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15 février 2017
15 février 2017
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir |
Il y a une désarmante simplicité dans ces priorités qui se dégagent de la tournée « Faut qu’on se parle ». Que veut-on ? Rien de très extravagant : d’abord, qu’on nous considère tous autant que nous sommes comme des citoyens et des citoyennes à part entière et non comme de simples intrants dans un système de production. On nous a dit depuis longtemps comment gagner notre vie et comment contribuer à l’économie, mais on nous a très peu parlé de toutes ces manières de mieux vivre. De fait, on les a presque oubliées…
Ce que nous rappellent ces milliers de personnes rencontrées, c’est ce nécessaire retour à des valeurs fondamentales et collectives de vivre-ensemble. Bien sûr, on veut du travail décent et significatif, où l’on peut exercer le plus librement ses talents, on souhaite évoluer dans un contexte d’économie prospère, une économie qui rend le monde équitable et épanouissant pour tous. On veut avoir accès au savoir et à l’éducation, pour s’élever comme personne à ce que l’humanité a de meilleur. On revendique, à juste titre, le respect des individus et des communautés, dans leur diversité, dans une société en harmonie avec ses choix. On souhaite une paix sociale, des conditions de santé pour tous et, bien entendu, le temps qu’il faut pour vivre avec les siens.
Les esprits malins diront peut-être que toutes ces priorités sont banales, et qu’on aurait pu les concevoir sans tenir d’assemblées de cuisine. Peut-être. Mais qu’on ait parlé avec tant d’insistance et d’émotion de ces nécessités, et ce, partout au Québec, ce n’est pas banal. Cela témoigne avec force que ces idées simples, indispensables pour mener une bonne vie, doivent plus que jamais être défendues dans l’espace public et sur la scène politique. Cela indique aussi que les gens considèrent manifestement que ces besoins fondamentaux doivent impérativement revenir au coeur des grandes orientations politiques de la société québécoise.
Voilà des priorités auxquelles on doit désormais donner corps. Et cela se fera, pour peu que chacun d’entre nous agisse selon sa façon de faire et en fonction du mode d’implication qui lui conviendra. Beaucoup d’entre vous ont décidé de continuer à tenir des assemblées de cuisine pour trouver plus d’idées et poursuivre le dialogue. C’est là une très bonne piste : il faut continuer à penser et à parler politique de façon non partisane. C’est aussi un bon moyen de contrer le manque d’information saisissant sur les idées qui nous sont chères. Il est essentiel que ces informations pertinentes circulent, qu’elles soient accessibles et disponibles facilement. Une autre façon d’agir, cruciale, repose sur la nécessité de promouvoir les propositions dont il a été question tout au long de cette tournée, partout, sur toutes les plateformes.
Un Québec qui veut se transformer pour être meilleur
Il est également possible de réaliser des changements à partir de nos implications dans les mouvements et les organisations sociales qui sont le véritable tissu de notre société, ce qui la fait vivre et la fait changer, évoluer. S’impliquer dans ces mouvements est souvent la meilleure façon de provoquer des transformations sociales importantes.
Il y a aussi la voie de l’implication au sein des partis politiques, en interpellant des élus de tous niveaux, en militant dans une organisation, en participant à la vie municipale et aux réunions du conseil, ou même en se portant candidat ou candidate. Mais la politique n’est pas qu’une affaire de partis. On oublie trop facilement que le rôle majeur de tous nos élus, à tous les niveaux, c’est de nous représenter, et de traduire nos besoins et nos aspirations dans leurs décisions. Alors, parlons-leur à ces élus de toute nature, invitons-les dans nos organismes, impliquons-les dans les démarches que nous menons, faisons en sorte de changer le regard qu’ils peuvent porter sur ce qui nous touche.
Sortons aussi voir les gens qui nous entourent, qui ne sont pas impliqués, qui n’ont pas organisé d’assemblées de cuisine, qui n’ont pas acheté ce livre, qui discutent rarement de politique, mais qui sont profondément concernés par celle-ci. Allons leur parler de toutes nos idées — celles dont nous venons de parler et bien d’autres encore — pour ranimer la flamme d’un Québec qui veut se transformer pour être meilleur, pour être à la hauteur de son plein potentiel.
Bref, ce n’est pas le travail qui manque, il y a des choses à faire pour tout le monde. C’est l’implication de tous, dans tous les contextes, qui fera une vraie différence.