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Publié le 10 novembre 2015 à 12h43 | Mis à jour le 10 novembre 2015 à 22h33
De la fumée s'échappe aux abords de l'aéroport militaire de Kweires, près d'Alep, après une opération de l'armée syrienne, mardi.
Publié le 10 novembre 2015 à 12h43 | Mis à jour le 10 novembre 2015 à 22h33
PHOTO GEORGE OURFALIAN, AFP |
De la fumée s'échappe aux abords de l'aéroport militaire de Kweires, près d'Alep, après une opération de l'armée syrienne, mardi.
Agence France-Presse
KWEIRES
KWEIRES
L'armée syrienne a remporté mardi sa première victoire significative face au groupe État islamique (EI) depuis le début de l'intervention russe, en brisant un siège de plus de deux ans sur un aéroport militaire proche d'Alep.
À quatre jours d'une rencontre internationale à Vienne qui doit tracer les contours d'une transition politique en Syrie, ravagée par quatre ans et demi de conflit, des éclaireurs de l'armée sont entrés mardi en fin d'après-midi dans l'aéroport de Kweires, dans le nord du pays, a rapporté un photographe collaborant avec l'AFP.
Les militaires ont pu entrer dans l'aéroport par l'ouest mais des combattants de l'EI se trouvent toujours dans d'autres secteurs autour de l'aéroport, a-t-il précisé.
A New York, à l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a appelé les grandes puissances à tirer profit de «l'élan» insufflé par les pourparlers et à mettre en place un processus politique capable de sortir le pays de la guerre.
L'ambassadeur des États-Unis auprès de l'ONU Samantha Power a tweeté que les discussions à Vienne devaient «conduire à un cessez-le-feu et ouvrir le chemin d'une solution politique».
Une vingtaine de pays doivent se retrouver samedi dans la capitale autrichienne pour tenter d'élaborer un plan de paix pour la Syrie, y compris un cessez-le-feu entre le régime de Bachar al-Assad et certains opposants.
«L'armée arabe syrienne fait la jonction avec les forces défendant la base aérienne (à) l'aéroport de Kweires», a annoncé la télévision publique de Damas dans un bandeau, assurant que des combattants de l'EI avaient été tués.
Selon l'agence de presse officielle Sana, le président Assad a appelé le chef des forces ayant brisé le siège et le général chargé de l'aéroport pour les féliciter.
Cet aéroport, à l'est d'Alep, avait été assiégé à partir d'avril 2013 par une coalition de rebelles. Après une guerre fratricide entre jihadistes et groupes rebelles en janvier 2014, c'est l'EI qui a encerclé l'aéroport.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des combats se déroulaient mardi soir entre l'armée et l'EI à l'est, au nord et à l'ouest de l'aéroport.
Cette offensive pour reprendre l'aéroport, lancée fin septembre, a été appuyée par des combattants iraniens, des miliciens du Hezbollah chiite libanais et par des frappes aériennes russes, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Alliée indéfectible du régime de Bachar al-Assad, la Russie est intervenue le 30 septembre dans le conflit en lançant des raids aériens sur les jihadistes et les rebelles, afin d'aider l'armée syrienne à reprendre du terrain.
Selon M. Abdel Rahmane, cette victoire, si elle se confirmait, pourrait permettre à l'aviation russe de se déployer dans l'aéroport et d'accroître ainsi sa puissance de feu, notamment dans la région d'Alep.
Après s'être emparée de plusieurs localités dans la foulée de l'intervention russe, l'armée a essuyé récemment plusieurs revers, perdant notamment ses gains dans la province de Hama (centre).
Obus à Lattaquié
D'autre part, à Lattaquié, un fief du régime syrien, au moins 22 personnes ont été tuées et 62 blessées dans la chute de deux obus, selon la télévision d'État. Il s'agit du bombardement le plus meurtrier dans cette cité balnéaire qui a été relativement préservée depuis le début de la guerre en 2011.
Des combats ont toutefois eu lieu dans l'est et le nord de la province de Lattaquié entre une mosaïque de groupes rebelles et l'armée syrienne appuyée par des supplétifs et des miliciens du Hezbollah.
C'est dans ce fief du régime que se trouve la base de Hmeimim, où sont basés l'aviation et le gros des troupes russes depuis leur arrivée fin septembre.
Les États-Unis, opposés eux au régime Assad, mènent également des raids en Syrie dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.
Selon le général Herbert «Hawk» Carlisle, l'un des principaux responsables de l'US Air Force, les militaires russes et américains se parlent «deux fois par jour» pour échanger des informations sur leurs opérations aériennes respectives dans le pays.
L'aviation française a de son côté frappé des sites d'hydrocarbures de l'EI dans l'est de la Syrie dans la nuit de lundi à mardi, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
La France, qui définit elle-même ses cibles en Syrie, va continuer à accumuler du renseignement et «frapper tout ce qui permet d'affaiblir Daech (acronyme arabe de l'EI)», a-t-on indiqué dans son entourage.
Par ailleurs, à Damas, autre fief du régime, une personne a été tuée et cinq autres blessées par des obus tirés par des rebelles sur plusieurs quartiers, selon l'agence de presse officielle Sana.
Et dans la ville rebelle de Douma, en banlieue de Damas, neuf civils, dont un enfant, ont péri dans des tirs de roquettes de l'armée, selon l'OSDH.
Déclenché en 2011 après la répression sanglante de manifestations réclamant des réformes, le conflit en Syrie est devenu complexe au fil des années, avec une multiplication des acteurs, locaux et étrangers, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a causé la mort de plus de 250.000 personnes et poussé à la fuite des millions de Syriens.