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vendredi, avril 17, 2015

Drainville durcit le ton face à PKP

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Le troisième débat des aspirants chefs du PQ a donné lieu à de vifs échanges

Bernard Drainville a recommandé aux militants de ne pas céder « à la tentation de s’accrocher à un sauveur » qui pourrait n’être qu’« un mirage ».
Photo: Jacques Boissinot
La Presse canadienne
Bernard Drainville a recommandé aux militants de ne pas céder « à la tentation de s’accrocher à un sauveur » qui pourrait n’être qu’« un mirage ».
Il était question d’entrée de jeu d’indépendance et Bernard Drainville, se posant en réaliste, a voulu pousser les autres candidats dans leurs derniers retranchements, à commencer par Pierre Karl Péladeau, lors du troisième débat de la course à la chefferie du Parti québécois.
 
Jusqu’ici, les candidats n’ont pas voulu « trop se maganer », a souligné Bernard Drainville, devant plus de 500 militants réunis au théâtre Impérial. Mais le candidat, avec une vigueur qui a été accueillie par des huées à l’occasion, a insisté pour obtenir des réponses. Animé par Gilles Gougeon, le débat a été relevé, et les échanges ont parfois été vifs.
 
« Dans quoi veux-tu nous embarquer », a-t-il lancé à Pierre Karl Péladeau. L’indépendance est une chose trop importante pour que quiconque demande « un chèque en blanc ».
 
Pierre Karl Péladeau a soutenu que le PQ a trois ans pour convaincre l’électorat « des bénéfices de l’indépendance, le meilleur moyen d’enrichir les Québécois. Il faut premièrement gagner les élections en ralliant les souverainistes qui se retrouvent en grand nombre à Québec solidaire et à la Coalition avenir Québec », a-t-il dit.
 
Et il y a cet Institut de recherche appliquée sur l’indépendance qu’il entend mettre sur pied, ce qui a amené Pierre Céré à parler d’un « institut de mathématique quantique sur la souveraineté », ce qui a fait rire l’assistance. Pierre Karl Péladeau a terminé la soirée en réitérant sa volonté « de faire du Québec un pays », la même expression qu’il a employée lors de son entrée en politique, mais sans le poing levé.
 
Dans son allocution de clôture, Bernard Drainville n’y est pas allé de main morte en visant Pierre Karl Péladeau sans le nommer, recommandant aux militants de ne pas céder « à la tentation de s’accrocher à un sauveur » qui pourrait n’être qu’« un mirage », de choisir un chef capable de faire gagner le PQ « au jour un », « quelqu’un capable de répondre aux journalistes tous les jours sans s’enfarger ».
 
Bernard Drainville est le seul candidat à envisager de ne pas tenir de référendum dès le premier mandat d’un gouvernement péquiste, ce qu’Alexandre Cloutier a qualifié de stratégie du « on verra »,ou des conditions gagnantes. « Ça ne nous mène nulle part », a dit celui qui propose d’ouvrir un registre pour recueillir un million de signatures avant le prochain référendum. Alexandre Cloutier s’est dit le mieux placé pour rassembler les souverainistes et les mobiliser. « Ce n’est pas une politique, l’enthousiasme », a répliqué Bernard Drainville.
 
Pour Martine Ouellet, il n’y a pas de temps à perdre. Le Québec, en restant au sein du Canada, essuie des reculs. « L’ambiguïté nous a coûté cher », a dit la candidate, elle qui refuse « le discours flou, mou et ambigu » et le « leadership des sondages ».
 
Pour Pierre Céré, qui a cité son directeur de l’organisation, âgé de 22 ans, « il faut sauver le PQ ». La défaite du 7 avril n’est pas un accident de parcours. Il existe « des fissures importantes » avec la jeunesse et les communautés culturelles. Il faut « bâtir des majorités au-delà de la politique partisane » et sortir de la « surenchère » à savoir qui sont les plus indépendantistes.
 
Investir dans l’éducation
 
Les candidats ont tous critiqué sévèrement les coupes en éducation faites par le gouvernement du Québec et celle faites dans la recherche par le gouvernement fédéral. Ils ont tour à tour défendu l’idée voulant qu’il soit « essentiel » de « réinvestir massivement »dans le système d’éducation du Québec pour mieux soutenir les enseignants, contrer le décrochage scolaire et mieux accompagner les élèves ayant des troubles d’apprentissage.
 
La gratuité scolaire a été remise sur la table par Pierre Céré, puis appuyée par Alexandre Cloutier « pour les familles les moins bien nanties du Québec ». Mais où aller chercher l’argent pour réinvestir dans l’éducation ? M. Péladeau s’est retrouvé à part du lot lorsqu’a été abordée cette question. Alors que ses adversaires refilent la facture aux banques et aux entreprises, M. Péladeau craint qu’une telle procédure ne fasse fuir les banques. « Les taxes sur les banques et les entreprises étaient là avant et elles ne sont pas parties. Il faut arrêter ce chantage », s’est outrée Martine Ouellet.
 
Le droit de grève des étudiants a été défendu par MM. Péladeau et Céré. M. Péladeau a réitéré que le droit de grève étudiant n’a pas à être encadré par l’État, puisque « le mouvement étudiant est souverain ».
 
Indépendant… et vert
 
Les candidats, plus particulièrement Martine Ouellet, Alexandre Cloutier, Bernard Drainville et Pierre Céré, ont réaffirmé qu’un Québec indépendant serait un Québec « vert » et souhaitent « s’éloigner du pétrole étranger ». Le moteur électrique, l’opposition aux projets de pipeline, de pétrole de schiste et aux sables bitumineux, la proactivité pour lutter contre les changements climatiques, la social-démocratie verte… ces expressions sont ressorties tout au long du débat. Pierre Karl Péladeau s’est montré moins bavard sur ce sujet.