Annonce

Aucun message portant le libellé budget fédéral. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé budget fédéral. Afficher tous les messages

mardi, mars 29, 2016

Les faux-semblants

http://www.ledevoir.com/societe/

« Suzanne, tu es une personne sensible, délicate et attentionnée aux autres. Tu as droit à l’amour et à l’affection. » Voici les deux premières lignes d’une lettre parmi d’autres adressées au personnage interprété par Céline Bonnier dans le téléroman Unité 9. La télévision, comme à ses débuts dans les années 1950, continue d’être un confortable moyen d’évasion et de projection quant à sa propre condition.
 
Depuis sa première saison en 2012, Unité 9 est l’une des séries les plus populaires de la télévision québécoise. Plus de deux millions de téléspectateurs s’agglutinent devant des écrans pour regarder ce feuilleton hebdomadaire dans lequel des femmes croupissent en prison. Les habitués sont nourris par l’émotion, la pitié et la rage qui font système dans cet univers fermé. Le public se soucie du sort de Marie Lamontagne, Suzanne Beauchemin, Jeanne Biron ou Michèle Paquette. Ces fausses détenues obtiennent une attention véritable.
 
Cette fascination pour des vies inventées dans une prison de carton est-elle à la veille de se transposer dans la réalité ? Serions-nous soudain dans une heureuse disponibilité psychologique devant les malheurs de l’univers carcéral ?
 
Insalubrité, services réduits, manque de vêtements, isolement total : on a fait bien peu de cas des conditions misérables faites aux vraies prisonnières déménagées en février, pour des raisons d’économie, au centre de détention Leclerc, une prison conçue pour des hommes.
 
Ce n’est même pas une situation tout à fait nouvelle. Dans le rapport annuel de l’ombudsman correctionnel du Québec, on trouve l’exposé d’une suite de situations dégradantes. Surpopulation, décisions partiales, lacunes dans l’hygiène et la salubrité des lieux, visites de proches rendues impossibles à cause du manque de personnel, entraves à l’obtention d’une libération sous caution, menottes aux pieds et aux mains pour des motifs douteux, mise en isolement sans surveillance adéquate au quotidien, lumière allumée nuit et jour.
 
Faute de place, rapporte l’ombudsman, des détenus ont été logés dans des salles communes, sans accès à leurs effets personnels pendant des jours. Au moment où ils pouvaient enfin faire laver leurs vêtements, ils étaient laissés pendant de longues heures avec une simple serviette nouée autour du corps.
 
Devant les personnages d’Unité 9, le spectateur s’enthousiasme de représentations du malheur qui deviennent une garantie de réconfort par rapport à son propre destin. Mais tandis qu’une société de spectateurs se fascine de la sorte pour des vies inventées, force est d’admettre que cela a peu d’effets sur la réalité.
 
C’est un peu la même chose avec les autochtones, prisonniers de ces prisons à ciel ouvert que l’on nomme des « réserves ». Les rapports sur leur condition misérable se multiplient. Des 30 000 enfants confiés à l’État canadien pour leur protection, 48 % sont désormais des autochtones. Ce n’est pas par hasard si les autochtones comptent désormais pour plus de 25 % de la population carcérale, bien que leur poids démographique à l’échelle canadienne soit de moins de 4 %. Construire plus d’écoles ferait-il reculer la nécessité de construire des prisons ? Ce n’est pas certain. Mais cela contribuerait au moins à offrir une égalité des chances et des perspectives d’avenir.
 
Dans son plus récent budget, Ottawa annonce un coup de barre historique en faveur des autochtones. Les grands titres ont retenu le chiffre de 8,4 milliards, un investissement considérable. Pour l’éducation des autochtones, principal gage de leur avenir, le budget libéral du gouvernement Trudeau prévoit des investissements de 634 millions. Dans les faits, le gros de ces investissements est projeté dans un horizon de plus de cinq ans, soit après la tenue de nouvelles élections… En 2020-2021, première année d’un prochain gouvernement, les libéraux de Trudeau ont prévu un budget de 177 millions pour l’éducation des autochtones. Mais d’ici là ? On ne dépasse guère les frontières de l’artifice.
 
Dans l’immédiat, Ottawa va financer l’aide à l’enfance à hauteur de 71 millions. En 2012 pourtant, les documents du gouvernement estimaient que, par rapport aux budgets des provinces en éducation, un domaine de leur compétence, le sous-financement pour les jeunes autochtones s’élevait à au moins 109 millions, sans compter leurs besoins particuliers. L’an prochain, le financement prévu s’élève à 99 millions.
 
Le gouvernement fédéral dépense entre 22 et 34 % de moins pour un autochtone que pour un autre citoyen, a établi le jugement du Tribunal canadien des droits de la personne rendu le 27 janvier. Le tribunal considère de surcroît que les autochtones devraient pouvoir bénéficier d’une éducation adaptée à leur situation et à leur condition.
 
Malgré ses grandes déclarations, le gouvernement libéral demeure sous le seuil de financement qu’il estime lui-même être le minimum pour assurer l’éducation de ces enfants. Va-t-on continuer ensuite de se désoler de voir de plus en plus de membres de ces communautés se retrouver en prison ?
 
La fiction d’un progrès fantasmé s’enracine de plus en plus facilement dans nos consciences tandis que, sur la scène publique, la raison se voit très volontiers vouée à l’expropriation. Quelque chose se trouve falsifié dans notre société.

lundi, avril 27, 2015

Le gouvernement conservateur consacrera 13,5 M $ à la publicité d'après-budget



http://quebec.huffingtonpost.ca/

 |  Par La Presse Canadienne  Publication: 
JOE OLIVEROTTAWA - Le gouvernement conservateur a réservé 13,5 millions $ pour un blitz publicitaire en avril et en mai, au lendemain du budget Oliver et à quelques mois d'élections générales prévues le 19 octobre.
L'Agence du revenu du Canada (ARC) dépensera 6 millions $ pour une campagne publicitaire à la télévision, profitant notamment des heures de grande écoute lors des matchs pour l'obtention de la coupe Stanley, qui mettront encore en vedette deux équipes canadiennes au prochain tour des séries éliminatoires.
Des documents internes indiquent que ce blitz publicitaire constituera simplement la suite de la campagne qui est menée depuis l'hiver, visant à mettre en valeur les mesures d'allégement fiscal déjà connues depuis quelques mois ou précisées dans le budget fédéral de mardi dernier.En plus de cette campagne de 6 millions $ de l'ARC, le ministère des Finances dépensera 7,5 millions $ pour sa propre campagne.
Dans un document interne du ministère, obtenu par La Presse Canadienne, on indique que cette campagne, menée celle-là à la radio, reprendra essentiellement le message que l'ARC véhicule à la télé, sur Internet et dans la presse écrite.
Ces campagnes printanières seront menées alors que diverses voix s'élèvent pour dénoncer l'usage que fait le gouvernement conservateur des fonds publics afin de diffuser son message.
L'organisme Démocratie en surveillance a lancé sa propre campagne postale pour demander au Vérificateur général d'enquêter sur ces publicités gouvernementales.Les libéraux, quant à eux, profiteront de la journée de l'opposition pour déposer une motion afin de débattre de ces publicités gouvernementales «partisanes», qu'ils qualifient de «gaspillage de fonds publics».

vendredi, avril 03, 2015

Oliver promet le retour à l’équilibre

http://www.ledevoir.com/politique/

Le ministre des Finances affirme qu’un budget de stimulation économique n’est plus nécessaire

3 avril 2015 | Hélène Buzzetti - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada
Le ministre des Finances, Joe Oliver, a profité de la visite d’une usine à Toronto pour faire son annonce.
Photo: Nathan Denette
La Presse canadienne
Le ministre des Finances, Joe Oliver, a profité de la visite d’une usine à Toronto pour faire son annonce.
Ce sera son premier, et Joe Oliver compte le rédiger à l’encre noire. Le ministre fédéral des Finances a annoncé jeudi que son budget 2015-2016 sera dévoilé le 21 avril prochain. Il renouera avec l’équilibre budgétaire, promet-il, malgré la chute des prix du pétrole.
 
« Ce ne sera pas un budget avec des coupes, ce sera un budget qui fournira des bénéfices aux Canadiens et qui encouragera la croissance de l’emploi. Mais nous n’avons pas besoin d’un budget de stimulation économique similaire à ce qu’on a eu pendant la Grande Récession parce que nous ne sommes pas en récession maintenant »,a déclaré M. Oliver. Pour faire son annonce, le ministre a profité non pas de la période de questions à la Chambre des communes, mais plutôt d’une visite d’usine à Toronto. « Il n’y aura pas de déficit », a-t-il assuré.
 
Il faut dire qu’en octobre dernier, alors que les sondages leur étaient défavorables, les conservateurs ont précipité l’annonce d’un bouquet de mesures fiscales destinées aux familles, d’une valeur de 4,6 milliards. Résultat : Ottawa ne prévoyait plus cet automne qu’un surplus de 1,9 milliard en 2015-2016. Depuis, le Canada a prolongé et élargi sa guerre en Irak-Syrie, qui lui coûtera un demi-milliard de dollars, tandis que le prix du pétrole a continué sa chute.
 
Fin des déficits
 
Si le budget — le premier depuis que Joe Oliver est devenu ministre des Finances — est équilibré, alors il mettra fin à la succession de sept déficits conservateurs. Depuis que Stephen Harper a pris le pouvoir en 2006, la dette canadienne est passée de 481 à 612 milliards, une hausse de 131 milliards, ou 27 %.
 
Plusieurs s’interrogent sur la capacité d’Ottawa de faire de nouvelles annonces dans ce budget tardif, reporté pour cause d’incertitudes économiques. Le gouvernement a en effet déjà dévoilé cet automne le fractionnement du revenu pour les familles et le remplacement du crédit d’impôt pour enfants par un chèque supplémentaire de 60 $ par mois. Le premier chèque ne sera envoyé aux parents que le 1er juillet, quelques semaines avant le déclenchement de la campagne électorale. Ce montant sera imposable, mais l’impôt ne devra être payé qu’au moment de remplir sa déclaration de revenus, en 2016. L’émission de chèques, par rapport à un crédit d’impôt, engendrera des coûts de 12 millions par an à Ottawa.
 
Lors de l’élection de 2011, les conservateurs avaient rendu plusieurs de leurs promesses (dont le fractionnement du revenu) conditionnelles à l’atteinte du déficit zéro. De la liste, il ne reste plus que l’instauration d’un crédit d’impôt pour les adultes pratiquant des activités physiques et le doublement du plafond annuel des cotisations à un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), qui passerait à 10 000 $ par an.
 
Le gouvernement a par ailleurs été vertement critiqué parce qu’il a prévu une somme de 7,5 millions pour acheter de la publicité ce printemps vantant le budget à venir. « Le premier ministre est en train de prendre 7,5 millions de dollars pour faire la promotion de son budget et du Parti conservateur. C’est du mépris pour les contribuables au Canada », a déploré le chef du NPD, Thomas Mulcair.