http://quebec.huffingtonpost.ca/
PC | Par Morgan Lowrie, La Presse Canadienne Publication:
PC | Par Morgan Lowrie, La Presse Canadienne Publication:
Nicholas_T | Flickr |
MONTRÉAL _ Plusieurs territoires au Canada ont été peuplés grâce aux politiques gouvernementales, qui visaient à donner des terrains à tous ceux qui étaient prêts à venir s'y installer et à les cultiver.
Même si l'octroi des terres de la Couronne a cessé en grande partie dans les années 1930, quelques petites municipalités poursuivent la tradition en donnant encore aujourd'hui des terres à leurs futurs résidants.
Saint-Louis-de-Blandford, petite ville située à une heure au sud-ouest de Québec, est l'une d'entre elles. La municipalité d'environ 900 âmes a acquis une grande parcelle de terrain, qu'elle a divisé en 40 lots assez grands pour une maison et une cour arrière. Depuis 2013, ceux qui acceptent de venir y habiter et y construire une maison ont la possibilité d'avoir un terrain gratuitement.
Le maire Gilles Marchand a expliqué que sa ville souffrait du fait que les jeunes vont de plus en plus s'établir dans les centres urbains. Selon lui, cette mesure permet de rejoindre les jeunes et les "moins jeunes" qui souhaitent s'investir dans une construction résidentielle.
Le règlement municipal édicte que les acheteurs doivent verser un acompte de 1000 $ pour un lot sur lequel ils s'engagent à bâtir au cours de l'année une maison d'une valeur de 125 000 $. Par la suite, la mairie remboursera le premier versement.
Le maire Marchand assure que le programme a été "un succès inespéré". Les 40 lots ont été distribués et Saint-Louis-de Blandford planifie actuellement une nouvelle vague de dons de terrains. Plusieurs des nouveaux venus sont des jeunes familles, à un point tel que le village veut installer un centre de la petite enfance (CPE) au cours des prochains mois.
Saint-Louis-de-Blandford n'est pas la seule municipalité au Canada à avoir eu l'idée.
À Reston, au Manitoba, les autorités municipales ont mis sur pied un programme semblable il y a quelques années, mais les terrains étaient vendus à 10 $.
La responsable développement économique de la municipalité rurale de Pipestone, dont fait partie Reston, Tanis Chalmers a affirmé que la politique avait eu pour effet d'attirer plusieurs résidants. Dix-neuf des 24 lots disponibles ont été offerts et le programme a été étendu aux villages voisins de Pipestone et de Sinclair.
Mme Chalmers estime qu'une vingtaine de maisons ont été construites à Reston au cours des deux dernières années. L'augmentation de la population de 50 personnes est non négligeable pour une municipalité qui en compte seulement 500.
Tant Tanis Chalmers que Gilles Marchand croient que leurs municipalités vont profiter à long terme de cet incitatif, entre autres grâce aux taxes sur les nouvelles constructions. Ils ajoutent que l'augmentation de la population va permettre de réduire le coût des services municipaux par personne et, espèrent-ils, entraîner une hausse du développement économique local.
Plusieurs petites municipalités de Saskatchewan ont également expérimenté une politique de lots à 1 $ dans les dernières années. Le village terre-neuvien de King's Point a d'ailleurs annoncé plus tôt cette année sur les réseaux sociaux qu'il songeait à lancer un tel programme de dons de terrains.
Chaque municipalité a ses particularités. Certaines offrent des lots raccordés aux systèmes d'aqueduc et d'égouts, alors que d'autres laissent les terrains non viabilisés. Certaines posent également des conditions concernant le type de construction permis.
Selon Bill Reimer, professeur à l'université Concordia spécialisé en affaires rurales, les maires ne devraient pas dépendre sur ces nouveaux revenus à long terme, qui ne seront pas suffisants pour couvrir les dépenses en infrastructure, les services à la population et la rémunération des employés municipaux.
"La plupart des études qui examinent les effets à long terme pour les communautés indiquent que (ces politiques) finissent par être plus coûteuses que ce qu'elles rapportent", a-t-il expliqué. Ce qui fait vraiment une différence, selon lui, c'est lorsque les villes attirent des nouvelles entreprises.
Il existe encore quelques terres la Couronne au Canada, principalement au Yukon. Les intéressés doivent toutefois s'engager
à poursuivre des activités agricoles sur ces terrains arctiques et vivre sur le territoire depuis au moins un an au moment de la prise de possession.