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lundi, octobre 19, 2015

POINT CHAUD Le grand bluff

http://www.ledevoir.com/politique/

Le professeur Marc Chevrier se demande pourquoi les indépendantistes participent aux élections fédérales

19 octobre 2015 |Stéphane Baillargeon | Canada
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe
Le grand jeu électoral fédéral arrive à terme aujourd’hui, lundi. Et l’intrigante question se pose encore avec la même acuité : pourquoi les indépendantistes québécois votent-ils aux élections canadiennes ? Pourquoi les souverainistes jouent-ils ce jeu en votant bien sûr, mais aussi avec leur propre équipe réputée telle, celle du Bloc, qui va ensuite à Ottawa y respecter toutes les règles du tournoi politique ?
 
L’ancien-nouveau capitaine sécessionniste, Gilles Duceppe, a passé deux décennies aux Communes, condamné à l’opposition à perpétuité. Il veut y retourner avec sa pension annuelle du gouvernement canadien de 150 000 $. Pourquoi ?
 
« Le souverainisme québécois a clairement opté pour la légitimation de l’État canadien, et ce, même si, pendant plusieurs élections fédérales, une partie du vote indépendantiste s’est portée sur un parti souverainiste », écrit le professeur de théorie politique de l’UQAM Marc Chevrier dans un article diffusé depuis quelques jours sur le site de l’encyclopédie l’agora.qc.ca. « Car même si un électeur indépendantiste croit agir conformément à ses convictions en donnant son suffrage à un tel parti, il n’empêche que, par sa participation au scrutin fédéral, il en reconnaît la pertinence, l’importance et la valeur. Il donne à l’État fédéral canadien ce qu’il a de plus précieux : la légitimité. »
 
Le texte s’intitule La double allégeance de l’électeur souverainiste ou l’hypothèse du bluff électoral québécois. Son auteur explique que son sujet le taraudait depuis un certain temps.
 
« Je ne m’étais jamais exprimé publiquement sur ce sujet, qui me semble comme un angle mort, explique le professeur en entrevue. Mon point de vue est compréhensif. Ce n’est pas un texte militant. Les gens pourront l’interpréter ainsi, mais ce n’est pas son but. Je me place du point de vue d’un politologue qui essaie de comprendre un comportement électoral qui s’est finalement institutionnalisé ici. »
 
Ici comme ailleurs, en fait. Le texte comparativiste s’intéresse à des stratégies étrangères, en Catalogne, en Écosse, en Irlande. L’ancêtre irlandais du bloquisme parlementaire jouait autrement plus vilainement. À la fin du XIXe siècle, le parti parlementaire irlandais remportait la grande majorité des sièges de l’Eire au point d’empêcher la formation de gouvernements majoritaires à Londres. Ses députés usaient et abusaient de l’obstruction parlementaire en prononçant des discours-fleuves sans rapport, en lisant des livres de la Bible par exemple.
 
Le souverainiste et son double
 
Ailleurs comme ici, le dilemme de l’électeur indépendantiste revient toujours à se demander où se porte son allégeance, vers quels idéaux. Doit-il voter selon ses convictions profondes et choisir un parti souverainiste ? Doit-il mettre de côté cette option constitutionnelle au profit d’opinions sur d’autres problèmes sociaux, économiques, écologiques... ?
 
Doit-il même voter ? L’article ouvre sur le « fait étrange » du comportement électoral lui-même. Le politologue note qu’on pourrait s’attendre à un faible taux de participation des électeurs québécois aux scrutins fédéraux. Or, le Québec ne vote pas moins que les autres provinces, et les électeurs plus ou moins séparatistes ne semblent pas s’abstenir.
 
« L’électeur aux convictions souverainistes est un “client” électoral comme les autres, dont les partis politiques, peu importe leur orientation canadianiste ou souverainiste, peuvent se disputer le suffrage à l’envi, note M. Chevrier. […] Il ne semble même pas que la présence du Bloc y change grand-chose. Ce qui m’amène à poser la question : pourquoi les électeurs souverainistes vont-ils voter à des élections qui servent à légitimer l’État dont ils veulent par ailleurs sortir ? Pourquoi voter pour un parti qui se consacre à l’indépendance du Québec mais à Ottawa et qui joue parfaitement le jeu du parlementarisme fédéral canadien, qui se comporte en loyal sujet de Sa Majesté, sans cause d’obstruction ou de ralentissement des affaires, qui joue même un rôle constructif en disant sans cesse comment améliorer les politiques fédérales. C’est ce qui s’appelle faire de l’intégration. »
 
Le politologue revient alors sur la signification du vote en démocratie. Le passage à l’urne exprime une préférence subjective, mais a aussi et surtout pour fonction de légitimer le pouvoir, de lui conférer la légitimité nécessaire pour gouverner, selon une position chère à l’historien italien Guglielmo Ferrero (1871-1942).
 
En entrevue, le théoricien ajoute un lien vers la pensée d’Hegel (1770-1831). « Pour lui, l’État est une sorte de totalité où la liberté humaine trouve sa plus grande expression en la conciliant avec des institutions objectives. Dans notre cas, le principe de l’État canadien a cette force et cette profondeur prodigieuses de laisser s’accomplir le principe de la liberté politique personnelle des Québécois jusqu’à son extrême le plus abouti. Dans ce sens qu’il permet d’exprimer leur préférence pour l’indépendance dans le cadre des institutions canadiennes. Cette pratique donne à ces préférences une réalité objective qui se concilie avec le fonctionnement de l’État canadien. »
 
La grande mystification
 
Toutes ces réflexions débouchent finalement sur l’hypothèse la plus forte et la plus dérangeante de l’analyse concernant ce qui se joue là, dans cette schizophrène double fidélité. Cette hypothèse se ramène à une dernière question exprimée simplement dans le texte : l’indépendantisme québécois tient-il du bluff ?
 
« Beaucoup pensent que les souverainistes à Québec comme à Ottawa bluffent, explique Marc Chevrier. Que des canadianistes et des fédéralistes le disent, ce n’est pas une surprise. Je cite Trudeau à la fin de mon article et Brian Lee Crawley, proche des conservateurs. Mais certains indépendantistes commencent à le penser aussi, dont le philosophe Christian Saint-Germain. »
 
Voici l’extrait : « Le discours nationaliste québécois carbure à la mystification », écrit M. Saint-Germain dans L’avenir du bluff québécois (Liber) paru cette année. « Une classe politique issue de la Révolution tranquille ergote et vitupère depuis cinquante ans contre le fédéralisme canadien. Elle a su dévoyer l’impulsion nationaliste et la faire servir à chacun de ses intérêts ponctuels. L’exercice de cette domination de classe apparemment tourné vers l’émancipation du peuple n’a pas conduit à l’exaltation du patriotisme ni à une meilleure connaissance du Québec ou de la langue française. »
 
Marc Chevrier donne l’exemple du débat autour du niqab. Il a été frappé par la réaction de plusieurs souverainistes « chroniqueurs dans les journaux, dit-il, on les connaît », qui se sont scandalisés du multiculturalisme et d’autres travers réputés canadian.
 
« Ce qui me frappe, c’est que leur réaction témoigne du fait que pour eux, finalement, l’arène fédérale est celle où doit se réaliser leur conception de la citoyenneté, de la liberté politique conciliée avec la liberté religieuse. Au fond, c’est comme si le Canada leur importait encore beaucoup au point d’exiger que les élections fédérales se déroulent conformément à leur vision de la citoyenneté. Au fond, peu importe ce qu’ils pensent, c’est comme s’ils étaient encore attachés éthiquement et politiquement à l’arène fédérale parce que, justement, elle est l’arène où s’exprime encore la démocratie. C’est comme si, finalement, la démocratie était plus à Ottawa qu’à Québec. »
 
Reprenons la question une dernière fois : pourquoi les indépendantistes québécois votent-ils aux élections canadiennes ?

samedi, octobre 17, 2015

Justin Trudeau s’impose partout

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17 octobre 2015 |Guillaume Bourgault-Côté | Canada
Questionnés à savoir si Justin Trudeau est prêt à diriger le gouvernement, 42 % des répondants ont dit oui.
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienneQuestionnés à savoir si Justin Trudeau est prêt à diriger le gouvernement, 42 % des répondants ont dit oui.
Difficile de dire s’il sera minoritaire ou majoritaire, mais le prochain gouvernement sera presque certainement libéral. À trois jours des élections, un nouveau sondage Léger confirme que Justin Trudeau termine cette longue campagne en pleine ascension. Et qu’il a toutes les raisons d’être confiant pour lundi.

Dans les faits, le chef libéral s’impose partout : intentions de vote au Canada et au Québec, meilleur premier ministre, parti qui incarne le plus le changement…

Le coup de sonde mené pour Le DevoirLe Journal de Montréal et Le Journal de Québec accorde 38 % des intentions de vote aux libéraux de M. Trudeau, contre 30 % pour les conservateurs de Stephen Harper et 22 % pour les néodémocrates de Thomas Mulcair. Dans les trois dernières semaines, les libéraux ont volé sept points au NPD, alors que les conservateurs ont vu leurs appuis stagner.

La domination des libéraux se déploie un peu partout à travers le pays. Au Québec, d’abord, où les libéraux (31 %) disposent maintenant d’une avance de six points devant les néodémocrates. Le Bloc québécois se situe à 23 % (soit le même résultat qu’aux élections de 2011) et les conservateurs sont à 20 % — un vote principalement concentré dans la région de Québec.

Pour le NPD, il s’agit d’un recul spectaculaire dans la province responsable de la vague orange de 2011: le 2 septembre dernier, un sondage Léger accordait 46 % au parti de M. Mulcair, contre seulement 20 % pour les libéraux.

Mais prédire les résultats au Québec s’annonce ardu, et la carte électorale du Québec (78 sièges) pourrait ressembler à une pizza mardi matin. Raison ? Le vote francophone, déterminant dans une vaste majorité de circonscriptions, est actuellement parfaitement divisé entre libéraux (27 %), bloquistes (27 %) et néodémocrates (26 %). Les non anglophones sont très majoritairement libéraux (51 %). Tout mis ensemble, « on peut parler d’une lutte à quatre », estime le sondeur Christian Bourque, vice-président de Léger.

Le PLC en Ontario

En enlevant le Québec des résultats nationaux, Léger crédite les libéraux d’un appui de 40 % dans le ROC, six points devant les conservateurs, et loin devant le NPD (21 %).

En Ontario (121 sièges), le PLC obtient 45 % des intentions de vote, devant les conservateurs (33 %) et le NPD (20 %). En Atlantique (32 sièges), le PLC pointe à 51 %, plusieurs longueurs devant le NPD (28 %) et les conservateurs (19 %).

La lutte est plus chaude en Colombie-Britannique (42 sièges), avec le PLC à 33 %, les conservateurs à 28 % et le NPD à 27 %. Le Parti vert d’Elizabeth May obtient 11 % dans cette province où elle a été élue en 2011. Les conservateurs maintiennent une avance de 20 points en Alberta (34 sièges), alors que les provinces des Prairies (28 sièges) sont plutôt pro-conservateurs (41 %, sept points devant les libéraux).

Selon Christian Bourque, trois scénarios sont envisageables pour lundi : un gouvernement libéral minoritaire ou majoritaire… et peut-être un gouvernement conservateur minoritaire, même si cette dernière hypothèse semble plus improbable. « Mais il y a une tendance lourde depuis le 14 août : une progression constante des libéraux », dit-il.

Les Canadiens se font d’ailleurs de plus en plus à l’idée d’un premier ministre Trudeau : 29 % des répondants du sondage pensent qu’il serait la meilleure personne pour occuper cette fonction, devant M. Harper (23 %) et M. Mulcair (19 %). 44 % des répondants pensent désormais que le Parti libéral formera le prochain gouvernement (16 points de plus qu’il y a une semaine), et 32 % pensent que c’est le parti qui incarne le plus le changement (une hausse de cinq points en une semaine).

Questionnés à savoir si M. Trudeau est prêt à diriger le gouvernement, 42 % des répondants ont dit oui. La même question au sujet de M. Mulcair lui donne 39 % d’approbation.

Ce sondage a été mené en ligne entre le 13 et le 16 octobre auprès de 2086 Canadiens, dont 996 au Québec. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 2,1 % dans 19 cas sur 20.

mercredi, août 05, 2015

Une autre campagne conditionnelle à l’économie

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5 août 2015 | Hélène Buzzetti - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada
Alors qu’il était de passage dans la circonscription ontarienne de son ministre des Finances, Stephen Harper a promis d’instaurer, s’il est réélu, un crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire.
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne

Alors qu’il était de passage dans la circonscription ontarienne de son ministre des Finances, Stephen Harper a promis d’instaurer, s’il est réélu, un crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire.
Les campagnes électorales se suivent et se ressemblent, du moins lorsqu’il s’agit des campagnes conservatrices. Stephen Harper y est allé de sa première promesse d’importance mardi, mais a rendu celle-ci conditionnelle à une embellie économique. Et il a reconnu qu’il en irait de même avec ses autres annonces à venir. Le scénario de 2011 se reproduit donc, alors que plusieurs de ses promesses de l’époque avaient dû attendre le retour à l’équilibre budgétaire, qui est finalement survenu… quatre ans plus tard, juste à temps pour le scrutin suivant.
 
Alors qu’il était de passage dans la circonscription ontarienne de son ministre des Finances, Stephen Harper a promis d’instaurer, s’il est réélu, un crédit d’impôt pour la rénovation domiciliaire. Ce crédit s’appliquerait à toute rénovation effectuée pour augmenter la valeur de la propriété : l’aménagement d’un appartement pour ses parents âgés se qualifierait autant que l’ajout d’une troisième salle de bain en marbre. Les travaux d’une valeur de 1000 $ à 5000 $ seront acceptés, pour une économie d’impôt maximale de 600 $. Les conservateurs estiment que ce programmecoûtera 1,5 milliard de dollars par an. Mais voilà : Ottawa n’a pas cet argent pour l’instant. C’est pourquoi M. Harper a parlé d’une mesure qui entrerait en vigueur à peu près en 2017.
 
Il a refusé de reconnaître, comme le suggérait une journaliste, que c’était la preuve que la situation économique canadienne n’est pas aussi rose qu’il le clame. « C’est ainsi que nous avons organisé toute notre plateforme électorale, a déclaré le chef conservateur. Nous avons aussi fait cela à la dernière élection. Nous prenons des engagements et promettons de les mettre en oeuvre au cours de notre mandat. Et de les livrer d’une manière qui soit abordable à long terme. Une fois que nous les mettons en oeuvre, nous ne les retirons pas et ne les réduisons pas. […] Nous visons une mise en oeuvre à la mi-mandat. Si vous regardez notre plan fiscal, on aura l’espace fiscal à ce moment. Mais nous allons nous assurer que c’est soutenable avant de le mettre en oeuvre. »
 
En 2011, le Parti conservateur avait également rendu plusieurs de ses promesses les plus significatives conditionnelles au retour à l’équilibre budgétaire : le fractionnement du revenu, lerehaussement à 10 000 $ du plafond annuel de cotisations au Compte d’épargne libre d’impôt (CELI), le doublement à 1000 $ du crédit d’impôt pour les activités physiques des enfants et son élargissement aux adultes. Finalement, l’atteinte du déficit zéro est survenue en 2015-2016 (quoique les troubles économiques pourraient encore teindre en rouge cette encre noire.) Aussi, le fractionnement a été instauré cette année rétroactivement à 2014, la hausse pour les CELI a débuté en 2015 et le crédit d’impôt pour les activités physiques des adultes a été tabletté.
 
Cette promesse lointaine a suscité les railleries du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.« Le diable est dans les détails. Pis Harper a l’air chum avec ce gars-là ! »

Répéter le passé
 
Le crédit promis n’est par ailleurs pas nouveau. En 2009, lorsque la crise économique a frappé, Ottawa avait instauré le Crédit d’impôt pour rénovation domiciliaire (CIRD) pour des travaux d’une valeur maximale de 10 000 $ (et une économie d’impôt maximale de 1350 $). Le programme n’avait duré qu’une année.
 
M. Harper a soutenu que « le crédit à la rénovation domiciliaire aide tous les propriétairesfonciers, sans égard à leurs revenus. Je sais que Justin Trudeau ne croit pas que toutes les familles méritent de l’aide, mais nous, nous le pensons. » Du coup, il a passé sous silence le fait que seulement 69 % des Canadiens (et 55 % des Montréalais) sont propriétaires de leur toit.
 
Ce crédit à la rénovation est différent de celui qui existait pour récompenser les propriétaires améliorant l’efficacité énergétique de leur domicile. Instauré par les libéraux en 1998, ÉnerGuide, utilisé par 80 000 contribuables par année, avait été aboli par les conservateurs dès leur arrivée au pouvoir. Ils l’avaient remplacé un an plus tard par ÉcoÉnergie, sensiblement le même. Ils ont définitivement mis la hache dedans en 2012. Il est à noter que le budget 2015 a instauré un crédit aux rénovations pour les personnes âgées améliorant l’accessibilité de leur demeure.
 
Avec Philippe Orfali