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Publié le 14 février 2017 à 12h02 | Mis à jour le 14 février 2017 à 12h02
Publié le 14 février 2017 à 12h02 | Mis à jour le 14 février 2017 à 12h02
Mike Pence PHOTO MANDEL NGAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE PRESSE |
NICOLAS REVISE
Agence France-Presse
Washington
Agence France-Presse
Washington
Les États-Unis débarquent en force cette semaine en Europe, un premier voyage de l'administration de Donald Trump sur le Vieux continent pour tenter de rassurer des alliés inquiets de sa politique étrangère perçue comme isolationniste et nationaliste.
Le nouveau président américain - que nombre de dirigeants européens voient comme un populiste qui veut se rapprocher dangereusement de son homologue russe Vladimir Poutine - dépêche en Allemagne et à Bruxelles, du 15 au 20 février, son vice-président Mike Pence et ses secrétaires d'État et à la Défense, Rex Tillerson et James Mattis.
Donald Trump, investi il y a trois semaines, ne bougera pas de Washington où il doit recevoir le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et gérer la démission-choc de son conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn mis en cause pour ses liens avec la Russie.
Pour son premier déplacement à l'étranger, le vice-président américain est attendu les 17 et 18 février à la Conférence de la sécurité à Munich, dans le sud de l'Allemagne, grand rendez-vous annuel rassemblant près de 80 ministres de la Défense et des Affaires étrangères, ainsi que quelques chefs d'État et de gouvernement.
Mike Pence sera épaulé par le chef du Pentagone James Mattis et par le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly, la Maison-Blanche cherchant ainsi à «approfondir et consolider l'alliance transatlantique».
OTAN «obsolète»
Il faut dire que toute l'architecture en matière de sécurité en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a déjà été mise à rude épreuve par la campagne du candidat Trump et par ses premiers pas de président.
Le nouveau locataire de la Maison-Blanche avait ainsi qualifié l'OTAN d'«obsolète» et s'était même félicité du «merveilleux» Brexit en recevant il y a quelques jours la première ministre britannique Theresa May.
Le président de la Conférence de Munich Wolfgang Ischinger espère qu'avec MM. Pence et Mattis «nous aurons enfin un peu plus de clarté quant aux objectifs de politique étrangère des États-Unis».
Mais cet ancien ambassadeur allemand aux États-Unis s'inquiète pour l'intégration européenne.
Il redoute un «scénario catastrophe des relations transatlantiques» qui verrait «s'imposer à Washington l'idée que «le Brexit, c'est super et qu'il serait bien que d'autres suivent cet exemple»».
«Déclaration de guerre»
«Ce serait une déclaration de guerre sans arme», prévient le diplomate.
En visite vendredi à Washington, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini avait mis en garde l'allié américain contre toute «interférence» dans la politique européenne.
Elle faisait allusion au Brexit et aux prochaines élections en France, en Allemagne et aux Pays-Bas où une poussée populiste pourrait être encouragée par Moscou et par des hiérarques à Washington tels que le conseiller du président Trump, Stephen Bannon, associé à l'extrême droite américaine.
C'est donc au coeur de l'Europe, à Bruxelles, que l'administration Trump devrait s'employer à rassurer ses alliés au cours des réunions des ministres de la Défense de l'OTAN.
M. Mattis, un général en retraite très respecté aux États-Unis et à l'étranger, avait déjà téléphoné à ses homologues britannique, allemand et français fin janvier pour réaffirmer l'engagement «inébranlable» de Washington à l'égard de l'Alliance atlantique.
Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a, à cet égard, souligné mardi que la hausse des «dépenses de défense, le partage du fardeau, (représentaient) notre première priorité», une manière de répondre aux critiques de Donald Trump sur la contribution des alliés européens au budget de l'OTAN.
Les précédentes administrations américaines se plaignaient déjà que les puissances européennes consacrent moins de 2 % de leur PIB aux dépenses militaires.
«Brutalité» de Washington
D'ailleurs, M. Ischinger est moins choqué par cet appel récurrent de Washington à ce que les Européens mettent davantage la main à la poche que par «la brutalité avec laquelle le partage du fardeau est réclamé».
Il espère que le vice-président Pence, qui sera aussi à Bruxelles les 19 et 20 février, réaffirme l'engagement «clair» des États-Unis à l'égard de l'article 5 du traité de l'OTAN sur la solidarité entre États membres en cas d'agression extérieure.
Quant au nouveau secrétaire d'Etat Rex Tillerson, il est attendu uniquement à Bonn les 16 et 17 février pour une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du G20.
L'ancien PDG du pétrolier ExxonMobil, qui n'a pas dit un mot de politique étrangère depuis sa prise de fonctions le 2 février, est un proche du président Poutine et il devrait s'entretenir avec ses homologues russe Sergueï Lavrov et chinois Wang Yi.