3 dernières années, passant de 23,95 $ par mois à 32,40 $ aujourd’hui. Lors de mon dernier relevé du mois d’août, sans aucun avis, Bell a augmenté mon « bill » de 2,80 $ par mois ou de 9.5 % en un an, passant de 29,40 $ en 2014 à 32,40 aujourd’hui. Du vrai vol. Et ça, c’est sans compter que chaque mois et sans aucune raison, Bell me facture 6,95 $ en frais de « réseau » et 4,00 $ en frais de « service de zone ». Tous les moyens sont bons pour flouer le monde avec la complicité de nos gouvernements compréhensifs envers le privé profiteur et intraitable avec les fonctionnaires et avec les coupes sauvages dans nos programmes sociaux. Y’as-tu quelqu’un qui peut les arrêter?
L’innocence et le parti-pris du conservateur Maxime Bernier
C’est en 2007 que le Parti conservateur de Stephen Harper, proche du patronat, a déréglementé le téléphone résidentiel partout au pays : « Carte blanche aux anciens monopoles. Bell et Telus pourront modifier les tarifs de téléphonie locale à leur guise » (Le Devoir, 4 août 2007). Et ils ne se sont pas gênés pour les augmenter à leur guise. D’anciens monopoles, vous dites? Ce sont aujourd’hui encore plus de puissants monopoles formés du trio infernal de Bell-Telus-Rogers. Ah ben, en voici une bonne : « Prix des services de téléphonie sans fil de base en hausse de 16 % » (Le Devoir, 15 juillet 2014). Allô la concurrence.
Et dire que l’épatant ex-ministre de l’Industrie au fédéral, le conservateur Maxime Bernier, avait promis des baisses de tarifs dans le téléphone résidentiel : « Téléphone : Maxime Bernier a voté pour les consommateurs » (Les Affaires, 14 avril 2007). Maxime Bernier, celui qui veut ramener l’impôt sur le revenu des entreprises à un taux de 0 % et ainsi faire du Canada un paradis fiscal de plus. Ce même Maxime Bernier, comme son patron Stephen Harper d’ailleurs, voit des communistes et des socialistes partout. Pour lui, les libéraux et les néo-démocrates sont quasiment des communistes : « Bernier contre les socialistes » (La Presse, 15 septembre 2015). Le vrai portrait de son chef : « Dans une lettre, Harper a qualifié Kyoto de complot socialiste » (La Presse, 31 janvier 2007).
Le monopole Bell-Telus-Rogers
Nos lucides et émérites invétérés et nos infatigables affairistes s’en prennent régulièrement et farouchement à nos sociétés collectives et à nos programmes sociaux, mais jamais aux monopoles privés qui nous vident les poches avec assiduité comme les banques, les pétrolières, les pharmaceutiques, le trio Bell-Telus-Rogers, les tandems Visa-Mastercard et CN-CP, les monopoles privés dans l’aviation, les ponts, les aéroports, etc. Ils appellent ça le « marché ».
Faut dire que certains universitaires et certains chroniqueurs-éditorialistes assujettis ne veulent pas mordre la main de leur maître qui les nourrit : « Télécommunication sans fil : les consommateurs souhaitent une plus grande concurrence » (La Presse, 21 août 2013). Même l’opportuniste Charles Sirois, celui qui vient de se recycler dans l’exploitation de terres agricoles, a dit : « Le sans-fil manque de concurrence » (Le Devoir, 11 novembre 2009). Et aussi, celle-ci : « Sans-fils. Un autre acteur serait bénéfique, dit le Bureau de la concurrence » (La Presse, 30 septembre 2014).
Ce monopole privé de Belle-Telus-Rogers fait que : « Téléphone sans-fil et Internet. Factures salées pour les Canadiens. Selon l’OCDE, les consommateurs d’ici dépensent 55 fois plus d’argent qu’au Japon pour avoir accès à Internet haute vitesse » (Le Devoir, 12 août 2009). Également, il y a : « Derrière les finances du sans-fil, la facture du consommateur. Le revenu par abonné au Canada est parmi les plus élevées au monde (Le Devoir, 31 juillet 2008).
Le sens du rôle social de Bell
En plus de faire du “forcing” auprès des consommateurs captifs afin d’augmenter leurs revenus et de verser des millions de dollars à leurs dirigeants et à leurs actionnaires, Bell réduit par tous les moyens ses frais d’exploitation, incluant évidemment ses coûts de main-d’œuvre qu’elle considère toujours comme des charges compressibles et élastiques.
Mais, nos élus aiment, envers et contre tous, des compagnies comme Bell, Esso, Pfizer, SNC-Lavalin, Bombardier, Power, etc. Ce sont des créateurs de richesse qu’ils disent. Entendons-nous : les entreprises tiennent à diminuer par tous les moyens, la rémunération des employés ordinaires, mais par contre, à augmenter à tout prix celle des dirigeants et de retenir, ces cerveaux uniques dans le monde entier.
Pour revenir à Bell, celle-ci a déménagé beaucoup d’emplois dans des pays bon marché et dans des paradis fiscaux comme les Bahamas. “Nouvelles délocalisations chez Bell Canada. Bell sous-traitera ses techniciens en Tunisie” (Métro, 12 octobre 2011). Et ma préférée, concernant Bell, qui se dit responsable socialement, est celle-ci : “IQT ferme tous les centres d’appels sans préavis. Quelques 1200 personnes perdent leur emploi à Laval, Trois-Rivières et Oshawa” (Le Devoir, 16 juillet 2011). IQT qui embauchait les ex-téléphonistes et ex-préposés à la clientèle que Bell avait sous-traitée afin “d’économiser”.
Mais, comme le sous-traitant, la firme américaine IQT, trouvait qu’à 12 $ de l’heure c’était trop cher payé, on a déménagé dans un pays en voie de développement où les employés exigent moins et sont plus compréhensifs quant au respect des objectifs de rentabilité de la compagnie. Ah ben, en voilà une bonne : “Le licenciement des salariés du centre d’appels d’IQT de Laval était illégal tranche le tribunal” (La Presse, 28 novembre 2014). Il a fallu que le tribunal tranche, car Couillard, Charest et cie trouvaient ça même normal et même souhaitable que des compagnies “flushent” leurs employés sans préavis et sans payer leur dernier chèque de paye. Ils appellent ça le marché libre qui fonctionne sans aucun irritant et entrave, quel qu’il soit.
Et Couillard, Harper et d’autres trouvent aussi acceptable et bienvenu, lors de fermetures sauvages d’usine, que les contribuables ramassent la facture : “Licenciement chez IQT. Une facture salée pour les contribuables” et : “IQT doit 2 millions $ au fisc” et enfin : “Investissement Québec réclame 800 000 $ à l’américaine IQT” (La Presse, 26, 29 juillet et 24 août 2011). Imaginez, nos gouvernements poussent l’indécence jusqu’à subventionner les sous-traitants qui paient leurs employés au salaire minimum sous le faux prétexte qu’ils créent de l’emploi.
Ça revient à dire que le PLQ a subventionné à coups de millions de dollars de fonds publics Bell Canada afin qu’elle puisse sous-traiter ses employés à une firme qui les exploitaient au salaire minimum.
Et pour finir sur Bell : « Le siège social de Bell glisse vers Toronto. Les trois quarts des cadres supérieurs ne travaillent plus à Montréal” (La Presse, 11 septembre 2008). Tout simplement merveilleux. C’est exactement ce qui va arriver si on privatise la SAQ et Hydro-Québec qui ne reçoivent, elles, contrairement aux sociétés privées, aucune subvention et qui versent tous leurs profits et plein de taxes et d’impôts au gouvernement du Québec.
Pour Couillard, Bell est un bel exemple de son cliché de “progressisme libéral” et pour Jean Charest avec sa niaiserie de “libéralisme social”.