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MATHIEU BOCK-CÔTÉ
MISE à JOUR
MATHIEU BOCK-CÔTÉ
MISE à JOUR
Petit retour sur les élections partielles.
Le PQ est trop fort pour disparaître mais trop faible pour s'imposer seul comme alternative aux libéraux. Il demeure la figure centrale de l’opposition mais ne parvient pas à occuper toute la place de l’opposition. La tendance lourde, par ailleurs, ne laisse pas croire à une restauration prochaine du bipartisme, qui serait évidemment à son avantage et l’avantage des souverainistes.
La CAQ, quant à elle, ne parvient manifestement pas à s'imposer comme alternative au PQ mais dispose d'une surprenante capacité de rebond et dispose sinon de bastions, du moins de vrais appuis, dans les 450. On a annoncé souvent sa disparition. Elle a survécu. Le créneau politique qu'elle occupe, celui d'un nationalisme de centre-droit non-souverainiste, n'est pas artificiel.
QS, enfin, ne parvient pas à sortir de Montréal mais a une réelle croissance dans la métropole. Il dispose aussi d'un appui bien réel dans les milieux intellectuels et dans la jeune génération montréalaise qui voit dans le PQ l'équivalent d'une nouvelle Union nationale. Dans quelle mesure le PQ pourra-t-il résister à sa poussée?
Résultat de tout cela: le vote antilibéral est absolument dispersé et condamne le nationalisme québécois à l'opposition. Est-il possible d'imaginer entre ces différentes forces politiques quelque chose de commun? Théoriquement oui. Il y a un intérêt national québécois qu’on peut apercevoir au-delà des lignes de fracture idéologiques. Il ne faut pas non plus relativiser la profondeur de leurs divisions.
Mais la vision stratégique de chaque parti empêche cette vision commune de l'intérêt national d'émerger.
Le problème est à peu près le suivant : le PQ croit encore, malgré tout, à sa capacité d'arriver seul au pouvoir. Il continue de considérer la CAQ et QS comme deux anomalies appelées tôt ou tard à se résorber. Il veut voir dans leur existence un dérèglement temporaire du système politique québécois. Peut-être a-t-il raison. Mais peut-être a-t-il tort. Car il se pourrait que le système politique québécois soit désormais structurellement déréglé. On peut y voir un effet du régime canadien, qui depuis longtemps, pousse à une division exagérée les Québécois francophones et empêche l’intérêt national québécois de se dégager pleinement. Certains répondent qu'il est normal que les électeurs se divisent en démocratie. C'est juste. Mais on rappellera quand même que les anglophones et les allophones, eux, ne se divisent pas du tout et font de chaque élection un petit référendum contre la souveraineté.
La CAQ espère remplacer le PQ en misant sur l’effondrement de l’option souverainiste avant ou après les prochaines élections québécoises. On devine le raisonnement de ses stratèges : les Québécois veulent moins que jamais de la souveraineté alors que le PQ a l’intention, manifestement, de tout miser sur elle. Tôt ou tard, doivent-ils se dire, le PQ éclatera. Il y a aura un vide à combler et la CAQ le comblera. Dans ce scénario, le PQ deviendrait alors un tiers-parti indépendantiste. Il est bien possible, toutefois, que les deux partis cohabitent longtemps et se neutralisent l'un et l'autre.
Finalement, QS croit à sa croissance continuelle et s’imagine un jour remplacer le PQ en fondant dans une même option la gauche et la souveraineté. QS se dit que cette grande marche prendra du temps mais qu’il y parviendra. Par ailleurs, le fait que QS ne croit d’aucune manière que le projet souverainiste soit lié au poids de la majorité historique francophone dans la population lui permet de croire, et de faire croire, qu’il n’y a aucune urgence démographique dans la poursuite de la souveraineté.
Quelle leçon retenir de tout ça? Le PLQ domine. Et si la tendance se maintient, il dominera longtemps.