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vendredi, juin 10, 2016

OMERTA AU MINISTÈRE DES TRANSPORTS Une culture libérale

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10 juin 2016 |Antoine Robitaille | Québec
Philippe Couillard a bien maladroitement relativisé l’omerta au ministère des Transports en qualifiant l’affaire de « problème profond de culture dans l’administration publique ». À l’écouter, le PLQ n’aurait que peu à voir avec ces pratiques du secret, en matière d’affaires louches, du « plus gros donneur d’ouvrage » au Québec. Faux ! Cette culture s’est enracinée, a prospéré lors de mandats libéraux. S’il veut vraiment assainir le MTQ, il lui faudrait commencer par l’admettre.

Le témoignage de l’analyste Annie Trudel et de l’experte en audit Louise Boily, devant la Commission de l’administration publique, a eu l’effet d’une bombe à fragmentation à l’Assemblée nationale : débat d’urgence, accusation d’outrage au parlement, demande de prolongation de la session. Normal : les allégations, vraiment graves, dont certaines sont potentiellement criminelles, ont de quoi bouleverser : fractionnement de contrats, intimidation, dissimulation systématique des traces, sabotage, mensonge, falsification de documents déposés à l’Assemblée nationale et à l’UPAC, etc.
 
Le premier ministre a soutenu qu’il fallait prendre ces allégations « excessivement [sic]sérieusement et sans compromis ». Il s’est toutefois contredit lorsqu’il a entrepris de les relativiser, en soutenant qu’elles relèvent d’un « problème de culture organisationnelle qui dure depuis au moins 20 ans, d’après moi, et même plus ». À l’écouter, il serait à peine caricatural de conclure que, au fond, ce serait la faute à Duplessis, ou, pourquoi pas avant le « cheuf », à Vautrin, voire Mercier !
 
Il ne s’agit pas ici de nier que l’antique « voirie », les « travaux publics » et autres transports ne furent pas, traditionnellement, à travers l’histoire, le lieu de combines douteuses couvertes par de scandaleuses omertas. Dans ses mémoires, René Lévesque raconte son arrivée à la tête du ministère des Travaux publics en 1960. Les « contracteurs » unionistes régnaient en barons. Il les rabroue. Mais, rapidement, c’est un candidat libéral défait de justesse qui lui propose de lui confier l’attribution des contrats aux entrepreneurs libéraux. Lévesque, outré, refuse évidemment et rappelle les promesses de l’Équipe du tonnerre consistant à instaurer des règles saines, comme celle du plus bas soumissionnaire. L’autre le traite de « naïf » et claque la porte !
 
Certaines habitudes, en moins grossier, semblent avoir perduré : il suffit de lire le chapitre 6 de la partie 3 du rapport Charbonneau, consacré au ministère des Transports. Reste que cette « culture » est trop aisément invoquée par M. Couillard comme un ensemble de pratiques relevant d’abord de l’« administratif ». Dans son discours, il semble qu’un pilier de notre régime, le principe de responsabilité ministérielle, soit en passe d’être abandonné. Le 19 mai, au lendemain de l’éclatement de l’affaire Poëti, Jacques Daoust et Philippe Couillard annoncent le limogeage d’une sous-ministre et d’un chef de cabinet. L’administratif encaisse. Le lendemain du témoignage d’Annie Trudel et de Louise Boily, le premier ministre évoque une maladie de l’administratif. Or il semble superflu de le rappeler, mais les politiques sont les patrons des « administratifs ». Devant la commission Charbonneau, l’ancien sous-ministre Jean-Paul Beaulieu a, par exemple, « décrit la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouvent souvent de hauts fonctionnaires de l’État lorsque surviennent des changements de gouvernement ».
 
M. Couillard veut faire oublier que le Parti libéral est au pouvoir de manière presque continue depuis 13 ans. Que, dans ces années, par exemple, son prédécesseur Jean Charest avait admis, à la stupéfaction générale, ne pas avoir lu le premier rapport Duchesneau. Depuis 2014, M. Couillard a eu dans son cabinet au moins deux anciens ministres des Transports qui doivent en connaître assez long sur les graves problèmes de « culture » du ministère des Transports : Julie Boulet et Sam Hamad. Mme Boulet, dont le comté était « le mieux asphalté du Québec », selon l’avis de son ancien chef de cabinet. M. Hamad, qui avait refusé de lire le rapport Duchesneau et dont le rapport du Commissaire à l’éthique, dans l’affaire Premier tech, démontre qu’il s’est montré « plus qu’imprudent en contrevenant aux principes éthiques de base dans la gestion des fonds publics ». Cela n’indique-t-il pas un problème de culture ?
 
Depuis mercredi soir, on comprend que le MTQ a tout fait pour ne pas collaborer avec la commission Charbonneau. Les « problèmes » de Louise Boily sont étrangement coïncidents : ils commencent en 2011. La Commission de l’administration publique aura réussi à compenser en partie les carences de la commission Charbonneau quant au MTQ. Il est donc enrageant que les députés libéraux aient décidé d’arrêter le bon travail de la CAP, laquelle aurait dû pouvoir interroger d’autres acteurs présumés de l’omerta au MTQ, Nathalie Noël et Danièle Cantin. Mais il ne s’agit peut-être que d’une pause dans l’étude de la fameuse culture.

SONDAGE LÉGER Le PLQ en baisse... et Poëti en hausse

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10 juin 2016 |Marco Fortier
Le premier ministre Philippe Couillard est le politicien récoltant le plus haut score de «mauvaise opinion».
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne
Le premier ministre Philippe Couillard est le politicien récoltant le plus haut score de «mauvaise opinion».

Pour le gouvernement Couillard, c’est une session parlementaire à oublier. Le Parti libéral du Québec (PLQ) atteint un sommet d’insatisfaction et perd des points dans les intentions de vote, même auprès de sa base électorale de Montréal, révèle un sondage de la firme Léger mené pour Le Devoir et Le Journal de Montréal.

Comble de l’ironie, l’ex-ministre Robert Poëti, qui a sonné l’alarme au sujet des irrégularités au ministère des Transports du Québec (MTQ), est le membre le plus populaire du gouvernement Couillard, révèle le baromètre des personnalités politiques. Son successeur au MTQ, le ministre Jacques Daoust, figure au 60e et dernier rang des personnalités les plus estimées.

Le sondage, mené en ligne du 6 au 8 juin auprès de 990 électeurs québécois, confirme que la session parlementaire difficile du gouvernement Couillard a miné la confiance des électeurs. Le PLQ perd trois points dans les intentions de vote, à 32 %, à peu près le même résultat qu’au scrutin de septembre 2012 (31,2 %) remporté par le Parti québécois de Pauline Marois.

La baisse des appuis aux libéraux profite à la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, qui remonte de trois points à 24 %. Le Parti québécois (PQ), dirigé par un chef intérimaire depuis la démission-choc de Pierre Karl Péladeau, se maintient à 30 %. Et Québec solidaire reste figé à 10 %.

Le PQ domine tout de même chez les francophones, avec 37 % des intentions de vote, devant la CAQ (28 %) et le PLQ (21 %), ce qui lui donne un avantage sur ses adversaires en raison du nombre élevé de circonscriptions à prédominance francophone.

Fait à souligner, les libéraux ont perdu huit points en un mois dans la région de Montréal — leur fief électoral — où ils obtiennent 37 % des intentions de vote, contre 45 % en mai. Près de sept électeurs québécois sur 10 (68 %) sont insatisfaits du gouvernement, une grogne en hausse de quatre points depuis un mois.

« C’est une fin de session extrêmement difficile, c’est le moins qu’on puisse dire, pour le Parti libéral », dit Christian Bourque, vice-président et associé chez Léger.

Poëti populaire

Le baromètre des personnalités politiques, publié chaque mois de juin par Léger, montre que les temps sont durs pour le PLQ. L’élu libéral le plus populaire, Robert Poëti, figure au 18e rang des personnalités, toutes catégories confondues (fédérales, provinciales, municipales).

L’ancien ministre, démis de ses fonctions en janvier dernier par Philippe Couillard, a gagné huit points dans ce baromètre depuis juin 2015 ; 31 % des répondants ont une bonne opinion du député libéral, qui a dénoncé le mois dernier la lenteur du MTQ à réagir aux soupçons de malversation dans l’attribution de contrats.

À peine 7 % des électeurs ont une bonne opinion de Jacques Daoust, le successeur de M. Poëti aux Transports. Les trois personnalités politiques qui suscitent les opinions les plus défavorables des électeurs sont des membres importants du gouvernement Couillard : le premier ministre lui-même (dont 59 % des répondants ont une mauvaise opinion), le ministre de la Santé Gaétan Barrette (54 % ont une mauvaise opinion) et Sam Hamad (50 % ont une mauvaise opinion).

Ce jugement sévère des électeurs à l’endroit de membres influents du gouvernement montre l’ampleur du défi qui attend le chef libéral pour reconquérir l’électorat, estime le sondeur Christian Bourque. « Vivement l’été politique pour M. Couillard », dit-il.

Une session pénible

La session parlementaire doit prendre fin ce vendredi à Québec, après des jours mouvementés pour le gouvernement libéral. L’ancien ministre Robert Poëti a d’abord jeté un pavé dans la mare en affirmant le mois dernier que la direction du MTQ — un des plus importants donneurs de contrats publics au Québec — mettait bien peu d’empressement à donner le coup de barre qui s’impose dans ses relations avec ses fournisseurs, notamment les firmes de génie-conseil.

La sous-ministre des Transports, Dominique Savoie, a été démise de ses fonctions. Le chef de cabinet de Jacques Daoust a aussi été muté. Deux anciennes responsables des enquêtes internes au MTQ, Annie Trudel et Louise Boily, ont témoigné à leur tour, mercredi, du climat d’intimidation qui règne au sein du Ministère.

Comme si ce n’était pas assez, le ministre Daoust se démène pour expliquer des contradictions dans la façon dont Investissement Québec s’est départi de ses actions dans Rona, ce fleuron québécois passé aux mains du géant américain Lowe’s.

Cloutier et Hivon bien vus

À peine quatre élus de l’Assemblée nationale se classent parmi les 10 politiciens les plus populaires au Québec, indique le sondage. Les aspirants-chefs péquistes Véronique Hivon (6e rang) et Alexandre Cloutier (8e rang), ainsi que Françoise David, de Québec solidaire, (5e) et François Legault, de la CAQ, (7e) font ainsi le top 10 des personnalités. La députée Hivon a gagné 14 points en un an, signe que sa notoriété a augmenté depuis sa candidature à la chefferie du PQ, estime Christian Bourque, de Léger.

Justin Trudeau remporte la palme du politicien le plus populaire, avec 63 % d’opinions favorables. Le premier ministre du Canada a gagné 21 points depuis l’an dernier, quand il dirigeait le deuxième parti de l’opposition. Il détrône le maire de Montréal, Denis Coderre, au deuxième rang au palmarès des élus, avec 60 % d’opinions favorables (contre 69 % à pareille date l’an dernier). Le maire de Québec, Régis Labeaume, suit à 54 %, puis le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair (qui a échoué son vote de confiance en avril), est 5e, à 50 %.

Fait inusité, plusieurs élus importants, à Québec et à Ottawa, sont d’illustres inconnus : 68 % des répondants ne connaissent pas le ministre David Heurtel, n’ont pas d’opinion à son sujet ou refusent de se prononcer. Ses collègues François Blais, Stéphanie Vallée, Geoffrey Kelley, Dominique Vien, Luc Fortin, Julie Boulet, Laurent Lessard et Dominique Anglade, notamment, sont aussi inconnus d’une bonne partie de la population, selon le sondage.

Un échantillon probabiliste de la taille de ce sondage (990 personnes) aurait une marge d’erreur de 3,1 % dans 19 cas sur 20.
Intentions de vote au provincial
 Mai 2016Aujourd'hui
PLQ35 %32 %
PQ30 %30 %
CAQ21 %24 %
QS10 %10 %
Autres4 %4 %

Source des encadrés : Sondage Léger-Le Devoir-Le Journal de Montréal-Le Journal de Québec mené en ligne les 6 et 8 juin 2016 auprès de 990 Québécois ayant le droit de vote. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de plus ou moins 3,1 % dans 19 cas sur 20.

Le leader du groupe armé État islamique au Bangladesh serait Ontarien

http://www.lapresse.ca/actualites/

Publié le 09 juin 2016 à 09h30 | Mis à jour le 09 juin 2016 à 11h09
Des militants de l'État islamique, en Irak.... (PHOTO ALBARAKA NEWS, ARCHIVES AFP)
Des militants de l'État islamique, en Irak.PHOTO ALBARAKA NEWS, ARCHIVES AFP
La Presse Canadienne
Le leader du groupe armé État islamique au Bangladesh serait un Canadien originaire du sud de l'Ontario, d'après ce que rapportent différents médias.
Le quotidien torontois National Post et le site Vice écrivent tous deux que le djihadiste connu sous le nom de Shaykh Abou Ibrahim al-Hanif est, dans les faits, Tamim Chowdhury, un homme originaire de Windsor. Al-Hanif a récemment été interviewé par Dabiq, la publication de langue anglaise du groupe armé, et Vice affirme que sa véritable identité a ensuite été démasquée par le quotidien anglophone bangladais Daily Star.
Un expert de l'Université de Waterloo, Amarnath Amarasingham, a expliqué à Vice avoir appris que Tamim Chowdhury s'était possiblement rendu en Syrie il y a plusieurs années. Son nom est ensuite apparu sur un site internet consacré aux membres du groupe armé actifs au Bangladesh.
L'article du Daily Star attribue une vingtaine de meurtres depuis 18 mois à la branche bangladaise du groupe djihadiste. Il affirme que plusieurs de ses membres ont déjà combattu en Syrie.
Dans son entrevue avec la publication Dabiq, Shaykh Abou Ibrahim al-Hanif manifeste son hostilité envers les pratiquants de l'hindouisme et du bouddhisme ainsi que les non-croyants en général.
« Les soldats affutent actuellement leurs couteaux pour massacrer les athées, ceux qui se moquent du Prophète et tout autre apostat dans la région », menace-t-il, ajoutant qu'il y a « malheureusement plusieurs déviants et apostats dans la région du Bengale ».
Le leader s'en prend également à la démocratie, « une religion qui croit devoir remettre au peuple le pouvoir de légiférer et de rendre les choses halal (conformes à la charia) et haram (sacrées), alors que ce droit n'appartient qu'à Allah seul ».
Il se dit par ailleurs certain que son groupe sera victorieux « plus tôt que tard », grâce au soutien d'Allah.